descriptionRe: QUÊTE DE L'EMPIRE | L'Effort de guerre
Après la bisbille entre Than et son opposant, le reste de la journée ne présenta aucun véritable intérêt pour Rhéa. Boudeur, Hart ne lui parlait plus et le voyage se rythmait sur le trot des chevaux. Ainsi, elle put laisser son regard dériver sur les paysages gris qui s’offraient à eux. Pas encore de quoi dépayser...
Avec un certain soulagement, la jeune femme tint enfin l’occasion de s’ébrouer lorsqu’ils firent halte dans un champ pour la nuit. Ce soir-là, l’herboriste en profita pour discuter avec les éclaireurs de la compagnie, s’enquit des plantes qu’ils apercevaient dans les bois des environs. Elle se prêta à un jeu d’adresse contre l’un d’eux, en une sorte de flirt de bon aloi et sans conséquences.
À un moment, près de l’heure du repas, alors qu’ils se tenaient tous rassemblés autour d’un feu, Jolgeir s’empara de la conversation des voyageurs avec un mélange surprenant de théâtralité et de retenue. Curieuse, Rhéa tenta de décrypter comment le Thül s’y prenait pour capter ainsi l’attention de son auditoire, mais, bientôt, elle se fit happer comme les autres par les dimensions épiques du récit qu’il entama. Les Géants, voilà de quoi frapper son imaginaire de citadine alavirienne. En règle générale, les combats du Nord lui paraissaient si étrangers, si diffus. Néanmoins, Jolgeir parvenait à lui mettre sous le nez une réalité aux enjeux véritables. Des hommes et des femmes qui luttaient pour ceux qu’ils aimaient. Pendant un instant, un silence pesa sur l’assemblée lorsqu’il eut terminé son histoire.
Le sursaut de l’herboriste n’en fut que plus violent lorsqu’un hurlement strident transperça la nuit. Pendant une seconde absurde, elle pensa à une mise en scène destinée à donner une tension dramatique au conte de Jolgeir. Lorsqu’elle vit les convoyeurs s’éparpiller avec frayeur, cependant, elle cessa de penser. Hérissée comme un chat sauvage, elle courut se cacher à l’abri d’une carriole tout près. Les mains et le dos à plat contre le bois et la toile, comme si elle cherchait à s’y fondre, elle suspendit son souffle. Elle jeta un regard rapide à la ronde, puis un prudent en direction du cri en utilisant la paroi de la carriole comme paravent. Elle ne distingua rien de l’ennemi, mais elle perçut qu’un Légionnaire cherchait à rassembler un bataillon de braves pour contrer la menace. Oui, le premier réflexe de Rhéa avait été de trouver une position dans les ombres et d’observer, mais l’idée de sa lâcheté ne l’effleura pas, sa carrière de voleuse l’ayant souvent obligée à la fuite. Par contre, elle se maudit d’avoir laissé sa rapière noire avec le reste de ses bagages personnels, comme une belle idiote, dans un chariot qui se trouvait loin de sa position. La jeune femme jura qu’on ne l’y reprendrait plus. En admettant qu’elle aurait l’occasion de se reprendre…
Soudain, un mouvement brusque s’opéra, qui terrassa un Than aux armes tirées. L’herboriste réfléchit à toute vitesse. Elle n’était pas en soi guérisseuse, mais elle possédait sur elle des sels à l’odeur agressive, capables de le ranimer. (Bien sûr, il fallait espérer que Fil'Kalam n'avait pas encaisser d'autres dommages qu'une perte de conscience.) En catimini, le corps courbé, elle s’élança vers les autres, armée d’un ridicule stylet tiré de sa manche, avec une main tâtant avec fébrilité son arsenal de fioles qu’elle portait toujours sur la hanche. Ça, au moins, elle ne s’en débarrassait jamais.
Avec un certain soulagement, la jeune femme tint enfin l’occasion de s’ébrouer lorsqu’ils firent halte dans un champ pour la nuit. Ce soir-là, l’herboriste en profita pour discuter avec les éclaireurs de la compagnie, s’enquit des plantes qu’ils apercevaient dans les bois des environs. Elle se prêta à un jeu d’adresse contre l’un d’eux, en une sorte de flirt de bon aloi et sans conséquences.
À un moment, près de l’heure du repas, alors qu’ils se tenaient tous rassemblés autour d’un feu, Jolgeir s’empara de la conversation des voyageurs avec un mélange surprenant de théâtralité et de retenue. Curieuse, Rhéa tenta de décrypter comment le Thül s’y prenait pour capter ainsi l’attention de son auditoire, mais, bientôt, elle se fit happer comme les autres par les dimensions épiques du récit qu’il entama. Les Géants, voilà de quoi frapper son imaginaire de citadine alavirienne. En règle générale, les combats du Nord lui paraissaient si étrangers, si diffus. Néanmoins, Jolgeir parvenait à lui mettre sous le nez une réalité aux enjeux véritables. Des hommes et des femmes qui luttaient pour ceux qu’ils aimaient. Pendant un instant, un silence pesa sur l’assemblée lorsqu’il eut terminé son histoire.
Le sursaut de l’herboriste n’en fut que plus violent lorsqu’un hurlement strident transperça la nuit. Pendant une seconde absurde, elle pensa à une mise en scène destinée à donner une tension dramatique au conte de Jolgeir. Lorsqu’elle vit les convoyeurs s’éparpiller avec frayeur, cependant, elle cessa de penser. Hérissée comme un chat sauvage, elle courut se cacher à l’abri d’une carriole tout près. Les mains et le dos à plat contre le bois et la toile, comme si elle cherchait à s’y fondre, elle suspendit son souffle. Elle jeta un regard rapide à la ronde, puis un prudent en direction du cri en utilisant la paroi de la carriole comme paravent. Elle ne distingua rien de l’ennemi, mais elle perçut qu’un Légionnaire cherchait à rassembler un bataillon de braves pour contrer la menace. Oui, le premier réflexe de Rhéa avait été de trouver une position dans les ombres et d’observer, mais l’idée de sa lâcheté ne l’effleura pas, sa carrière de voleuse l’ayant souvent obligée à la fuite. Par contre, elle se maudit d’avoir laissé sa rapière noire avec le reste de ses bagages personnels, comme une belle idiote, dans un chariot qui se trouvait loin de sa position. La jeune femme jura qu’on ne l’y reprendrait plus. En admettant qu’elle aurait l’occasion de se reprendre…
Soudain, un mouvement brusque s’opéra, qui terrassa un Than aux armes tirées. L’herboriste réfléchit à toute vitesse. Elle n’était pas en soi guérisseuse, mais elle possédait sur elle des sels à l’odeur agressive, capables de le ranimer. (Bien sûr, il fallait espérer que Fil'Kalam n'avait pas encaisser d'autres dommages qu'une perte de conscience.) En catimini, le corps courbé, elle s’élança vers les autres, armée d’un ridicule stylet tiré de sa manche, avec une main tâtant avec fébrilité son arsenal de fioles qu’elle portait toujours sur la hanche. Ça, au moins, elle ne s’en débarrassait jamais.