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La taverne du Cheval Blanc

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    La taverne du Cheval Blanc

      __ Nord de Gwendalavir, Citadelle des Frontaliers
      __ 25/05/2014



    Alec Ezilea, Ayden Steredönn & Nirina Sil’Kallian



Le soleil se couchait derrière les sommets de la chaine du Poll. La lumière vive et dorée éclairait les murailles de la citadelle, la forêt ainsi que le village environnant. Néanmoins, on apercevait au loin de lourds nuages noirs et menaçants, chargeant l’air d’humidité et d’électricité. Un orage se préparait.

Les orages du nord étaient plus qu’impressionnants. Suivant les lignes naturelles forgées par les chaines de montagnes, toute dépression nuageuse remontait jusqu’à la chaine du Poll où ils s’entassaient, bloqués dans leur progression par l’imposante chaine de montagnes, jusqu’à ce que leur colère explose à l’unisson, faisant trembler les monts de neige éternelle.

Alec connaissait bien ces aléas de la température de cette région. Et pour cause, il y avait toujours vécu. Un instant, le soleil brillait au-dessus de vos têtes, puis sans crier gare et semblant venir de nulle part, un vent rageur se levait, aussitôt suivit de nuages noirs menaçants et d’une pluie diluvienne.

Aussi, à la vue des masses nuageuses au sud-est, Alec sera les talons pour faire avancer sa monture plus rapidement, enjoignant le Thül qui chevauchait à ses cotés à faire de même. Le Thül, Ayden Steredönn, l’avait enfin convaincu de l’accompagner à la fameuse taverne dont il lui parlait sans cesse depuis qu’ils s’étaient rencontrés plus d’une semaine plus tôt. Alec qui n’était pas très chaud à l’idée s’était retrouvé à court d’excuses lorsqu’il avait été libéré de ses obligations de Frontalier cet après-midi-là.

Ayden résidait chez lui depuis ce fameux soir où ils s’étaient retrouvés, par un magnifique concours de circonstances, à combattre cotes à cotes des Raïs dans les montagnes. Le Thül avait été blessé légèrement et comme il ne souhaitait pour rien au monde que les guérisseurs de la Citadelle se payent sa tête, Alec l’avait invité chez lui. Sa sœur cadette, Daerys, qui comptait parmi les Frontaliers formés à la médecine, avait soigné le grand homme blond. Cela faisait une semaine qu’il résidait dans la dépendance de l’ancien palefrenier près de l’écurie, sur la propriété de la famille d’Alec.

Très énergique, bavard et de bon cœur, Ayden avait rapidement gagné le cœur de la famille. Alec avait craint la réaction de sa mère, Élia, mais celle-ci appréciait finalement beaucoup la vie et l’humour que le Thül apportait à sa maison. Ayden continuait, plus ou moins consciemment, de tenter de charmer Daerys, mais celle-ci restait parfaitement insensible aux tentatives du guerrier blond. Elle l’appréciait néanmoins et le taquinait souvent en le tournant en bourrique.

Pour les remercier de leur hospitalité, Ayden travaillait sur la ferme. Son aide était plus que la bienvenue. La ferme avait retrouvé en quelques jours une allure digne d’autres fois. N’ayant plus les moyens d’engager un travailleur sur la ferme, et étant tous les trois trop occupés par leurs obligations à la Citadelle et comme Frontaliers, la ferme avait un peu été laissée pour compte.

Ayden avait également tenu à remercier personnellement Alec en l’emmenant à ce qu’il prétendait être la meilleure taverne des Marches du Nord. C’était ainsi vers cette dite taverne, appeler le Cheval Blanc, qu’ils se dirigeaient tous deux.

Écho, chien-loup et meilleur ami d’Alec, marchait à sa droite. Les rares passants qu’ils croisaient sur la route faisaient ainsi de grands détours pour passer le plus loin possible de la bête. Écho s’était finalement habitué à la présence d’Ayden. Ils semblaient s’être mutuellement pardonné le mal entendu de leur première rencontre où Écho avait manqué de peu de sauter à la gorge d’Ayden et où ce dernier l’avait presque coupé en deux de son épée.

Le Frontalier aurait préféré éviter cette soirée, mais il aurait été insultant de refuser maintenant. En effet, il n’aimait pas l’idée de se retrouver dans un lieu public bourré à craquer de gens en tout genre. Il n’aimait pas les foules et les soirées festives étaient depuis longtemps devenues un souvenir. Quant à la dernière fois où il avait pris un verre…

Alec, légèrement bourru, lança à Ayden :

    « Je te le répète, un seul verre, ensuite on rentre. »


Ils continuèrent encore un moment puis entrèrent finalement dans le village. On apercevait la muraille de la Citadelle plus loin, forte et inébranlable, baignée dans la lumière du soleil couchant. Écho commença à montrer des signes de nervosité et Alec tira sur les rênes de son étalon, Éclipse, pour l’arrêter. Le loup n’aimait pas se trouver près de foules, encore moins que son chef de meute, Alec. Notamment, jamais un tavernier qui se respecte n’accepterait un loup du Nord dans son établissement, peu importe le sang de chien qui pouvait couler dans ses veines.

Le Frontalier mit pied à terre et caressa affectueusement l’épaisse fourrure du coup du loup, ce dernier lui arrivant un peu plus haut que les hanches, ce qui était plus qu’impressionnant. Il lui fit un mouvement de la main, indiquant la forêt plus loin, Écho comprenant mieux le langage corporel que celui de la parole humaine. Il ajouta néanmoins pour la forme :

    « Tu devras passer ta soirée tout seul, Écho. »


L’animal s’éloigna, lança quelquefois des regards derrière lui en direction d’Alec, puis disparut derrière un bâtiment. Les deux compagnons continuèrent à pied, tenant les rênes de leurs chevaux dans leurs mains.

Alec se laissa mener par Ayden dans les rues du petit village fortifier jusqu’à ce qu’ils s’éloignent légèrement des autres bâtiments. Ils arrivent finalement devant la porte d’un commerce isolé, mais bondé où une enseigne délavée abordant un dessin d’étalon blanc se cabrant. Sur l’enseigne, le nom du commerce était gravé en grosse lettre : Le Cheval blanc.

Alec accrocha les rênes d’Éclipse à la clôture prévu à cet effet, près des réserves d’eau. Il caressa un instant l’encolure claire et douce de son cheval puis le quitta à regret, inspirant à plein poumons pour se donner courage et contenant avant d’affronter la soirée qui l’attendait. Il en faisait peut-être tout un plat pour rien, mais il aurait tout donné pour être ailleurs!

Lorsqu’il entra, Alec fut assailli par les odeurs d’alcool et de nourriture mélangés à celle plus acre de la sueur des gens et celle de la fumer de la grande cheminé. Plus que l’Odeur, ce fut le bruit qui le fit tiquer. Il adorait la tranquillité d’une écurie, de la forêt et des montagnes. C’était là qu’il se sentait chez lui. Ici, c’était tout le contraire. Plusieurs groupes de gens parlaient fort dans une joyeuse cacophonie de voix. Par-dessus le tout, un homme près du bar jouait de la guitare et un groupe de cinq hommes, lui compris, chantaient à tue-tête une chanson grivoise.

Autant dans son élément qu’un poisson dans le désert, Alec remarqua une table vide au fond de la salle, un peu isolé du chaos, et s’y dirigea telle une flèche fondant sur sa cible. Ayden n’avait qu’à le suivre ou aller au diable avec ses idées! Tout en maudissant intérieurement Ayden, il prit place à la table et rejeta son capuchon sur ses épaules, laissant la lumière éclairer ses traits. Son air était toujours bourru et tendu, ses iris vert clair observant tout et rien à la fois. Malgré sa bonne volonté, il n’arrivait pas vraiment à paraitre joyeux ou détendu… Autant demander à un loup du nord sauvage d’être poli et parler politique à la table de l’Empereur!

S’adressant à Ayden, il lança, légèrement soupe au lait :

    « Charmant, comme endroit. Tu ne connaissais rien de plus bruyant? »


L’homme qui travaillait au bar le connaissait et en l’apercevant assis à une table au fond de la salle, il haussa des sourcils, plutôt surpris, et vint à leur rencontre. C’était un homme grand et assez rond dont les cheveux gris avaient vu des années meilleures. Il se prénommait Branson Ardlin et avait été un ami proche de son père. Il avait connu Alec alors qu’il n’était qu’un bambin et était resté un ami proche de sa famille même après la mort du père d’Alec. Néanmoins, depuis plusieurs années, la vie les avait éloignées. Aussi, Alec fut assez surpris de le voir ici. Il n’avait aucune idée où Branson travaillait désormais…

    « Tiens donc! Alec! Ça doit bien faire une éternité que je ne t’ai pas croisé! »


Alec lui sourit, tentant de paraitre à l’aise et détendu, ce qui ne dû pas très bien marcher. Il lui tendit la main et ils échangèrent une poignée de main plus formelle que Branson semblait l’avoir voulu.

    « Bonsoir, Branson, je suis content de te voir. Je ne savais pas que tu travaillais ici? »


Le tavernier sourit, pas peu fier, avant de répondre :

    « En fait, j’ai racheté le Cheval Blanc au printemps dernier. Maintenant vous allez devoir m’excuser messieurs, je dois retourner au bar, nous avons une soirée bien remplie aujourd’hui! Faites signe à Anya, la jeune femme là-bas, lorsque vous voudrez commander, et passez une belle soirée! Alec, c’est toujours un plaisir de te revoir. »


Alec lui sourit, malgré un léger pincement au cœur de regret, en lui serrant la main de nouveau.

    « Merci, Branson. Pour moi aussi, c’est un plaisir. »


Le tavernier sembla hésiter une seconde, une ombre de tristesse et de regret traversant son regard, puis il sourit de nouveau, saluant Ayden d’un signe de tête, puis tourna les talons pour se frayer un chemin entre les clients jusqu’au bar. Alec le regarda s’éloigner, un mélange d’émotions contradictoires bourdonnant dans sa tête lui donnant encore plus envie de terminer la soirée rapidement et partir.

Tellement de Frontaliers à la Citadelle connaissaient son histoire. C’était pour cela qu’il était toujours parti en patrouilles de frontière, le plus souvent seul. Même encore aujourd’hui, plusieurs commentaires et regards entendus le suivaient lorsqu’il arpentait les couloirs de la Citadelle. Il ne les supportait toujours pas très bien. Et maintenant, ce soir, il se retrouvait non pas seulement avec plusieurs dizaines de Frontaliers dans un bar, mais aussi avec quelqu’un qui avait été très proche de lui et sa famille, jusqu’à l’évènement qui changea tout. Branson ne lui en avait jamais voulu, tout comme sa mère ou sa sœur, mais Alec l’avait tout de même éloigné, peu à peu, jusqu’à ce qu’ils se perdent de vue. Alec ne contrôlait pas ce phénomène. Et pour autant qu’il ne se sentait pas capable de renouer contacte, autant il en était désolé.

Voilà que la soirée qu’il appréhendait commençait sur un pied tremblant! Il espérait que le reste de la soirée se passe rapidement et sans encombre. Mais à voir la tête d’Ayden, rien n’était moins sûr que de rentrer avant que le soleil ne se lève à l’ouest.

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Enfin! Enfin, le frontalier avait accepté de se laisser l’invitation. Ayden en était plus qu’heureux. Cela faisait presque deux semaines qu’il avait promis à Alec de l’emmener dans la meilleure taverne du coin pour lui payer une bière en remerciement de son hospitalité. Néanmoins, le frontalier semblait toujours avoir quelque chose de plus urgent à faire.

Si vous voulez l’avis d’Ayden, il croit bien qu’Alec l’évitait par exprès. Ho ce n’est pas bien difficile à deviner. D’un, il ne connaissait aucun homme qui ferait passer la réparation d’une clôture en priorité sur une unique soirée dans une taverne. De deux, il ne lui avait pas fallu plus de deux ou trois jours pour comprendre qu’Alec, malgré ses premiers abords polis et souriants, était plus antisocial qu’un ours élastique. Et finalement, de trois, il lui aurait fallu être complètement aveugle ou débile pour ne pas comprendre que l’expression d’Alec en cet instant signifiait clairement qu’il aurait préféré affronter un bruleur armé d’une petite cuillère plutôt que d’aller à cette soirée.

Malgré cela, Ayden était plus qu’optimiste et de bonne humeur. Il était décidé à faire passer une soirée mémorable à son nouveau meilleur ami, qu’il le veuille ou non. Alec pouvait bien bouder ou s’y opposer, le Thül avait décidé qu’ils passeraient une plus qu’excellente soirée et rien ne lui ferait changer d’avis! C’est bien connu, un Thül est plus têtu d’une pierre!

Aussi était-il plus que joyeux et, à cheval sur le dos de son hongre gris Grand’Pa, Ayden chantait l’une de ses chansons préférées de sa voix tout sauf juste.

    « Chevaliers de la Table ronde.
    Allons voir si le vin est bon.
    Chevaliers de la Table ronde.
    Allons voir si le vin est bon.

    Allons voir, oui, oui ,oui!
    Allons voir, non, non , non!
    Allons voir si le vin est bon.
    Allons voir, oui, oui ,oui!
    Allons voir, non, non , non!
    Allons voir si le vin est bon! »


Bière, nourriture à profusion, chansons grivoises et peut-être même une jolie jeune femme étaient à sa planification. En effet, Ayden avait appris à connaitre Alec au cours de ces derniers jours où il résidait chez lui. Il appréciait énormément le frontalier tout comme sa famille, et certaines choses découvertes à son sujet l’attristaient.

Ayden avait compris sans qu’on le lui explique que le père d’Alec, ainsi que son frère cadet, étaient décédés. Personne n’en parlait à la maison des Sil’Asling, même pas Daerys, la douce et belle, mais intouchable, jeune sœur d’Alec. Et encore moins Alec ou sa mère, Élia. Le sujet semblait tabou et Ayden s’était donc gardé de poser des questions. La mort de leurs deux proches était peut-être toute récente et en parler leur était très douloureux.

Quoi qu’il en soit, il détestait voir Alec s’isoler ainsi. Un peu d’alcool pour détendre les nerfs et une ambiance plus que festive pour égaillé les mauvais souvenirs ne pouvaient qu’aider, non? Il n’y avait rien de mieux pour remonter le moral. Et bien qu’Alec ne montre aucun signe flagrant de moral à zéro, Ayden savait très bien que son ami avançait toujours avec un boulet attaché aux chevilles.

Ayden ignora donc complètement l’air bourru d’Alec, cachant son sourire ironique derrière un large sourire alors qu’il continuait à chanter.

    « J'en boirai cinq à six bouteilles.
    Une femme sur mes genoux.
    J'en boirai cinq à six bouteilles.
    Une femme sur mes genoux.

    Une femme, oui, oui, oui!
    Une femme non, non, non!
    Une femme sur mes genoux.
    Une femme, oui, oui, oui!
    Une femme non, non, non!
    Une femme sur mes genoux! »


Il ouvrit les bras et s’étira sur sa selle afin de pousser amicalement l’épaule d’Alec avant de lui lancer :

    « Ce n’est pas bien compliqué, allez, répète après moi. Hem, hem… Si je meurs, je veux qu'on m'enterre! Dans une cave où y'a du bon vin! Rhooo… Allez, chante, grosse goule mal commode! »


Ayden fit une grimace puis cessa de chanter, renonçant à sa première tactique pour tirer Alec de son humeur de pourpier. Il aurait sans doute plus de chance après lui avoir fait avaler une grande chope de bière de gré ou de force! Ou peut-être encore avec son plan de secours… Ayden avait remarqué qu’Alec n’avait pas beaucoup de proche. À part sa famille, il n’entretenait que des relations polies et officielles avec les autres. Sauf avec lui, bien entendu, qu’il le veuille ou non, Ayden avait fait d’Alec son acolyte numéro 1 et il lui trainerait dans les pattes jusqu’à ce qu’il le considère de même! Quoi qu’il en soi, plus que de ne pas avoir d’amis ou de proches, Ayden avait remarqué qu’Alec ne parlait jamais d’aucune fille et qu’aucune fille ne semblait le remarquer sous cet œil. Pourtant, Ayden savait reconnaitre un jeune homme charmant quand il en voyait un, et Alec avait tout du portrait comme de l’attitude. Mis à part son énervante tendance à fouttre le camp dès qu’on tentait de s’approcher un peu plus de lui.

Ayden avait remarqué les regards étranges que plusieurs femmes et hommes lançaient à Alec, et le Thül soupçonnait les cicatrices au visage de ce dernier comme étant responsable. Mais il refusait de croire qu’aucune de ces jeunes femmes ne trouvait ses marques de guerre attirantes, voyons! Par chez lui, il n’y avait rien de plus attirant qu’un guerrier bourré de cicatrices! Les Frontaliers ne pouvaient pas être si bizarres que cela, tout de même?!

Et dites-moi, quel est le meilleur moyen pour redonner un peu de couleur dans la vie d’un homme en peine? Non, voyons, à part une chope de bière et un repas chaud. Oui, c’est cela! L’amour! Le premier qualificatif que l’on donnerait à Ayden en voyant ce Thül blond de deux mètres n’est certainement pas romantique, et portant. Son plan de secours donc, était de présenter quelqu’un à Alec pour lui redonner le gout de… et bien, d’être joyeux par la barbe de Merwyn!

Au bout d’un petit moment de marche, alors que le village était désormais visible au bout du long chemin de terre battue reliant le village aux fermes en contrebas sur la montagne, Alec ouvrit enfin la bouche.

    « Je te le répète, un seul verre, ensuite on rentre. »


Le Thül leva les yeux au ciel. Par le Dragon, qu’est-ce qu’il avait fait à la Dame pour se retrouver avec un compagnon aussi rabat-joie! Il lui lança un regard un peu sadique et répondit sur le même ton :

    « Tss! L’enthousiasme même, à ce que je vois! Bon, d’accord, d’accord. Un seul verre. »


Ayden se demanda mentalement si le tavernier du Cheval blanc, la taverne où il emmenait Alec, gardait toujours ses vieux barils vides à l’extérieur, derrière la taverne. Si Alec ne voulait qu’un seul verre, Ayden allait ne lui en donner qu’un, mais tout un!

Il échafaudait d’autres plans tout aussi farfelus lorsqu’ils arrivèrent finalement dans l’enceinte du village. Alec mit alors pied-à-terre pour s’adresser à Écho, son chien loup, et Ayden l’imita en sautant de selle. Il prit les rênes de Grand’Pa dans ses mains et attendit qu’Écho disparaisse derrière un bâtiment, en direction pour la forêt, pour reprendre le chemin. Le chien loup ne pouvait en effet pas les accompagner à la taverne. Les clients de l’endroit, tout comme Écho lui-même, n’y auraient pris aucun plaisir!

Quittant les lieux achalandés du village, il entraina Alec vers l’extrémité nord du village où, isolée des autres bâtiments, à moitié enfouis dans la forêt, trônait fièrement l’enceinte du Cheval Blanc. Ayden sourit, plus que joyeux de retrouver cet endroit ou à peine un an plus tôt, il avait eu l’une des soirées les plus joyeuses, et alcoolisé, de sa vie. Il alla accrocher les rênes de Grand’Pa près des réserves d’eau et de fourrages, où plusieurs autres chevaux étaient attachés. L’endroit était particulièrement bondé ce soir-là.

Lorsqu’ils entrèrent, Ayden sentit tout de suite ses muscles se détendre. Enfin! Du bruit, de la musique, un bon feu, de la bonne nourriture, des rires et de la bière à profusion, voilà exactement ce qu’il voulait! Ce n’était manifestement pas un sentiment partagé par Alec puisque celui-ci fusa comme une flèche sur une table vide au fond de la grande pièce de la taverne.

Ayden leva de nouveau les yeux au ciel et alla le rejoindre, se frayant un chemin à travers les clients et les tables de la taverne bondée, attirant sur lui des regards impressionnés et surpris. Il faisait cet effet à peu près partout où il passait et ne le remarquait même plus désormais. Sinon pour le rendre encore plus fier d’être Thül.

Il s’assit à la table, claquant dans ses mains de contentement, très loin d’être démonté par l’attitude d’Alec, tout sourire. Ce dernier lui lança, amer :

    « Charmant, comme endroit. Tu ne connaissais rien de plus bruyant? »


Le Thül pouffa de rire en s’accoudant sur la table, plantant ses yeux bleu clairs et moqueurs dans ceux d’Alec.

    « Mmm… non, pas plus bruyant. Et nulle part ailleurs ne sert-on de la meilleure bière de ce côté du fleuve Polimage! »


Avant que l’un ou l’autre ne puisse ajouter quoi que ce soit, le tavernier, un homme différent de la dernière fois où il était venu, s’approcha de leur table et vint saluer Alec. Et bien! Ils se connaissaient, ces deux-là!

    « En fait, j’ai racheté le Cheval Blanc au printemps dernier. Maintenant vous allez devoir m’excuser messieurs, je dois retourner au bar, nous avons une soirée bien remplie aujourd’hui! Faites signe à Anya, la jeune femme là-bas, lorsque vous voudrez commander, et passez une belle soirée! Alec, c’est toujours un plaisir de te revoir. »


Ayden suivit le signe du tavernier des yeux pour tomber sur une magnifique jeune femme aux cheveux blonds, aux yeux bleus et à la taille fine. Il sourit, amusé. Si cela ne suffisait pas à remonter le moral d’Alec…

    « Merci, Branson. Pour moi aussi, c’est un plaisir. »



L’échange fut bref et lorsque le tavernier du retourner à son comptoir, Ayden lui fit un signe de tête en signe de salut. Lorsqu’il retourna son attention sur son ami, Ayden fronça légèrement les sourcils. Quelque chose de plus que la simple obligation de participer à cette soirée semblait maintenant avoir assombri ses traits. Non! Non, pas questions que des idées noires, peu importe lesquelles, ou n’importe qui d’ailleurs, viennent gâcher leur soirée! Pas tant qu’il tiendrait sur ses deux jambes! Et pour qu’il tombe, il faudrait soit le tuer, soit le souler. Et pour souler un Thül, le tavernier devrait probablement vider sa cave de baril…

    « Bon! On est venu ici pour un verre, non? »


Ayden fit un signe de main à la jeune serveuse, accompagné d’un sourire et d’un regard charmeurs, que celle-ci remarqua tout de suite. Il ne fallait pas être un expert pour savoir que cette jeune femme n’était pas frontalière. Aussi, rougit-elle en apercevant les gestes du Thül et se dirigea vers eux de ce pas.

Ayden se félicita intérieurement. La jeune fille était vraiment belle et semblait tout aussi aimable. Maintenant, il lui fallait attirer son attention sur Alec. Un coup d’œil vers son ami lui confirma qu’il n’aurait probablement pas de coup de main de sa part sur ce coup-là…

    « Bonjours Messirs. Je suis Anya, je serais votre serveuse pour ce soir. Qu’est-ce que je peux vous apporter? »


    « Bonsoir Anya! Enchanté de faire votre connaissance! Nous allons commencer par une pinte de votre bière maison chacun, je vous pris. »


La jeune femme lui sourit timidement, les joues rosit, puis hocha la tête se s’éloigna en direction du bar, lui lançant des regards timides par-dessus son épaule. Bon. Il devait élaborer un plan pour qu’elle cesse de le regarder et remarque Alec avant qu’elle ne revienne avec leur commande... Il décide de commencer par préparer le terrain avec sa tête de mule de compagnon. Il se pencha vers lui, lui faisant un signe de tête en direction de la jeune femme, puis lança à mi-voix :

    « Elle est jolie, tu ne trouves pas? »



descriptionLa taverne du Cheval Blanc  EmptyRe: La taverne du Cheval Blanc

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Nirina poussa un soupir excédé. Pour une fois, elle ne s'entraînait pas au sabre ou au combat à main nues, elle ne s'entraînait pas non plus au tir à l'arc, ni ne s'amusait à tenter d'escalader les bâtiments de la Citadelle, car oui, ça lui arrivait, faute de pouvoir faire de même dans les arbres des forêts environnantes autant qu'elle le voudrait. Ce domaine de défense là, comme beaucoup, était enseigné et exploité à la Citadelle mais était loin d'être répandu parmi les Frontaliers : il s'agissait du lancer de poignard.

Nirina s'y était mise depuis un bon moment, sans grande conviction au début, portant juste son poignard parce que c'était une alternative plus discrète du sabre mais surtout parce que ça pouvait être utile dans tout un tas de domaines autre que pour se battre ou se défendre. Et puis elle s'était dit que finalement, ce qu'elle considérait presque comme un outil pouvait devenir encore plus multitâche qu'il ne l'était déjà à ses yeux.

En effet, la jeune fauconnière se défendait bien à mains nues, elle se défendait même très bien et, plus le temps passait, plus elle devenait inséparable de son sabre à la manière des autres Frontaliers. Le hic, elle s'en était vite rendue compte, c'était qu'elle avait rarement d'arc à portée de main. Elle en emportait souvent quand elle sortait seule en forêt, pour chasser par exemple, mais il s'agissait d'un arc démontable, redoutable et qu'elle mettait de moins en moins de temps à assembler mais qui restait trop contraignant dans certaines situations dans lesquelles elle s'était déjà retrouvée. Le poignard, lui, était dans la main en un clin d’œil, et même s'il ne pouvait être utilisé qu'une fois - dommage qu'il ne puisse pas revenir à la manière d'un boomerang - il permettait de réagir rapidement et, éventuellement, lui laissait le temps de saisir son arc. Elle avait un jour pu constater l'utilité de cette technique et dès lors, c'était mise au poignard, sans négliger son utilisation dans le combat au corps à corps cependant - tant qu'à faire, autant qu'elle puisse l'exploiter au maximum, et pas seulement pour le lancer.

Cependant, ce jour là, ça n'allait pas très fort. Comme pour le tir à l'arc, Nirina avait décidé de faire passer son entraînement au lancer à l'étape supérieur, rajoutant sans cesse de nouvelles contraintes telles des cibles mouvantes ou bien des conditions de tir difficiles et improbables. Elle avait du être un peu trop exigeante ce jour là, car elle ratait beaucoup trop de tirs à son goût. Le fait qu'elle ai été très occupée toute la journée entre les entraînements et ses tâches de fauconnière devaient jouer, d'ailleurs elle se sentait fatiguée. Voyant que le soir arrivait, elle se décida à arrêter pour aujourd'hui. De toute façon, quand elle se frustrait ainsi, elle n'était plus bonne à rien.

La jeune femme était, pour l'occasion de cet entraînement un peu spécial, sortie de la Citadelle, ayant envie de se retrouver un peu seule dans la nature plutôt que de devoir partager une salle d'arme avec des Frontaliers pas toujours très amicaux. Elle s'était levée du mauvais pied ce matin et ne s'était pas sentie d'humeur à risquer de tomber sur des Frontaliers friands de critiques et répliques cinglantes. Cela aurait sans doute fini par un tas de duels et ce n'était pas franchement une bonne idée.

Frustrée, Nirina récupéra son arme et oublia ses sentiments négatifs pour se sentir désolée pour les arbres qui entouraient la clairière qu'elle avait utilisé comme espace d'entraînement. Elle s'était exercée au tir à l'arc un peu plus tôt au même endroit, et le moins qu'on puisse dire c'est que les troncs portaient les traces de son entraînement!

La jeune Frontalière nettoya sa lame et se mit sur le chemin du retour. Elle n'avait pas emmené Aleka, le faucon qu'elle avait élevé, avec elle ce jour là, le motif de sa sortie s'y prêtant peu, néanmoins Nirina avait emmené le rapace chasser pas plus tard qu'hier, elle se doutait donc que cela ne devait pas poser de problème à Aleka.

Nirina ne put s'empêcher de remarquer, alors qu'elle retournait à la Citadelle, à quel point, malgré sa légère frustration à la fin, son lieu d'entraînement avait apaisé son humeur bougonne de ce matin. Souriante, la Frontalière lança des regards alentours apaisés aux arbres qui en étaient responsables. Elle avait passé la journée dehors, grimpant, courant, s'entraînant à diverses choses, principalement le tir à l'arc à travers un peu de chasse et le lancer de poignard sur lequel elle venait de terminer, mais elle n'avait pas laissé de place à l'observation des prédateurs, surtout des loups. C'était bien dommage, cela faisait longtemps que Nirina n'avait pas eu l'occasion d'en croiser et cela lui manquait.

Enfin, cette idée eu pour effet de la rendre plus souriante encore. Cela lui donnait une bonne raison de ressortir dès qu'elle le pourrait! Néanmoins, vu l'heure, il valait mieux qu'elle arrête là pour aujourd'hui et rentre à la Citadelle.

Nirina arrivait quasiment en vue des tours et des enceintes lorsqu'elle remarqua deux personnes à cheval en sortir, visiblement en direction du village qu'il y avait un peu plus loin. En temps normal, Nirina ne prêtait pas beaucoup d'attention aux autres Frontaliers, n'étant pas toujours très sociable, mais ces deux cavaliers là attirèrent rapidement son attention.

D'abord, l'un d'eux était grand, vraiment grand. Mais il n'y avait pas que ça, il était aussi imposant, tout en muscles, et même de loin, elle pouvait voir que son équipement n'était pas celui d'un Frontaliers, plutôt celui d'un Thül. Cela suffit à l'intriguer.

Et puis elle s'aperçut d'une silhouette près du cheval blanc du second, et reconnu avec surprise le chien-loup Écho. Un simple coup d’œil lui permit de vérifier que le second cavalier, lui aussi assez grand, était, comme elle l'avait deviné, Alec, l'alpha du chien loup.

Là, Nirina était intriguée et intéressée. Un Thül à la Citadelle? Elle n'avait pas le souvenir d'en avoir déjà croisé, mais ce n'était pas très étonnant de sa part. Elle en avait déjà vu de loin lorsqu'elle voyageait à travers l'Empire avec sa mère, bien sûr, mais jamais ici, et surtout elle n'avait pas le souvenir d'en avoir déjà approché ou de leur avoir déjà adressé la parole, si bien que l'idée d'aller discuter avec celui ci la tentait bien, d'autant plus qu'il était avec Alec.

Alec justement. Voilà autre chose. Il était un des rares Frontaliers qui étaient sympathiques à Nirina, non, mieux, plutôt que de simplement supporter quand il était à, elle appréciait sa présence, ce qui était plutôt rare chez une asociale telle qu'elle! Cela lui donnait doublement envie de les rejoindre.

Oui, mais. Nirina avisa la Citadelle et soupira. Elle n'avait pas spécialement envie d'y passer la soirée, elle y passait déjà presque toutes ses soirées depuis ses 14 ans, merci bien! D'un autre côté, les deux cavaliers semblaient se diriger vers le village non loin de la Citadelle, et Nirina n'était pas spécialement fan de ce genre de lieu, elle craignait de deviner ce qu'ils allaient y faire... Enfin! Elle n'y allait presque jamais, à ce village, pourtant ce genre de coin pouvait être sympa aussi! Et puis ça lui changerait, allez hop!

Aussitôt sa décision prise, Nirina changea de trajectoire pour se rapprocher des cavaliers, sans pour autant se mettre à courir cependant. Elle savait qu'ils ne l'avaient pas vue, sauf peut-être Echo qu'elle avait cru voir tourner la tête dans sa direction, et ils auraient disparu avant qu'elle ne les rattraper, qu'elle coure ou pas. Pour finir, elle n'avait aucune envie de se précipiter vers eux en hurlant, de une elle se ferait railler par les éventuels témoins Frontaliers si elle le faisait - sans parler de son père, plutôt à cheval sur le comportement en publique - et de deux elle se sentirait stupide.

Nirina continua donc sa route d'un bon pas, ayant néanmoins légèrement accéléré son allure histoire d'éviter de les perdre de vue trop vite, sait-on jamais - si jamais elle s'était trompée sur leur destination, elle aurait l'air fine! Mais elle s'aperçut vite qu'elle avait vu juste, ou alors ils se rendaient quelque part vraiment tout près du village.

Immanquablement, elle finit cependant par les perdre de vue. Dans d'autres circonstances, elle aurait pu se mettre à courir, elle aurait fini par les rattraper, mais la nuit tombait et elle craignait qu'ils n’interprètent mal son arrivée... Et surtout, elle s'était suffisamment dépensée aujourd'hui et s'autorisait donc à se contenter d'une marche rapide!

Au bout d'un moment, elle eu cependant une impression étrange, comme si elle était observée. Elle quitta un instant des yeux le sentier qu'elle suivait et s'aperçut alors qu'un animal l'observait. La lueur du jour encore présente lui permis d'identifier Echo, mais même sans cela elle n'aurait pas prit sa présence comme une menace, le chien loup se tenant à bonne distance et n'ayant pas un comportement hostile.

Ne sachant pas trop comment réagir, elle se contenta de soutenir son regard quelques secondes pour montrer qu'elle avait remarqué sa présence, puis elle détourna les yeux et continua sa route. Quand elle avait rencontré Alec, elle s'était retrouvée seule avec lui quelques secondes et depuis, elle n'était pas contre se trouver à nouveau dans ce cas là mais hélas, dans le cas présent, elle n'avait pas envie de s'attarder seule alors que la nuit tombait, elle préférait arriver au plus vite, d'autant que ce n'était pas parce qu'elle se doutait que le Thül et Alec se rendent au village qu'elle trouverait ensuite où ils étaient allés! Enfin, elle devinait qu'ils avaient du se rendre à l'auberge, en tout cas même si elle ne voyait pas trop Alec dans un tel lieu vu ce qu'elle savait de lui, cela correspondant en revanche assez bien à l'image qu'elle avait des Thüls!

D'ailleurs, si Echo était là, c'est qu'Alec et son ami avaient du arriver en ville. Nirina se doutait que le chien loup ne pouvait pas le suivre à l'intérieur. S'ils étaient arrivés, elle ne devrait pas trop tarder non plus!

A sa surprise, Echo ne repartit pas. Il la suivit de loin, ce qui intrigua Nirina mais lui faisait plutôt plaisir. La considérait-il comme un autre membre de la meute? Cela l'étonnerait vu que leur relation était récente, mais c'était possible qu'il voit les choses sous cet angle là, ou en tout cas commence à le faire. Autant chez les loups du Nord que dans un groupe de chiens, l'intégration d'un nouveau n'est jamais immédiate, elle demande toujours plus ou moins de temps selon la facilité d'intégration de l'individu.

Au fur et à mesure de la ballade, Nirina s'aperçut qu'Echo, même s'il était généralement assez loin devant, comme s'il ouvrait la marche, l'attendait parfois et la laissait s'approcher de plus en plus près, marchant des fois pendant un moment près d'elle. Oh, il gardait toujours une distance d'au moins trois mètres entre eux, néanmoins ce détail faisait plutôt plaisir à Nirina.

Lorsqu'ils arrivèrent en vue du village, Nirina mit un moment avant de s’apercevoir qu'Echo ne menait plus la marche. Il la suivait toujours, mais il l'attendait d'un côté du village. Elle aurait pu croire qu'il ne voulait tout simplement pas s'approcher plus près, mais son attitude était tellement semblable à celle qu'il avait plus tôt dans la forêt, lorsqu'il attendait qu'elle le rejoigne, qu'elle décida de le suivre.

Bien lui en prit, car il s'avéra que le chien loup l'attendait en effet. Il la guida tout autour du village jusqu'à ce que, au nord, Nirina n’aperçoive une taverne isolée des autres bâtiments, qui s'enfonçait presque dans la forêt. Echo l'accompagna jusqu'à ce qu'elle la voit, puis il resta en retrait. Devinant que c'est dans cette taverne qu'Alec et son ami avaient du entrer, elle remercia son guide à sa manière et se dirigea vers la porte d'entrée tandis que le chien loup retrouvait le couvert des arbres.

L'intérieur était assez rempli, et surtout bruyant. Plus habituée au calme de la forêt, voir éventuellement aux cris des oiseaux, aux hurlements de loups ou aux chocs métalliques des salles d'armes où elle s'entraînait, elle fut plutôt prise au dépourvu par ce boucan là, dont elle n'avait pas trop l'habitude et qu'elle n'appréciait pas beaucoup non plus.

Fort heureusement, même si plusieurs personnes chantaient déjà des chansons grivoises, la faune de cette taverne ne semblait pas encore assez éméchée pour que cela devienne désagréable, et des odeurs de bonnes nourritures en parvenaient. Nirina fit quelques pas à l'intérieur... Et évita souplement un homme qui s'était reculé brusquement.

Bon. Elle ne savait pas où était Alec mais vu qu'elle ne le voyait pas dans les environs de l'entrée, parvenir jusqu'à lui risquait d'être compliqué dans ces conditions!

Occupée à chercher un visage connu, Nirina était restée plantée près de l'entrée, et elle finit par se faire bousculer par derrière, n'ayant pas entendu la porte s'ouvrir à cause du bruit.

    - Pardon gamin, faut pas rester en plein milieu du chemin aussi! S'excusa un homme plutôt costaud lorsque Nirina se retourna.


Cette dernière fit la moue, non pas parce qu'il la prenait visiblement pour un garçon - ce qu'elle lui pardonnait parfaitement entre son visage androgyne, ses vêtements masculins et son absence de formes féminines. Non, ce qui la gênait, c'était sa façon de s'adresser, comme s'il parlait à un enfant.

Son regard s'était durcit, devenant farouche, et l'homme le remarqua car il se figea pour l'observer un peu plus en détail, sans doute prêt à en rajouter une couche. Il se ravisa en voyant le sabre fixé dans le dos de Nirina et s'excusa alors platement. Aucune personne saine d'esprit ne se tenterait en effet à provoquer un Frontalier, même plus jeune que soit, et quelqu'un qui habitait dans un village proche de la Citadelle ne pouvait sûrement pas ignorer cela. Nirina fit un vague geste qui pouvait aussi bien vouloir dire qu'elle acceptait ses excuses qu'elle s'excusait elle même, puis elle s'éloigna sans plus attendre.

Vraiment, les tavernes, c'était pas trop son truc, surtout quand elle était seule! Avec Saha, elle avait l'habitude, et ça pouvait même être sympa, mis à part les quelques lourdauds qui venaient au moins une fois chercher des noises à sa mère - elle même étant généralement tranquille vu qu'on la prenait pour un garçon - mais seule, c'était autre chose. Ce n'était pas le type d'endroit où elle avait l'habitude d'aller, et maintenant qu'elle était loin de la sortie, elle se sentait comme un oiseau prit en cage, et son comportement farouche, presque omniprésent lorsqu'elle était en ville, commençait à s'affirmé, comme réveillé par sa collision de tout à l'heure.

Heureusement, elle repéra rapidement Alec après cela. Non pas que la table qu'il se soit choisit - dans un coin de la taverne - n'aide mais le Thül qui était assit avec lui était assez imposant pour être facilement reconnaissable même dans pareil lieu! Elle s'approcha donc d'eux, évitant les mouvements brusques des ivrognes et autre faune du lieu avec agilité et adresse et faisant un sans faute cette fois ci, jusqu'à arriver juste devant leur table.

    - Bonsoir, lança-t-elle aux deux hommes avant de se tourner instinctivement vers Alec. Je peux me joindre à vous?


Elle avait pas mal d'autres choses à demander, comme s'intéresser un peu à ce Thül par exemple et comme lui et Alec s'étaient retrouvés ensembles, mais pour le moment elle avait surtout envie de s'asseoir pour se reposer un peu et sortir du passage. Aussi et surtout, elle venait de remarquer en arrivant près d'eux qu'Alec non plus n'avait pas l'air à son aise ici, ce qui la réconfortait un peu, même si elle se retint de parler à ce sujet, préférant d'abord attendre sa réponse.

descriptionLa taverne du Cheval Blanc  EmptyRe: La taverne du Cheval Blanc

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    « Bon! On est venu ici pour un verre, non? »


Le Thül ne lâcherait pas le morceau. Il avait l’intention de lui faire passer « la meilleure soirée de sa vie », selon ses dires, et peu importe ce qu’il lui dirait, rien ne le ferait changer d’avis. Les Frontaliers étaient têtus, mais face à un Thül, même un rocher n’avait pas le crâne assez dur.

Soupirant, légèrement exaspérez, mais commençant à se résigner, Alec se passa les deux mains dans le visage puis dans les cheveux. Ses longues mèches blond-roux lui arrivant aux épaules se retrouvèrent encore plus en bataille que d’habitude, ce qui n’était pas sans lui ajouter du charme. Il s’était rasé plusieurs jours plus tôt et un petit début de barbe avait commencé à repousser sur ses joues et son menton. Mais à côté d’Ayden, il avait pratiquement l’air d’avoir une peau de gamin, vu la longue barbe blonde tressée qu’il abordait.

Les deux amis n’avaient pas grand-chose en commun physiquement, sinon leur grande taille, même si Ayden était légèrement plus grand que lui. Alec était solide comme l’acier, bâtit en finesse et en muscles souples, alors qu’Ayden était une montagne de muscles et de force. À le voir, on ne se doutait même pas qu’il puisse soulever un cheval d’une seule main. Ayden se trimbalait avec une longue et lourde épée longue typiquement Thül, ainsi qu’avec une hache lourde et imposante à sa ceinture. Alec, quant à lui, avait toujours son sabre frontalier à sa ceinture et son arc au dos. Il avait déposé celui-ci près du mur juste derrière lui à son arrivée.

Et les différences continuaient. Ayden avait des yeux rieurs et chaleureux d’un bleu aussi clair qu’un ciel d’hiver. Alec lui, abordait des iris verts de la couleur des jeunes feuilles de bouleau au printemps, vif et hypnotique, qui observent tout à la fois et semblent voir au travers des gens. Encore, tous deux avaient la peau hâlée, mais alors que la peau d’Alec était brunie par le soleil du nord et le froid, celle d’Ayden avait la teinte cuivrée de ceux qui voyagent.

Même leurs vêtements creusaient un fossé entre eux. Alec portait son armure de cuir souple ainsi que des vêtements de tissus bruts sous celle-ci, dont une chemise à grande manche et un capuchon. Il portait également une sorte de foulard bleuté, parfaite pour cacher son visage du froid des montagnes. Bien évidemment, il portait également ses gants de cuirs sans doits lui montant jusqu’aux coudes, protection pour sa profession d’archer. Ayden lui, était le portrait tout craché du fier Thül qu’on pouvait imaginer. Armure de cuir plaqué de métal, lourd et imposant, manteau épais ceinturé et agrémenter de fourrure dense…

Et malgré toutes ces différences physiques, les deux guerriers se retrouvaient à la même table. Plus que cela, Alec commençait à considérer Ayden comme un ami. Cela se faisait inconsciemment, et avait passé sous sa garde. Il s’en rendit compte et manqua de tiquer, mais un regard vers Ayden et il se calma, chassant ses pensées négatives. Il eut même un sourire.

Ayden le considérait comme un ami, lui aussi. Et probablement encore plus que lui. Têtu comme il était, quoi qu’il fasse ou dise, il ne l’éloignerait pas comme les autres. Ayden était différent, il en avait la preuve sous les yeux, en le présent évènement. De plus, Ayden ne resterait pas à la Citadelle. Il reprendrait tôt ou tard la route, c’était ce qu’il faisait. Alors tout ceci n’était que de courte durée… non?

La jeune femme faisant le service au Cheval Blanc ce soir-là arriva à leur table après qu’Ayden lui a fait signe. Alec se retint de lever les yeux au ciel et se contenta de croiser les bras en regardant le Thül flirter avec la serveuse. Bon sang, il n’en ratait pas une celui-là!

    « Bonjours Messirs. Je suis Anya, je serais votre serveuse pour ce soir. Qu’est-ce que je peux vous apporter? »


    « Bonsoir Anya! Enchanté de faire votre connaissance! Nous allons commencer par une pinte de votre bière maison chacun, je vous prie. »


Ayden avait dragué sa sœur, Daerys, dès la première phrase qu’il lui avait dite en la rencontrant. Suite aux regards assassins de sa part, et surtout au vu de l’indifférence de la jeune frontalière, Ayden avait fini par cesser et avait tourné la situation à la blague. C’était ce qu’il faisait, toujours, comme si rien ne pouvait être grave avec lui.

Tout était plus simple et joyeux, du point de vue d’Ayden. Il devait se l’avouer, cela faisait un grand bien à Alec. Lui pour qui les sourires étaient devenus artificiels ou rareté, et lui pour qui les situations compliquées étaient devenues son quotidien, cela faisait tout un changement. Et pour le mieux. Sans compter la présente situation dans laquelle il était, pour laquelle il maudissait intérieurement cette tête de Thül!

La jeune serveuse prit congé, se frayant un chemin parmi la foule jusqu’au comptoir, et Ayden se pencha vers lui, une lueur espiègle dans le regard qui ne présageait rien de bon pour Alec. Arcan un sourcil, intrigué et méfiant, il lui lança :

    « Quoi? »


    « Elle est jolie, tu ne trouves pas? »


Le frontalier fronça les sourcils.

    « Qui, la serveuse? Ayden, je l’ai à peine vu et je ne la connais même pas! Et toi non plus d’ailleurs. Qu’est-ce que tu veux que je te dise? »


Il soutint son regard, toujours aussi renfrogné, ce qui semblait pourtant plus amuser le Thül que le dissuader d’insister. La dernière chose dont il avait besoin, c’était qu’Ayden se mette à jouer les cupidons. S’il voulait flirter lui-même, que bon lui en fasse, il n’en avait rien à faire, mais qu’il ne tente pas de l’embarquer dans ses histoires. S’il croyait qu’il allait l’aider et lui servir de bras droit là-dedans…

Alec avait eu quelques relations amoureuses, dans sa vie d’avant. Rien de sérieux, le plus souvent des histoires de jeunesses avec de jeunes filles où tous deux n’avaient été que de bons amis. Mais depuis l’incident, ce n’était pas seulement ses proches et amis qu’Alec avait rejetés, mais aussi l’idée de tomber amoureux.

Ne plus aimer pour ne plus souffrir? Ne plus s’engager pour ne plus être responsable? Ne plus devoir protéger pour ne plus échouer à le faire? Ne plus laisser les gens s’approcher pour ne plus les faire souffrir par sa faute? Tout cela et bien d’autres choses encore. Certains l’auraient traité de lâche, d’autres d’imbécile ou d’égoïste. Peut-être qu’il était tout cela. Mais il ne le faisait pas pour cette raison. Sa décision de s’isoler de tous le faisait souffrir bien plus qu’il ne le laissait paraitre. C’était du courage et de la détermination qui le poussait en avant. Respectant sa promesse faites à soi-même et à la mémoire de son frère.

Daerys lui avait dit un jour que Yaän n’aurait pas voulu qu’il s’isole et aurait souhaité le voir heureux. Alec ne pouvait concevoir que son frère lui pardonne. Et il ne pouvait concevoir être heureux. Chaque fois qu’il se laissait aller ou tenter par un peu plus de bonheur, le souvenir de la vie de son frère gâché, terminé trop tôt par sa faute lui revenait en tête. Comment pouvait-il essayer d’être heureux alors que par sa faute, Yaän n’avait même pas pu expérimenter la vie et essayer d’être heureux, lui aussi? C’était injuste. Irréparable. Impardonnable.

Lorsque la serveuse revint avec deux choppe de bière pleine à ras bord, Alec ne laissa même pas le temps à Ayden d’ouvrir la bouche pour mettre quel qu’onques plan diabolique sorti de son esprit à exécution.

    « Merci beaucoup mademoiselle. Ça fait trois branches chacune, n’est-ce pas? »


Alec sortit neuf petites pièces triangulaires de sa poche et les déposa dans la main de la serveuse, payant ainsi leur deux choppe plus un bon pourboire. Tout aussi étonné par l’empressement d’Alec, Anya le dévisagea un instant avant de pouvoir dire un remerciement.

Alec lança un regard noir à Ayden pour le dissuader de tenter quoi que ce soit d’autre. Un seul verre et ils fouettaient le camp d’ici! Pas question de le laisser se distraire de cette promesse…

Confuse et intriguée, la jeune serveuse s’attarda, son regard intéressé passant d’Alec à Ayden, puis elle hocha poliment la tête et se dirigea vers une autre table en faisant danser ses hanches.

Alec se détendit un peu et répondit à Ayden avant même qu’il n’ait pu formuler la question :

    « Je sais que tu avais dit vouloir payer, mais tu me rembourseras plus tard si ça t’intéresse vraiment. »


Il se sentit alors coupable. Ayden faisait tout cela pour le remercier et lui faire passer une bonne soirée, et lui ne faisait que râler. Prenant sur lui-même, il lui sourit, contrit, et s’efforça de diminuer la tension dans ses épaules. Résigné, et désireux de se faire pardonner, il fit un vague signe vers Anya et lui lança sur un ton mi- léger, mi- bourru :

    « Pour ta question, oui, elle est très jolie. Mais ce n’est pas mon genre. Et j’aurais cru qu’elle n’était pas le tien non plus, non? Tu ne m’as pas dit que…»


Alec suspendit sa phrase, ses yeux quittant le Thül pour se poser derrière lui, sur la silhouette étrangement familière qui venait d’apparaitre.

    « Bonsoir. Je peux me joindre à vous? »


Alec resta muet de surprise quelques instants. Il s’était attendu à rencontre bien des gens dans cet endroit, mais certainement pas Nirina Sil’Kallian! Il avait cru comprendre que la jeune Frontalière partageait sa préférence pour les endroits calmes et la forêt, ainsi que la solitude. Alors, la retrouver dans l’endroit qu’il détestait le plus, c’était une surprise.

En même temps, il se dit qu’il ne connaissait pas encore très bien la jeune femme. Ils ne s’étaient vus que quelques fois et il pouvait très bien se tromper sur certains des aspects de sa personnalité qu’il avait cru saisir. Néanmoins, il remarqua qu’elle ne semblait pas tout à fait à l’aise. C’était peut-être dû justement à l’endroit, ou à la présence du Thül, mais Alec penchait pour la première option, ce qui le rassura. Il n’avait pas pu se tromper sur le fait que Nirina était une jeune femme plus ouverte à la différence qu’aucun autre Frontalier. Alors même si la réputation voulait que Thüls et Frontaliers ne s’entendent pas, il doutait que cela s’applique à Nirina.

Il se ressaisit, quelques secondes trop tard pour cacher complètement son air idiot, malheureusement. Pour la première fois de la soirée, un vrai sourire apparut sur son visage. La voir ici lui faisait bizarrement très plaisir.

    « Bonsoir, Nirina, et, bien sûr, aucun problème. »


Alec se leva et n’eut qu’à tendre le bras pour attraper une chaise vacante à la table d’à côté, table occupée par deux hommes trop concentrés à jouer aux cartes pour les remarquer. Il plaça la chaise à la place restante de leur petite table carrée, soit entre lui et Ayden, puis lui fit signe de prendre place.

Sa rassoyant, il lui présenta Ayden.

    « Nirina, voici Ayden Steredönn, guerrier Thül du clan Othala. »


Alec attendit que ses deux amis aient terminé de se présenter l’un l’autre. Ses deux amis… Cela lui fit étrange. Le terme lui était venu tout seul et il se rendit compte ironiquement que les deux personnes face à lui étaient les deux seules personnes au monde qu’il aurait appelé ainsi naturellement, s’il n’y faisait pas attention. Cela ne faisait pas longtemps qu’il connaissait l’un ou l’autre, mais ils avaient changé quelque chose en lui qui avait été scellé depuis trop longtemps. Alec se dit que ce n’était rien de bien grave ou méchant. Leur relation à tous n’était qu’à leur début. Rien n’était encore confirmé. Et s’il s’était engagé à être le professeur de Nirina et à héberger Ayden le temps qu’il lui faudrait pour guérir et se trouver un emploi, il ne s’était engagé à rien d’autre. Le terme ami n’avait était évoquer que dans sa tête. Tant que rien n’était officialisé, il ne rompait pas sa promesse… non?

Une fois les présentations terminées, Alec chassa ses idées de sa tête et demanda à Nirina, curieux de savoir pourquoi elle se trouvait dans cet endroit, et comment elle les avait trouvés, si tel était qu’elle les avait cherchés.

    « Qu’est-ce qui t’amène au Cheval Blanc? »


Il remarqua que la jeune serveuse passait près d’eux les mains vides et lui fit donc signe. Lorsqu’elle l’aperçut, un large sourire enjôleur apparut sur ses lèvres et elle se dirigea droit vers leur table. Tout sourire, elle remarqua un troisième client et allait se présenter lorsqu’elle sembla se rendre compte qu’elle avait affaire à une jeune femme. Alec avait cru comprendre que plusieurs se méprenaient aux premiers abords en regardant Nirina, qui n’était pas du tout habillé comme une jeune femme, ni même comme une femme frontalière. La serveuse pinça les lèvres, lançant un bref regard acérer à Nirina et se tourna vers lui. Son ton se fit plus que charmeur presque provocant.

    « Qu’est-ce que je peux faire pour vous? »


Cela amusa sincèrement Alec qui dû faire un effort pour ne pas éclater de rire et se tourna quant à lui vers Nirina.

    « Tu veux quelque chose à boire? »

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    « Qui, la serveuse? Ayden, je l’ai à peine vu et je ne la connais même pas! Et toi non plus d’ailleurs. Qu’est-ce que tu veux que je te dise? »


Ayden roula des yeux, exaspérer. Il avait été élevé dans une grotte ce Frontalier ou quoi? N’importe qui de normal aurait pu répondre au moins un évasif « mouais » ou autre truc dans le genre, non? Ou plutôt, n’importe quel homme normal devant la belle serveuse aurait hoché de la tête avec un sourire rêveur, bon sang!

Ayden était loin d’être un macho sexiste qui ne regarde les femmes que pour leur beauté et avec des arrières pensés en tête. Bien au contraire. Il appréciait par-dessus tous les caractères forts et les femmes qui ne s’appuyaient pas sur les hommes pour vivre et se défendre. Les femmes de son peuple étaient ainsi. Forte, courageuses et… oui, dangereuses. Si vous vous amusez à jouer les machos auprès d’une Thül, vous risquez de vous en mordre les doigts et d’avoir peur des femmes pour le reste de votre vie! Quoi qu’il en soit, Ayden était aussi quelqu’un qui aimait prendre la vie du bon côté et en profiter. Il aimait fleureter et apprécier la beauté des jeunes femmes comme celle-ci sans nécessairement avoir d’arrière-pensée.

Ce qui semblait ne pas vraiment être le cas pour Alec… Non pas qu’il fut pervers ou sexiste, mais plutôt drastiquement l’inverse. Il semblait ne même pas l’avoir remarqué ou s’intéresser au sujet le moins du monde, ce qui en soit, pour Ayden, était particulièrement exaspérant, vu ses objectifs de la soirée. Alec ne pouvait-il pas simplement se laisser aller un peu? Rire, s’amuser, rêver, parler de jolies jeunes femmes? Naaaan. Il était aussi vieux jeu qu’un analyste octogénaire de la capitale.

Son compagnon l’amusait néanmoins, avec son air renfrogner et boudeur, on aurait pu le prendre pour un gamin, si ce n’était de ses cicatrices, de son sabre à sa ceinture et de l’énergie menaçante qui émanait de son regard. C’était un Frontalier après tout. Mais Ayden n’était nullement impressionné, et toujours aussi déterminé.

Le Thül fronça les sourcils et répondit au Frontalier sur le même ton énervé et grognon que celui-ci. Il voulait jouer ce jeu? Il allait y gouter.

    « Qu’est-ce que je veux que tu me dises? Un oui ou un non pour commencer, ça aurait été bien. »


Levant les bras au ciel, forçant et exagérant son exaspération, sans pourtant parvenir à cacher complètement son amusement, il le relança encore :

    « Tu ne la connais pas… Tu n’as pas besoin de savoir à quel âge elle a perdu sa première dent de lait pour la trouver mignonne, il me semble, non? Ho… Par la barbe de l’Empereur, Alec, j’ai vraiment besoin de te faire un dessin? »


Il ne put continuer sa tirade, où il lui aurait probablement décrit le « dessin » en question, lorsque ladite serveuse en question revint avec leur commande. Ayden eut à peine le temps de se tourner vers elle et d’amorcer un mouvement vers sa bourse attaché à sa ceinture qu’Alec prenait les devants pour payer leurs consommations.

    « Merci beaucoup mademoiselle. Ça fait trois branches chacune, n’est-ce pas? »


Alec déposa les branches dans la main de la perplexe serveuse puis lui lança un regard noir. Un regard noir! À lui! Pour le faire taire! Nan, mais, pour qui il se prenait? Pour qui il LE prenait?!?

Ayden lui rendit son regard noir au centuple, mâchoire crispée. Si ce blanc bec de tête de Frontalier borné et ingrat continuait sur cette lancée, il allait finir par s’énerver. Il l’avait invité, donc c’était sur son honneur qu’il devait payer, pas le contraire. Et ne voyait-il pas qu’il tentait de lui faire oublier ses problèmes et lui faire passer du bon temps, malgré qu’il ait dû se trimbaler avec une tête de Raïs – comprendre ici notre Alec en mode grincheux - toute la soirée? Il soutint son regard sans siller jusqu’à ce que la serveuse se soit éloignée et qu’Alec change d’expression.

    « Je sais que tu avais dit vouloir payer, mais tu me rembourseras plus tard si ça t’intéresse vraiment. »


Ayden se calma un peu et se redressa, s’appuyant le dos contre le dossier de sa chaise et croisant les bras contre sa poitrine. Heureusement pour Alec, Ayden n’était pas rancunier. Il pouvait également voir que la situation n’enchantait pas du tout Alec. Il n’était pas à l’aise et aurait clairement préféré être ailleurs. Mais ne pouvait-il pas seulement faire un effort? Si le Frontalier baissait sa garde et cessait d’être sur la défensive, Ayden était certain qu’il passerait une bien meilleure soirée.

Alec sembla alors se détendre un peu et se pencha vers lui en faisant un vague signe de la main vers Anya, la serveuse. L’outrance aussitôt oubliée, Ayden afficha un sourire victorieux et plus qu’intéressé alors qu’Alec lui dit :

    « Pour ta question, oui, elle est très jolie. Mais ce n’est pas mon genre. Et j’aurais cru qu’elle n’était pas le tien non plus, non? Tu ne m’as pas dit que…»


Enfin! Enfin il se déliait un peu, ce frontalier coincé! Bon, pas son genre, d’accord. Il avait raison, elle n’était pas vraiment des siens non plus, mais elle restait jolie tout de même. Il ouvrit la bouche pour lui en faire part lorsqu’il remarqua l’air surpris et hébéter de son compagnon. Fronçant ses sourcils blonds, Ayden commença à poser sa question :

    « Que… »


Pour s’arrêter en s’apercevant qu’Alec ne le regardait plus, mais bien quelque chose ou quelqu’un derrière lui. Le Thül se retourna au même moment ou une jeune femme, visiblement une Frontalière, s’adressa à eux :

    « Bonsoir. Je peux me joindre à vous? »


La jeune femme aurait pu passer pour un garçon, en y regardant rapidement. Elle avait les cheveux courts et le visage hâlé, abordant les traits forts et fiers des Frontaliers, et non ceux des douces et délicates jeunes filles qu’on pouvait croisé un peu partout en Gwendalavir. Ses vêtements de frontaliers, amples et de couleur sombre, cachaient ses formes féminines. Ayden avait déjà croisé plusieurs Frontalières et aucune à première vue ne se différenciait des hommes, sinon parfois pour la carrure. Néanmoins, lorsqu’elles retiraient leurs armures de cuir…

Ayden se retourna aussitôt vers Alec, profitant du fait que la jeune frontalière se trouvait derrière lui pour lancer un regard entendu et un sourire espiègle à Alec. Ayden n’était pas né de la dernière pluie et il s’y connaissait plutôt bien en la matière. Si Alec n’était pas du tout intéressé par Anya la serveuse, pour reprendre ses termes « pas de son genre », il aurait parié tout ce qu’il avait que la jeune femme derrière lui, quant à elle, l’était!

En quelques secondes à peine, Alec sortit de son état de surprise et se leva pour accueillir la jeune femme. Ces quelques secondes n’échappèrent pas à Ayden, qui dû faire un effort surhumain pour lui lancer une vanne. Il se contenta d’afficher le plus grand des sourires, d’apparence avenante et joyeuse pour la nouvelle venue, mais pouvant aussi prendre un tout autre sens pour Alec, au vu de leurs discussions précédentes.

    « Bonsoir, Nirina, et, bien sûr, aucun problème. »


Ayden se leva à son tour au moment où Alec le présentait.

    « Nirina, voici Ayden Steredönn, guerrier Thül du clan Othala. »


Le Thül s’inclina avec respect, son sourire espiègle et joyeux toujours accroché aux lèvres, puis lui tendit la main. Alec avait laissé l’honneur à la jeune femme, Nirina, qu’il avait dit, de se présenter elle-même.

    « Enchanter, mademoiselle! C’est toujours un honneur de rencontrer des amis d’Alec et de fiers guerriers du nord. »


Ayden attendit qu’elle prenne place à la chaise qu’Alec avait tirée entre eux puis se rassit à son tour. Trop excité par le nouveau comportement d’Alec, Ayden n’avait jusqu’alors pas remarqué que la jeune femme ne semblait pas non plus très à l’aise dans la taverne. Il sourit de plus belle en pensant qu’ils faisaient du coup bien la paire!

Le Thül laissa Alec entamer la discussion, lui qui d’habitude était pourtant très loquace avec les nouvelles personnes qu’il rencontrait, trop soucieux de ne pas couper l’élan au changement d’humeur de son ami. Enfin, Alec paraissait prendre gout à la soirée. Il souriait même, ce qui était un exploit en soi et une première ce soir-là!

    « Qu’est-ce qui t’amène au Cheval Blanc? »


Quelque instant plus tard, Alec fit signe à Anya qui passait par là. Ayden haussa un sourcil en la voyant approchée, changeant d’attitude, prenant de toute évidence une attitude de drague avec la jeune Frontalier. Avec son sourire, on oubliait rapidement les cicatrices menaçantes sur son visage, elles lui conféraient maintenant un petit quelque chose d’attirant et de séduisant. Il ne manquait que cela pour qu’Alec fasse tomber les dames comme des mouches, et Anya semblait s’en être rendu compte. Ayden manqua de se donner une tape sur le front. Et merde… Quelques instants plus tôt, il l’avait poussé vers Alec, et maintenant…

Anya ne sembla même pas remarquer Ayden, toute son attention tournée vers le Frontalier roux, lorsqu’elle remarqua que la troisième personne maintenant présente à la table était une femme. Son air se métamorphosa aussitôt et Ayden du retenir un éclat de rire en la voyant se forcer à rester polie et sourire. Après un regard glacial et meurtrier vers Nirina, à peine voilée, elle se retourna vers Alec et avec beaucoup trop d’insistance et de charme dans la voix lui demanda :

    « Qu’est-ce que je peux faire pour vous? »


Ayden laissa échapper un rire qu’il tenta de dissimuler derrière une fausse quinte de toux. Il était rouge et hilare, mais tentait de garder son sérieux. Quelle situation ridicule! Ça n’avait pas de prix. La soirée s’annonçait maintenant des plus intéressantes. Il se racla la gorge, tentant de reprendre contenance, et dissimula son visage derrière sa choppe de bière, prenant une longue gorgée.

Alec demanda alors à Nirina, ignorant complètement la séductrice Anya, ce qui manqua de peu de faire étouffer Ayden avec sa gorgée.

    « Tu veux quelque chose à boire? »




    [Bon, je ne vais pas plus loin, j’attends de voir où vous allez allez avec ca xD Je me rattraperais plus tard. Et désolé encore pour l’attente… --‘ ]

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Si Alec était aussi peu à l'aise qu'elle, ce passage à la taverne risquait de promettre, même si du peu qu'elle avait vu du Thül, Nirina avait deviné que ce dernier, au contraire des deux Frontaliers, était parfaitement à son aise. Nirina tentait de ne pas montrer trop son malaise, sinon ça finissait par lui faire ressembler à une bête sauvage perdue au milieu de la civilisation, néanmoins elle se détendit presque aussitôt en voyant la tête que fit Alec en l’apercevant : comique.

Nirina mit sa main devant sa bouche pour essayer de dissimuler tant bien que mal le rire provoqué par la réaction d'Alec à sa présence. Elle n'aurait jamais cru qu'elle verrait un jour le Frontalier faire une tête pareille!

Le Thül, quant à lui, fut un peu plus long à la remarquer. Il lui jeta un coup d'oeil puis se tourna à nouveau vers Alec sans que la jeune Frontalière puisse voir l'expression de son visage, néanmoins elle n'y prit pas trop garde. Alec s'était en effet reprit et, sans se formaliser de la réaction de Nirina devait la tête qu'il avait fait, l'accueillit avec un sourire franc familier qui faisait plus plaisir à la jeune femme que la tête qu'il tirait avant son arrivée!

    « Bonsoir, Nirina, et, bien sûr, aucun problème. »


Il tira une chaise pour que Nirina puisse s'installer. Cette dernière l'en remercia et s'assit, le dos près du mur pour pouvoir à la fois voir ses deux interlocuteurs ainsi que le reste de la salle. Elle préférait toujours avoir la vision la plus large possible de l'endroit où elle se trouvait, surtout un lieu clos comme celui ci où elle n'était pas très à l'aise.

    « Nirina, voici Ayden Steredönn, guerrier Thül du clan Othala. »


Donc, c'était bien un Thül, comme le pensait Nirina. Il s'était levé quand Alec l'avait présenté, ce qui le rendait encore plus impressionnant surtout que, au final, entre quand elle l'avait vu à cheval puis ici, elle ne l'avait encore jamais vu debout. Il s'inclina avec respect malgré son air joyeux et espiègle, et en voyant son attitude, Nirina décida qu'il lui était plutôt sympathique, même si elle ne le connaissait pas. Elle se releva pour le saluer et serra la main qu'elle lui tendait, sans s'occuper du fait qu'elle paraissait petite et frêle à côté du Thül, alors qu'elle n'était pourtant pas petite comparé aux gens normaux!

    « Enchanter, mademoiselle! C’est toujours un honneur de rencontrer des amis d’Alec et de fiers guerriers du nord. »


Nirina tiqua. Et voilà qu'on lui redonnait du mademoiselle! Décidément! Non seulement le Thül avait semblé remarqué tout de suite qu'elle était une fille sans se faire avoir par son visage androgyne et ses vêtements masculins, et maintenant ça! Enfin, la jeune fauconnière ne s'en vexa pas trop, les manières d'Ayden lui plaisaient beaucoup plus que celles de Thérenne au moment où lui aussi l'avait appelée "mademoiselle".

    - Moi de même, sourit Nirina. Je n'avais encore jamais été présentée à un Thül, je suis contente d'avoir enfin l'occasion d'en rencontrer un!


Le Thül paraissait tout content, presque excité par quelque chose, mais Nirina ne saurait trop dire quoi. Elle avait pourtant l'impression qu'il n'était pas comme ça à son arrivée. Enfin! Elle se rassit et se tourna vers Alec, qui était en train de lui poser une question.

    « Qu’est-ce qui t’amène au Cheval Blanc? »


Ah ça, excellente question! Si elle ne les avait pas vu s'y rendre, c'est sûr qu'elle n'aurait jamais mis les pieds d'elle même ici, et surtout pas seule! Néanmoins, l'idée de passer la soirée avec Alec et un Thül l'avait séduite plutôt que de rester seule à la Citadelle. Cependant, elle se voyait mal formuler ça de la sorte, elle avait déjà l'air assez asociale comme ça!

    - Pour être honnête, c'est vous deux qui m'avez amené là, et aussi Echo. Je vous ai vu partir de la Citadelle alors que j'y retournais, donc je vous ai rejoints. Enfin suivi plutôt, vu que j'étais à pieds, je ne pouvais pas vraiment vous rattraper, mais je me doutais que vous alliez au village. Et pour arriver jusqu'à cette taverne eh bien... J'avoue que c'est Echo qui m'a montré le chemin!


Nirina ne pouvait cacher que le comportement du chien loup l'intriguait et la surprenait un peu, mais elle le remerciait de l'avoir conduite ici. Sortir un peu de temps en temps ne pouvait pas lui faire de mal après tout!

Alec fit signe à une serveuse qui passait près d'eux. Nirina poussa un soupir excédé en voyant le comportement d'allumeuse de la serveuse alors qu'elle s'approchait. Elle ne comprit que la serveuse l'avait confondue avec un homme que lorsque cette dernière lui jeta un regard noir, ce qui eu pour effet de faire rire Nirina même si elle tenta de le dissimuler. Bien fait pour elle, ça lui apprendrait, ça ne lui serait pas arrivé si elle ne se comportait pas si différemment selon le sexe de ses interlocuteurs!

    « Qu’est-ce que je peux faire pour vous? » Demanda la serveuse à Alec avec une voix charmeuse à souhait, et Nirina fut satisfaite de voir que le Frontalier n'en avait cure.


Cette fois, ce fut au tour d'Ayden de rire même s'il voulu le dissimuler derrière une quinte de toux, et même Alec paraissait amusé par la situation alors qu'il demandait à Nirina :

    « Tu veux quelque chose à boire? »


Nirina aurait bien répondu par la négative rien que pour renvoyer l'idiote de serveuse dans les roses, néanmoins elle avait quand même un minimum d'éducation - si si - et savait que ça ne se faisait pas de s'asseoir à une table sans rien commander. Elle se tourna donc vers la serveuse en essayant de retrouver son sérieux.

    - Je prendrais comme ces messieurs s'il vous plaît.


Elle avait lâché la formule de politesse plus par habitude que par réel respect, sinon vu le comportement de la serveuse, elle s'en serait sans doute passée. Cette dernière ne semblait pas apprécier d'avoir à prendre la commande de Nirina, elle fit la moue et retourna au comptoir, et son expression fit repartir Nirina dans un fou rire qu'elle ne chercha pas à cacher cette fois.

Elle qui craignait d'avoir prit une bonne décision en suivant Alec et Ayden ici, elle ne regrettait plus rien maintenant! Cette soirée promettait finalement d'être beaucoup plus amusante et sympa que si elle était rentrée à la Citadelle! Elle se tourna vers les deux hommes, hilare.

    - Et vous deux, qu'est-ce qui vous amène ici? Je n'ai pas l'impression que tu apprécie beaucoup plus ce genre d'endroit que moi, Alec. La rumeur voulant que tous les Thüls sont amateurs de beuverie serait donc vraie? Demanda Nirina, espiègle, en se tournant vers le Thül.


Ce n'était pas forcément une très bonne idée de se montrer aussi familière dès le début, elle ne connaissait pas si bien Alec que ça même si elle appréciait de plus en plus sa présence et elle ne connaissait pas du tout Ayden, en revanche elle n'avait pas l'impression qu'ils le prendraient mal, surtout qu'ils semblaient tous deux de bonne humeur.


    ( Désolée, j'ai l'impression que ma réponse est un peu nulle comparé à ce que j'aurais pu faire, mais j'ai du mal à écrire des trucs sympa u__u )

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[Lorsque Nirina était arrivé, Ayden lui avait lancé un regard entendu qui avait fait l’effet d’une douche froide à Alec. Dans un regard d’une fraction de seconde, avant que Nirina ne le remarque, il avait tenté de dire à Ayden un millier de choses. « Non! Pas question que tu joues à ça avec elle, tu m’entends, espèce de tête de Thül borné?! »

La conversation avait continué et au soulagement d’Alec, Ayden ne sembla faire aucun plan pour jouer le même jeu qu’il avait joué avec Anya un peu plus tôt. Alec ne comprenait pas trop pourquoi il avait réagi ainsi et il fut soulagé que la discussion le m`ne plus loin sur cette réflexion. S’il n’était pas doué avec une chose, c’était bien à se comprendre lui-même.

    « Pour être honnête, c'est vous deux qui m'avez amené là, et aussi Écho. Je vous ai vu partir de la Citadelle alors que j'y retournais, donc je vous ai rejoints. Enfin suivi plutôt, vu que j'étais à pieds, je ne pouvais pas vraiment vous rattraper, mais je me doutais que vous alliez au village. Et pour arriver jusqu'à cette taverne eh bien... J'avoue que c'est Écho qui m'a montré le chemin! »


Alec arqua un sourcil, plutôt surpris. Écho n’avait pas l’habitude de s’approcher des gens, encore moins lorsqu’Alec n’était pas dans le coin. Il évitait le plus souvent d’avoir affaire avec les hommes. Qu’Écho se soit montrer à Nirina et lui ai montré le chemin était plutôt inhabituelle pour le chien loup.

Déjà, dès qu’il avait rencontré Nirina, le comportement d’Écho avait légèrement intrigué Alec. D’ordinaire, le chien loup affichait une curiosité retenue et beaucoup de méfiance. Il lui arrivait même plutôt souvent de montrer les dents ou de chercher à partir, lorsque la proximité d’un inconnu devenait trop importante. Par exemple, Écho n’avait pas du tout apprécié sa première rencontre avec Ayden… Mais depuis, il s’était habitué à la présence du Thül et ne semblait plus vraiment remarquer sa présence. Il s’approchait pas trop et ne lui montrait pas de signes particuliers d’affection, mais il l’avait accepté comme faisant partie de son environnement. C’était déjà beaucoup.

Avec Nirina, il y avait eu de la curiosité retenue, certes, mais aucune agressivité, si on oublie les premières secondes où il avait cru que la jeune Frontalière était un autre loup… Leurs rencontres suivantes avaient été encore plus étonnantes. Le chien loup l’avait tout de suite accepté, et le fait qu’elle se tienne près d’Alec ou de lui ne semblait pas le déranger. Il n’avait jamais démontré de signe d’affection ou quoi que ce soit encore, mais ce qui c’était passé ce soir était assez particulier.

Pour qu’Écho aille de son plein gré et de sa propre initiative vers quelqu’un ainsi, c’était parce qu’il considérait cette personne comme faisant partie de sa « meute ». Jusqu’alors, seul Alec, Éclipse, la monture d’Alec, ainsi que Daerys et Élia, la sœur et la mère d’Alec, faisaient partie de ce cercle fermé. Pourquoi Écho semblait avoir accepté Nirina aussi rapidement?

Alec garda ses réflexions pour lui-même, mais répondit néanmoins :

    « Écho? C’est étrange, il a l’habitude d’éviter le village et les gens. Il doit t’apprécier pour t’avoir guidé. Quoi qu’il en soit, c’est une bonne chose qu’il l’ait fait. »


Alec lui sourit. Il avait cette façon de sourire où l’une des commissures de ses lèvres montait plus haut que l’autre. Cela l’avait toujours personnellement agacé, mais sa sœur ne cessait de lui dire que c’était ce qui le rendait charmant! Comme s’il se souciait vraiment du « charme » qu’il pouvait avoir! Avec ses cicatrices et son histoire que tout le monde à la citadelle connaissait…

Ils ne purent pousser cette discussion plus loin, la serveuse venant d’arriver à leur table. Son attitude jalouse et enjôleuse manqua décidément de créer un fou rire général. Alors que Nirina se tournait pour faire face à la serveuse et passer commande, Alec en profita pour fusiller Ayden du regard, qui manquait à tout instant de s’étouffer avec sa bière. Voilà ce qui se passait quand on ne se mêlait pas de ses oignons! Il ne parvint néanmoins pas à avoir l’air fâché contre lui, la situation étant bien trop absurde pour lui en vouloir réellement.

Lorsqu’Anya s’éloigna, Nirina éclata de rire. Alec ne put s’empêcher de la suivre et de rire à son tour. Il se passa une main dans le visage, à moitié embarrassé, et lança un sourire contrit à Nirina.

    « Mmphm… pardon pour ça. »


Nirina semblait réellement s’amuser, et Alec se rendit compte qu’il commençait lui aussi à prendre gout à leur soirée. Pour la première fois, il n’avait plus envie de rentrer dans la minute suivante. C’était Ayden qui allait être le plus heureux dans cette histoire…

    « Et vous deux, qu’est-ce qui vous amène ici? Je n’ai pas l’impression que tu apprécies beaucoup plus ce genre d’endroit que moi Alec. La rumeur voulant que tous les Thüls soient amateurs de beuveries serait donc vraie? »



Alec ne put s’empêcher de rire de nouveau. Tiens, dans les dents, le grand blond soulon! Décidément, l’arrivée de Nirina rendait la soirée de plus en plus intéressante!

Alec ne s’en faisait pas avec Ayden et la familiarité de Nirina. Le Thül était un guerrier fier, mais c’était l’un des meilleurs vivants qu’il n’a jamais rencontré, sinon le meilleur. Il ne s’offusquerait jamais pour si peu et tournerait le tout à la blague.

Ayden était quelqu’un de particulier. Il confirmait les stéréotypes un instant et les réduisait en cendre la seconde suivante. Mais le plus important, il avait un cœur immense. Il n’avait jamais jugé Alec ni ne l’avait questionné sur sa famille, son passé ou ses cicatrices. Il pouvait sembler naïf ou brut au premier regard, mais il était bien plus subtil et complexe. Jamais Alec n’avait rencontré quelqu’un avec un esprit positif et une détermination aussi forte.

Il s’en voulut de nouveau pour son comportement plus tôt et tenta de rattraper le coup en répondant à Nirina.

    « En effet, ce n’est pas mon genre d’endroit. Cette soirée est l’idée d’Ayden. Il a tenu à m’y emmener parce qu’il croit qu’il m’est redevable pour l’héberger. J’ai beau lui dire que cela me fait plaisir et qu’il ne me doit rien, il n’a rien voulu entendre. Mais je dois avouer… c’était une bonne idée après tout. »


Il lança un regard vers Ayden et lui fit un léger hochement de tête. Alec ne disait jamais rien pour ne rien dire. Il était sincère et voulait qu’Ayden le comprenne. C’était sa façon à lui de s’excuser pour avoir agi en imbécile borné plus tôt.



    [qu’est-ce que vous diriez si on s’entendait pour faire des réponses plus courtes, question que les conversations et le RP aille plus rapidement? Comme on discute, ça serait moins lourd et à écrire, et à lire. Mais ne vous gêner pas si vous avez des trucs à raconter hein^^]

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    [Moi ça me va pour les RPs plus courts. Ça ne sert à rien de s’étendre sur plein d’explications et de description dans le cadre d’une discussion^^, Mais je ne promets rien, j’ai une maladie qui fait que je n’arrive pas à faire des RP de moins de deux pages word xD]



    « Je prendrais comme ces messieurs s’il vous plait. »


Une la commande de Nirina passé, la serveuse s’en fut en se déhanchant de manière, disons… relativement suggestive, non sans avoir lancé un dernier regard dégouté à la jeune Frontalière. Ayden ne put retenir son rire plus longtemps et éclata de rire au même moment où Nirina craquait elle aussi.

Le Thül fut à la fois surpris et heureux d’entendre le rire d’Alec se mêler au leur. Elle ne saurait probablement jamais pourquoi, mais Ayden lança alors un regard plein de remerciements vers Nirina. Elle était l’incarnation même de la solution à son problème.

Une fois l’hilarité générale calmée, à la fois amusé et embarrassé, ce qui tira un autre sourire satisfait à Ayden, Alec lança :

    « Mmphm… pardon pour ça. »


Ayden s’empressa alors d’agiter ses mains devant lui en signe de négation. Il n’allait quand même pas lui laisser prendre le blâme sur lui-même, cette éponge à culpabilité, alors qu’il commençait seulement à s’amuser, nan, mais! Et c’était principalement de sa faute à lui alors…

    « Non, non, ne t’excuse pas pour ça, tout le blâme est sur moi! Arff… maintenant je me sens mal pour elle! »


Il rit encore et prit une autre grande gorgée de sa chope de bière. La sienne se vidait considérablement plus vite que celle d’Alec, sans parler de celle de Nirina qui n’était toujours pas encore arrivé.

Nirina enchaina la conversation, visiblement au soulagement d’Alec. Ayden avait remarqué les regards insistants et assassins qu’il lui avait lancés plus tôt, mais le Thül s’en amusait plus que s’en formalisait. S’il croyait qu’il allait le laisser tranquille par contre… il le prenait pour une crevette des sables! Alec était aussi fermé qu’une huitre et tête qu’une roche. Il allait avoir besoin d’un coup de main avec ses relations humaines non?

    « Et vous deux, qu’est-ce qui vous amène ici? Je n’ai pas l’impression que tu apprécies beaucoup plus ce genre d’endroit que moi Alec. La rumeur voulant que tous les Thüls soient amateurs de beuveries serait donc vraie? »


Ayden bomba le torse, mimant un air outré typiquement Thül, et leva un doigt en l’air pour protester.

    « Tous des amateurs de beuverie! Pheu! Que de calomnies! J’aurais décidément tout entendu… Nous ne sommes pas des saoulons, nous sommes les plus grands amateurs de bonne compagnie, de bonne nourriture et de bonne ambiance de tout Gwendalavir! Les Thüls savent apprécier la vie et profiter pleinement du moment présent! Si en plus cela vient avec une bonne cuvée… »


Il lança un clin d’œil complice à Nirina, accompagné de son sourire qui avait fait craquer tellement de jeunes femmes, puis lui leva ça choppe.

    « À cette soirée, mes amis! Puisse-elle vous convaincre des vertus d’un peu de débauche dans ce monde de stoïques coincé! »


Puis il vida sa chope d’un trait. Il expira ensuite avec un air satisfait et déposa sa chope avec bruit sur la table. Certains regards s’étaient tourné vers eux lorsqu’Ayden, qui passait difficilement inaperçu avec sa taille et sa voix forte et grave, avec porter son toast. L’ambiance déjà bien rodée de la taverne semblait se réchauffer de plus en plus, les esprits enivrés par l’alcool et l’ambiance festive de l’endroit.

    « En effet, ce n’est pas mon genre d’endroit. Cette soirée est l’idée d’Ayden. Il a tenu à m’y emmener parce qu’il croit qu’il m’est redevable pour l’héberger. J’ai beau lui dire que cela me fait plaisir et qu’il ne me doit rien, il n’a rien voulu entendre. Mais je dois avouer… c’était une bonne idée après tout. »


Alec lui fit un signe de tête reconnaissant et Ayden sourit en grand avant de lui rendre son salut de la tête. Il était à la fois content et touché par les paroles et le geste du Frontalier. Venant de sa part, cela signifiait beaucoup. Et chaque petite victoire était à célébrer.

Ayden se redressa sur sa chaise, n’ayant pas besoin d’être debout pour que la serveuse l’aperçoive, et lui fit signe d’apporter deux chopes supplémentaires en plus de celle de Nirina. Après sa confession, Alec n’allait certainement pas se formaliser s’il brisait sa promesse d’une seule bière, non?

Se tournant de nouveau vers Nirina, Ayden arqua un sourcil et demanda sans préambule, la subtilité ou la gêne n’étant visiblement pas l’une de ses plus grandes qualités :

    « Alors, Nirina. Vous vous connaissez depuis longtemps, toi et Alec? »




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    ( Ca me va mais je promet rien non plus xD )



Nirina fut surprise mais heureuse de constater que tous le monde à leur table fini dans le même éclat de rire, même si tous ne commencèrent pas au même moment. Elle intercepta plus par hasard que par autre chose le regard de remerciement que lui adressa Ayden et ne chercha pas trop à le comprendre, étant trop prise par son rire. Elle n'y pensa plus par la suite, et cela aurait été difficile étant donné la tournure, toujours plutôt amusante, prise par la suite des événements! Comme Nirina s'y attendait, le Thül ne prit pas mal sa question, même s'il prit un air vexé. Elle appréciait les gens comme lui, bons vivants et en général toujours de bonne humeur, même si certains avaient trop de mal à situer les limites à son goût. Le Thül ne semblait cependant pas en faire partie, ce qui était plutôt une bonne chose.

La jeune Frontalière eu un sourire amusé devant son clin d'oeil complice et son sourire, et elle se sentit un peu concernée elle aussi par la formule "stoïques coincés", n'étant elle même pas un modèle de personne sociable, loin de là! Alec, aussi peu à l'aise qu'il soit dans ce type d'environnement, lui avait dès le départ apparu comme bien plus adapté à la vie en société qu'elle même par son respect des codes d'honneur et de conduite si chers aux Frontaliers, tandis qu'elle en faisait aussi peu cas que possible.

Nirina ne répondit rien à l'explication d'Alec, qui se termina par un remerciement de ce dernier envers le Thül, qui semblait en être flatté. Néanmoins, elle souriait toujours : c'est bien ce qu'elle pensait, Alec n'était pas venu ici tout seul, ça l'aurait étonnée! Eh bien, elle même n'était pas fan non plus mais après tout, passer une soirée comme ça de temps en temps, en compagnie de gens comme eux, ça ne l'avait jamais vraiment gênée, le soucis étant plutôt qu'en général, elle se retrouvait seule dans de tels lieux... Seuls avec des soudards ivres dont elle appréciait peu la compagnie!

En tout cas, ce Thül avait une sacré descente, la choppe de Nirina n'était même pas arrivée qu'il avait déjà fini la sienne! Celle d'Alec était loin d'être à un stade aussi avancé! En le voyant héler la serveuse pour qu'elle les resserve, Nirina songea que la soirée promettait d'être longue, mais si elle était aussi amusante que maintenant, c'était plutôt de bonne augure! En tout cas, sa choppe mettrait encore un peu plus de temps à arriver si la serveuse devait en ajouter deux nouvelles. Tant pis, Nirina n'était pas pressée!

    « Alors, Nirina. Vous vous connaissez depuis longtemps, toi et Alec? »


Nirina remarqua la franchise d'Ayden et sourit. Il avait comprit que ce n'était pas la peine de tourner autour du pot avec elle et visiblement, ça ne le gênait pas. Parfait!

    - Pas vraiment, répondit-elle. On se connait depuis quoi, quelques semaines? Et vous, depuis combien de temps vous vivez chez lui? C'est étonnant de voir un Frontalier héberger un Thül, je pensais que vous utiliseriez plutôt une des chambres de la Citadelle pour les invités de passage!


Bien sûr, cela ne l'étonnait pas qu'Alec accepte un Thül chez lui, ni qu'Ayden soit prêt à loger chez un Frontalier, ni l'un ni l'autre ne semblaient faire cas des quelques tensions qui subsistaient toujours entre leurs deux peuples. Avant qu'Ayden ne puisse répondre, la serveuse revint avec leurs choppes à tous sous le regard surpris de Nirina. Elle avait été plus rapide que prévu! Elle fouilla aussitôt ses poches pour en tirer de quoi payer, envisageant de payer aussi la tournée d'Alec et d'Ayden pour s'excuser de s'être incrustée... Elle du revoir ses ambitions à la baisse, elle n'avait pas prit beaucoup d'argent avec elle, n'ayant pas prévu d'aller passer la soirée dans une taverne! Elle se contenta donc de payer sa choppe en espérant que la lumière de la taverne cacherait le rouge de gêne qui lui était monté aux joues.

Une fois la serveuse repartie, Nirina but une gorgée en se reculant sur sa chaise, se mettant à l'aise d'une façon plus masculine que féminine, mais elle en faisait peu de cas. Après tout, ils étaient dans une taverne, c'était bien un endroit où elle pouvait se lâcher contrairement à la Citadelle, surtout que les gens autour d'eux, eux, ne se gênaient pas. Certains avaient déjà l'air bien imbibés d'alcool, et elle reconnu un peu plus loin un groupe de jeunes Frontaliers avec qui elle s'entraînait parfois, le genre de crétin qui ne manquait pas une occasion de la railler à cause de sa nullité en équitation ou encore de ses "origines". Elle espérait qu'ils n'allaient pas la remarquer, sinon la soirée risquait de déraper! Enfin heureusement, ils semblaient occupés entre eux et ne s'intéressaient pas à ce qui se passait autour d'eux, elle retourna donc à sa conversation avec les deux guerriers.

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    « Tous des amateurs de beuverie! Pheu! Que de calomnies! J’aurais décidément tout entendu… Nous ne sommes pas des soulons, nous sommes les plus grands amateurs de bonne compagnie, de bonne nourriture et de bonne ambiance de tout Gwendalavir! Les Thüls savent apprécier la vie et profiter pleinement du moment présent! Si en plus cela vient avec une bonne cuvée… »


Alec ne put se retenir de pouffer de rire devant le ton faussement outré d’Ayden. Décidément, il aimait se donner en spectacle et les montés dramatiques, celui-là!

Le Thül avait lancé un clin d’œil complice à Nirina et Alec sourit. Ayden avait un don particulier pour intégrer tout le monde et rendre les gens à l’aise. Il était ce genre de personne qu’on rencontre pour la première fois, mais qui agit avec vous comme si vous étiez des amis d’enfance.

Il était content de voir que finalement, grâce à Ayden, Nirina semblait ainsi de plus en plus à l’aise, et lui aussi d’ailleurs. Une soirée tendue et remplie de malaise aurait promis d’être un calvaire interminable.

    « À cette soirée, mes amis! Puisse-elle vous convaincre des vertus d’un peu de débauche dans ce monde de stoïques coincé! »


Alec leva son verre à son tour et but une grande gorgé lui aussi. Il n’avait cependant pas la capacité d’ingestion d’Ayden, qui déposa sa chope vide sur la table. La sienne était à peine vide à moitié.

Il vit le Thül tendre le bras pour faire signe à la serveuse de leur apporter une deuxième tournée, et contrairement à ce qu’il aurait fait dix minutes plus tôt, il ne fit aucun commentaire ni ne souleva aucune objection. Il n’avait pas l’intention de finir la soirée avec le nez rouge et en ne pouvant plus marcher sur une ligne droite, la simple idée faisant trembler d’horreur chacune des fibres frontalières de son corps, mais que la soirée s’éternise, finalement, ne le dérangeait plus. Au contraire, il en serait même ravi.

Il n’avait jamais été porté sur l’alcool, même avant. Certains Frontaliers se permettaient des soirées d’ivresses, mais Alec ne supportait pas l’idée de perdre ses capacités physiques et mentales, même pour une courte période. Surtout pas depuis l’incident… Il ne pourrait jamais se pardonner si quelque chose arrivait alors qu’il s’était volontairement mis dans une position où il n’était pas à son plein potentiel. Comment défendre qui que ce soit alors qu’on ne voit plus clair? Non. Cette perspective lui était complètement insoutenable. Aussi, but-il lentement une petite gorgée, préférant l’étirer le plus possible.

    « Alors, Nirina. Vous vous connaissez depuis longtemps, toi et Alec? »


La question s’adressant directement à Nirina, et même si elle le concernait lui aussi, Alec se tourna vers elle et attendit sa réponse en silence. Il se contenta de hocher la tête à l’affirmative pour confirmer la semi-question de précision que posa Nirina.

    « Pas vraiment. On se connait depuis quoi, quelques semaines? Et vous, depuis combien de temps vous vivez chez lui? C'est étonnant de voir un Frontalier héberger un Thül, je pensais que vous utiliseriez plutôt une des chambres de la Citadelle pour les invités de passage! »


Alec sourit, amusé. En effet, si on se fiait à la réputation de la relation entre les Thüls et les Frontaliers… Mais Alec n’était pas du genre à cadrer dans les idées préconçues.

Malgré son commentaire, Alec savait que Nirina non plus n’entrait pas dans les stéréotypes. Il suffisait de voir comment elle parlait et souriait à Thül pour s’en rendre compte. Les Frontaliers plus conservateurs l’auraient regardé de haut ou ne lui auraient simplement pas adressé la parole, si ce n’est pour lui lancer des commentaires mal placés. Il en connaissait personnellement plusieurs de cette souche-là… Nirina n’en faisait pas partie.

Alec laissa Ayden répondre à la première question qui s’adressait directement à lui, puis ajouta à l’intention du reste :

    « Nous nous sommes rencontrés alors que je traquais des Raïs à l’ouest des Marches. Ayden à bien manqué de peu de couper Écho en deux de son épée, et moi de lui planter une flèche entre les deux yeux pour le coup, mais finalement, les Raïs nous sont tombés dessus. »


Il lança un regard amusé vers le Thül, au souvenir de leur rencontre, puis poursuivit.

    « Ayden fut blessé par l’un des Raïs, pas gravement, bien sûr, mais si j’ai bien compris, aurait préférer se retrouver face à une horde d’ours élastiques plutôt que de devoir demander de l’aide à la Citadelle. Donc je l’ai invité chez moi. Ma sœur, Daerys, l’a soigné. Il reste chez nous depuis. »


La serveuse apporta finalement la deuxième tournée plus celle de Nirina. Alec allait proposer à Nirina de lui payer sa commande, il avait bien payé pour Ayden un peu plus tôt, mais la jeune fauconnière fut plus rapide que lui.

Alec remarqua le regard boudeur que la serveuse lança à Nirina, lui sourire poliment et la remercier lui demandant visiblement un effort. Elle donna sa chope à Ayden avec un sourire sincère de nouveau accroché sur le visage puis se tourna vers Alec. Il se sentit légèrement mal à l’aise lorsque celle-ci frôla sa main exprès, insistant du regard trop longtemps. Il sortit sa monnaie et la lui tendit en la remerciant poliment, puis elle lança un regard rapide à Nirina, où une sorte de lueur narquoise et de défi brillait. Elle retourna ensuite servir une autre table.

Alec lança quant à lui un regard vers Ayden, pris de court. Il pressentait que ce jeu allait durer longtemps, et vu l’évolution des évènements, il n’était pas certain de vouloir assister à la suite de la « compétition » que la serveuse semblait vouloir jouer, malgré l’indifférence évidente de lui-même et de Nirina.

Il finit par hausser les sourcils, résignés. Bha, qu’est-ce qu’il pouvait bien faire, de toute façon?

La taverne était maintenant remplie à la capacité maximum. Ils ne refuseraient certainement pas d’autres clients, mais n’importe qui qui arriverait ne pourrait simplement pas s’assoir, ou simplement entrer dans la bâtisse. Alec voyait que la serveuse et le tavernier avaient toutes les difficultés du monde à soutenir la demande de leurs multiples clients. La soirée allait bon train et la boisson coulait à flots.

Alec espérait qu’il n’y aurait pas de dérapage dû à l’alcool, les esprits échauffés ou la trop grande proximité entre les gens. Pour l'instant, tout allait bien. Ça promettait d’être une soirée plus que lucrative pour le Cheval Blanc.

Se tournant de nouveau vers Nirina, il enchaina une nouvelle question, se rappelant ce que la jeune femme avait dit plus tôt.

    « Tu as dit tout à l’heure que tu retournais à la Citadelle lorsque tu nous as aperçus. Tu étais en patrouille à la frontière? »


Cela l’étonnait légèrement. Il connaissait la phobie que Nirina avait envers les chevaux, et les dirigeants Frontaliers n’auraient jamais envoyé quelqu’un seuls en patrouille sans monture.

Pour pouvoir intervenir rapidement, il fallait de la vitesse. Vitesse que même le plus grand des coureurs ne pouvait donner. Il fallait donc un cheval pour revenir le plus rapidement possible à la Citadelle en cas de besoin. D’autant plus, il était impossible de rêver de semer à la course une troupe trop imposante de Raïs qu’on croise en chemin. La monture était aussi une question de sécurité.

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