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La taverne du Cheval Blanc

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[Aaaah, vous inquiétez pas, c'est super, je suis tellement surexcitée en répondant à ce RP  ]


Merde.

Naturellement, le regard de Nirina avait d'abord été attiré par la silhouette imposante du Thül, et elle avait tout de suite pu constater, comme prévu, qu'il allait bien. Elle ne remarqua Alec qu'après. Neyd se trouvant entre elle et lui, elle n'avait pas remarqué tout de suite la tension de l'archer, mais c'était mauvais.

    « Tu dois être heureux de pouvoir prouver ta supériorité sur nous, non, Ezilea? Mais je dois t’avouer une chose… »


Même sans voir son visage, Nirina ne pouvait que très bien imaginer l'expression de l'autre crétin. Hélas, elle n'avait pas eu le temps de réagir à temps pour l'empêcher de parler, ayant été trop lente à comprendre la situation, et maintenant, tout comme Ayden, elle ne se sentait pas d'intervenir. Nirina avait toujours eu du mal avec le code de conduite des Frontaliers, néanmoins certains points étaient ancrés en elle car ils correspondaient à ses propres valeurs, et ne pas s'occuper des affaires des autres quand on n'y était pas invité en faisait partie. Alec lui en voudrait si elle intervenait, tout comme il en voudrait au Thül.

    « Je ne pourrais surement jamais faire une chose pareille, mais je crois que je te comprends, finalement. L’honneur est une chose si importante, non? Si j’avais eu un frère infirme et faisant honte à ma famille depuis sa naissance, déshonorant le nom de mon siiii honorable père… Comme Yaan, tu vois? »


Nirina faisait à peine attention à ce que disait Neyd. Elle s'était décalée pour mieux voir Alec, et ce qu'elle voyait l'inquiétait vraiment.

Ce n'était pas comme tout à l'heure. L'archer n'était pas juste figé dans une position tendue. Nirina le voyait dans ses yeux, elle le sentait. Un mot de travers, et il se jetterait sur Neyd, et cette fois ce ne serait pas juste pour donner quelques coups de points. Ayden avait l'air de le sentir aussi. Les combattants savaient décrypter les signes du corps, et Neyd devait vraiment être aveugle, saoul, stupide ou les trois pour ne pas se rendre compte du danger. Néanmoins, Nirina ne savait pas comment désamorcer la situation, et elle n'était même pas sûr de vouloir le faire. Après tout, Neyd ne faisait que chercher les ennuis depuis le début, et elle connaissait assez l'éthique frontalière pour savoir que si Alec le tuait, on lui donnerait globalement raison. Mais des rumeurs négatives semblaient déjà circuler sur lui, ce n'était pas une bonne idée d'en rajouter...

    « Mais malgré tout, je n’aurais pas eu la force de la faire, j’ai peur de le dire. Mais toi, tu es si fort, n’est-ce pas Ezilea? Plus fort que tout le monde, non? »


Avant que Nirina n'ai pu trouver une solution ni même se décider, Alec avait tourné les talons et se dirigeait à présent vers la sortie de la taverne. Il avait eu la force de se retenir et cherchait à éviter le pire. En cela, Nirina sentit son respect augmenter pour lui, mais elle savait d'avance que Neyd ne le laisserait pas partir comme ça. Rien qu'en se tournant vers lui, et toujours sans voir son visage, elle pouvait deviner son expression, voir qu'il s'apprêtait à parler, sans doute pour cracher à nouveau son venin, mais cette fois, comme Ayden, elle fut trop lente à réagir, à se décider.

    « Si fort que tu as pu laisser mourir ton frère. »


C'était le mot de travers. Le mot de trop.

Avant que Nirina n'ai pu rejoindre Neyd pour lui en coller une - elle était pourtant tout près - deux flèches l'avaient déjà épinglé à une poutre, et en un éclair, Alec avait rejoins sa proie, une flèche encochée plaquée contre sa gorge. Cette fois, Nirina pouvait voir à merveille l'expression d'incompréhension de Neyd... Et la rage froide et meurtrière dans les yeux d'Alec.

Il allait le tuer.

    « Alec! Alec arrête, ne fait pas ça! »


Ayden avait finit par franchir la distance qui les séparait, et tentait de résonner Alec. Nirina ne s'y essaya même pas. Elle craignait que se soit contre productif que d'être deux à tenter de le raisonner et, vu son état, elle doutait que ça serve à quoi que ce soit. Qui plus est, une partie d'elle dont elle n'était pas très fière n'attendait qu'une chose, c'était de voir la flèche s'enfoncer dans la gorge de Neyd. Il ne méritait que ça.

    « Écoute-moi, tu… »


Ayden fut interrompu par un homme. Celui qui avait appelé Alec tout à l'heure. Nirina n'avait pas vraiment fait attention à lui jusqu'alors, mais maintenant qu'il était tout près d'elle, elle se rendit aussitôt compte de l'évidence : il était, ou plutôt avait été, un Frontalier. Sa façon de gérer la situation, de jeter des ordres silencieux, de se tenir, tout le clamait, et sa jambe de bois expliquait son ventre et sa présence ici. Même Ayden comprit l'ordre et s'écarta sans discuter.

    « Alec. Alec! »


A son tour, l'homme saisit l'épaule de l'archer.

    « Alec, baisse ton arme. S’il te plait, mon garçon. »


C'était clair maintenant, cet homme connaissait bien Alec. Et si quelqu'un le connaissait assez bien pour le calmer dans cette situation, ce devait être lui. L'archer ne donnait pas l'impression d'entendre mais malgré son immobilité, Nirina vit dans son regard que la voix et les paroles du tavernier avaient porté ses fruits. Il semblait revenir à la réalité.

    « Baisse ton arme et sort d’ici, Alec. Je m’occupe de lui. »


L'ex-Frontalier avait gagné. Les muscles d'Alec se détendirent. L'homme le remarqua et termina ce qu'il avait commencé :

    « Maintenant, Alec. »


Sans un regard pour personne, Alec relâcha la tension de son arc, fit demi tour et sorti sous la pluie battante. Nirina n'eut même pas l'idée de le suivre. Elle sentait qu'il avait besoin d'être seul, il fallait lui laisser un peu d'avance. Pour autant, elle n'allait sûrement pas le laisser seul trop longtemps...

    « Ce type est fou, il… »« ASSEZ! »


Nirina reporta son attention sur Neyd, et elle fut heureuse que l'homme l'ai interrompu, sinon elle aurait peut-être reprit là où Alec c'était arrêté. Comment pouvait-on faire preuve de pareille bêtise? De pareil aveuglement?

    « Et vous osez vous appeler Frontalier? Vous faites la honte à notre peuple, recru! »

    « Je ne suis plus une recrue, vieil homme, je… »

    « J’ai dit, ASSEZ! Tu n’as donc aucune idée de qui je suis? Laisse-moi t’éclairer un peu. Je suis le Capitaine Branson Ardlin de la deuxième division de cavalerie Frontalière. Et vous venez tous avec moi immédiatement. Je doute fort que Sofien apprécie d’avoir de tels hommes de déshonneur dans ses rangs. Allez, debout Frontaliers. Et je ne veux rien entendre de plus. »


Nirina écarquilla les yeux. "Vieil homme"? Neyd était-il donc saoul à ce point? Comment avait-il pu ne pas remarquer que le tavernier était un Frontalier? Même Ayden l'avait compris avant que Branson ne l'annonce. En tout cas, cette fois, Neyd ne faisait pas le fier. Il avait enfin trouvé un obstacle auquel il ne pouvait s'interposer par les mots ou la force sans se couvrir de honte. Il était déjà dans le déshonneur total, et devait le savoir. S'il avait prévu de mentir au sujet de ce qui c'était passé ce soir, cette idée était révolue avec un témoin tel que Branson.

Ayden éclata de rire devant la mine de Neyd, et Nirina du bien avouer qu'elle était tentée de le rejoindre. C'était la première fois de la soirée que quelqu'un réussissait à faire fermer son claper à ce crétin, et rien que pour cet exploit, elle devait le respect à Branson. Dommage qu'il n'ai pas pu intervenir plus tôt...

Ayden se reprit rapidement et tendit la main à l'ex-Frontalier.

    « Capitaine Ardlin. Tout l’honneur est pour moi. Je suis Ayden Steredönn. Et.... désolé pour les dégâts. »


Branson serra la main avec un sourire triste, tandis que Nirina faisait la grimace. Les dégâts étaient un peu sa faute. C'était par elle que tout ça avait commencé. Elle n'avait pas l'argent pour tout rembourser, mais elle se promit de repasser à la taverne pour l'aider à réparer.

Le tavernier jeta un regard vers Nirina et cette dernière s'approcha aussitôt. Elle se rendit compte qu'elle ne s'était pas présentée, mais elle n'eu pas le temps de réparer son oubli.


    « Puis-je vous demander un service? »


Il parlait à la fois à Nirina et à Ayden. Ils hochèrent tous les deux la tête et le Thül ajouta :

    « Tout ce que vous voudrez. »


Le regard de l'homme se perdit vers la porte, et la jeune Frontalière compris aussitôt qu'il était tout autant préoccupé par l'état d'Alec qu'elle. D'ailleurs, maintenant qu'elle pensait à lui, elle avait comme l'impression d'entendre un hurlement lointain de loup.

    « Retrouvez-le. Je n’aime pas le savoir seul dans cet état… Et revenez me voir lorsque vous l’aurez retrouvé s’il vous plait.... Alec est comme un fils pour moi. Je serais à la Citadelle. »


Nirina lui offrit un sourire rassurant.

    - Pas de soucis. On se retrouve à la Citadelle.


La fauconnière jeta un coup d'oeil à Ayden et ils se dirigèrent tous les deux vers la porte. Dehors, la pluie commençait à cesser, mais pister Alec n'allait pas être simple dans ces conditions, d'autant plus qu'il avait sans doute pris Eclipse. Un rapide coup d'oeil du côté de l'écurie le confirma, et Nirina fit la grimace : elle allait mettre des heures à pister Alec à pieds, dans ces conditions. Il y avait sûrement un moyen plus simple et rapide de le retrouver.

Elle se souvent du hurlement qu'elle avait cru entendre, à l'instant, dans la taverne, et elle se rappela alors Echo, qui l'avait guidée jusqu'ici quand elle avait perdu la trace des deux cavaliers. Il l'avait guidé vers le reste de la meute, vers son dominant. Alors c'est qu'il devait la considérer comme un membre de la meute, aussi surprenant que cela paraisse vu le peu de fois qu'ils s'étaient vu. Néanmoins, cela valait le coup d'essayer.

Nirina inspira profondément, puis elle s'avança sous la pluie et poussa un long hurlement. Peut-être que son hurlement n'était pas parfait, et qu'une oreille experte le reconnaissait comme n'étant pas celui d'un loup, néanmoins elle savait que son message serait clair pour Echo : c'était un hurlement de localisation. Elle voulait le rejoindre, rejoindre la meute, mais pour ça elle avait besoin de savoir où il était.

Son hurlement s’éteint doucement, et alors que Nirina se demandait si elle n'avait pas surestimé les liens entre Echo et elle, elle eu le plaisir d'entendre le chien-loup lui répondre. Il lui indiquait leur position, il l'invitait à les rejoindre.

Sans perdre de temps, Nirina s'élança en courant vers la source du hurlement alors que celui-ci n'était pas encore éteint. Elle se tourna vers Ayden et lui cria :

    - Suis moi!


Sans vouloir mettre en doute les capacités du Thül, Nirina préférait mener la marche. Elle connaissait la région, elle serait plus à mène de les guider, et elle s'estimait parfaitement capable de rejoindre Alec, aussi loin qu'il ai pu aller avec Eclipse, en courant. Elle se donna juste le temps d'un dernier hurlement avec le message de "J'arrive" avant de se concentrer sur sa course... et sa destination.


[Dis moi si quelque chose te gêne Ichi', je préférais que Nirina et Ayden partent vite rejoindre Alec sinon ça va traîner et casser le rythme. Mais je peux éditer si besoin ^^ Idem Aki' si tu trouve que quelque chose ne va pas avec Echo ;) ]

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(Tu as fait pratiquement 2000 mots xD Wow! Et c’est tout parfait pour Echo! Je fais court, ça vous laisse le temps d’arriver xD)



Alec ne sut pas combien de temps il galopa sous la pluie. Il n’eut presque aucunement conscience du trajet et ne dû en garder qu’un souvenir mitigé et sensoriel. Tout ce qu’il se rappellerait clairement plus tard, ce serait du bruit de la pluie battante à ses oreilles et les hurlements réguliers d’Écho près de lui.

La noirceur quasi totale de la forêt avait laissé place à la pâleur de la nuit lorsqu’il déboucha sur les hauts versants de la montagne. La pluie s’abattait toujours, mais moins agressive que plus tôt. Dans la pénombre, illuminée régulièrement par les éclairs qui tombaient encore au loin, par-delà les montagnes, il reconnut enfin sa destination.

Perché au-dessus de la forêt, sur un haut versant des montagnes du nord, le sentier s’ouvrait sur un large plateau s’étendant devant lui. Alec descendit d’Éclipse qui, soufflant après l’effort, s’ébroua. L’étalon suivit malgré sa fatigue son maitre qui s’approcha du ravin au bord du plateau.

Écho, nerveux, allait et venait entre Alec, le ravin et le sentier. Il gémissait souvent et tentait visiblement d’attirer l’attention d’Alec. Sans succès. Il se retourna finalement vers la noirceur du sentier par lequel ils étaient arrivés et resta un moment immobile avant de rejeter la tête en arrière et jeter un ultime hurlement. Déchirant, pressant. Puis, le loup vint retrouver Alec, et lorsqu’il pressa son museau contre sa main, celui-ci sursauta en s’arrachant à sa contemplation de la forêt noire d’encre s’étendant en contre bas.

Il posa sa main sur la tête d’Écho. Son meilleur ami. Son compagnon, son partenaire. Son frère. Son frère…

Alec se prit la tête entre les mains. Trempé jusqu’aux os, glacé, ses cheveux roux rendus noir par la nuit et l’eau collant à son visage… il ne ressentait rien de tout cela. La seule chose qui existait, c’était son souvenir et sa douleur. Omniprésente, trop grande pour laisser place à autre chose, y compris à la logique. Il tomba au sol à genoux en laissant échapper un cri. Il ne s’entendit pas.

Écho sursauta, mais joignit sa plainte à celle de son chef de meute. Le loup ne savait plus quoi faire et ne comprenait pas la détresse de son frère.

Sur les joues d’Alec coulèrent des larmes invisibles sous la pluie. Tant de rage. Tant d’impuissance. Tant de douleur. Et tout était de sa faute. Son cri s’éteignit et ses épaules retombèrent. Comme épuisé après avoir porté un fardeau trop lourd trop longtemps. Sa tête s’abaissa également. Abandonnant. Il était vide. Si vide.

Il resta immobile sous la pluie dans le silence de la montagne, son chien-loup et son cheval à ses côtés. Mais trop loin pour qu’ils puissent faire quoi que ce soit pour l’aider.

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Nirina répondit pour eux.

    « Pas de soucis. On se retrouve à la Citadelle. »


Ayden hocha la tête, offrant un dernier sourire encourageant à Branson, et emboita le pas à Nirina. Il lança un dernier regard vers les jeunes frontaliers, la plupart saignaient du nez et regardait le bout de leurs souliers comme de jeune chiot réprimandé. S’il n’avait pas été inquiet pour Alec, il aurait probablement éclaté de rire de nouveau.

La pluie battante à l’extérieur fit serrer les dents au Thül. Il avait vécu sous toutes sortes de conditions météo, et ce n’était pas l’idée d’être mouillé qui le dérangeait, mais il allait être beaucoup plus difficile de pister et suivre quelqu’un dans ce genre de tempête.

Ayden était bon chasseur, mais comme tout bon pisteur, il savait que les déluges tels que celui-ci étaient son pire ennemi. Les traces, odeurs… tout était balayé. Et c’était encore pire en hiver. Si Alec était monté vers la montagne, où parfois la neige avait déjà commencé à tomber, c’était une chasse presque perdue d’avance. À moins de deviner où il était allé…

Il n’était certainement pas allé à la Citadelle. De ce qu’Ayden avait pu constater, Alec évitait de devoir y passer trop de temps. Sauf à l’écurie. Mais il ne voyait pas en quoi l’écurie de la Citadelle aurait pu attirer Alec en cette circonstance. Alors la forêt? Il y passait beaucoup de temps, disparaissant dans la montagne avec Écho.

Écho!

Le chien devrait pouvoir pister Alec non? Il était certainement dans les parages… à moins d’être déjà avec Alec?

Au moment où Ayden y songea, un grand hurlement retentit à ses côtés et il sursauta. C’était Nirina, qui les mains autour de la bouche hurlaient à la lune tel un loup. Mais qu’est-ce qu’elle foutait?! Puis une voix lointaine et diffuse, réellement canine cette fois, lui répondit, et Ayden comprit qu’il avait une génie en face de lui.

    « C’est la meilleure idée de la soirée ça! »


La jeune frontalière s’élança alors sur le sentier en lui lançant :

    « Suis-moi! »


Il la regarda s’éloigner dans la nuit en courant sous la pluie, haussant les sourcils. Quoi? À pieds?! Nan, mais ce n’est pas sérieux?

Il lança un regard vers l’écurie et comme il s’en était douté, l’étalon gris d’Alec n’était plus aux côtés de Grand’Pa. Le frontalier était parti à cheval, et vu la façon dont il avait quitté la taverne, ils devaient en ce moment même être lancé au grand galop dans la direction que venait de leur signaler Écho. S’il décidait de faire une connerie… ils n’arriveraient jamais à le rattraper à pied. Surtout pas sous cette pluie.

Il cria à Nirina pour se faire entendre par-dessus la pluie et la distance

    « J’ai une meilleure idée! »


Nirina était déjà presque hors de vue lorsqu’il s’élança dans la direction opposée, vers l’écurie. Grand’Pa sursauta lorsque le Thül le détacha rapidement de la clôture et sauta sur son dos. Ayden éperonna son étalon et le ce dernier partit en trombe après avoir renâclé quelques secondes.

Il fonça droit vers le chemin menant à la montage par où la frontalière était partie et la repéra rapidement. Il fit ralentir l’allure à Grand’Pa et lorsqu’il arriva à la hauteur de Nirina, il se pencha et attrapa la jeune femme au vol par le bras. Il la souleva de terre et la jeta devant lui sur la selle comme un sac de pommes de terre. L’air de rien, c’était parfois pratique d’avoir la réputation (une réputation confirmée et véridique) d’être un mastodonte blond et musclé.

Grand’Pa renâcla un peu, mais un coup de talon le fit de nouveau partir en flèche vers la montagne. D’une main, il redressa Nirina en position assise et lui cria :

    « Dis-moi par où aller et accroche-toi! »


Il avait beau comprendre la logique de l’orientation par le son, il ne connaissait pas très bien la région. Nirina si, et elle saurait par où aller pour rejoindre l’endroit d’où leur provenait les hurlements du chien-loup d’Alec. Et il ne parlait pas loup non plus, ce que Nirina semblait bizarrement pouvoir faire. Les frontaliers l’étonneraient toujours…

Les hurlements les menèrent toujours plus loin du village et de la Citadelle, de par la forêt et en direction des hautes montagnes de la chaine du nord. Malgré leur vive allure, ils ne semblaient pourtant pas se rapprocher d’Alec, ce qui signifiait qu’il était toujours en mouvement.

Avec sa monture lancée au grand galop, la nuit noire et la tempête de pluie, de vent et d’orage qui se déchainait autour d’eux, Ayden n’avait pas vraiment le temps ou l’opportunité de discuter avec sa passagère involontaire. Le vent battait à ses oreilles, la pluie fouettait son visage et il devait crier pour se faire entendre.

    « Mais où est-ce qu’il s’en va, à la fin?! »

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      ( Bon, je crois qu'Ayden peut faire ses prières x) Sinon, Nirina n'a pas besoin de mettre ses mains autour de sa bouche pour hurler, mais à part ça, super RP Face J'ai hâte de répondre Oh oui ! )



      « C’est la meilleure idée de la soirée ça! »


    Nirina entendit vaguement le compliment d'Ayden, mais elle n'y prêta pas attention, trop concentrée sur le fait de rejoindre Alec le plus vite possible. D'autant que rattraper en courant un cheval, sans doute au galop, ça n'allait pas être rapide, mais elle n'avait pas le choix. Elle voyageait toujours à pieds quand elle était à la Citadelle, et sa phobie l'empêchait purement et simplement d'avoir sa propre monture, cela paraissait donc naturelle pour elle de courir et elle ne songea même pas au fait qu'Ayden était, lui aussi, venu à cheval.

    Elle était déjà trop loin pour bien entendre le cri d'Ayden lui disant qu'il avait une autre idée, et surtout elle était trop concentrée sur son objectif. Elle n'était pas partie en sprintant, elle savait que cela aurait rapidement épuisé ses forces, elle avait adapté une allure plus mesurée adaptée pour courir sur de longues distances. Toute entière qu'elle était à sa course et sa direction, elle ne prit pas le temps de vérifier qu'Ayden la suivait, et avec le bruit de la pluie en plus, elle ne reconnu que trop tard le bruit d'un cheval au galop qui fonçait droit sur elle. Par réflexe, elle voulu l'éviter, mais c'était trop tard : on la saisit par le bras et avant qu'elle n'ai pu réagir, elle se retrouva devant Ayden, sur le dos d'un cheval lancé au galop. Autant dire que pour la phobique des chevaux qu'elle était, c'était une expérience pour le moins traumatisante, et Ayden eu de la chance que Nirina ne lutte pas.

    Nirina avait subit l'entraînement des Frontaliers, elle savait donc mesurer ses réactions. Sinon, elle se serait sans doute mise à hurler dès qu'Ayden lui avait saisit le bras, car il fallait bien avouer que ça faisait mal! Elle en avait d'ailleurs encore l'épaule endolorie, mais ce n'était rien par rapport à ce qui se passait dans sa tête : elle était complètement tétanisée par la peur. Jamais de sa vie, elle ne s'était retrouvée sur le dos d'un cheval au galop, même avant d'avoir sa phobie. Si elle n'avait pas su que c'était Ayden et si elle n'avait pas été prise par surprise, elle se serait d'ailleurs sans doute dégagée à peine la main du Thül posée sur son épaule, mais elle ne l'avait pas fait, trop plongée dans ses pensées, et ami ou pas, elle le regrettait amèrement maintenant... Enfin, si seulement elle avait encore le luxe d'avoir ce genre de pensée!

      « Dis-moi par où aller et accroche-toi! »


    Nirina était tout simplement incapable de guider qui que se soit, que se soit l'étalon ou Ayden, et elle comprit à peine ce que le Thül lui disait. Elle était crispée sur le dos du cheval de peur de s'envoler et s'étonnait que l'animal ne sente pas sa peur et son stress. Sans doute que la vitesse empêchait les molécules odorantes de parvenir jusqu'à ses naseaux, ou bien il était vraiment bien dressé, mais ça, Nirina n'arrivait pas à y penser. Elle était comme figée, incapable de parler pour donner des indications à Ayden, et encore moins de guider l'animal elle même!

    Ayden ne semblait pas s'être rendu compte de l'état de Nirina, et elle-même n'arrivait pas à se sortir de sa propre torpeur, elle peinait à maîtriser sa panique. Le seul éclat de lucidité fut lorsqu'elle songea qu'elle ferait peut-être mieux de sauter de là lorsque le second hurlement retentit.

    Cela faisait certes un moment que le premier s'était éteint, néanmoins s'était étrange qu'Echo hurle de lui même de nouveau. En écoutant ce que disait le hurlement, néanmoins, Nirina comprit tout de suite pourquoi, et elle se rappela alors pourquoi elle était là, sur le dos d'un cheval à galoper à toute vitesse sous la pluie : Alec allait mal.

    Cela se sentait dans le hurlement d'Echo. Il lui disait de se dépêcher. Il semblait comme inquiet, mais elle n'en était pas sûr. Ce hurlement, bien que peut rassurant, eu au moins l'avantage de ramener Nirina sur terre et même si elle restait mal à l'aise au possible sur le dos d'un cheval, elle ne songeait plus à "sauter en marche". Il fallait retrouver Alec le plus rapidement possible, tant pis si pour ça elle devait parcourir au galop la distance qui les séparait...

    Enfin, outre la peur, on ne pouvait vraiment pas dire que le trajet soit confortable pour Nirina. Il n'y avait pas que la pluie, il y avait aussi, bien sûr, son manque cruel d'expérience sur le dos d'un cheval qui faisait qu'elle avait une position déplorable et qui faisait sûrement peine à voir de loin, et comme ses muscles n'y étaient pas habitués, elle trouvait les mouvements et secousses du galop très douloureux pour ses fesses et même ses jambes.

    Avec le temps, elle réussissait à plus ou moins maîtriser sa peur, même si elle ne s'y habituait pas pour autant - cet événement, malgré sa volonté de rejoindre Alec, resterait toujours une expérience traumatisante plus qu'autre chose - et elle arrivait à accorder quelques neurones à des réflexions histoire d'éviter de penser à la douleur dans ses fesses et son épaule. Elle s'était plus fait mal depuis qu'elle était sur ce cheval que pendant tout le combat dans la taverne! Et le Thül n'y était pas pour rien, loin de là... Cependant, Nirina avait le souvenir que Neyd avait lâché, à un moment de l'altercation, qu'elle avait la phobie des chevaux, mais elle même n'y avait pas fait grand cas, et peut-être qu'Ayden n'avait pas fait attention sur le coup. Sans cela, Nirina trouvait ça étrange qu'il ai pu agir de la sorte en sachant qu'elle avait la phobie des chevaux... Même si, réflexion faite, il l'aurait sans doute attrapé au vol, phobique ou pas. Mais ce n'était pas si important.

    D'autres hurlements suivirent le second, et Nirina y distinguait de mieux en mieux l'inquiétude qu'elle avait cru déceler. Cette fois, c'était sûr. Elle ne savait pas ce que faisait Alec, mais c'était mauvais signe. Néanmoins, ils semblaient toujours se déplacer, donc il ne devait pas aller trop mal... Physiquement. C'était dans sa tête qu'était le problème, et un chien loup comme Echo ne pouvait pas ne pas s'en rendre compte. Même l'étalon d'Alec l'avait sans doute remarqué.

    La fauconnière aurait bien aimé lui répondre qu'ils arrivaient, mais elle en était incapable. Elle était toujours trop tétanisée pour bouger, quoique pas pour les mêmes raisons que tout à l'heure, et elle doutait de pouvoir hurler clairement dans de telles conditions.

      « Mais où est-ce qu’il s’en va, à la fin?! »


    Nirina n'en savait pas plus que lui, et même si ça avait été le cas, elle était de toute façon incapable de répondre. Mais même si elle avait choisit de répondre, elle n'aurait pas pu mener sa réponse à terme : un nouveau hurlement venait de retentir, différent des précédents.

    Cette fois, c'était Alec qui hurlait. Et cette fois, ils se rapprochaient bel et bien.

    Mais le message de ce hurlement fit frissonner Nirina. Même Ayden, qui ne "parlait" pas loup, devait en comprendre le sens : la souffrance. Alec n'avait pas utilisé les codes de hurlement des loups, c'était un hurlement primaire, instinctif, dans le quel elle retrouvait malgré tout les traces de sa proximité avec Echo. D'ailleurs, ce dernier ne tarda pas à joindre sa voix à celle de son meneur, mais son cri était différent : il le comprenait pas, et Nirina pouvait déduire que c'était plus l'état de son meneur qui lui faisait peur qu'autre chose. Il ne comprenait pas.

    Cette fois, même sans savoir si son geste était le bon ou pas, Nirina donna un coup de pieds dans les flancs de l'étalon pour le faire accélérer tout en se penchant en avant. Ca, c'était très mauvais signe!

    Elle aurait été incapable de dire combien de temps avait duré le trajet - une éternité à ses yeux - et elle ne voulait pas le savoir, mais elle eu l'impression que le trajet après ce dernier hurlement fut court comparé au reste. A peine l'étalon s'était-il approché des trois silhouettes d'Echo, d'Eclipse et d'Alec et avait commencé à ralentir à cause de la présence du chien-loup, Nirina sautait déjà à terre et réussit à atterrir avec une certaine agilité malgré la douleur dans ses fesses. Elle se précipita aussitôt vers Alec, et Echo se tourna vers elle, son attitude semblant la supplier d'aider son chef de meute.

      - Alec!


    Nirina était toujours livide à cause du voyage, et cela devait aussi se sentir dans sa voix, néanmoins c'était le fait de retrouver Alec qui lui avait permit de tenir tout le long. Elle n'avait pas eu l'énergie d'engueuler Ayden ni même, idée plus probable étant donné son caractère, de lui flanquer la raclée de sa vie, et surtout elle n'en avait pas eu le temps : tout ce qui comptait était de s'assurer qu'Alec allait bien ce qui, vu son hurlement de tout à l'heure et sa position actuelle, était loin d'aller de soit!

    Malgré ses courbatures, elle arriva rapidement au niveau du Frontalier et, ne le voyant pas bouger, elle posa aussitôt la main sur son épaule, la fatigue plus qu'autre chose l'empêchant de le secouer pour le faire réagir.

      - Alec, tu m'entends?!

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L’orage semblait s’être calmé, même si la pluie n’avait pas cessé de tomber. La nuit semblait également moins sombre, moins noire. Mais tout cela n’avait aucune importance.

Le frontalier ne savait plus ce qui était devant lui. Il connaissait néanmoins trop bien ce qu’il y avait derrière. Il était incapable de voir plus loin, d’anticiper, d’imaginer. Tous les chemins lui paraissaient bloqués. Et seuls les mots de Neyd résonnaient dans sa tête. Seule l’idée de Yaän et de sa culpabilité emplissait l’espace. Comme si son esprit était une petite pièce et les souvenirs si grands qu’ils remplissaient l’espace du sol au plafond, ne laissant aucun besoin libre pour autre chose.

Est-ce que c’était ce qu’on appelait un état de choc? Ou une perte de contrôle total sur son esprit? Il devenait donc fou?

En réalité, le corps et l’esprit ont parfois des réactions étranges hors de la raison. Alec avait ressenti une telle rage, une telle colère face à Neyd, et aussi une si grande détresse que pour lui éviter de tomber, d’oublier qui il était, son esprit s’était fermé, l’emprisonnant dans une sorte de bulle loin de tout. Figeant sa réalité, comme une coquille. S’il n’avait pas eu ce réflexe inconscient de s’isoler à l’intérieur de lui-même, il aurait pu tuer Neyd. Il aurait également pu ne pas parvenir à reprendre le contrôle et blesser quelqu’un d’autre, quelqu’un qui ne voulait que l’aider.

Alec les entendit arriver, mais ne se retourna pas. Les bruits de sabots en écho de l’étalon d’Ayden, puis des pas de course se rapprochant de lui. Écho qui gémissait et s’activait de nouveau anxieusement.

C’était comme s’il était figé dans son corps. Comme si tout ce qui se passait dans le monde réel se passait dans un autre univers, au ralenti. Il avait de la difficulté à rallier les deux réalités qu’il vivait, et lorsque Nirina arriva à ses côtés et l’appela, il tourna la tête vers elle, mais ne la vit pas tout de suite. Tout était décalé.

Il voulait lui dire tant chose choses, mais ne savait pas par où commencer. Les seules paroles qu’il parvint à prononcer furent :

    « Il a raison, tu sais, Neyd. »


Oui, il avait raison. Peu importe ce que sa sœur, Branson ou sa mère lui disait. On lui avait répété qu’il avait fait ce qu’il avait pu, que ce n’était pas de sa faute, qu’il avait essayé. Ces mots, il les avait entendus sans parvenir à se convaincre qu’ils avaient du sens. Mais ce n’était pas assez. Essayer, faire de son mieux, ce n’était pas suffisant. Ça n’avait pas été assez. Et c’était une faute qu’on ne peut effacer, qu’on ne peut corriger ou se racheter de l’avoir commise.

Yaän était son frère. Son frère cadet. Il était né avec un handicap à la jambe, ce qui avait considérablement retardé son entrainement de frontalier et avait rendu sa vie bien difficile. Malgré tout, il avait continué, s’était battu contre les moqueries et les commentaires. Alec l’avait toujours aidé. Il ne comptait plus le nombre d’heures qu’il avait passées à lui donner des cours supplémentaires de sabre ou d’équitation.

Alec l’avait toujours protégé des moqueries, des dangers, l’obligeant à rester à la Citadelle par tous les moyens possible lorsqu’il n’était pas prêt à telle ou telle mission. Sauf cette fois-là…

Il croisa enfin le regard de Nirina et un petit déclic se fit dans sa tête. Un instant… Il avait perdu la notion du temps et ne savait plus depuis combien de temps il était resté comme ça sous la pluie, mais il avait clairement entendu leur arriver. Des sabots. Nirina était monté jusqu’ici à cheval? Mais avec sa phobie, elle n’arrivait même pas à marcher à moins de deux trois mètres d’Éclipse…

Il remarqua à quel point elle était pâle et il fronça les sourcils. Il regarda par-dessus son épaule et aperçut Ayden non loin de son étalon. Il ne vit aucune autre monture, mais c’était impossible que Nirina ait couru jusqu’ici sur le train d’un cheval, aussi endurante qu’elle pouvait l’être!

Il revint sur elle, sa surprise l’ayant secoué de sa torpeur. Incrédule, il lui demanda :

    « Tu es monté à cheval? »


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[Bon, je suis rouillée, mais ça va revenir… Désolé encore pour mon absence. Je fais cours pour que le RP avance plus rapidement^^]

La pluie battait si fort qu’il était difficile d’y voir quelque chose. Celle-ci se transformait progressivement en neige à mesure qu’ils escaladaient la montagne. Tout concentré qu’il était à suivre le chemin en tentant d’éviter de diriger Grand’Pa en plein dans le fossé, il ne remarqua pas l’état de Nirina. Dans toute cette excitation, il avait oublié les allusions plus tôt dans la taverne qui aurait dû lui mettre la puce à l’oreille sur la phobie des chevaux de le jeune frontalière.

Le trajet fut plutôt court, mais lui parut très long. Il revit en mémoire la scène qui avait opposé l’abruti de frontalier et Alec dans la taverne. Il n’y avait pas compris grand-chose, sinon qu’Alec était passé à un cheveu d’empaler cet idiot. Ça n’aurait pas été tant pour lui déplaire, mais vu dans quel état il avait mis Alec, Ayden se dit que lui planter une flèche entre les deux yeux n’aurait fait qu’aggraver la situation à long terme.

Les hurlements de loup firent place à une autre sorte de cri, beaucoup plus humain. Ayden se redressa d’un coup sur sa selle, tirant les rênes de son cheval pour le faire ralentir. Alors que l’excitation, la colère et l’urgence avaient occupé son esprit jusque-là, une sorte de peur aussi glacée que la pluie lui mordit le ventre. Ce cri détenait tant de douleur, de tristesse et de rage. Et ce cri provenait d’Alec, de son ami.

Ayden avait toujours été très sensible aux émotions négatives que vivent ses plus proches amis. Il en avait été de même avec Kyllian, son cousin qu’il considérait comme son frère. Lorsque celui-ci avait perdu ses parents ou avait quitté le clan d’Othala après que son père, Braonan, lui ait reproché la mort de ses parents, Ayden avait eu de la difficulté à dormir pour plusieurs jours. Ce cri résonnait en lui avec un écho particulier. Il ne connaissait pas Alec depuis longtemps, mais le lien d’amitié avait été tissé.

Quelques secondes après avoir entendu le cri, ils débouchèrent sur un versant escarpé des hauteurs des Marches du Nord. Alec était là, leur faisant dos, à genou au sol devant le vide. Enfin, ils l’avaient retrouvé.

Ayden s’apprêta à aider Nirina à mettre pied à terre lorsqu’elle sauta elle-même au sol. Elle se précipita aussitôt vers leur ami.

    « Alec! »


Ayden sauta lui aussi de selle, laissant les rênes libres à Grand’Pa. Le vieux hongre ne s’éloignerait pas, il en était certain, sinon pour aller se mettre à l’abri au couvert des arbres. Il arriva tout juste derrière Nirina, alors que penché au-dessus de lui elle disait :

    « Alec, tu m’entends?! »


Ayden mit un genou à terre, entre Alec et le ravin, et se pencha pour être dans son champ de vision. Il mit sa main sur l’épaule libre de son ami, cherchant son regard. Alec leva finalement les yeux et la tête, tournant, ceux-ci vers Nirina et lui répondit.

    « Il a raison, tu sais, Neyd. »


Les mots n’avaient pas fini de sortir de sa bouche qu’Ayden serrait les dents et les poings, une expression de plus en plus dure et menaçante sur le village. Il murmura entre ses dents, à peine assez fort pour couvrir le bruit de la pluie.

    « Je vais tuer cette fiente de Raïs moi-même s’il recroise mon chemin… »


Le Thül n’avait aucune idée de ce qui s’était passé entre Neyd et Alec, mais à tous les coups, il ne croyait pas un seul mot du jeune frontalier insolent. Il prendrait la défense d’Alec coute que coute, sans savoir la vérité. Celle-ci ne lui importait de toute façon pas. Alec était son ami, était devenu son frère d’armes. L’amitié, pour le Thül, est quelque chose de sacré. Si nos proches ne valent plus la peine de se battre corps et âmes pour eux, quel que soit leurs tords ou les vôtres, l’amitié ne vaut rien.

Alec sembla revenir un peu à lui et dévisagea la jeune Frontalière.

    « Tu es monté à cheval? »


Ayden fronça un sourcil et en leva un autre vers Nirina, perplexe. Comment ça, il avait l’air surpris?

    « Bien sûr qu’on est venu à cheval, Alec! Tu aurais voulu qu’on te suive à la course? »


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    ( Owi, bon retour Ichi' Oh oui !  On t'aime! Deadly Hug  )



Alec se tourna vers elle mais mit quelques secondes à réagir, comme s'il revenait doucement à la réalité. Ses premières paroles firent grimacer Nirina, et elle vit qu'Ayden semblait partager son avis. Sans aller jusqu'à tuer Neyd si elle le recroisait, comme le suggérait le Thül, elle envisageait presque le duel si il lui recherchait des noises. Ceci dit, la question n'était pas là pour l'instant. Elle ne savait pas ce qui était vrai ou non dans ce qui s'était dit plus tôt dans la taverne, et elle n'en avait cure. Ce n'était pas si important, Alec leur en parlerait s'il le désirait.

Le regard du Frontalier changea soudain alors qu'il dévisageait Nirina. La fauconnière se figea à la question en se rappelant le voyage, et le fait qu'Ayden l'avait mise de force sur le dos d'un cheval au galop. Elle foudroya aussitôt le Thül du regard, heureusement ce dernier regardait alors Alec, lui faisant remarquer à juste titre qu'il aurait été ridicule de le suivre à pieds. Le regard de la Frontalière ne s'adoucit pas pour autant, faisant passer un message à base de "Dans n'importe quelle autre situation, je t'aurais zigouillé sur place, t'a de la chance".

Bon, le mal était fait, elle ne se sentait pas d'engueuler le Thül maintenant, surtout qu'elle devait bien reconnaître que la situation aurait été beaucoup plus compliquée autrement. Et puis il ne savait pas, c'était donc à peu près excusable, mais s'il s'avisait de lui refaire ça... Cela lui fit penser au trajet du retour. La nuit était tombée et ils s'étaient éloignés de la Citadelle dans leur course. Elle n'allait pas revoir son lit de sitôt! M'enfin, ça ne la gênait pas tant que ça, même si elle se sentait épuisée après son trajet involontaire sur le dos d'un cheval. Et elle n'avait pas envie de s'étendre non plus sur sa phobie des chevaux. Les Frontaliers, dont Nirina, n'étaient pas du genre à s'étendre sur leurs faiblesses, même en face d'amis. Et peu importe si Ayden ne comprenait pas pourquoi la fauconnière l'avait fusillé du regard de la sorte. Elle décida donc de passer à autre chose et fixa à nouveau son attention sur Alec.

    - Bon. Branson s'occupe des autres crétins. Je te propose donc d'oublier ce qui s'est passé ce soir, je crois que ça vaut mieux. Et ne t'avises pas de donner raison à l'autre abruti. Est-ce que ça va toi?


Elle avait été plus agressive qu'elle ne le voulait, déjà parce que parler doucement à un Frontalier pour le calmer ne paraissait pas être une réaction très logique, surtout qu'elle ne connaissait pas bien Alec, parce que penser à cette fiente de Raï l'énervait et ensuite parce que son voyage à dos de cheval l'avait éprouvée bien plus qu'elle ne voulait l'admettre. Surtout qu'elle avait réussi à se contrôler sur le coup, mais elle commençait à ressentir le contre coup et elle ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'oeil du côté des montures pour s'assurer qu'elles restaient à distance, comme si elle craignait qu'ils l'attaque à tout instant. Les chevaux devaient le sentir, car ils se gardèrent bien d'approcher. Quant à Echo, il était au départ concentré sur Alec et semblait se rassurer de le voir se remettre, puis il tourna un regard intrigué vers Nirina en sentant son stress. La jeune femme lui signifia en langage loup que ce n'était rien avant de se tourner vers Alec, attendant sa réaction et espérant qu'ils allaient dériver sur des sujets plus "joyeux". Elle aurait pu orienter la conversation sur le trajet du retour mais elle ne sentait pas que repartir à peine arrivés soit une très bonne idée, et surtout elle voulait avoir un peu de temps pour se remettre.

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    « Je vais tuer cette fiente de Raïs moi-même s’il recroise mon chemin… »


Alec tiqua aux mots de son ami, mais il resta paralysé et ne put répliquer quoi que ce soit. Aurait-il pu parler qu’il n’aurait pas vraiment su quoi dire, de toute façon. Supporter l’idée était hors de questions, mais s’engager dans un débat pour faire changer le Thül d’avis lui semblait inutile. Alec espérait seulement qu’Ayden avait parlé uniquement sous l’émotion et que sa menace n’était que rhétorique.

Il remarqua que son ami s’était placé entre lui et le précipice. Alec n’avait jamais eu l’intention de se jeter en bas, mais il devait avouer que s’il avait trouvé Ayden dans la même situation que lui, suivant des circonstances semblables, il aurait sans aucun doute réagi de la même façon. Alec réalisa qu’il les avait grandement inquiétés. Dans le chaos qui avait saisi son esprit, il ne s’était pas douté qu’ils s’en feraient autant pour lui et se lanceraient à sa poursuite. Il s’en voulut, autant pour sa perte de contrôle que pour la peur qu’il leur causait.

Lorsqu’il retrouva contrôle de lui-même et contacte avec la réalité, la question du moyen de transport de Nirina semblait être un détail particulièrement important à ses yeux. Plusieurs détails normalement bénins peuvent se transformer en grandes questions en situation de tension et de stress comme celle-ci. Ayden, néanmoins, trouva de toute évidence sa question comme absurde.

    « Bien sûr qu’on est venu à cheval, Alec! Tu aurais voulu qu’on te suive à la course? »


Il marquait un point. En même temps, si on considérait la question dans l’absolu, il aurait préféré qu’ils ne le suivent pas du tout. Alec, toujours tourné vers Nirina, vit une lueur sauvage et dangereuse traverser le regard de la jeune femme. Elle fusilla Ayden du regard, ce qui laissa croire à Alec qu’elle n’avait pas vraiment eu son mot à dire sur leur moyen de transport. Malgré cette réaction de sa part, qui lui semblait elle tout à fait normale, il ne comprenait pas très bien comment elle avait pu accepter en premier lieu de monter sur le dos de l’étalon d’Ayden. Le Thül ne l’avait pas jeté en travers de sa selle, non?

Nirina préféra laisser ce sujet de côté et reporta son attention sur Alec. Sa voix, autoritaire et presque agressive fut pour Alec un autre témoignage qu’elle s’inquiétait pour lui. Il s’en voulut davantage.

    « Bon. Branson s'occupe des autres crétins. Je te propose donc d'oublier ce qui s'est passé ce soir, je crois que ça vaut mieux. Et ne t'avises pas de donner raison à l'autre abruti. Est-ce que ça va toi? »


Oublier. Alec ne commenta pas, mais sa mâchoire se crispa. Oublier… Comment pouvait-on souhaiter si douloureusement d’oublier quelque chose et à la fois se faire une telle violence pour en retenir tous les détails? Oublier lui était impossible. Plus encore, oublier aurait été une honte, une insulte à la mémoire de son frère. Il détestait les paroles que Neyd lui avait dites, il l’avait presque tué pour ça, mais encore une fois, un sentiment divisé en lui-même prenait sa défense. Une partie de lui-même considérait qu’il méritait ces paroles.

Alec serra les dents et se donna une claque mentale. Il devait immédiatement reprendre le contrôle de lui-même. Il l’avait assez perdu comme cela. Nirina et Ayden n’auraient pas dû le voir dans cet état, ni au Cheval Blanc ni maintenant. Des années de pratique firent leurs effets et l’expression d’Alec cessa d’illustrer ses sentiments. Une façade calme et impassible vint remplacer la détresse que ses amis avaient peut-être entrevue lorsqu’ils étaient arrivés en le surprenant sur les hauteurs des Marches du Nord. Alec se redressa et sa voix se fit calme, assurée, mais également vide.

    « Je vais bien. Je n’aurais pas dû perdre mon sang froid avec Neyd, tout à l’heure, pardonnez-moi. »


Le voyant se remettre debout, Écho s’approcha de lui, les oreilles pointer dans sa direction. Le loup aussi avait été inquiet. Alec posa machinalement une main sur la base de son cou pour le rassurer. Il regarda alternativement Ayden et Nirina. Tout le monde, lui compris, était trempé de la tête jusqu’aux pieds. La neige mêlée de pluie qui s’abattait sur les flancs de la chaine du Poll avait perdu en intensité, mais continuait d’alourdir leurs vêtements et coller leurs cheveux contre leur visage. Alec se rendit enfin compte que le froid mordait sa peau. Même pour ses propres standards, la température était des plus désagréable et potentiellement dangereuse pour attraper des engelures ou tomber malade.

    « Vous n’auriez pas dû venir jusqu’ici sous cette pluie... »


Ses paroles n’étaient pas un reproche, loin de là. Du moins, pas pour eux. Envers lui-même cependant… Coupable, il sentit l besoin d’expliquer sa présence ici. Il n’avait jamais supporté l’idée que les autres s’en fassent ou souffrent à cause de lui.

    « Je devais seulement m’éloigner pour ne pas… »


Les mots « tuer Neyd » refusèrent de sortir de sa gorge et il fit un geste de la main pour balayer la question. Ils allaient surement comprendre ce qu’il avait voulu dire, de toute façon. Ses deux amis étaient eux aussi des guerriers et ils comprendraient surement ce besoin de s’éloigner d’une situation qui pouvait facilement se transformer en duel non désiré, ou pire encore.

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À la question du cheval, qui avait étrangement semblé étonner Alec, Nirna le fusilla du regard. Ayden détacha son attention d’Alec un instant pour lui lancer un regard interrogateur, les sourcils froncés. Quoi? Elle aurait préféré courir jusqu’ici et arriver demain matin? Elle était affublée d’une malédiction qui l’empêchait de toucher du crin de cheval sous peine de se voir transformer en crevette des sables?

C’était déjà étonnant qu’elle n’ait pas elle-même de monture, mais cela ne voulait rien dire. Comme Nirina l’avait dit elle-même plus tôt, elle était à l’entrainement, donc peut-être qu’un volet endurance exigeait qu’elle fasse le chemin à la course? Comment pouvait-il savoir ce qui lui valait ce regard maintenant! Ok, il n’aurait peut-être pas dû la cueillir au vol et la jeter devant lui sur sa selle, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir à ce point juste pour cela, dans les circonstances, non? Ou alors il avait mal jugé l’orgueil frontalier de la fauconnière…

Ayden décida que là n’était pas le moment de poser la question à Nirina, d’autant plus qu’avec le regard noir qu’elle lui avait lancé, il était presque certain qu’elle lui tomberait dessus une fois qu’ils auraient ramené Alec à la Citadelle. Et là, enfin, il serait fixé sur la raison de cette rancune!

Nirina sembla se dire la même chose puisqu’elle ramena elle-même le sujet sur Alec.

    « Bon. Branson s’occupe des autres crétins. Je te propose donc d’oublier ce qui s’est passé ce soir, je crois que ça vaut mieux. Et ne t’avise pas de donner raison à l’autre abruti. Est-ce que ça va toi? »


Ayden lança un regard oblique à Alec. Il doutait que son ami leur dise franchement s’il se portait bien ou pas, et compte tenu de la situation, peu importe, ce qu’il dirait ne changerait l’opinion du Thül là-dessus. Son ami allait mal, très mal.

    « Je vais bien. Je n’aurais pas dû perdre mon sang-froid avec Neyd, tout à l’heure, pardonnez-moi. »


Ayden faillit rouler des yeux, ironiques. Bha oui! Et les Siffleurs peuvent voler aussi, tant qu’on y est!

    « Perdre ton sang-froid… Une Goule aurait perdu le sien, pardi! Tu n’as rien à te faire pardonner Alec, c’est plutôt à cette tête de Raïs de te présenter ses excuses. D’ailleurs, si tu n’avais pas réagi, je lui aurais moi-même mis mon poing au visage, tu ne crois pas? »


Alec se remit sur ses pieds. Il avait retrouvé son expression fermée qu’Ayden lui connaissait, mais en pire. Il n’était pas particulièrement bien placé pour parler d’expression de ses émotions, son peuple et lui-même étant reconnu pour être plutôt orgueilleux sur le sujet, pour le dire gentiment. Mais là, au moins, Alec aurait dû s’exprimer par la colère. Ayden aurait préféré le voir couper un arbre à grand coup de sabre ou se faire engueuler pour rien afin que la frustration puisse sortir plutôt que de voir cette expression fermée et vide.

    « Vous n’auriez pas dû venir jusqu’ici sous cette pluie... »


Cette fois, Ayden roula des yeux en marmonnant, bourru :

    « T’as raison, on aurait dû attendre qu’il fasse soleil et apporter un pic-nic! »


Sa précédente réflexion lui donna une idée. Si Alec continuait à se forcer à être aussi coincé et « raisonnable », il allait finir par imploser. Ce qui c’était passé, ce n’était pas rien, au contraire. Rarement Ayden avait vu une aussi grande colère dans les yeux de quelqu’un. Et il s’estimait assez bien connaitre Alec pour savoir que tuer quelqu’un de sang-froid pour une bagatelle n’était pas son genre.

    « Je devais seulement m’éloigner pour ne pas… »


Encore des excuses pour les rassurer. Ayden comprenait les intentions d’Alec, qui ne voulaient pas qu’ils s’en fassent pour lui, mais trop était trop. Et quoi encore? Ils n’allaient quand même pas faire comme si rien ne s’était passé, que tout allait parfaitement bien et rentrer à la Citadelle en gambadant pour aller manger des gâteaux!

Ayden ne l’obligerait jamais à parler du pourquoi du comment de ce qui n’allait pas chez lui. Néanmoins, il pouvait le pousser à briser son foutu masque d’impassibilité et laisser sortir sa peine sous forme de colère. Qu’il soit lui-même la cible de cette colère lui semblait du coup la seule option potable.

Le Thül se releva et fit face au Frontalier, une expression dure sur le visage. Faisant fi des paroles de Nirina qui les incitaient à oublier ce qui s’était passé, Ayden confronta directement Alec. Elle lui en voudrait peut-être de nuire à son intervention, mais de toute façon, elle avait probablement l’intention de l’égorger plus tard dans la soirée.

    « Ça suffit. Maintenant tu vas m’écouter. Tu crois vraiment qu’on t’aurait laissé seul après ce qui vient de se passer? Je n’en ai rien à faire de la raison pour laquelle l’autre abruti t’en veut. Je vois clairement que tu t’en veux toi aussi pour ça, mais ça ne change rien. Je ne veux même pas savoir. Personne n’a le droit de dire des trucs pareils sans s’en prendre une. Et si tu crois un instant que tu n’as qu’à enfiler ta tête de faux semblant et nous balancer tes sornettes pour qu’on arrête de s’inquiéter pour toi, tu es plus stupide qu’un Raïs! »


Aden avait élevé la voix en serrant les poings.

    « Que ça te plaise ou pas, on va rester avec toi. Je vais t’emmerder même si tu menaces de me jeter en bas de cette foutue falaise, tu m’entends? Parce que je suis ton ami, Alec. »


Il dévisagea Alec, à la fois sincère et menaçant.

    « Si tu me dis une fois encore que tu vas totalement bien, que tu t’excuses ou que cette fiente de Raïs ne méritait pas que tu lui plantes une flèche entre ses deux yeux d’abrutis, c’est moi qui te cogne. C’est compris? »


Des mots gentils, des encouragements… tout ça n’aurait aucun effet sur Alec. Ayden le savait. L’exercice n’était plaisant pour personne, mais parfois, elle était nécessaire.

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    ( Je suis tellement désolée pour mon retard ^^' En espérant que la réponse vous plaise! =D )



Alec n'avait pas l'air d'accord avec les paroles de Nirina, mais elle n'y pouvait rien. Sa phobie était plus puissante qu'elle ne le croyait, et elle ne s'était pas retrouvé dans une situation aussi traumatisante de ce point de vue depuis longtemps, ce qui l'empêchait de réfléchir correctement et de trouver les bons mots. Dans son état normal, elle aurait sans doute tenté d'aborder les choses sous un angle différent, mais elle n'y arrivait pas. Sans qu'elle s'en rende compte, des tremblements commençaient à saisir ses membres, encore trop discrets pour qu'elle ou ses amis les remarquent, mais qui allaient en s'amplifiant.

Elle essayait désespérément de s'accrocher à la conversation pour éviter de succomber à la peur panique qui l'avait déjà prise quand elle était sur le cheval d'Ayden. Le fait qu'elle s'inquiète réellement pour Alec l'y aidait, mais son corps, lui, s'en fichait totalement et ses tremblements allaient en s'amplifiant, bien qu'elle ne les ai toujours pas remarqués.

Alec avait retrouvé son masque. La fauconnière connaissait ce masque, et jusqu'à maintenant, elle n'avait jamais osé tenter de le percer ni lui poser de questions sur le sujet. Mais au vu de ce qui venait de se passer, elle n'était pas sûr que se soit une bonne option. Ce masque cachait tant d'émotions refoulées que les conséquences lorsqu'il tombait en devenaient démesurées, la scène plus tôt dans la taverne venait de le prouver. Et Nirina était quasiment sûr qu'elle ne faisait pas d'erreur et que les deux étaient bien liés.

Heureusement pour Nirina, Ayden palliait très bien à son manque de réaction, donnant la répartie à Alec d'une façon que la Frontalière ne pouvait qu'approuver. Elle n'aurait certes pas formulé les choses ainsi, mais l'idée y était totalement. Echo, de son côté, semblait moyennement apprécié le comportement du Thül envers l'archer. Il se détourna cependant d'eux pour fixer à nouveau son regard sur Nirina. Un drôle de regard, mais il lui semblait lire dans son attitude une sorte d'inquiétude. C'est seulement à ce moment là que Nirina s'aperçut des tremblements, clairement visibles par tous maintenant, qui avaient saisit son corps, et plus particulièrement ses membres. Elle s'était même mise à frissonner, et pas seulement à cause du froid!

Ayden choisit cet instant pour se redresser et toiser le Frontalier avec une expression dure. Il avait visiblement quelque chose de précis en tête, quelque chose que Nirina pensait deviner, et elle le jugeait tout à fait apte à s'en occuper seule. De son côté, elle recula légèrement. L'attention des deux hommes était fixée l'une sur l'autre, et même s'ils voyaient de côté son mouvement, ils l’interpréteraient sans doute comme une façon de laisser la place à Ayden. Elle aurait sans doute pu prêter main forte au Thül, mais Alec ne manquerait pas de remarquer ses tremblements et frissons, et nul doute qu'il se focaliserait ensuite dessus, réduisant ainsi probablement les efforts d'Ayden à néant. Elle préférait éviter cela, surtout qu'elle n'avait aucune envie qu'ils la voient dans cet état. Elle n'avait plus qu'à espérer que leur 'discussion' dure assez longtemps pour que ses tremblements cessent. De son côté, Echo, devant l'attitude du Thül, c'était à nouveau focalisé sur lui. Il n'était pas vraiment menaçant, mais il avait toujours cet air mécontent teinté d'autre chose, comme s'il avait comprit que derrière cette apparente hostilité, il faisait cela pour le bien d'Alec.

Enfin, Ayden lâcha le fond de sa pensée, de façon sans doute plus agressive qu'il ne le pensait réellement, mais comme lui et Nirina l'avaient deviné, c'était sans doute la seule façon de faire réagir Alec, le vrai, pas son masque.

Les mots étaient francs, forts, brutaux. Nirina les approuvait, mais très vite, son esprit cessa d'écouter réellement. Son esprit considérait que le Thül gérait l'urgence prioritaire, à savoir gérer l'état d'Alec, et désormais, elle n'avait plus d'excuse pour ne pas se plonger sur son propre mal être, à savoir le contrecoup de sa phobie et de son voyage à cheval. Elle s'était assez éloignée pour que l'obscurité et la neige dissimulent, au moins en partie, ses tremblements, mais elle avait presque du mal à tenir debout. Comment une simple phobie des chevaux pouvait-elle provoquer cela? Bien sûr, elle avait déjà connu des contrecoups suite à des tentatives forcées de la mettre au contact d'un cheval, mais jamais d'aussi fort, et elle se senti soudain pitoyable. Autant elle était certaine que rien de ce qu'avait dit Neyd sur Alec n'était vrai - du moins pour la part de jugement, car l'histoire au sujet de son frère semblait vraie - autant, en cet instant, elle était presque de son avis concernant son statut de semi-Frontalière. Elle se sentait réellement pitoyable à se retrouver dans un état pareil "juste" à cause d'un galop à cheval, chose parfaitement normal pour n'importe quel autre Frontalier (et même Thül d'ailleurs), et elle était bien contente que son mental se soit amélioré car il fallait bien ça pour retenir son esprit de partir dans une peur panique malgré qu'elle ne soit plus proche d'aucun cheval. Pour son corps, par contre, c'était autre chose...

L'avantage, c'était que les frissons la réchauffaient et la protégeaient du froid. En attendait, elle se força à prêter attention à ce qu'il se passait entre Ayden et Alec, afin de voir comment la situation évoluait.


    ( J'ai réussi à pondre un truc à peu près court, applaudissez moi /SHBAF/! Ou pas ^^' )

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