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La taverne du Cheval Blanc

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    « Pas vraiment, répondit-elle. On se connait depuis quoi, quelques semaines? Et vous, depuis combien de temps vous vivez chez lui? C'est étonnant de voir un Frontalier héberger un Thül, je pensais que vous utiliseriez plutôt une des chambres de la Citadelle pour les invités de passage! »


Ayden rit de bon cœur. Effectivement, c’était peu commun. Mais Ayden n’était pas un homme qui se souciait des idées préconçues ou des mauvaises réputations du passé.

    « Presque deux semaines maintenant. Ils ont été assez généreux pour m’offrir une chambre le temps que je trouve une caravane à escorter. Il n’en pleut pas, malheureusement, à cette période de l’année. Mais ce n’est pas plus mal, j’adore la famille d’Alec, et Daerys est particulièrement bonne cuisinière… »


Il lança un regard malicieux à Alec, sachant d’avance que sa vanne atteindrait son but. Il l’avait fait exprès, sachant à quel point Alec était protecteur de sa jeune sœur. Il le lui avait fait comprendre à la seconde où il avait rencontré la jeune Frontalière, même si celle-ci était hautement à même de se défendre et de l’éconduire toute seule.

    « Pour les remercier, je travaille sur la ferme. Cela me rappelle lorsque je m’occupais des troupeaux, dans ma région natale. J’aime beaucoup travailler de mes mains ainsi, ça me fait changement! Il y a toujours des millions de choses à faire dans une caravane, mais c’est tout un autre monde… »


Les yeux d’Ayden se perdirent un instant dans le vague, un sourire flottant sur ses lèvres, la tête dans ses souvenirs. Il se souvenait comme si c’était hier de la Plaine Shaäl où s’étendait à l’infini, au printemps, l’herbe sèche recouverte encore par endroit par la neige. Il y revoyait les troupeaux de chèvres et de siffleurs paitre sans barrière, à la recherche des nouvelles pousses plus nourrissantes.

Il avait vécu près de 20 ans avec son clan. Les siens étaient nomades et se déplaçaient dans les grandes étendues du nord avec leurs troupeaux, familles et campements. Parfois, cette vie lui manquait, mais il savait qu’il ne pouvait rester très longtemps au même endroit. Son cœur était celui d’un voyageur. Il avait besoin de bouger, de rencontrer d’autres gens, de vivre des aventures. Il restait un moment à un endroit puis repartait. Mais où il avait fait les plus belles rencontres, il revenait toujours. Il savait déjà qu’il reviendrait souvent sur la petite ferme de la famille d’Alec.

Alec enchaina avec des précisions sur les circonstances de leur rencontre et Ayden ne put se retenir de rire à cette évocation. Ça aurait pu très mal tourné comme rencontre inattendue, en effet!

    « Nous nous sommes rencontrés alors que je traquais des Raïs à l’ouest des Marches. Ayden à bien manqué de peu de couper Écho en deux de son épée, et moi de lui planter une flèche entre les deux yeux pour le coup, mais finalement, les Raïs nous sont tombés dessus. »


Alec lui lança un regard entendu et il fit une moue mi- amusé, mi- agacé, présentant la suite.

    « Ayden fut blessé par l’un des Raïs, pas gravement, bien sûr, mais si j’ai bien compris, aurait préférer se retrouver face à une horde d’ours élastiques plutôt que de devoir demander de l’aide à la Citadelle. Donc je l’ai invité chez moi. Ma sœur, Daerys, l’a soigné. Il reste chez nous depuis. »


Grognon, Ayden lança un faux regard mauvais à Alec.

    « Mphmm… plutôt crevé que de donner le plaisir à l’équipe médicale de la Citadelle de se moquer d’un Thül! »


Il but une gorgé puis abandonnant son ton bourru, ajouta à l’intention de Nirina :

    « De toute façon, je ne serais pas arrêté à la Citadelle, mais dans une auberge. Bien que j’aie été accueilli à la Citadelle quelques fois il y a plusieurs années comme représentant de mon peuple et clan, je ne suis pas en mission diplomatique ou martiale cette fois-ci. Je n’ai donc aucune raison de vouloir rester à la Citadelle. »


Plusieurs l’auraient fait, compte tenu de la sécurité et des lits confortables qu’offrait la Citadelle, mais pas lui. Il ne voyait pas pourquoi il aurait abusé de l’hospitalité des Frontaliers pour un voyage personnel. Il préférait les auberges où, comme dans le cas présent, se retrouver chez des amis. L’ambiance était d’ailleurs nettement meilleure et le risque de provoquer quelqu’un en duel par accident bien moindre.

La serveuse arriva rapidement, transportant les trois choppes dans ses mains. Ayden remarqua bien évidemment le petit jeu de force qu’elle tenta de jouer, mais son attention fut complètement happée par l’air qu’affichait Alec. Visiblement, il n’était pas du tout à son aise avec le jeu d’Anya, et c’était plutôt comique à voir!

Absorbé par cette vision comique, il rata de quelques secondes le moment où Nirina et Alec payèrent leur commande et se leva aussitôt en faisant de grands gestes, retenant ainsi la serveuse, légèrement interloquée. Elle en avait vu d’autres plus fous, mais un Thül debout faisant des simagrées est toujours un peu impressionnant.

    « Non, non, non… Je me suis fait avoir une fois, pas deux! Mademoiselle, veuillez rendre leur monnaie à mes amis, le reste de la soirée et sur moi! Alec, je t’avais dit que je te payais la soirée pour te remercier de m’héberger, ne fait pas de moi un parjure. »


Il se tourna vers Nirina en fronçant les sourcils, autoritaire malgré son sourire toujours accroché aux coins des lèvres :

    « Et je ne veux rien entendre, c’est un honneur pour moi de t’inviter aussi! On ne négocie pas avec l’honneur d’un Thül. »


Il se retourna vers Anya et lui tendit l’argent pour payer les trois consommations. Il ajouta à cela un petit clin d’œil charmeur. Le geste pouvait passer pour anodin, surtout pour le Thül en question, mais il n’en était rien. Il voulait attirer l’attention d’Anya sur lui plutôt que sur Alec. Il avait promis de lui faire passer une bonne soirée. Rien ne viendrait se mettre dans son chemin! Rien, pas même l’une de ses propres tentatives ratées.

Il se rassit, plutôt fière de son coup, un sourire satisfit et festif collé au visage comme un gommer à un mur. Il s’étira puis prit place confortablement sur sa chaise. La soirée se déroulait bien. Parfaitement bien. Il n’aurait pu en être plus content!

Alec enchaina la conversation.

    « Tu as dit tout à l’heure que tu retournais à la Citadelle lorsque tu nous as aperçus. Tu étais en patrouille à la frontière? »


Intéressé lui aussi, il écouta la réponse de Nirina, mais garda une partie de son attention sur Alec. Il avait vu ce que la présence de Nirina avait eu comme effet sur Alec. Elle-même ne pouvait certainement pas s’en rendre compte, puisqu’il avait changé d’attitude lorsqu’elle était apparue. Alec appréciait la présence de la Frontalière, cela aurait été évident pour un aveugle. Mais plus que cela, elle l’avait fait sortir de son mutisme et de sa tête d’asocial mésadapté. Elle le faisait même sourire et rire. Non pas par ce qu’elle disait, mais parce que sa présence semblait lui permettre de se détendre. Il ne l’avait vu comme cela que lorsque sa sœur, Daerys, était avec lui.

Nirina et lui l’avaient informé qu’ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, pourtant il aurait juré en les voyant agir qu’ils se connaissaient depuis toujours. Il ne s’agissait pas de ce qu’ils disaient, mais de leur comportement. Du moins… celui d’Alec. D’autant qu’il pouvait en juger, Nirina se sentait également à l’aise avec lui, mais il ne la connaissait pas d’avant et la comparaison était impossible. La comparaison, cependant, était plus qu’évidente avec Alec.

Peut-être que le Thül pouvait tenter de ne pas se mêler de ses oignons, encore une fois, et aider sa tête de mule d’ami…? Il attendrait néanmoins la bonne occasion, les bons mots, question d’être le plus subtil possible. Subtil… si faillit lever les yeux au ciel et rire de ses propres pensées. Il était bien des choses, mais subtil n’en faisait pas parti.

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Ayden reçu sa question par un rire, ce qui ressemblait très bien au personnage vu l'idée que Nirina s'en faisait.

    « Presque deux semaines maintenant. Ils ont été assez généreux pour m’offrir une chambre le temps que je trouve une caravane à escorter. Il n’en pleut pas, malheureusement, à cette période de l’année. Mais ce n’est pas plus mal, j’adore la famille d’Alec, et Daerys est particulièrement bonne cuisinière… »


Le Thül s'interrompit pour lancer un regard malicieux à Alec. Nirina ne pouvait pas vraiment en deviner le sens mais elle se doutait qu'il s'agissait d'une taquinerie envers le Frontaliers. Et vu ce qu'elle devinait du caractère du Thül, elle avait une petite idée...

    « Pour les remercier, je travaille sur la ferme. Cela me rappelle lorsque je m’occupais des troupeaux, dans ma région natale. J’aime beaucoup travailler de mes mains ainsi, ça me fait changement! Il y a toujours des millions de choses à faire dans une caravane, mais c’est tout un autre monde… »


Nirina eu un sourire amusé en pensant à ses propres capacités en matière de travaux manuels. Sa mère avait voulu lui apprendre la couture, il y a longtemps... Ce fut un désastre, elle réessaya bien plusieurs fois mais abandonna rapidement! Cela donnait le même résultat avec nombre d'autres activités réclamant de la patience et de la précision. Quand cela ne touchait pas ses domaines de prédilection, Nirina avait tendance à manquer cruellement des deux, elle donnait bien assez dans ses activités favorites, elle n'avait plus de réserves pour le reste ensuite! Et cela lui allait très bien comme ça.

Le Thül aussi était visiblement dans ses pensées. Nirina et Ayden furent ramenés à la réalité par la voix d'Alec apportant des précisions sur leur rencontre.

    « Nous nous sommes rencontrés alors que je traquais des Raïs à l’ouest des Marches. Ayden à bien manqué de peu de couper Écho en deux de son épée, et moi de lui planter une flèche entre les deux yeux pour le coup, mais finalement, les Raïs nous sont tombés dessus. »


Nirina ouvrit de grand yeux étonnés devant le récit. Eh bien, voilà une rencontre qui aurait pu très, très mal tourner, en effet! Et aussi un peu étonnante. Comment Ayden avait-il bien pu se retrouver sur le point de faire du mal à Echo? Nirina aussi, la première fois qu'elle l'avait rencontré, l'avait vu seul, Alec n'étant pas encore arrivé, mais aucun des deux n'avait attaqué l'autre, chacun se contentant d'une prudence et d'une curiosité mutuels. Elle n'eut cependant pas le temps de poser la question que le Frontalier reprenait :

    « Ayden fut blessé par l’un des Raïs, pas gravement, bien sûr, mais si j’ai bien compris, aurait préférer se retrouver face à une horde d’ours élastiques plutôt que de devoir demander de l’aide à la Citadelle. Donc je l’ai invité chez moi. Ma sœur, Daerys, l’a soigné. Il reste chez nous depuis. »


La réaction du Thül confirma les dires d'Alec.

    « Mphmm… plutôt crevé que de donner le plaisir à l’équipe médicale de la Citadelle de se moquer d’un Thül! »


Nirina sourit, amusée. Elle s'en doutait! Elle avait aussi entendu beaucoup de choses sur le sens de l'honneur et la fierté des Thüls. Que les relations entre Frontaliers et Thüls soient bonne ou pas, aucun guerrier n'aime se montrer blessé devant d'autres guerriers, son orgueil en prend en général un coup. Et puis il fallait bien avouer que certains Frontaliers ne manquaient pas de critiquer dès que l'occasion s'en présentait... En tout cas, Ayden ne paraissait plus du tout blessé, ce qui n'était pas étonnant après quasiment deux semaines pour se remettre, surtout s'il les aidait maintenant à la ferme!

La jeune Frontalière connaissait très peu le fonctionnement de la ferme, les différentes tâches à y effectuer. Bien sûr, elle s'y était intéressée, mais de loin seulement, ce qui ne lui permettait pas d'avoir des connaissances très étendues sur le sujet!

    « De toute façon, je ne serais pas arrêté à la Citadelle, mais dans une auberge. Bien que j’aie été accueilli à la Citadelle quelques fois il y a plusieurs années comme représentant de mon peuple et clan, je ne suis pas en mission diplomatique ou martiale cette fois-ci. Je n’ai donc aucune raison de vouloir rester à la Citadelle. »


Nirina sourit et eu un hochement de tête approbateur. Elle l'appréciait de plus en plus, ce Thül!

Elle fut distraite par l'arrivée des boissons, et la reprise du petit jeu de la serveuse qui, non contente d'effleurer délibérément la main d'Alec, se détourna avec un petit regard triomphant. Nirina la regarda faire presque avec pitié. Cela ne lui faisait pas plaisir de donner ses pièces à une serveuse pareille - bonjour l'objectivité au boulot! - mais elle se consola en se disant qu'elle n'en toucherait qu'une petite partie, vu qu'elle n'était pas la seule employée.

Alec paya également sa boisson, et ils furent tous les deux coupés par un Ayden qui, se rendant soudain compte de ce qu'il faisait, se leva soudain pour faire revenir la serveuse.

    « Non, non, non… Je me suis fait avoir une fois, pas deux! Mademoiselle, veuillez rendre leur monnaie à mes amis, le reste de la soirée et sur moi! Alec, je t’avais dit que je te payais la soirée pour te remercier de m’héberger, ne fait pas de moi un parjure. »


Nirina se tourna vers le Thül, étonnée, et s'apprêtait à argumenter qu'il ne lui devait rien mais elle fut devancée.

    « Et je ne veux rien entendre, c’est un honneur pour moi de t’inviter aussi! On ne négocie pas avec l’honneur d’un Thül. »


Nirina leva les mains pour signifier qu'elle n'avait rien dit, et elle reprit son argent de bonne grâce. Elle ne l'aurait jamais avoué, mais cela l'arrangeait au final. Et elle comptait bien se "venger" dès qu'une occasion se présenterait! (HRP : C'est fou comme mon perso est plus généreux que moi :p ).

Le Thül paya la serveuse en associant le tout d'un clin d'oeil suggestif et se rassit, l'air content de lui. Nirina haussa un sourcil sans savoir s'il était content de sa technique de drague, pourtant basique et pas très avancée pour le moment, ou si, comme son instinct lui soufflait, il y avait autre chose derrière son sourire. Peut-être était-il simplement heureux par la tournure que prenait la soirée, ce qui était leur cas à eux tous après tout!

    « Tu as dit tout à l’heure que tu retournais à la Citadelle lorsque tu nous as aperçus. Tu étais en patrouille à la frontière? »


Il était visiblement étonné par cette possibilité, car il savait bien que personne de sensé n'enverrait en patrouille une Frontalière seule, qui ne savait pas montée et ne savait d'ailleurs pas tenir sur une scelle, et qui plus est avec une très faible expérience des combats en situation réelle (en ce qui concernait la pratique du sabre en tout cas). Enfin, c'était surtout sa phobie des chevaux qui posait problème dans son cas, et Nirina s'empressa de rétablir la vérité, sans trop s'étendre vu qu'Ayden écoutait, et... Eh bien, aussi sympathique soit-il, elle sentait qu'il allait la vanner s'il apprenait son "soucis" avec les chevaux.

    - Pas du tout, c'est pas demain la veille! J'étais simplement sortie pour m'entraîner. Parfois, j'en ai marre des salles d'entraînement de la Citadelle, je sors dès que l'occasion se présente même si je n'ai pas Aleka avec moi.


Après tout, pour une personne comme elle, handicapée par son incapacité à monter, les possibilités de sortir étaient plutôt réduites, elle devait en profiter, même si ce n'était pas pour dégourdir les ailes d'Aleka ou aller observer les prédateurs du coin, rapaces comme loups (les Raïs et autre joyeuseté de l'autre côté des montagnes ne comptaient évidemment pas, et devrait-elle un jour s'aventurer sur les plateaux d'Astariul, ce qui ne lui était encore jamais arrivé, elle ne s'intéresserait sans doute pas de trop près non plus aux Goules et aux Brûleurs).

Peu désireuse de se risquer sur un terrain où elle serait amener à parler de sa phobie devant le Thül - même si ce dernier paraissait soudain ailleurs, souriant tout seul - Nirina décida d'embrayer sur sa question de tout à l'heure qu'elle n'avait pas pu poser.

    - Mais au fait, comment est-ce qu'Ayden a pu se retrouver à deux doigts d'attaquer Echo, et inversement? Je me suis retrouvée face à lui aussi, et il n'y a eu aucun problème!


Après tout, il était difficile de confondre un Thül avec un Raï, quand même!


    (HRP : je crois qu'on a comme qui dirait du mal, tous, à essayer de faire des RPs courts pour faire avancer le dialogue plus vite... En tout cas perso j'ai eu du mal sur ce coup là xD)

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    [HRP : Haha en effet, on n’est pas doués xD Je vais essayer de couper plus court mes réponses pour l’action aussi, on verra ce que ça donne! ;) ]


Alec fut légèrement surpris de voir Ayden s’agiter tout d’un coup, battant des bras en l’air, et se demanda une fraction de seconde s’il ne venait pas de s’étouffer avec quelque chose. Le Thül finit par ouvrir la bouche et lancer à la serveuse :

    « Non, non, non… Je me suis fait avoir une fois, pas deux! Mademoiselle, veuillez rendre leur monnaie à mes amis, le reste de la soirée et sur moi! Alec, je t’avais dit que je te payais la soirée pour te remercier de m’héberger, ne fait pas de moi un parjure. »


Alec leva les mains devant lui, n’émettant cette fois aucune objection. Il l’avait déjà fâché une fois, il n’avait pas trop envie de voir Ayden avoir les nerfs vraiment en boule. Et de toute façon, il avait raison. Il le lui avait promis, et si Alec était à sa place, il aurait tenu coute que coute à respecter cette promesse.

Le frontalier s’attendit néanmoins à voir Nirina protester. Elle était très sensible à tout ce qui s’approchait d’un traitement de faveur dû au fait qu’elle était une femme. Il avait pu s’en rendre compte dès qu’il l’avait rencontré, lorsqu’il lui avait proposé d’utiliser sa monture pour rentrer à la Citadelle. C’était avant qu’il ne soit au courant pour sa phobie des chevaux, bien sûr.

Avant que la jeune femme n’ait pu dire quoi que ce soit, Ayden se tourna vers elle et la devança.

    « Et je ne veux rien entendre, c’est un honneur pour moi de t’inviter aussi! On ne négocie pas avec l’honneur d’un Thül. »


Tout comme il l’avait fait quelques secondes plus tôt, Nirina leva les mains devant elle en signe de non-protestation, ce qui fit sourire Alec.

Il remarqua également le petit manège d’Ayden avec Anya, lui lançant un clin d’œil et un sourire dont lui seul avait le secret. La jeune serveuse sembla quelques instants confus puis rosit légèrement avant de tourner les talons. Ayden avait bien des cartes dans son jeu, et celle de la séduction en faisait visiblement partie. Il réussissait à faire rougir à peu près n’importe quelle jeune femme sur son passage d’un rien, avec un sourire ou un regard. Alec s’en était rendu compte très rapidement.

Il lui en fut étrangement reconnaissant. Changeant son jeu de main, il tentait maintenant d’attirer l’attention de la serveuse vers lui plutôt que vers Alec. Le Frontalier ne comprenait pas vraiment toutes les manigances du Thül, et ne s’aventurerait certainement pas à dire qu’il comprenait comment marchait son cerveau, mais pour ce coup, il en fut soulagé. Il avait deux pieds et deux mains gauches dans ce domaine et ne savait pas du tout comment faire comprendre à la serveuse qu’il n’était pas intéressé. Enfin.

La conversation prit un autre détour et Nirina répondit à sa question.

    « Pas du tout, ce n’est pas demain la veille! J'étais simplement sortie pour m'entrainer. Parfois, j'en ai marre des salles d'entrainement de la Citadelle, je sors dès que l'occasion se présente même si je n'ai pas Aleka avec moi. »


Alec hocha la tête. Cette vision des choses lui paraissait soudain comme l’évidence même. Et c’était bien plus logique que la raison qu’il avait d’abord soulevée. Il se rendit compte que la vision qu’il avait de Nirina n’était pas erronée, même s’il ne la connaissait pas encore très bien.

Lui aussi préférait s’entrainer à l’extérieur, loin de l’activité incessante de la Citadelle. Il avait d’ailleurs quelques coins particuliers dans la forêt et sur le flanc de montagne qu’il affectionnait particulièrement pour s’entrainer. L’envie lui prit de demander à Nirina quel était ses endroits favoris à elle, mais il se retint, se demandant si cela ne serait pas trop indiscret.

Avant qu’il n’ait pu résoudre ce problème éthique mentalement, Nirina le devança.

    « Mais au fait, comment est-ce qu'Ayden a pu se retrouver à deux doigts d'attaquer Echo, et inversement? Je me suis retrouvée face à lui aussi, et il n'y a eu aucun problème! »


En effet, lorsqu’elle avait rencontré Écho pour la première fois, tout s’était bien déroulé. Du moins, aux yeux de la fauconnière… Alec avait bien cru qu’Écho allait l’attaquer, puisqu’elle l’avait involontairement défié en tentant de communiquer avec un loup au loin, mais finalement, Écho n’en avait rien fait. Les raisons exactes qui l’avaient amené à changer d’idée et d’opinion si rapidement sur la jeune femme lui étaient inconnues. Alec soupçonnait néanmoins que le comportement de Nirina et ses quelques connaissances sur les loups y étaient pour quelque chose.

La jeune femme ne s’était pas mise à crier ni à courir ou et l’attaquer, contrairement à Ayden, lorsqu’elle l’avait vu. Elle n’avait d’ailleurs pas bougé et gardé une position de respect avec lui. Écho ne l’avait alors pas perçu comme une menace. L’énergie même que dégageait la Frontalière avait dû jouer dans la balance, les loups y étant très sensibles. Également, Alec se doutait qu’Écho apprécie particulièrement la jeune femme. Il n’avait agi ainsi avec personne d’autre auparavant, et les récents évènements, où il avait guidé Nirina jusqu’à la taverne, le poussaient à valider sa théorie.

Il n’allait cependant pas s’étendre en explications comportementales pour répondre à Nirina, se disant que lorsqu’ils seraient seuls tous les deux, ils pourraient surement en discuter.

    « Et bien… C’est tout un concours de circonstances, je crois. Comme Écho était en traque, et qu’Ayden s’est retrouvé pile entre nous et les Raïs, il était déjà sur la défensive, ce qui le rend naturellement plus agressif. Aussi, le cheval d’Ayden a une peur bleue des loups, et lorsqu’il a aperçu Écho, il s’est emballé, à désarçonner Ayden et à prit ses jambes à son coup. Ayden croyait donc avoir affaire à un loup sauvage agressif et l’a confronté. Écho c’est alors vraiment senti menacé, bref… La situation était une sorte de mal entendu. »


Il devenait plus loquace que d’habitude lorsqu’il parlait d’Écho ou de chevaux. Lui qui normalement était plutôt économe en mot. Il ne put s’empêcher d’ajouter, un léger sourire aux lèvres en lançant un regard espiègle vers Ayden :

    « Depuis, ils se font un peu la tête, mmh? »


Ayden et Écho avaient fait la paix, dans le sens où Écho n’avait plus envie de manger Ayden et où Ayden n’avait plus l’intention de l’empailler, mais tous deux ne s’entendaient pas à merveille. Écho grognait souvent sur Ayden, ce qui faisait rire Alec, puisqu’il reconnaissait là son grognement de vieux loups séniles et bougons. Il n’était pas réellement agressif. Quant à Ayden, il n’en ratait pas une pour râler contre le chien-loup.

Alec les avait déjà vus une fois se disputer. Le spectacle avait été des plus hilarants. Écho grognant comme s’il maugréait et Ayden qui lui parlait en l’invectivant, les poings sur les hanches ou le pointant du doigt comme si le grondait. Ils avaient une relation particulière, étant toujours dans les pattes l’un de l’autre, mais ils s’étaient mutuellement acceptés. Un peu comme un vieux couple se prenant toujours la tête.

    « Alec! »


La voix grave avait couvert les bruits de conversations, les rires et la musique de la taverne et Alec se redressa comme un chien de chasse. De l’autre côté du comptoir, à l’autre extrémité de la salle, Branson, le tavernier, lui faisait signe de le rejoindre. Alec lui fit un signe de tête puis se leva, s’excusant auprès de ses amis.

    « Excuser moi, je reviens tout de suite. »


Il attrapa son arc posé derrière lui contre le mur et l’accrocha à son épaule. Ce geste aurait pu passer comme exagérer ou paranoïaque aux yeux d’à peu près n’importe qui, mais tous les frontaliers le comprendraient. Un Frontalier n’avait pas besoin d’arme pour être dangereux, il est une arme à lui seul. Mais se séparer de son sabre et de son arc même pour une courte période et distance, dans une circonstance n’impliquant aucun danger, était pour lui inconcevable.

Son arc, tout comme son sabre à sa ceinture, faisait partie de lui. Ils étaient comme des extensions de son âme et son corps. Il était inconcevable pour quelqu’un de laisser ses jambes derrière pour aller discuter avec quelqu’un, non? Et bien il en était de même avec son arc et son sabre pour Alec.

Il se dirigea vers le bar où l’attendait Branson, se frayant un chemin entre les tables et les clients de l’auberge, laissant derrière lui la petite table du fond où Ayden et Nirina étaient toujours assis.


    HRP : Here we go, let’s the party begin! *SBAF!* - P.S. : Je repasserais moi aussi pour la longueur xD]

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    [Ho! Hoo!!! That’s my cue! Héhé - xD On n’est pas super doué, nan xD]


La discussion coulait si bien qu’Ayden se demanda s’il avait affaire au même Frontalier qu’il connaissait. C’était bon signe! Surtout qu’il put se rendre compte que l’orage venait d’éclater à l’extérieur, lorsqu’un convive avait ouvert la porte d’entrée.

Avec tout le bruit à l’intérieur de la taverne, on ne percevait presque pas le tonner et la pluie s’abattant sur la région. C’était donc aussi bien que la soirée se passe bien et s’éternise, il n’avait pas particulièrement envie de sortir par ce temps. L’orage aurait peut-être le temps de se calmer avant qu’ils ne décident de rentrer.

Nirina répondit à la question d’Alec.

    « Pas du tout, ce n’est pas demain la veille! J'étais simplement sortie pour m'entrainer. Parfois, j'en ai marre des salles d'entrainement de la Citadelle, je sors dès que l'occasion se présente même si je n'ai pas Aleka avec moi. »


Bien qu’Ayden ne comprit pas vraiment le sens de sa réponse, il ne posa pas de questions supplémentaires. Pourquoi Nirina ne patrouillait pas toute seule, comme Alec? D’accord, elle paraissait plus jeune que lui, mais elle ne pouvait pas être toujours en formation, non? Enfin! Il y avait tellement de choses qu’il ignorait ou ne comprenait pas du fonctionnement de la Citadelle et des Frontaliers qu’il ne s’en étonna pas outre mesure et oublia rapidement la question.

    « Mais au fait, comment est-ce qu'Ayden a pu se retrouver à deux doigts d'attaquer Echo, et inversement? Je me suis retrouvée face à lui aussi, et il n'y a eu aucun problème! »


Ayden fit une moue mi-amusée, mi-boudeuse, et lança un coup d’œil à Alec. Celui-ci se chargea des explications.

    « Et bien… C’est tout un concours de circonstances, je crois. Comme Écho était en traque, et qu’Ayden s’est retrouvé pile entre nous et les Raïs, il était déjà sur la défensive, ce qui le rend naturellement plus agressif. Aussi, le cheval d’Ayden a une peur bleue des loups, et lorsqu’il a aperçu Écho, il s’est emballé, à désarçonner Ayden et à prit ses jambes à son coup. Ayden croyait donc avoir affaire à un loup sauvage agressif et l’a confronté. Écho c’est alors vraiment senti menacé, bref… La situation était une sorte de mal entendu. »


Ayden se rappelait parfaitement les évènements et se contenta d’un petit bruit typiquement Thül pour appuyer le récit.

    « Mmphm… »


Alec lui lança alors une tirade qui lui tira un sourire.

    « Depuis, ils se font un peu la tête, mmh? »


En effet, il ne s’entendait pas à merveille avec le sac à puces. En fait, le terme chien et chat était plutôt bien approprié, quoi qu’Ayden ait toute la difficulté du monde à s’identifier au « chat ». Malgré tout, il aimait bien le cabot d’Alec. Leur prise de bec continuelle était une façon de se montrer qu’ils s’aimaient. Non?

Ayden rit et ne put s’empêcher d’ajouter à la blague :

    « Mais c’est toujours lui qui commence, hein! »


À un moment, une voix s’éleva au-dessus du bruit constant des conversations de la taverne et Ayden y reconnut celle du tavernier. Le même qui était venu saluer personnellement Alec lorsqu’ils étaient arrivés. Il avait cru comprendre qu’ils se connaissaient depuis longtemps, mais que cela faisait un bon moment qu’ils ne s’étaient pas croisés. Vu le penchant ermite solitaire de son ami, Ayden n’avait pas de difficulté à le concevoir.

Le tavernier avait appelé Alec et lui faisait maintenant signe de le rejoindre. Le Frontalier se leva et leur dit :

    « Excuser moi, je reviens tout de suite. »


Ayden lui fit signe de la main que ce n’était rien, qu’il prenne donc son temps!

Des exclamations hautement festives firent tourner la tête du Thül en direction d’une table à quelques distances de la leur. De jeunes Frontaliers, probablement de 18-19 ans, fêtaient visiblement quelque chose. Ils avaient beaucoup bu, au vu de la coloration de leurs joues, et chantaient à tue-tête en se portant mutuellement des toasts.

C’était particulier de voir des Frontaliers fêter ainsi, mais ils étaient jeunes, et Ayden se doutait qu’ils devaient fière un évènement très particulier. Probablement la fin de leur entrainement et leur ascension au titre de Frontalier à part entière. Il sourit, amusé et content pour eux, puis se retourna vers Nirina.

Plusieurs idées lui passaient par la tête, mais il se retint. Il aurait voulu questionner Nirina sur ses impressions ou sentiments à propos d’Alec, et tout ce qui va avec, mais il se savait aussi subtil qu’un Bruleur dans un magasin de porcelaine. Aussi décida-t-il de ne pas se mêler de cette affaire… du moins pour l’instant. Il lui faudrait trouver un bon plan où il risquait mettre le bordel, métaphore comprise. C’était bien une des premières fois qu’il se décidait à se censurer lui-même!

Il se rabattit donc sur des questions plus générales et appropriées, d’autant plus qu’il était sincèrement intéressé à mieux connaitre la jeune Frontalière.

    « Donc, Nirina… Tu fais partie de la division archère toi aussi? »


Ayden laissa la jeune femme développer sa réponse, puis enchaina la conversation, se rappelant une phrase qu’elle avait dite un peu plus tôt dans la soirée.

    « Au fait, tu as mentionné quelque chose tout à l’heure. Tu as dit que tu sortais des murs de la Citadelle dès que l’occasion se présentait, même lorsque tu n’étais pas avec.. euh… A… ka? Il s’agit de ta monture? »


Il arqua un sourcil, doutant de la précision de son souvenir concernant le nom. Puis il se rappela trop tard qu’il venait peut-être de commettre une indiscrétion pouvant la mettre mal à l’aise. Il lui sourit donc le plus sincèrement possible afin qu’elle ne se méprenne pas sur ses intentions. Il était simplement trop curieux.

Tout se passait trop bien. Aussi, l’univers du le remarquer, puisqu’il décida alors de faire tomber l’une de ses cartes sur leur tête. Alors qu’Ayden et Nirina discutaient tout bonnement, le groupe de jeunes Frontaliers fêtards sembla les remarquer, puisque l’un d’eux s’écria soudain :

    « Hey! Mais regardez qu’est-ce qu’on a là! »


Ayden se retourna sur sa chaise et vit que le groupe, au total sept jeunes Frontaliers déjà assez éméchés, s’était tourné vers eux. L’un d’eux, un jeune homme aux cheveux noirs et aux épaules larges, pointait en direction de Nirina. Le Thül haussa un sourcil, son sourire disparaissant légèrement en avisant son expression étrange. Bien qu’il sourit, visiblement heureux de la voir, quelque chose de mesquin qui ne laissait rien présager de bon brillait dans son regard. Instinctivement, Ayden se redressa imperceptiblement sur sa chaise.

Le Frontalier contourna les autres tables qui les séparaient, suivit aussitôt de ses six autres congénères, et vint se poster devant eux. Le même garçon qui avait parlé plus tôt reprit, soutenu par les rires des autres.

    « Si ce n’est pas la dresseuse de moineau qui se prend pour une Frontalière! Ton père t’a laissé sortir de la Citadelle aujourd’hui? »


Ayden serra les dents, mais il connaissait trop bien ce genre de comportement, influencé par l’alcool, et savait que l’agressivité n’aiderait en rien. Il choisit donc de jouer la carte inverse, tout en se montrant autoritaire et inflexible. Il se leva, faisant bien une bonne tête de plus que tous les frontaliers présents. Il leur sourit et arqua un sourcil en les fixant chacun leur tour dans les yeux.

    « Bonsoir messieurs. Y a-t-il un problème? Je peux vous être utile à quelque chose? »


Il n’avait malheureusement pas affaire à des ivrognes ou à des Alaviriens normaux. Passé la légère surprise de le voir se lever, les Frontaliers ne furent pas impressionnés par le Thül.

Le frontalier aux cheveux noirs le dévisagea avec une moue de mépris. Ayden su alors qu’il se trouvait face à l’un de ces frontaliers qui tenaient à cœur les vieilles traditions, dont celle où un Frontalier n’aime pas les Thüls. Il ne lui adressa pas la parole, l’ignorant, puis repris à l’intention de Nirina :

    « Tu choisis bien mal tes amis, Sil’Kallian. Pourquoi tu ne te joins pas à nous, hmm? Question que l’on sache si tu peux être utile à quelque chose, finalement, ma jolie... »


Le ton suggestif et moqueur de l’homme fit serrer les poings à Ayden. Il cherchait à les provoquer, et Ayden refusait de les laisser le faire, mais vu la façon dont lui et les autres garçons de son groupe détaillaient maintenant la jeune femme, il y avait une part de sérieux dans ce qu’il venait de dire. Le Thül en ressentit une bouffée de colère et d’indignation. Comment pouvait-on dire quelque chose de la sorte à quelqu’un?!

Son regard s’était durci et il avait perdu son sourire. Sans ce dernier, le visage d’Ayden était métamorphosé. D’ordinaire débonnaire et joyeux, on le prenait parfois pour niais. Mais lorsqu’il abandonnait son sourire, on voyait en lui toutes les légendes à propos des forts et durs guerriers Thül. On ne rigolait plus.

Ayden lança un regard de biais vers Nirina, cherchant son regard. Il ne se doutait pas qu’elle soit capable de se défendre seul, mais il aurait été stupide de penser que les hommes face à lui n’étaient pas de vrais frontaliers. Et peu importe les capacités guerrières de Nirina, ils étaient en surnombre, de beaucoup.

Il la laissa décider de la suite des évènements. Si elle décidait de la jouer passive, il la suivrait. Si elle décidait de flanquer une baffe à cet impertinent, il se ferait une joue de regarder et de faire de même avec ses petits amis, s’ils leur venaient à l’esprit de s’en mêler.

Les jeunes Frontaliers n’avaient pourtant pas vraiment l’intention de les laisser jouer le jeu de la façon dont ils l’entendaient. L’un d’eux, qui n’avait pas encore parlé, s’avança et tenta d’attraper le bras de Nirina pour l’entrainer avec eux. Ayden fit un mouvement vers lui en lançant un menaçant :

    « Hey! »


Son changement de ton et d’attitude fit alors changer ceux du groupe. L’agressivité prenant définitivement le dessus. Son cri avait fait taire la grande partie des conversations autour, et l’attention générale de cette partie de la taverne était centrée sur eux. La suite des évènements s’annonçait beaucoup moins bien que leur début de soirée…


    [Bon, j’ai donné le ton, mais je vais vous laisser répondre avant de continuer le chaos^^]

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Nirina enchaîna mimique surprise puis amusée devant le résumé d'Alec de la situation. Effectivement, c'était un concours de circonstances qui avaient conduit à cette situation!

    « Depuis, ils se font un peu la tête, mmh? »


Ayden avait l'air assez d'accord, surtout d'après le "Mmphm" qu'il avait grogné pendant le récit d'Alec! Le Thül ne manqua d'ailleurs pas de rajouter, sur une touche moins sérieuse :

    « Mais c’est toujours lui qui commence, hein! »


Amusée et pas vraiment convaincue, Nirina leva les yeux au ciel l'air de dire "Ben voyons!" Elle n'était pas sûr qu'Ayden l'ai vue, et elle n'eu pas le temps de vérifier car un appel lui fit tourner la tête. Ce n'était pourtant pas son nom que l'on avait appelé mais celui d'Alec, cependant elle était curieuse de voir qui ici le connaissait, étant donné qu'Alec n'était pas du genre à sortir souvent dans ce genre d'endroits. Peut-être quelqu'un de la Citadelle? La personne qu'elle repéra semblait pourtant être le tavernier, ce qui l'étonna un peu mais après tout, pourquoi pas. Alec ne l'avait pas forcément connu ici.

    « Excuser moi, je reviens tout de suite. »


Nirina appuya le signe d'Ayden comme quoi il pouvait prendre son temps. En se tournant vers le Thül, elle s'aperçut qu'il regardait vers la table qu'elle avait repéré tout à l'heure, composée de jeunes Frontaliers qu'elle connaissait, seulement de vue pour certains, et les autres elle aurait bien préféré ne les connaître que de vue aussi! Elle ne savait pas ce qu'ils fêtaient mais il n'y allaient pas avec le dos de la cuillère, et elle espérait qu'ils allaient rester dans leur coin parce qu'ils avaient l'air d'être déjà bien imbibés d'alcool! C'était très rare de voir des Frontaliers plus âgés faire la fête de la sorte. Il fallait croire qu'Alec et Nirina n'étaient pas les seuls Frontaliers un peu coincés en la matière!

    « Donc, Nirina… Tu fais partie de la division archère toi aussi? »


La voix du Thül tira la jeune femme de certains souvenirs amère et elle revint avec plaisir sur sa conversation avec Ayden, même s'il abordait un sujet un peu gênant à ses yeux. On ne dirait pas comme ça, mais elle avait un peu de mal à assumer sa phobie des chevaux et surtout les conséquences qu'elle avait, ce qui se comprenait vu tout ce que cette phobie lui avait coûté à la Citadelle! Cela ne l'empêcha pas de répondre avec le sourire.

    - Oh non, la division archère est réservée à ceux qui excellent en la matière, comme Alec! Certes, la plupart des Frontaliers sont bons au tir à l'arc, moi compris, mais ça ne suffit pas pour en faire parti, il faut se distinguer des autres.


Enfin, dans le cas de Nirina, le problème restait, encore est toujours, son incapacité à monter. Un Frontalier de la division archère se devait de savoir tirer à l'arc à cheval, elle n'était même pas fichue de rester sur une scelle, alors d'utiliser un arc dessus, n'en parlons pas! Ceci dit, elle tirait plutôt bien à l'arc au sol, y compris lorsqu'elle visait des cibles mouvantes, étant donné que sa mère lui avait appris assez tôt à chasser à l'aide d'un arc pour diminuer leurs dépenses pour nourrir leurs rapaces.

    « Au fait, tu as mentionné quelque chose tout à l’heure. Tu as dit que tu sortais des murs de la Citadelle dès que l’occasion se présentait, même lorsque tu n’étais pas avec.. euh… A… ka? Il s’agit de ta monture? »


Nirina se sentit un peu mal à l'aise à cette idée. Oui, la plupart des gens avaient une monture à son âge, et même s'il était rare qu'ils y soient très attachés, certains, comme Alec d'après ce qu'elle avait pu voir, avaient un lien particulier avec leur cheval. Nirina, elle, n'en avait pas, c'est sa mère qui en possédait. Heureusement, la formulation de la question lui permettait de répondre sans faire allusion à son absence de monture et même de connaissances en la matière. D'ailleurs, Ayden du sentir sa légère gêne, même si la Frontalière n'avait pas eu l'impression de trop la montrer, car il lui sourit franchement comme pour s'excuser.

    - Pas du tout! En fait, je m'occupe des oiseaux de la Citadelle mais je suis aussi fauconnière à mes heures perdu, ma mère étant elle aussi une fauconnière, et Aleka est un faucon que j'ai élevé et dressé depuis toute petite. J'y suis très attachée, plus qu'à aucun des autres rapaces surtout que c'est le seul à être vraiment à moi, les autres sont à ma mère, et c'est aussi la seule qui m'accompagne parfois quand je sors. Elle était avec moi quand j'ai rencontré Alec.


Comme Alec lorsqu'il parlait d'Echo, Nirina avait tendance à devenir plus bavarde lorsqu'elle parlait d'Aleka ou bien de sa passion pour les oiseaux de proie en général, et cela se ressentait aussi sur son humeur. Elle devenait généralement plus souriante, plus à l'aise, même si cela se voyait assez peu dans le cas présent étant donné qu'elle s'entendait déjà plutôt bien avec le Thül. Elle fut cependant coupée net par une voix qu'elle connaissait et qu'elle considérait comme tout, sauf amicale.

    « Hey! Mais regardez qu’est-ce qu’on a là! »


Nirina fit la grimace avant de se tourner vers le groupe de Frontaliers qu'elle avait repéré un peu plus tôt. L'un deux, Neyd, un Frontalier avec des cheveux noirs et large d'épaules, avait finit par repérer Nirina et la montrait désormais au reste de son groupe. Nirina le connaissait pour s'être entraînée parfois avec lui, et aussi parce que c'était un des Frontaliers qui avait prit plaisir à la railler dès son arrivée, avant même qu'elle ne commence son entraînement. Il ne l'avait jamais considérée comme une Frontalière, et vu son état d'ébriété, Nirina doutait que sa position sur le sujet ai changé en mieux! L'expression sur son visage semblait le confirmer.

Neyd se leva et s'avança vers leur table, suivit par les autres Frontaliers de sa table. Nirina en reconnaissait certains comme des Frontaliers ayant eux aussi prit plaisir à la railler et l'insulter, de leur propre chef ou simplement pour faire comme Neyd. Elle n'avait jamais adressé la parole à deux ou trois d'entre eux et inversement, mais visiblement ce n'était pas ce qui les empêchait de se mettre automatiquement dans le camp de leurs potes sans plus se poser de questions. Nirina aurait bien aimé faire quelque chose pour les empêcher de se planter devant leur table mais aucune idée ne lui vint, elle se contenta donc de les accueillir avec un regard glacial, ne doutant pas de la façon dont la situation allait évoluer.

    « Si ce n’est pas la dresseuse de moineau qui se prend pour une Frontalière! Ton père t’a laissé sortir de la Citadelle aujourd’hui? »


Le regard de Nirina lançait des éclairs. Face à certains ivrognes, ce regard portait parfois ses fruits car il avait un côté sauvage qui effrayait certains crétins, mais ceux là n'étaient pas des ivrognes normaux et surtout, la plupart d'entre eux, Neyd comprit, avaient déjà affronté ce regard et donc n'en avaient cure. Nirina n'était pas fan des duels Frontaliers pour rétablir son honneur, pourtant vu les insultes qu'elle avait enduré de leur part, elle aurait pu leur en réclamer pas mal! Le soucis, c'est que les duels se déroulaient au sabre, et même si Nirina surpassait nombre de Frontaliers de son âge en ce qui concernait le combat à mains nues, au sabre c'était plutôt l'inverse. Elle avait beau être plus forte que nombre d'alaviriens, elle n'avait pas tout à fait le niveau de gens de son âge, et même si Neyd et ses abrutis de copains étaient un peu moins âgés qu'elle, elle savait aussi que les combats au sabre pouvaient finir sans blessés tout comme ils pouvaient se solder par un mort, rarement deux, aussi préférait-elle jour la carte de la prudence. Le soucis, c'est que ça faisait plusieurs années maintenant qu'elle restait à la Citadelle et devait supporter leur bêtise, bêtise qui ce soir atteignait des sommets avec l'aide de l'alcool, et l'idée de leur coller une raclée pour leur remettre les idées en place lui paraissait de plus en plus tentante. Heureusement, Ayden réagit avant qu'elle n'ai pu se décider à faire quelque chose de stupide et il se leva, dépassait n'importe quel Frontalier présent d'au moins une bonne tête.

    « Bonsoir messieurs. Y a-t-il un problème? Je peux vous être utile à quelque chose? »


Sa demande était courtoise mais le message clair : ne cherchez pas les ennuis. En temps normal, Nirina n'appréciait pas toujours que l'on se mêle de ses affaires, car trop souvent les hommes réagissaient ainsi parce qu'elle était une femme et qu'ils se sentaient le devoir de la protéger. Aujourd'hui, au contraire, elle se sentit au contraire reconnaissante envers le Thül. Il fallait qu'elle garde son calme, ce n'est pas parce qu'elle s'était levée du pied gauche ce matin qu'elle avait le droit de perdre son calme aussi rapidement, et elle ne pouvait même pas mettre l'alcool en cause puisqu'elle avait à peine eu le temps d’entamer sa choppe de bière! Non, elle en avait simplement ras le bol, et elle savait que vu l'état des Frontaliers qui leur faisaient face, parler ne servirait à rien, néanmoins le rentre dedans non plus, elle le savait. Ils étaient dans un lieu public et leurs adversaires étaient en surnombre. Toute Frontalière qu'elle soit, c'étaient eux aussi des combattants, elle ne pouvait pas les sous estimer même s'ils se comportaient actuellement comme les ivrognes qu'elle avait l'habitude de rencontrer sur son chemin quand elle parcourait Gwendalavir. Et en temps normal, les ivrognes en question, elle avait tendance à leur cogner dessus assez rapidement vu qu'elle savait qu'on ne pouvait rien en tirer, cela expliquait sans doute pourquoi elle avait envie de faire de même avec eux si vite...

Hélas, si l'intervention d'Ayden avait permit à Nirina de reprendre ses esprits, en quelque sorte, elle n'eu pas pour autant l'effet esconté auprès des Frontaliers. Les Frontaliers ne sont pas faciles à impressionner, encore moins quand ils sont arrogants et bourrés par dessus le marché. Qui plus est, Neyd et ses amis semblaient faire parti des Frontaliers qui continuaient à regarder les Thüls d'un mauvais oeil, ce qui ne surprenait pas Nirina le moins du monde mais ne l'arrangeait pas pour autant.

    « Tu choisis bien mal tes amis, Sil’Kallian. Pourquoi tu ne te joins pas à nous, hmm? Question que l’on sache si tu peux être utile à quelque chose, finalement, ma jolie... »


Cette fois, Nirina du faire un effort surhumain pour ne pas coller son poing dans la figure de ce crétin. Comment un Frontalier, même saoul et idiot au dernier degré, pouvait-il tenir de tels propos! Le moins Frontalier des deux n'était clairement pas celui que Neyd pensait d'après Nirina, et vu la situation, elle était sûr que bon nombre de Frontaliers seraient de son avis, même parmi ceux qui n'aimaient pas la fauconnière!

Elle du se retenir de ne pas se lever, car elle le savait, si elle se levait, se serait pour cogner, pas pour discuter. Pour trouver la patience de gérer cette situation sans violence, elle chercha du regard Alec et trouva à la place Ayden, qui se remettait visiblement à elle quant à la conduite à tenir. Elle lui en était reconnaissante, mais avant qu'elle n'ai pu se calmer et décider d'une conduite à tenir ou, mieux, trouver une bonne répartie pour au pire les renvoyer dans les roses, au mieux calmer la situation, l'un des Frontaliers accompagnait Neyd, un blond dont elle ne connaissait pas le nom car elle ne le connaissait que de vue, s'approcha pour lui attraper le bras.

    « Hey! »


Le ton menaçant du Frontaliers suffit à attirer l'attention de la moitié de la taverne, qui se retourna à temps pour voir le blondinet se prendre une table. Dès que Nirina avait vu son mouvement, elle s'était levée, avait esquivé son bras tendu sans problème et avait poussé son torse avec sa main. Le geste aurait pu paraître ridicule, sauf que Nirina avait un sacré entraînement derrière elle, particulièrement en combat à main nues, et ce simple geste fit reculer le Frontalier blond jusqu'à se qu'il se cogne dans une table, manquant de tomber. Bien sûr, le coup n'aurait sans doute pas été si efficace face à un Frontalier sobre, mais ceux là ne l'étaient pas.

Le soucis, c'est que l'alcool rend certes moins apte au combat, mais aussi et surtout plus agressif. La réaction d'Ayden comme celle de Nirina avaient visiblement eu raison du peu de patience du groupe de Frontalier, mais la fauconnière préférait la lueur de colère qu'elle voyait dans leur yeux à celle, carrément malsaine, qui y brillait quelques secondes plus tôt.

    - Non mais ça va pas? On va te montrer qui sont les forts ici, Sil'Kallian!
S'exclama aussitôt un autre Frontalier, Ersyl.

Malgré elle, Nirina était un peu amusée par leur comportement. Presque tous les Frontaliers la connaissaient sous le nom de Sil'Kallian, pourtant, s'ils avaient su qu'en réalité le nom de naissance de Nirina était Nazen et s'apparentait à son activité de fauconnière, nul doute qu'ils n'utiliseraient que celui là. Pour le coup, Loryen, le père de Nirina, avait eu le nez fin de lui demander dès son arrivée de n'utiliser que le nom de Sil'Kallian, car même si Nirina ne préférait pas vraiment aucun de ses deux noms de familles, elle ressentait le fait que ces crétins utilisent son "nom de Frontalière" comme une victoire, aussi stupide que cela puisse paraître.

Ceci dit, elle n'eu pas le loisir d'y réfléchir longtemps car la situation dégénéra assez rapidement. Sans se soucier du Thül menaçant, plusieurs Frontaliers dont Ersyl et Neyd se jetèrent sur Nirina. La disposition des lieux ne leur permettait cependant pas d'attaquer tous en même temps, et Nirina sourit en les accueillant : elle avait beau être en minorité, elle savait qu'elle n'était pas seule et surtout, elle se savait douée en combat à main nues, encore plus maintenant qu'elle s'entraînait avec des Frontaliers plus âgées suite à son entraînement avec Syane. Elle savait que l'affrontement était inévitable mais elle ne le regrettait pas vraiment, au contraire, elle allait pouvoir se défouler! Et malgré l'infériorité numérique, elle ne doutait pas de pouvoir se débrouiller d'une façon ou d'une autre...

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Alec arriva finalement au comptoir, jouant des coudes, face à Branson. Un verre propre et un linge à la main, il l’y accueillit avec un sourire, paraissant toujours aussi content de le voir. Alec lui rendit son sourire.

L’homme était un Frontalier. Il avait été gravement blessé lors d’une bataille contre l’armée Raïs, l’handicapant sérieusement, ses deux jambes ayant été gravement blessées. L’une avait dû être amputée, remplacée aujourd’hui par une jambe de bois invisible sous son pantalon, et l’autre était restée raide, empêchant Branson d’exercer sa position de capitaine de division au sein de l’armée Frontalière.

Les évènements menant à ses mutilations remontaient à avant la naissance d’Alec. Il avait été compagnon d’armes et meilleur ami de son père, donc était resté proche de la famille, même après s’être retiré du service militaire, jusqu’aux évènements ayant causé la mort de Yäan. Après cela, rien n’avait été pareil pour personne.

Branson n’avait pas perdu sa réputation de héros de guerre et de haut gradé au sein des Frontaliers, et beaucoup le tenaient en respect. Alec n’était pas étonné de voir ainsi beaucoup de Frontaliers dans son établissement.

Le vieux tavernier lui fit signe de s’approcher afin qu’il n’ait pas à crier pour se faire entendre. Alec se pencha vers lui.

    « Désolé de te déranger avec tes amis. »


    « Ce n’est rien. »


Branson lança un coup d’œil vers la table qu’il venait de quitter et retourna un regard avec un sourcil haussé vers Alec. Il sourit, amusé, et Alec fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu’il y a avait de drôle. Il comprit lorsque Branson reprit, une note d’émotion dans la voix.

    « C’est bon de te voir sortir avec des gens, Alec. »


La jeune Frontalier serra les mâchoires pour ne pas faire une grimace et détourna son regard. Branson se racla la gorge et changea de sujet, ne voulant visiblement pas abuser et rendre Alec mal à l’aise. Ce sujet était plus que sensible.

    « Bon! Oui, je voulais te parler un instant seul à seul. En fait, j’aurais un service à te demander, si tu acceptes bien sûr. »


Alec hocha la tête et retourna ses iris verts vers l’homme de l’autre côté du comptoir.

    « Bien sûr. De quoi as-tu besoin? »


    « En fait, cela m’embête de devoir te le demander, mais j’ai quelques problèmes avec Pia et Cio. Ces deux têtes de mules ne veulent plus coopérer pour tirer ma charrette depuis quelques semaines. Je suis donc à pied. Je n’ai rien contre une marche de santé, mais, tu connais la jambe de bois, elle n’est pas toujours du même avis. J’ai demandé au dresseur de chevaux de la Citadelle, mais il m’a dit que mes deux juments étaient plus têtues que moi! Il n’a rien pu faire. Donc… j’ai pensé à toi. Tu as toujours eu le don de ton père avec les chevaux. »


Alec sourit. Les deux juments, Pia et Cio, qui tiraient la charrette de Branson depuis deux décennies avaient une réputation presque aussi grande que celle de leur maitre. Têtues et dotées du pire caractère qu’on puisse penser pour un cheval, elles étaient généralement craintes et faisaient parler d’elles dans les ragots.

Alec sentit une bouffée de fierté montée en lui lorsque Branson le compara à son père. Ce dernier avait toujours été un modèle, un héros pour lui. Et il était vrai qu’il aimait travailler avec les chevaux. Il s’empressa donc d’accepter son offre avant que la mine bourrue de Branson n’indique qu’il retirait son offre. L’homme détestait devoir demander de l’aide et avait l’une des fiertés les plus grandes qu’Alec a jamais croisées.

    « Cela me ferait plaisir, Branson. Je pourrais passer chez toi dimanche matin prochain si tu veux. Je ne peux rien te promettre, mais j’essaierais. »


Un large sourire étira le visage du tavernier. Alec se douta qu’il lui demandait son aide non pas uniquement pour régler ses problèmes de jument récalcitrante, mais pour le revoir un peu. Alec se sentit coupable d’avoir tourné le dos à cet homme qui, finalement, avait été la seule figure paternelle dont il se souvenait du visage. Il s’en voulait pour beaucoup de choses. Mais peut-être arriverait-il à réparer certaines de ses erreurs?

Branson donna une tape dans le bras d’Alec et lui tendit sa main pour sceller leur marché. Alec la serra alors que l’homme ajoutait :

    « Parfait! Et tu resteras à diner, bien sûr. Ma voisine, tu te souviens de la vieille Mme Adèle, crois que je suis incapable de me nourrir seul. Seulement hier, elle m’a donné cinq tourtes de siffleur hier et je ne crois pas pouvoir manger ça tout seul avant qu’elles ne se gâtent. Tu vas voir, elle est une excellente… Mais qu’est-ce qui se passe là-bas? »


Branson s’était redressé, les sourcils froncés, et Alec se retournèrent au même moment qu’un cri d’une voix connue s’élevait dans la salle, faisant se taire la plupart des conversations.

    « Hey! »


Alec aperçut Ayden, debout de toute sa hauteur, faire face à 7 jeunes Frontaliers, puis l’un d’eux tenter d’attraper Nirina par le bras. Aussitôt, Alec se jeta en avant, mais pas avant de voir le Frontalier qui avait tenté de toucher la jeune femme se prendre une table, repoussée violemment par cette dernière. Il les perdit quelques instants de vue, le temps de se frayer un chemin en poussant et bousculant les clients.

Il n’avait aucune idée de ce qui s’était passé ou du pourquoi de l’affrontement, mais il n’avait pas besoin d’en savoir plus. Nirina et Ayden étaient ses amis. S’ils étaient attaqués, il n’avait aucune question à se poser avant de sauter dans la mêlée.

Il déboucha à l’endroit de leur table au moment où Nirina s’occupait avec brio d’un premier type, un peu soul. Elle excellait visiblement en combat à main nue, et Alec eut une seconde d’admiration pour ses mouvements.

Alec aperçut un deuxième garçon vouloir attaquer Nirina par le côté, alors qu’elle avait les mains et les yeux ailleurs, et Alec serra les dents, son regard aussi dur et froid que l’acier.

Sortant de nulle part, il surprit le jeune frontalier et lui bloqua le chemin, l’empêchant d’attaquer Nirina. Il lui attrapa le bras et dans un même mouvement expert, tordit celui-ci dans son dos, le faisant crier de douleur, et le repoussa violemment vers la masse de ses congénères, retenus à l’arrière dans l’espace exigu.

Il attrapa un deuxième jeune homme par l’épaule et le poussant en avant, profitant que l’alcool affectait son centre de gravité, lui crochetant en même temps la jambe, l’envoyait s’étendre au sol en se tenant la jambe, grimaçant. Alec n’était pas un expert en corps à corps, mais comme tout frontalier, il avait un bon entrainement en la matière. Sa spécialité était évidemment l’archerie.

Son arrivée sembla surprendre les jeunes frontaliers, et Alec profita de leur instant d’hésitation. Se redressant de toute sa hauteur, il fit un pas en avant vers eux, menaçant, les foudroyants du regard.

Il allait se jeter sur le premier homme venu à sa portée, mais il reconnut alors les visages devant lui et son cœur rata un battement. Au même moment, l’homme en face de lui, visiblement le chef de la bande, fit la même constatation que lui et un sourire mauvais étira ses lèvres.

Le jeune Frontalier face à lui se nommait Neyd. Il devait tout juste être devenu Frontalier à part entière, et c’était à n’en point douté la fin de leur entrainement que les jeunes Frontalier étaient venus fêter ce soir-là. Neyd avait 18 ans. Il avait été dans les mêmes classes que le jeune frère d’Alec, Yaän. Ce dernier, à cause de son handicap à la jambe, était quelques années en retard dans son entrainement par rapport aux autres jeunes de son âge. Lui qui aurait dû avoir 22 ans aujourd’hui s’était entrainé avec des jeunes de 4 ans plus jeunes. Cela n’avait pas empêché les moqueries, au contraire, cela les avait alimentés.

Neyd avait toujours été à la tête des moqueries à l’égard de Yaän. Mais Yaän avait fini par gagner sa place. Et bien que les moqueries ne cessent jamais vraiment, dans les deux dernières années de sa vie, Yaän avait été accepté par la bande de Neyd. Il les considérait même comme des amis.

Aujourd’hui, Neyd vouait à Alec une haine et un mépris plus grand que n’importe qui. Il le tenait pour responsable de ce qui était arrivé à son frère, et n’avait de cesse, depuis 5 ans, de le dire et le redire à tous ceux qui voulaient bien l’entendre.

Alec se figea, poings serrer, alors que Neyd jubilait.

    « He ben ça! C’est le bouquet! »


Neyd lança un regard vers Nirina et ajouta à son intention :

    « Je croyais que tu choisissais mal tes amis, Sil’Kallian, mais avec ton petit copain ici, tu touches vraiment le fond. »


Les poings d’Alec étaient tellement serrés qu’il sentit ses ongles fendre sa peau. Il tenta de détendre ses muscles, mais se rendit compte alors que tous ses muscles, jusqu’à sa mâchoire, s’étaient solidifiés comme de la pierre.

    « Tu crois vraiment qu’il pourra te protéger, ce type? Mmm? Même une semi-frontalière telle que toi doit savoir ce qu’il a fait, non? »


Alec était incapable de bouger. Comme transformé en pierre. La douleur dans ses paumes était de plus en plus vive, mais il ne ressentait rien. Le sang lui battait dans les oreilles et la gravité semblait avoir changé de place. Neyd le regarda, interrogatif, et Alec ne put réprimer le réflexe de baisser les yeux.

Neyd éclata de rire.

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Bon. On allait repasser pour la soirée parfaite.

Ayden jura par la Dame et le Dragon, maudissant ces jeunes Frontaliers effrontés et fauteurs de troubles d’avoir mis un tel bémol sur leur soirée. Non, mais, pour qui ils se prenaient ceux-là!? N’avaient-ils aucune idée de l’effort qu’il lui avait fallu pour trainer Alec jusqu’ici, et tout l’effort supplémentaire pour lui arracher un sourire et le faire se détendre un peu, cet entêter?

Au moins, il avait une satisfaction. Pour leur insolence et leur faute d’avoir gâché ses efforts, il avait au moins la chance et le plaisir de leur faire connaitre ses poings, qui allaient se charger de leur transmettre ce qu’il pensait d’eux et de leur jeu ridicule.

Sur une note plus sérieuse, à vrai dire, la situation n’était pas à rire du tout. Ayden ne disait jamais non à une bonne bagarre de bar, mais la situation présente était différente. Il ne s’agissait pas de deux ivrognes se prenant la tête pour des bagatelles ou qui jouait à « mon cheval est plus gros que ton cheval ».

D’un, leurs intentions étaient plus que malsaines à l’égard de Nirina. D’une façon qui était impardonnable aux yeux du Thül. Et visiblement, il en était de même pour Nirina. Cela amenait l’affaire à un tout autre niveau, beaucoup plus sérieux qu’une prise de bec dans un bar.

De deux, il s’agissait de Frontaliers. Ayden savait que même soul, un jeune Frontalier avait les capacités nécessaires pour mettre environ n’importe qui au tapis. Environ n’importe qui. Car de l’autre côté, Nirina et Alec, quoi qu’en sous-nombres, étaient également des Frontaliers. Il n’avait aucun moyen de juger la valeur guerrière réelle de ces types, mais pour connaitre Alec, l’avoir vu se battre et s’entrainer, il ne doutait pas qu’ils ne lui présenteraient qu’un problème mineur. Il eut la chance de voir à l’instant même Nirina envoyer le type qui avait voulu la saisir se prendre une table quelques pas plus loin, sans la moindre difficulté. Il en conclut donc la même chose.

L’un des jeunes Frontaliers s’écria ensuite cette phrase, puis ce fut le chaos.

    « Non, mais ça va pas? On va te montrer qui sont les forts ici, Sil’Kallian! »


Ayden n’en attendit pas plus. Voyant les Frontaliers les plus près s’élancer vers Nirina, il en attrapa deux par les épaules, merci à sa grande taille. Il les tira vers l’arrière avec une telle force qu’il fut lui-même entrainé dans son mouvement et percuta leur propre table en reculant, faisant se renverser les chopes de bière sur le sol.

L’un des deux Frontaliers, le plus soul des deux, eut quelques fractions de seconde de trop d’embêtements. Ayden en profita pour le saisir par la nuque et se servir de sa tête pour tenter d’assommer le deuxième Frontalier, donc les capacités étaient moins affaiblies, et qui s’était déjà relevé pour l’affronter.

Son coup rata, le deuxième frontalier l’ayant adroitement esquivé, mais il n’avait pas prévu le deuxième poing d’Ayden qui fusa vers son visage à l’instant où la tête du premier Frontalier s’effaçait. Il le percuta de plein fouet, sentant les os durs du visage de son adversaire sur ses jointures, faisant craquer sa main. Touché, le Frontalier fut projeté vers l’arrière et tomba à la renverse dans l’attroupement de ses compagnons, faisant trébucher tout le monde.

En ce qui concerne le premier Frontalier dont la tête avait servi Ayden, ce dernier avait poursuivi son mouvement d’attaque vers le sol et avait envoyé le Frontalier embrasser le plancher de bois avec toute la force de son élan. Il aurait mal au crâne demain celui-là, et pas seulement à cause de l’alcool…

Ayden, qui avait jusqu’alors été accroupi suite à leur chute à tous trois sur la table se relava d’un bond, son regard lançant des éclairs, prêts à se rejeter dans la bataille. Il releva son point, s’élevant de toute sa hauteur et sa carrure de Thül typique, menaçant, et s’apprêta à lancer son cri de guerre personnel lorsqu’Alec fut soudain devant lui.

Il ne l’avait pas vu arriver, ayant été occupé avec les deux Frontaliers, mais à en juger par l’état de deux Frontaliers au sol face à lui, il se dit qu’il n’avait pas mal jugé les capacités guerrières de son ami, même contre des membres de son propre peuple. Il se tenait maintenant face au groupe de jeunes hommes qui semblaient surpris par son arrivée. Ils avaient cessé de leur tomber dessus comme des mouches et leur attention avait été détournée de Nirina un instant pour se focaliser sur Alec. Plusieurs semblaient hésiter.

La réaction du chef de la troupe sidéra littéralement Ayden. Jubilant, il s’écria, au bonheur de ses compagnons, même ceux déjà amochés par le trio d’amis :

    « He ben ça! C’est le bouquet! Je croyais que tu choisissais mal tes amis, Sil’Kallian, mais avec ton petit copain ici, tu touches vraiment le fond. »

Ayden sentit un grondement moins humain qu’animal monter en lui. Tout chez ce personnage lui était finalement antipathique. Il allait rétorquer quelque chose de cinglant à cet imbécile et hautain Frontalier, dont il n’était à son avis pas digne de porter le titre, mais l’expression d’Alec détourna toute son attention. Son ami s’était figé. Aussi raide que s’il avait été fait de pierre. Son expression était comme il ne lui avait jamais connu. Il en refoula un certain frisson, étonné que le regard d’Alec ne fasse pas fondre littéralement sur place le chef de la troupe qu’il fixait droit dans les yeux.

Qu’est-ce qui pouvait bien rendre Alec dans cet état? Oui, il était souvent maussade ou grognon, il l’avait expérimenter à son plein potentiel plus tôt dans la soirée, mais pour le reste, Alec était quelqu’un d’avenant, toujours prêt à aider n’importe qui, protecteur, doux et à l’écoute des émotions des autres mêmes, maitre de ses émotions et plus sage que bien des hommes beaucoup plus vieux que lui. C’était l’un des Frontaliers ayant le plus grand cœur qu’il ait jamais rencontré, malgré cette ombre permanente flottant au-dessus de sa tête, et son isolation volontaire. Mais cette flamme qu’il voyait dans ses yeux était tout le contraire. Froid. Sauvage. Prédateur. Il se dit soudain qu’Alec avait ainsi le même regard qu’Écho. Le même regard qu’un loup.

Ledit personnage désagréable continua sur sa lancée, insensible, ou inconscient, à ce qu’il avait déclenché en Alec.

    « Tu crois vraiment qu’il pourra te protéger, ce type? Mmm? Même une semi-frontalière telle que toi doit savoir ce qu’il a fait, non? »


Il se passa ensuite quelque chose d’encore plus étonnant. Ayden croyait qu’Alec allait sauter à la gorge de l’insolent Frontalier, pour toutes sortes de raison, mais lorsque les dernières paroles de ce dernier furent prononcées, l’énergie d’Alec changea drastiquement de nouveau. Toujours aussi figée, une ombre passa sur son visage. CETTE ombre. Celle-là même qui planait au-dessus de sa tête et qu’Ayden avait parfois pu entrapercevoir.

Puis, Alec baissa la tête. Comme un coupable condamné à être pendu. Et le chef de la troupe éclata de rire.

C’était trop. C’en était assez.

Ayden s’avança jusqu’à être à la droite d’Alec et fusilla le type du regard, rendu plus menaçant encore par sa colère, quoique cela ne semblait pas impressionner les Frontaliers. Les autres clients de la taverne, par contre…

    « Que des histoires. Et vos histoires ne nous intéressent pas. Je vous conseille de sortir de cette taverne immédiatement. »


Ayden avait prononcé ces mots même s’il savait d’avance qu’ils n’auraient aucun effet. Au moins, il les aurait prévenus. De ce fait, ignorant totalement sa menace courtoise, le chef de la bande, toujours hilare, s’adressa pour la première fois à lui, avec un dédain et un amusement lui faisant grincer les dents.

    « Je parie que tu ne sais pas non plus, le Thül! Et crois-moi, c’est plus qu’intéressant, pas vrai? »


Les autres approuvèrent et le groupe sembla se rapprocher, comme une troupe de bêtes sauvages sur le point d’attaquer. Ayden serra les poings. Ils n’étaient pas les seuls à savoir se battre.


    [Bon, il s’est passé assez de choses, je laisse Nirina répondre^^]




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Neyd fut le premier à arriver au niveau de Nirina, au plus grand plaisir de cette dernière. Celui qu'elle avait le plus envie de taper en ce moment, entre Ersyl et lui, c'était à coup sûr Neyd! Elle se rendit cependant très vite compte que l'alcool affectait moins ses capacités guerrières que le blondinet qu'elle avait repoussé tout à l'heure, ce qui ne l'empêcha pas de dominer l'affrontement relativement facilement. Après tout, elle n'était pas bourrée, elle, elle avait 2 ans d'expérience en plus et surtout, si elle devait avoir une spécialité parmi les différents domaines de prédilection des Frontaliers, c'était bien le combat à mains nues! Elle réussit à placer quelques coups bien sentis avant de le repousser vers ses camarades, voyant Ayden s'occuper de deux autres Frontaliers. En revanche, elle ne se rendit compte qu'après qu'Alec les avait rejoint et s'était occupé d'Ersyl, qui avait sans doute prévu de l'attaquer quand elle avait le dos tourné.

Maintenant, plus de la moitié du groupe de Frontalier s'était frottée au trio et cela, ajouté à l'arrivée du Frontalier, suffit à calmer le jeu pendant un instant. Cependant, Nirina comprit rapidement au regard qu'échangèrent Alec et Neyd que ce n'était pas tout. Ces deux là se connaissaient, et visiblement, l'archer s'entendait aussi mal avec Neyd qu'elle!

    « He ben ça! C’est le bouquet! »


Le jeune Frontalier abordait une telle expression que Nirina avait déjà envie de lui coller à nouveau son poing dans la figure, voir même ailleurs pour plus de résultats.

    « Je croyais que tu choisissais mal tes amis, Sil’Kallian, mais avec ton petit copain ici, tu touches vraiment le fond. »


Cette fois, Nirina haussa un sourcil, intriguée. Qu'est-ce que c'était que ces histoires? Elle ne prêtait que peu d'intérêt au jugement que Neyd pouvait porter sur Alec, elle faisait confiance à son propre jugement, merci bien, néanmoins elle se demandait ce qui pouvait bien lui faire dire ça. Elle comprenait le problème qu'il avait avec Ayden, c'était parce que ce dernier était un Thül et qu'il faisait parti de ces Frontaliers qui gardaient et alimentaient les vieilles rancœurs. Elle savait aussi ce qu'il lui reprochait, à elle, c'était ses origines, plus précisément du côté de sa mère, et son incapacité à monter à cheval. Mais Alec? Qu'est-ce qu'il pouvait bien reprocher à Alec? C'était un Frontalier, un très bon archer puisqu'il était dans la division archère, et également un excellent cavalier du peu qu'elle en avait vu et qu'elle pouvait juger, alors qu'est-ce qu'il pouvait bien avoir contre lui? Pourquoi le portait-il si bas dans son estime? Maintenant qu'elle se retrouvait dans cette situation, Nirina eu soudain l'impression de se souvenir avoir entendu une histoire au sujet d'un Frontalier de la division archère, mais elle accordait si peu d'intérêt à ce genre d'histoire étant donné la rumeur qui circulait sur elle même qu'elle n'arrivait pas à ce souvenir ce que cette histoire racontait...

Alec, lui, avait l'air de parfaitement savoir à quoi il faisait allusion car, même sans le regarder, elle le sentait incroyablement tendu. Ayden aussi était énervé, mais sans doute plus par les paroles de Neyd que parce qu'il savait à quoi il faisait référence. Maintenant qu'elle y pensait, Nirina ne connaissait pas si bien Alec que ça. C'était assez étrange en fait, elle le connaissait depuis peu de temps et pourtant elle avait l'impression de le connaître depuis toujours tellement elle se sentait à l'aise avec lui. Elle avait très vite appris à l'apprécier, et ça, ce n'était pas le cas avec tout le monde! Mais elle devait bien avouer qu'elle ne connaissait pas sa vie, ni sa famille, et tant d'autres choses à son sujet. Elle avait senti à quelques reprises depuis qu'elle le connaissait une sorte d'ombre passer sur son visage, comme s'il avait un secret, un mauvais souvenir, un traumatisme même, qu'il cherchait à cacher. Peut-être était-ce lié à ses cicatrices, en tout cas Nirina n'avait jamais osé le questionner à ce sujet, étant donné que la première fois qu'elle avait remarqué cette ombre, elle venait alors de le rencontrer et le connaissait depuis quelques minutes à peine.

    « Tu crois vraiment qu’il pourra te protéger, ce type? Mmm? Même une semi-frontalière telle que toi doit savoir ce qu’il a fait, non? »


Nirina commençait à s'énerver de plus en plus, elle aussi. Ce n'était pas l'attitude de Neyd envers elle qui lui posait problème. Il n'y avait plus cet air malsain dans le regard du groupe contrairement à tout à l'heure, et le "semi-frontalière" ne la gênait pas le moins du monde, au contraire, elle trouvait que cela lui correspondait plutôt bien vu qu'elle même avait du mal à se considérer comme une Frontalière à part entière. Non, ce qui la gênait franchement, c'était le comportement de Neyd et les regards des autres vis à vis d'Alec. Qu'ils se moquent d'elle, c'était une chose, mais qu'ils se comportent ainsi avec un ami, c'en était une autre. Complètement différente. Ceci dit, pour être honnête, l'idée comme quoi elle avait besoin d'être protégée la dérangeait beaucoup aussi. C'était typiquement ce genre de discours qu'elle détestait, mais elle n'était pas surprise d'apprendre que Neyd comptait parmi les Frontaliers machos de la Citadelle!

Nirina lança un coup d'oeil à Alec et s'aperçut avec surprise qu'il avait baissé les yeux, comme honteux. Cela eu pour effet de faire éclater de rire Neyd, et Nirina du à nouveau faire appel à toute sa patience pour ne pas aller lui montrer de ce pas que c'était plutôt lui qui aurait bientôt besoin d'une protection.

Encore une fois, heureusement, Ayden agit avant que la Frontalière ne se soit décidée à suivre une pulsion stupide et il vint se planter à la droite d'Alec, menaçant.

    « Que des histoires. Et vos histoires ne nous intéressent pas. Je vous conseille de sortir de cette taverne immédiatement. »


Hélas, Nirina s'y attendait, l'avertissement, pourtant bien plus clair que le précédent, n'eut pas plus d'effet que le premier, sinon que Neyd daigna enfin lui adresser directement la parole.

    « Je parie que tu ne sais pas non plus, le Thül! Et crois-moi, c’est plus qu’intéressant, pas vrai? »


Les autres se rapprochèrent comme pour encourager leur chef, et Nirina sentit qu'Ayden risquait de bientôt reprendre les hostilités. Plusieurs clients, visiblement du même avis, avaient déjà commencés à vider la taverne, de peur de se retrouver impliquer, et la pièce s’éclaircissait de plus en plus, ce qui était plutôt une bonne nouvelle. C'était toujours plus facile de se battre quand on a plus d'espace après tout, néanmoins Nirina savait que, même si elle avait confiance en les capacités de ses amis, il n'était pas exclu que la bagarre tourne mal pour eux. C'était à cause d'elle que tout cela avait commencé, après tout, si Neyd ne l'avait pas vue, rien ne serait arrivé, et elle n'était pas sensée être là. Il était hors de question qu'Ayden ou Alec se retrouve blessé à cause d'elle, elle fit donc un effort pour calmer la situation, songeant que de toute façon, le groupe qui leur faisait face se ferait sans doute remonter sérieusement les bretelles pour leur comportement ici dès que les Frontaliers plus âgées en auraient entendu parler!

Nirina s'avança donc légèrement histoire de distraire tout le monde... Et d'être assez près pour cogner si besoin, et elle lança à Neyd, le regard brûlant, la voix menaçante et en appuyant bien chaque mot :

    - Je n'ai aucunement besoin qu'on me protège, et si Alec a envie de nous raconter sa vie, il le fera lui même. Maintenant, allez cuver votre vin ailleurs.


Le Frontalier ne parut pas bien prendre la dernière phrase, car son visage se teinta aussitôt de mépris et, sur la fin, de haine.

    « Et comment une peureuse dans ton genre pourrait bien se défendre seule, hein? T'es même pas fichue d'approcher un cheval à moins d'un mètre! Quant à lui, fit il en fixant Alec, il n'est même pas digne d'être Frontalier! Un jour, il... »


Neyd ne finit pas sa phrase. Tout concentré qu'il était à regarder Alec avec toute la haine qu'il pouvait, il n'avait pas vu le coup venir. Sans prévenir, Nirina avait envoyé un coup de pied vers la tempe du Frontalier, et ce dernier toucha sa cible, envoyant le Frontalier à terre et entraînant même un de ses copains dans sa chute. Il n'allait pas se relever tout de suite celui là, aussi solides que soient les Frontaliers, la tempe était un point faible! La situation dégénéra aussitôt en bataille générale. Ersyl c'était visiblement remit de sa rencontre avec Alec car ce fut le premier à se jeter sur Nirina tandis que ses voisins se jetaient sur ses deux amis. Sans aucun scrupule, Nirina lui envoya à lui aussi un coup de pied, mais pas au même endroit. Celui ci visait l'entre jambe, et il atteint sa cible. Ersyl tomba aussitôt à genoux, et Nirina l'écarta d'un autre coup de pied, aux côtes cette fois.

Ce genre de coup aux parties génitales étaient normalement très peu utilisés par les Frontaliers, mais contre des types pareils, Nirina n'avait jamais aucun remord à l'utiliser, surtout que les Frontaliers s'y attendaient moins qu'aux autres coups. Un nouvel adversaire aux cheveux noirs de jais pris la place d'Ersyl tandis que Nirina voyait du coin de l’œil le blondinet qu'elle avait repoussé tout à l'heure attaquer Alec. Elle s'assura rapidement que le Frontalier et le Thül s'en sortaient très bien de leur côté, puis elle esquiva la première attaque de son nouvel adversaire, un certain Cork si sa mémoire était bonne. Celui là était meilleur en combat à main nue que ses copains, Nirina eu plus de mal à s'en débarrasser. Elle finit cependant par le toucher à la poitrine et elle termina en l'envoyant sur des assaillants d'Alec qui essayait de l'attaquer dans le dos.

Un rapide coup d'oeil lui permit de voir qu'Alec et Ayden s'occupaient très bien tout seuls des derniers Frontaliers encore debout tandis que certains se remettaient à l'écart, ou bien étaient carrément assommés. Elle en vit même un abandonner toute fierté et s'enfuir en courant après s'être frotté au Thül, ce qui la fit sourire.

    « Sale fille de Raï... » Fit soudain une voix à sa gauche. « Tu vas me le payer... »


Elle avait reconnu la voix d'Ersyl. Sûr qu'il devait lui en vouloir pour le coup dans les bijoux de famille! Alors qu'elle tournait la tête, prête à l'affronter à nouveau, Nirina entendit le son caractéristique du sabre qui quitte son fourreau et vit la lame arriver du coin de l’œil. Elle ne du qu'à l'entraînement des Frontaliers et à ses réflexes pour dégainer à temps pour parer l'attaque, et même si elle gardait son sérieux, au fond d'elle même elle était atterrée.

Comment pouvait-il attaquer un autre Frontalier avec son sabre? En duel, passe encore, mais là, par derrière et alors qu'il était saoul, ça se rapprochait beaucoup du déshonneur total pour un Frontalier à ses yeux. Comment pouvait-il oser se comporter ainsi? Décidément, ils étaient encore plus stupides qu'elle le croyait!

Ersyl, visiblement fou de rage et complètement inconscient de la gravité de ce qu'il faisait à cause des effets de l'alcool, enchaîna plusieurs autres attaques et Nirina ne put que les parer, encore trop hébétée par les actions de son adversaire. Elle se reprit rapidement et, alors qu'elle venait de parer une nouvelle attaque, elle envoya un coup de pied ayant pour but de faire tomber Ersyl. Cela marcha à merveille, le Frontalier étant après tout toujours saoul et surtout, peu de combattants à part ceux qui s'entraînaient avec Nirina avaient l'habitude de se battre avec quelqu'un qui utilisait à la fois son sabre et des techniques de combat à mains nues. Le garçon heurta une table dans sa chute et lâcha son sabre. Nirina profita du fait qu'il était à terre pour prendre les devant, utilisant des techniques de lutte au sol peu communes en Gwendalavir, même chez les Frontaliers, pour le mettre K.O. Elle rengaina alors son sabre et se retourna pour voir s'il restait des adversaires en état de se battre et pour s'assurer qu'il n'y avait eu aucun blessé parmi les rares spectateurs ni parmi ses amis.

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    « Que des histoires. Et vos histoires ne nous intéressent pas. Je vous conseille de sortir de cette taverne immédiatement. »


Alec n’entendit Ayden qu’à moitié, le sentant se positionner à ses côtés plus qu’autres choses. Il fut incapable de savoir ce que le soutien de son ami lui procurait comme émotion. Plus grand-chose ne faisait de sens à part ses souvenirs, la silhouette de Neyd devant lui et ses paroles.

    « Je parie que tu ne sais pas non plus, le Thül! Et crois-moi, c’est plus qu’intéressant, pas vrai? »


Alec perçut l’approbation de la troupe de jeunes frontaliers en distance. Il se retenait pour ne pas sauter à la gorge de Neyd. Des pulsions primaires, sauvages, très vives, battaient en lui. Il savait que s’il y cédait, il le tuerait. Et il ne pouvait pas céder.

Il était également figé pour une autre raison. Neyd n’avait pas tort. Chaque fibre de son corps le criait, le savait. Et cette idée même le terrifiait autant qu’elle le mettait dans une rage qu’il craignait. Il était sur le bord d’un gouffre et devait se débattre contre lui-même pour ne pas tomber, sachant pertinemment ce qu’il y avait au fond, et voulait à tout prix ne pas y arriver.

La voix de Nirina s’ajouta à celle d’Ayden. Ce ne fut pas ses paroles, mais simplement sa voix qui lui permit de recommencer à respirer. Il ne s’en était pas rendu compte, mais il avait cessé de le faire lorsqu’il avait croisé le regard de Neyd plus tôt.

    « Je n’ai aucunement besoin qu’on me protège, et si Alec a envie de nous raconter sa vie, il le fera lui-même. Maintenant, allez cuver votre vin ailleurs. »


Alec fut alors empli d’un sentiment d’urgence. S’il ne faisait pas quelque chose, ça allait mal finir. Les 7 jeunes hommes face à eux avaient beau être dans des états plus ou moins avancés d’alcoolémie, ils n’en restaient pas moins des Frontaliers. S’ils décidaient que la question devenait plus sérieuse encore, et que des duels étaient lancés, ses amis pouvaient être blessés, ou pire. Il ne put faire autrement que de se sentir coupable. Certes, la bagarre avait commencé sans lui, pour des raisons qu’il ignorait, mais il était clair qu’il avait aggravé les choses.

Son esprit chercha une solution rapide, éviter le plus d’affrontement possible, car au moins un affrontement était inévitable. Un seul, peut-être? Un duel. Il devait provoquer Neyd en duel, c’était la solution. Il ne le souhaitait pas, mais c’était peut-être la seule option pour éviter que quelqu’un soit blessé. Il ne pourrait pas volontairement le tuer ni le blesser gravement dans de telles circonstances, il le savait. Mais il connaissait ses capacités et le tempérament de Neyd. Il pourrait parvenir à lui faire perdre son duel, peut-être même sans sortir son sabre, en l’esquivant et en l’épuisant, tout en restant le plus calme possible lui-même. Son mentor lui avait appris cette technique. Oui, c’était probablement la bonne solution.

Mais avant qu’il n’ait pu articuler quoi que ce soit, le ton cinglant du jeune frontalier en question le devança.

    « Et comment une peureuse dans ton genre pourrait bien se défendre seule, hein? T’es même pas fichue d’approcher un cheval à moins d’un mètre! Quant à lui, il n’est même pas digne d’être Frontalier! Un jour, il… »


Il ne finirait finalement pas sa phrase. Telle une flèche sortie de nulle part, le pied de Nirina était venu percuter violemment la tempe de Neyd, coupant court son élan et le projetant vers l’arrière. C’était trop tard pour son ébauche de plan, la bataille générale venait d’être sonnée.

La salle s’était à moitié vidée depuis le début des hostilités, et ils avaient maintenant plus que la place nécessaire pour se battre. Alec réagit avec la force de l’entrainement, plus sur l’automatisme que portant réellement son attention sur le combat. Il esquivait et repoussait ses assaillants sans vraiment remarquer de qui il s’agissait.

Tout se passait très vite. Au bout d’un court moment, Alec lança un regard à la ronde pour s’assurer qu’Ayden et Nirina n’étaient pas en mauvaise posture et remarqua au passage que trois des sept Frontaliers qu’ils affrontaient étaient hors d’état de nuire. Il en vit alors un sortir de la taverne en courant - s’échappant d’un Ayden en colère? – avant qu’un nouvel adversaire ne tente de lui envoyer un coup de poing au visage.

Le temps qu’il se débarrasse de son adversaire – en l’esquivant, ce qui, au vu du dernier élan et de l’état d’ébriété de son adversaire, l’envoya s’effondrer tout seul quelques pas plus loin dans une table – il perdit le fil des combats de ses amis. Il se retourna à temps pour voir Nirina désarmer un type ayant sorti son sabre, ce qui le fit intérieurement rager contre celui-ci. Comment osait-il sortir son sabre en de pareille situation celui-là? Un bagarre de bar était une chose, même un pour frontalier, mais en aucun cas le sabre ne devait être utilisé pour ce genre de situations futiles. S’il désirait un duel au sabre, qu’il en lance un, pour voir! Ce genre de types était la honte des frontaliers. Il allait s’élancer vers Nirina et ce moins que rien qu’elle venait de jeter au sol, mais quelqu’un lui barra la route.

Neyd.

Visiblement remis du coup que lui avait porté Nirina, il s’était planté face à lui, le défiant du regard, aussi agressif et méprisant qu’il pût l’être. Du sang avait légèrement coulé de sa lèvre fendu et Neyd s’essuya du revers de la main sans le lâcher des yeux. Alec sentit la raideur dans son corps et son cœur revenir, mais il tenta de la refouler. Il ne pouvait pas figer de nouveau.

Mais il y avait quelque chose en lui qu’il craignait, quelque chose que l’immobilité avait permis de ne pas éveiller jusque-là. Cette force froide et sourde. Ce cri si fort et contenant plus de colère qu’il ne pouvait l’imaginer. Cette haine sourde servant à dissimuler, il le savait trop bien, une quantité insoutenable de douleur et de détresse. La haine pour ne pas mourir.

Il en avait honte. Il en avait peur. Il ne voulait pas devenir cette personne. Mais elle était là, inévitable, et son contrôle sur elle était une illusion.

Alec inspira profondément, aussi impassible, dur et froid que la pierre des montagnes du nord. Se maitriser, se contrôler. Sortir d’ici et laisser Neyd derrière lui. Sa bande n’était plus en état de nuire. Mais encore une fois, le jeune frontalier le devança. Neyd n’en avait pas fini avec lui.

Une haine visible se lisait dans ses yeux, contrastant avec le sourire faussement compatissant, malhonnête. Neyd avait perdu sur le plan de la force, il en était conscient. Mais il lui restait une carte pour tenter de gagner cette bataille. Il n’allait pas se gêner pour la jouer.

    « Tu dois être heureux de pouvoir prouver ta supériorité sur nous, non, Ezilea? Mais je dois t’avouer une chose… »


Neyd fit une pause, s’assurant d’un regard rapide qu’il parlait assez fort pour se faire entendre et que tous l’écoutaient. Rassuré sur son auditoire aux aguets, puisque les combats avaient cessé, il reprit.

    « Je ne pourrais surement jamais faire une chose pareille, mais je crois que je te comprends, finalement. L’honneur est une chose si importante, non? Si j’avais eu un frère infirme et faisant honte à ma famille depuis sa naissance, déshonorant le nom de mon siiii honorable père… Comme Yaan, tu vois? »


Neyd prit une pause, juste le temps de savourer l’effet que prononcer ce nom avait sur Alec. Il ne fut pas déçu, puisque ce dernier tiqua et sa mâchoire se tordit en une tentative de contrôler sa haine. Le Frontalier ne respirait plus. Le sang lui battait aux oreilles et ses mains étaient engourdies. Il fallait qu’il s’en aille avant que Neyd puisse dire autre chose, où il n’allait plus pouvoir se contrôler. Il le devait…

    « Mais malgré tout, je n’aurais pas eu la force de la faire, j’ai peur de le dire. Mais toi, tu es si fort, n’est-ce pas Ezilea? Plus fort que tout le monde, non? »


Dans un effort de volonté incroyable, son corps fut parcouru d’un frisson et il tourna les talons, marchant droit en direction de la sortie. Cela n’empêcha pas Neyd de hausser la voix dans son dos pour porter son coup final.

    « Si fort que tu as pu laisser mourir ton frère. »


Neyd n’eut pas le temps de savourer sa victoire.

Un bruit vif et rapide traversa la pièce, fendant l’air, et une flèche vint percuter la manche droite de Neyd, lui éraflant la peau et le projetant vers l’arrière. La flèche le cloua telle une poupée sur la poutre derrière lui. Avant qu’il ne comprenne ce qu’il lui arrivait, un deuxième bruit se fit entendre et son autre manche fut épinglé contre la poutre de bois, l’immobilisant. Neyd tenta de se dégager mais quelque chose de froid et d’acérer effleura son coup. Il releva les yeux et blêmit.

Alec avait tiré deux flèches et avait franchis en quelques secondes seulement la distance les séparant. Encochant une troisième flèche, il la pointait maintenant sous la gorge de Neyd, son arc tendu à en faire pâlir les jointures de ses mains. Effleurant la peau de l’autre Frontalier du bout tranchant de sa fine pointe de flèche, il le forçait à relever la tête et à le regarder droit dans les yeux.

Le jeune Frontalier tenta de se libérer, mais les flèches étaient trop solidement plantées dans le bois et la flèche près de son coup rendait les mouvements brusques impossibles. Son expression était passée quelques instants plus tôt de la jouissance mesquine à l’incompréhension, puis maintenant à la peur.

Les yeux d’Alec n’avaient plus grand-chose d’humain, rendu si froid et dur, tellement empli de colère, vrillé telles deux flèches dans le regard fuyant de sa victime. Alec ne ressentait plus rien que cette force sauvage, cette haine et cette douleur sourde qu’il n’était plus que vaguement conscient de ce qu’il y avait autour de lui. Tout ce qui comptait était la chose ignoble devant lui qu’il s’apprêtait à tuer.

    « Alec! »


Le mot retentit une deuxième fois dans la salle – où dans sa tête? – avant que le Frontalier ne s’aperçoive qu’il s’agissait de son nom. À ce moment, le brouillard de colère dans son esprit sembla s’éclaircir et il se rendit compte qu’une main était posée sur son épaule. Sans détourner le regard de Neyd, il commença à reprendre contact avec la réalité et reconnut la voix qui lui parlait. Celle de Branson.

    « Alec, baisse ton arme. S’il te plait, mon garçon. »


Alec tressaillit et sentit le plancher flancher dangereusement sous ses pieds alors qu’il reprenait les rênes de son esprit, se rendant compte de la situation, mais ne bougeant toujours pas. La voix de Branson, calme et inflexible, lui parvint de nouveau.

    « Baisse ton arme et sort d’ici, Alec. Je m’occupe de lui. »


Alec hésita, mais ses muscles se débandèrent, ce que ne manqua pas de remarquer l’ancien Frontalier puisque ce dernier desserra sa poigne sur l’épaule d’Alec.

    « Maintenant, Alec. »


Alec baissa son arc et tourna sec les talons sans un regard vers Nirina, Ayden, Neyd ou qui que ce soit d’autre. Il sortit sans se retourner, ouvrant la porte sur la pluie battante à l’extérieur et laissant le vent la refermer brutalement derrière lui. Dans la pénombre de la lanterne de la taverne, il marcha droit vers la petite écurie ouverte où l’attendait Éclipse. D’une main, il rangea sa flèche et de l’autre, défit d’un geste brusque la bride de sa monture.

L’étalon sentit bien évidemment le trouble de son cavalier et devint légèrement nerveux, mais lorsqu’Alec sauta d’un bond sur son dos et l’éperonna, Éclipse réagit au quart de tour. Il plongea en avant, lancé au grand galop vers la noirceur de la nuit sans étoile, sous le ciel d’orage et la pluie diluvienne.

La pluie avait déjà trempé entièrement ses vêtements et ses cheveux alors que le vent glacé fouettait son visage. Son cœur battait si vite dans sa poitrine qu’il pensa devenir fou. Alec ne savait pas où il allait, mais cela devait être loin. Hors de la ville, de la Citadelle. Les souvenirs d’une soirée, cinq ans plus tôt, se chevauchaient avec les évènements de la soirée dans sa tête tel un maelström incessant, lui donnant envie de hurler.

Hurler…

Il ne savait plus rien à ce moment, sinon qu’il avait besoin de lui. Besoin d’Écho. C’était probablement la seule chose qui pouvait, en cet instant, lui éviter de tomber. Cédant à son malaise et à sa folie provoquée par la douleur, il rejeta la tête en arrière et appela son loup. La pluie couvrit sa voix, le tonnerre au loin encore plus, et il sentit son cœur se serrer, se sentant sur le point de basculer. Mais miraculeusement, une voix lui répondit. Près, très près, un loup lui répondait.

Écho avait dû rester aux alentours de la taverne et le suivre de loin lorsqu’il avait quitté en trombe les lieux puisqu’il apparut quelques instants plus tard à ses côtés sur le sentier, lui lançant des regards inquisiteurs. Alec sut alors où il devait aller, plus par instinct qu’autre chose. Il n’y avait finalement qu’un seul endroit où il pouvait aller maintenant. Le seul endroit où il sentait encore la présence de Yaan. Il fit tourner les rênes d’Éclipse en direction de la forêt.

La clairière sur le versant des montagnes bordant les marches du nord, à l’ouest. Là où il avait trouvé Écho, alors encore qu’un chiot mourant de faim. Là où il avait eu ses cicatrices. Là où Yaan était mort, tuer par un Géant dont il n'avait pas su le protéger. Là où, 5 ans plus tôt, lui aussi était mort, malheureusement sans vraiment mourir.


    [H.S. : Ok, j’ai réussi!!! Ouai!!! J’ai posté avant que tu ne partes en voyage, Nirina^^. Mais du coup, c’est beaucoup moins bien travaillé que je ne l’ais voulu. J'ai d'ailleurs pratiquement vomi la deuxième partie sur papier, par manque de temps, avant d'aller dormir xD Je retoucherais surement pendant tes vacances, héhé. Alors je te le redis, passe un beau voyage! Profite en bien ;) On t’attend patiemment ici^^]

    [H.S.2 : Et voila! Finalement éditer! Je n’ai pas changé grand-chose, jsute des tournures de phrases pour que le tout soit plus compréhensible et joli! À vous deux de jouer maintenant ;)]

descriptionLa taverne du Cheval Blanc  - Page 2 EmptyRe: La taverne du Cheval Blanc

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Ayden sentait son sang s’énerver de plus en plus contre ces types. D’abord, ils venaient leur chercher des noises sans raison. Ensuite, ils agissaient d’une façon si peu respectueuse et honorable avec Nirina. Puis ils s’en prenaient à sa nationalité Thül. Et maintenant, ils mettaient Alec dans un état qui faisait Ayden se demander s’il ne ferait pas mieux d’aller chercher un médecin! On pouvait difficilement faire pire en quelques minutes.

Nirina vint se poster, comme lui, aux côtés d’Alec pour faire face aux frontaliers sans honneurs devant eux. Ayden ne put se retenir de sourire. Il l’avait vu combattre et à eux trois, même en supériorité numérique, ces types n’avaient aucune chance.

    « Je n’ai aucunement besoin qu’on me protège, et si Alec a envie de nous raconter sa vie, il le fera lui-même. Maintenant, allez cuver votre vin ailleurs. »


Bien dit! Ayden se doutait que ces têtes de raïs ne suivraient pas plus ses conseils à elle que les siens, mais ce n’était pas pour lui déplaire. Il n’avait pas pu leur montrer réellement ce qu’un Thül savait faire à son gout. Ils riraient moins lorsqu’il leur aurait mis son poing au visage, les privant de l’utilisation de plusieurs de leurs dents, tiens!

Comme il l’avait intérieurement prédit, le type ne se rétracta pas et continua à cracher son venin. Pire qu’un pourpier cette tête de nœud!

    « Et comment une peureuse dans ton genre pourrait bien se défendre seule, hein? T’es même pas fichue d’approcher un cheval à moins d’un mètre! Quant à lui, il n’est même pas digne d’être Frontalier! Un jour, il… »


Et vlan! Dans les dents! Littéralement. Le pied de Nirina était parti si vite qu’Ayden lui-même sursauta. Il se reprit rapidement et un large sourire fendit son visage. Il aimait décidément beaucoup cette petite frontalière!

Il n’en fallut pas plus pour que la bagarre reprenne de plus belle, au grand plaisir du Thül. Rien ne l’amusait plus en cet instant que de leur mettre une bonne correction en pleine gueule. Et il ne se priva pas du tout pour le faire.

Alors que la moitié des acolytes du grand aux cheveux noirs réagit au quart de tour, l’autre moitié marqua un temps d’hésitation de trop. Ayden prit un élan de tout son poids par en arrière et ramena avec une force incroyable – celle faisant la réputation des Thüls – son poing dans la mâchoire du frontalier le plus proche. Ayden sentit ses jointures craquer lorsqu’il frappa l’os de la mâchoire de son adversaire, mais élancé dans la bataille, il ne ressentit presque pas le mal. De toute façon, ça en avait valu la peine. L’autre s’éleva de terre pour quelques fractions de seconde suite à l’impact et se retrouva sonné, complètement K.O., au sol plus loin.

Ayden se retrouva ensuite avec deux adversaires plus coriaces. Moins souls, ils étaient plus maitres de leurs capacités. C’était de bons combattants frontaliers et Ayden n’arriva pas avant un petit moment à briser la défense de l’un d’eux. Malgré tout, il nota que le niveau de ces frontaliers était beaucoup plus bas qu’il ne l’aurait cru. Soit on laissait des incapables devenir frontaliers de nos jours, soit ils avaient des parents influents… Il penchait pour la deuxième option. Et néanmoins, il ne fut pas peu fier de défaire la garde d’un frontalier, lui, un « simple » Thül considérer inférieur à eux par plusieurs.

Ainsi, d’un coup de coude, Ayden parvint à écarter le bras protégeant la garde de l’un des deux frontaliers. De sa main libre, il attrapa le jeune homme par le tissu de sa chemise, au collet, et le souleva de terre avec un grognement puissant et sauvage. Attrapant sa ceinture de son autre main, il souleva le frontalier en position horizontale et pivota en un arc de cercle sur lui-même. Avec un cri de Thül, il lança avec son élan le corps du frontalier à la manière d’un lanceur de poids en direction de son compagnon. La masse du corps du frontalier frappa l’autre en pleine poitrine et ils furent projeter tout deux sous la force d’impact sur la table derrière eux. La table vola en morceau.

Le Frontalier qui avait été projeté dans les airs se releva en hâte, dérapant sur le sol. Ayden fit mine de charger de nouveau vers lui en frappant le sol du pied et en criant de nouveau son cri de guerre, poings serrés. L’effet fut spectaculaire! Le frontalier aurait pu se retrouver face à un tigre des prairies, il n’aurait pas eu l’air plus effrayé. Les yeux paniqués, il s’enfuit à toutes jambes vers la porte de la taverne. L’autre ne se releva tout simplement pas, assommé par sa chute.

Ayden souffla des narines, satisfait, et se retourna pour observer la situation générale. Plusieurs frontaliers qu’ils affrontaient étaient au sol. Quelques-uns étaient hors d’état de nuire, mais d’autres se relevaient péniblement et seraient prêts à se remettre dans la bataille bientôt. Néanmoins, Ayden remarqua la lueur d’hésitation dans leur regard. Ils en avaient eu assez. S’ils le pouvaient, ils préfèreraient éviter de prolonger l’affrontement. Ayden se tourna vers ses compagnons.

Alec se contentait d’envoyer valser avec une agilité et une aisance surprenante ses adversaires. Il ne se battait pas vraiment, ne faisant que retourner les mouvements des frontaliers qu’il affrontait contre eux. Il bougeait avec une telle fluidité qu’Ayden fut un instant envieux, lui pour qui le point fort était sa force brute. Ayden se posa alors une question. Si Alec était aussi efficace maintenant, et que tout lui paraissait être d’une facilité enfantine… de quoi Alec était-il réellement capable?

Nirina s’en sortait très bien également, venant de désarmer un type qui avait était assez bête pour dégainer son sabre contre elle dans un endroit fermer. Cela se voyait que Nirina était une experte du corps à corps! N’importe qui, même un œil qui n’était pas expert, pouvait voir cela. Ayden n’aurait même pas tenté une joute amicale avec elle volontairement! Bien sûr, si elle le lui proposait, il le ferait sans protester, il avait un honneur tout de même! Mais il se doutait qu’il ne parviendrait jamais à briser sa garde à elle. Et le tapis l’attendait surement en fin de compte, ce qui ne l’enchantait pas vraiment.

Ayden se détendit enfin, massant son poing endolori. Il avait plusieurs points au corps qui lui faisait mal, notamment ses côtes droites où l’un des frontaliers était parvenu à placer un coup de pied. Mais il en avait vu d’autres, et de bien pires. Pour un affrontement face à une bande de frontaliers, il s’en était merveilleusement bien sorti. Qui avait dit qu’un Thül ne pouvait être de taille face à un frontalier?

Puis tout dérapa encore. Alors qu’il avait regardé Nirina mettre l’homme au sabre au sol, il ne s’était pas aperçu que le chef de la bande s’était remis de son coup à la tête et s’était dirigé droit vers Alec. Ayden maugréa en fronçant les sourcils. Il aurait parié qu’il allait remettre ça, avec ses conneries, ce fils de Goule! Il s’apprêta à le rattraper et lui coller son poing au nez pour le faire taire une bonne fois pour toutes, mais la langue du frontalier fut plus rapide que les jambes d’Ayden.

    « Tu dois être heureux de pouvoir prouver ta supériorité sur nous, non, Ezilea? Mais je dois t’avouer une chose… »


Ayden s’arrêta à quelques pas d’Alec et du type aux cheveux noirs. Maintenant qu’il s’était adressé à Alec, c’était à lui que le tout s’adressait. Il connaissait assez bien les coutumes des frontaliers pour savoir que se mêler d’une affaire personnelle, du combat d’un autre ou d’un duel était à proscrire. À moins que l’on veuille se retrouver avec un duel soi-même sur le dos. Il doutait qu’Alec lui lance un tel défi s’il se mêler de cette histoire, mais la force de l’habitude et du respect retinrent ses pas.

Et de toute façon, les paroles du type parlaient d’elle-même. Il n’avait plus l’intention de se battre, s’avouant vaincu, mais voulait jeter une dernière couche de venin sur le tas. Tss… Les frontaliers et leur fierté! Toujours à vouloir avoir le dernier mot, décidément.

Il lança un regard à Alec pour voir comment il gérait la situation cette fois. Il s’apprêtait à revoir le même scénario de statue de glace que précédemment, mais il fut surpris. Alec n’était pas figé. Il était différent. Tout dans sa position et son regard aurait mis en garde n’importe qui avec la moindre once d’intelligence ou d’instinct de survie. Et le type semblait être dépourvu de l’un et de l’autre. Alec se retenait visiblement, mais il était dangereux. Plus qu’il ne pouvait l’imaginer.

    « Je ne pourrais surement jamais faire une chose pareille, mais je crois que je te comprends, finalement. L’honneur est une chose si importante, non? Si j’avais eu un frère infirme et faisant honte à ma famille depuis sa naissance, déshonorant le nom de mon siiii honorable père… Comme Yaan, tu vois? »


À la mention du nom de Yaän, Ayden tiqua en même temps qu’Alec. Il savait qu’Alec avait eu un frère. Il ne connaissait pas son nom avant, mais maintenant si. Élia et Daerys se raidissaient à la moindre évocation de… quelque chose… et lançaient des regards inquiets vers Alec. Alors si elles étaient inquiètes de la réaction d’Alec à la mention de ses évènements visiblement reliés à la mort du frère d’Alec, Ayden sut que le frontalier aux cheveux noirs venait de faire une grave erreur.

Aveugle, il continua de jeter ses mots au visage d’Alec, se délectant de l’attention de l’auditoire, suspendue à ses lèvres. Dans la taverne, on entendait plus que les respirations difficiles de certains frontaliers blesser et la voix acide du chef de la bande.

    « Mais malgré tout, je n’aurais pas eu la force de la faire, j’ai peur de le dire. Mais toi, tu es si fort, n’est-ce pas Ezilea? Plus fort que tout le monde, non? »


La tension était à son comble. Comme un parfait metteur en scène, il avait maintenant atteint le sommet. Il pouvait porter son coup de grâce. Ayden aurait voulu faire quelque chose. Trouvez une solution, mais il était aussi figé que tout le monde.

Ayden regarda avec stupéfaction Alec tourner d’un mouvement sec le dos au type et se diriger vers la porte pour sortir. Ayden sentit alors un poids invisible se soulever de sur ses épaules et il soupira silencieusement. Le pire avait été évité. Alec avait eu la force de se retenir et la sagesse de tourner les talons et partir.

Le Thül se tourna vers le chef de la bande, maintenant libre de lui dire sa façon de penser, et fit un pas en sa direction. Son sang se figea lorsqu’il vit un sourire sadique étirer les lèvres du jeune homme. Il étira le bras et s’élança vers lui pour l’empêcher de parler. Malheureusement, il se trouvait à plusieurs tables de distance et il eut amplement le temps de réagir. Haussant la voix, il lança son coup final.

    « Si fort que tu as pu laisser mourir ton frère. »


Quoi? Non, c’était impossible. Ce frontalier déformait la réalité, racontait n’importe quoi. Jamais Alec…

Ayden ne put porter sa pensée plus loin. Incrédule, il écarquilla les yeux. Plus rapide qu’un pourpier, Alec s’était retourné, avec bander son arc et tirer deux flèches. Les yeux d’Ayden n’avaient pu suivre la vitesse du mouvement et il crut d’abord qu’une seule flèche avait été tirée. Mais en regardant dans la direction du frontalier aux cheveux noirs, il le vit embrocher par ses vêtements à la large poutre de bois derrière lui par deux flèches.

Ayden retourna la tête vers Alec, la bouche ouverte de stupéfaction, mais Alec n’était plus là. Il avait franchi la distance en courant et pointait maintenant une flèche sous la gorge du frontalier épinglé à la poutre. Aussi évident que soit le soleil dans le ciel, Ayden sut qu’Alec allait le tuer.

Il s’élança vers lui.

    « Alec! Alec arrête, ne fait pas ça! »


Ayden posa sa main sur l’épaule de ses amis, en proie à une sorte de panique d’urgence. Il devait empêcher Alec de poser ce geste. Ce n’était pas lui. Il le regretterait. Même si le frontalier face à lui le méritait, il n’en valait pas la peine.

Alec n’avait pas remarqué sa présence, sa voix ou sa main. Il était aussi impassible que la pierre. Aussi froid que les hivers du nord. Ses yeux étaient ceux d’un prédateur. Dangereux. Extrêmement dangereux. Froid et fixé sur sa proie. Le tuer ne serait rien pour lui. Il avait la capacité de tuer aussi facilement que de mettre un pied devant l’autre. Et il l’avait avec une facilité de chasseur sauvage qui donnait froid dans le dos. Un Frontalier. Un vrai. Et plus encore. Un loup.

Ayden réprima le frisson que la vue d’Alec lui provoqua, essayant d’oublier l’impression qu’il tentait de raisonner un loup sauvage, et commença :

    « Écoute-moi, tu… »


Ayden se tut. Une main venait de se poser sur la sienne, la retirant de sur l’épaule d’Alec. C’était le tavernier. Cet homme, Branson, qui connaissait Alec. D’un regard, il lui commanda de s’écarter. Ayden s’écarta automatiquement, comme si l’ordre silencieux avait commandé à lui seul ses membres. Branson prenait la situation en main.

    « Alec. Alec! »


Branson serra plus fort l’épaule d’Alec.

    « Alec, baisse ton arme. S’il te plait, mon garçon. »


Ayden était figé et ne parvint à détacher ses yeux anxieux d’Alec que pour tenter de repérer Nirina dans la salle. La voix de Branson se fit entendre de nouveau, au-dessus du seul autre bruit audible : la respiration terrifiée et rapide du frontalier aux cheveux noirs.

    « Baisse ton arme et sort d’ici, Alec. Je m’occupe de lui. »


Ayden sentit qu’Alec réagissait, la force dans ses membres semblant changer de point d’appui. Ayden entraperçut une lueur d’espoir. Branson allait-il finalement réussir à parler à la bête qui s’était éveillée en Alec?

    « Maintenant, Alec. »


Alec baissa son arc aussi rapidement qu’il l’avait sorti et tourna les talons. Il traversa la salle sans un regard derrière lui et disparut dans la tempête à l’extérieur. Le vent fit claquer la porte derrière lui et lui bruits semblèrent revenir dans la pièce. On entendait le bruit de la vitre brisée sur le sol sous les pieds des gens, les respirations douloureuses de plusieurs, les lamentations de d’autres. Puis un grognement nerveux lui fit tourner la tête vers le frontalier aux cheveux noirs. Les mains tremblantes, il se détacha de la poutre de bois et se frotta la gorge en respirant bruyamment.

Tentant de se redonner contenance, le frontalier serra la mâchoire et commença d’une voix moins assurée qu’il ne semblait l’avoir voulu :

    « Ce type est fou, il… »


    « ASSEZ! »


Ayden sursauta. Il s’était lui-même apprêté à fermer le clapet à cet insolent, mais Branson l’avait pris de court. Décidément, se faire devancer était le thème de la soirée! Le ton de Branson surprit Ayden. Ce n’était pas le ton d’un tavernier contrarié. C’était celui d’un militaire. D’un dirigeant avec une autorité inflexible. Au vu de la jambe de bois du tavernier et de son ventre rond, Ayden ne s’était pas douté un seul instant que cet homme puisse être un Frontalier. Pourtant, ce ton de voix, ce port de tête et ce regard à l’instant ne mentaient pas. Cet homme était un Frontalier, et s’il n’était plus dans les armes aujourd’hui, il avait autrefois était haut gradé.

    « Et vous osez vous appeler Frontalier? Vous faites la honte à notre peuple, recru! »


    « Je ne suis plus une recrue, vieil homme, je… »


    « J’ai dit, ASSEZ! Tu n’as donc aucune idée de qui je suis? Laisse-moi t’éclairer un peu. Je suis le Capitaine Branson Ardlin de la deuxième division de cavalerie Frontalière. Et vous venez tous avec moi immédiatement. Je doute fort que Sofien apprécie d’avoir de tels hommes de déshonneur dans ses rangs. Allez, debout Frontaliers. Et je ne veux rien entendre de plus. »


Cela sembla couper le sifflet au type aux cheveux noirs qui reperdit les couleurs qu’il avait reprises après avoir blêmi de sa rencontre avec Alec. Ayden ne put se retenir de rire à haute voix, ce qui lui valut plusieurs regards haineux qui lui coulèrent sur le dos comme l’eau sur le dos d’un canard.

Ayden ressentit un grand respect pour le vieux frontalier. Il refit un pas vers Branson et lui tendit la main. Il devait le remercier d’une façon ou d’une autre, et se présenter lui semblait une nécessité première.

    « Capitaine Ardlin. Tout l’honneur est pour moi. Je suis Ayden Steredönn. Et.... désolé pour les dégâts. »


Branson lui sourit tristement et lui serra la main, balayant la question des dégâts de l'autre.

    « Enchanté Ayden. Et ce n'est rien. »


Branson jeta un regard vers Nirina et continua sur un ton doux et inquiet, ayant perdu tout de sa rigidité, en s’adressant à tous les deux.

    « Puis-je vous demander un service? »


Ayden hocha immédiatement la tête.

    « Tout ce que vous voudrez. »


Branson hocha également la sienne. Son regard se perdit vers la porte avant de revenir vers eux.

    « Retrouvez-le. Je n’aime pas le savoir seul dans cet état… Et revenez me voir lorsque vous l’aurez retrouvé s’il vous plait.... Alec est comme un fils pour moi. Je serais à la Citadelle. »


    [HS : Tu me le dis si quelque chose ne te convient pas Nirina ;) J’ai voulu laisser le temps à Alec de prendre un peu d’avance, comme il décrit être seul un bon moment après avoir quitté la taverne. Mais si quelque chose ne te convient pour ou si tu ne te sens pas assez libre avec les trucs que j’ai écrits, dis-le-moi! J’espère que mon RP est à la hauteur de celui d’Aki, c’était complètement génial, j’ai adoré. Bravo^^]

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