descriptionEnyô Kerdel
Enyô Kerdel
Marchombre Alavirien Maître Marchombre
Généralités
- Nom
- Kerdel
- Prénom
- Enyô
- Genre
- Femme
- Âge
- Date de Naissance
- Automne de l'année 124
- Lieu de Naissance
- Al-Chen
- Peuple
- Alavirien, Aline
- Métier
- Maître Marchombre, Déserteur
Description Physique
Enyo est une femme de 43 ans que la Voie n'a pas épargnée.
D’une stature impressionnante qui impose le respect (environ 1m80) elle possède des épaules larges et solides. Sa démarche assurée ainsi que sa posture droite et fière lui confèrent un certain charisme duquel se dégage une impression de calme et de sagesse.
Sa condition de Marchombre la sculpta à l'image de ses congénères : Sa musculature fine n'était pas dénué de souplesse. Elle lui conférait une silhouette élancée qui semblait peu altérée par son age avancé. Seul son visage portait les stigmates de toutes ses années d'existence. Trois cicatrices barraient la partie gauche de son visage et venait ajouter un peu de sauvagerie à ses traits d'ordinaire apaisés. Elle possédait d'immenses yeux verts qui contrastaient habilement avec une chevelure châtain. Cette dernière tombait en cascade furieuse dans son dos et pouvaient même prendre des reflets vermeils sous les rayons du soleil. Elle ne les tressait qu'en de rares occasions et privilégiait une coupe plus sauvage lorsque l'occasion le lui permettait.
La maître Marchombre dégageait un parfum de lilas plutôt discret qui, pourtant, la rendait reconnaissable entre mille. Bien peu s'approchèrent assez près pour en témoigner, et ces derniers en gardaient jalousement le secret.
Enyô imposait par sa présence et, loin d'être un dessin exquis susceptible de faire rougir les plus belles femmes du pays, l'aura qu'elle dégageait ne laissait personne insensible. Il ne s'agissait pas là de charme, il leur semblait pour la plupart se trouver face à un mur imposant et infranchissable. Peu intéressée en intimidation, elle avait même parfois regretté cet attrait de sa personnalité qui, souvent, semblait la rendre inaccessible et l'éloignait des autres.
D’une stature impressionnante qui impose le respect (environ 1m80) elle possède des épaules larges et solides. Sa démarche assurée ainsi que sa posture droite et fière lui confèrent un certain charisme duquel se dégage une impression de calme et de sagesse.
Sa condition de Marchombre la sculpta à l'image de ses congénères : Sa musculature fine n'était pas dénué de souplesse. Elle lui conférait une silhouette élancée qui semblait peu altérée par son age avancé. Seul son visage portait les stigmates de toutes ses années d'existence. Trois cicatrices barraient la partie gauche de son visage et venait ajouter un peu de sauvagerie à ses traits d'ordinaire apaisés. Elle possédait d'immenses yeux verts qui contrastaient habilement avec une chevelure châtain. Cette dernière tombait en cascade furieuse dans son dos et pouvaient même prendre des reflets vermeils sous les rayons du soleil. Elle ne les tressait qu'en de rares occasions et privilégiait une coupe plus sauvage lorsque l'occasion le lui permettait.
La maître Marchombre dégageait un parfum de lilas plutôt discret qui, pourtant, la rendait reconnaissable entre mille. Bien peu s'approchèrent assez près pour en témoigner, et ces derniers en gardaient jalousement le secret.
Enyô imposait par sa présence et, loin d'être un dessin exquis susceptible de faire rougir les plus belles femmes du pays, l'aura qu'elle dégageait ne laissait personne insensible. Il ne s'agissait pas là de charme, il leur semblait pour la plupart se trouver face à un mur imposant et infranchissable. Peu intéressée en intimidation, elle avait même parfois regretté cet attrait de sa personnalité qui, souvent, semblait la rendre inaccessible et l'éloignait des autres.
Caractère
Enyo appréciait l'efficacité au même titre que la solitude. Elle n'avait jamais été femme à tenir une conversation ni même à la commencer. Préférant user des mots avec sagesse et necessité, s'exprimer en boniments et paroles futiles l'avait toujours usée.
Ainsi, Enyo ne s'embarrassait pas de tact et les mots qui franchissaient ses lèvres ne souffraient jamais de censure..
Que cela plaise.
Ou non.
Ses confrères la connaissait pour ce trait de caractère et, de fait, respectait cette franchise et cette justesse qui la caractérisait. Le calme presque contagieux qu'elle entretenait rendait sa compagnie fort agréable.
Il est pourtant arrivé que notre protagoniste cède son calme olympien pour les méandres de la colère. Prête à tout pour respecter ses convictions et atteindre son objectif, Enyo est une eau tranquille précédant une tempête sans nom. Sa foudre est sans couleur, sans bruit ni fumée. Sortir ses lames sans l'ombre d'un tressaillement. Rêver de la mort sans même grincer des dents, et la donner d'un air placide. Ne se réjouir ni de la vengeance ni des ressentiments. Et les considérer à leur juste valeur... sans y devenir insensible. Le respect de tout chose s'exprimait aussi par le silence et en cela, elle excellait.
Enyo se délectait alors des choses les plus simples qui lui étaient offertes. Elle s'émerveillait de ce que beaucoup ne prenait plus la peine d'observer : Le sourire d'un enfant, les premières lueurs de l'aube... une bonne mousse à l'auberge du coin. La simplicité avait son charme
Sa richesse intérieure était à l'image de son impassibilité. Sans limites. Elle y puisait son courage et jamais ne s'en était lassée. Les valeurs qu'elle prônait étaient honorables et avait fait sa réputation à travers les âges.
Ainsi, Enyo ne s'embarrassait pas de tact et les mots qui franchissaient ses lèvres ne souffraient jamais de censure..
Que cela plaise.
Ou non.
Ses confrères la connaissait pour ce trait de caractère et, de fait, respectait cette franchise et cette justesse qui la caractérisait. Le calme presque contagieux qu'elle entretenait rendait sa compagnie fort agréable.
Il est pourtant arrivé que notre protagoniste cède son calme olympien pour les méandres de la colère. Prête à tout pour respecter ses convictions et atteindre son objectif, Enyo est une eau tranquille précédant une tempête sans nom. Sa foudre est sans couleur, sans bruit ni fumée. Sortir ses lames sans l'ombre d'un tressaillement. Rêver de la mort sans même grincer des dents, et la donner d'un air placide. Ne se réjouir ni de la vengeance ni des ressentiments. Et les considérer à leur juste valeur... sans y devenir insensible. Le respect de tout chose s'exprimait aussi par le silence et en cela, elle excellait.
Enyo se délectait alors des choses les plus simples qui lui étaient offertes. Elle s'émerveillait de ce que beaucoup ne prenait plus la peine d'observer : Le sourire d'un enfant, les premières lueurs de l'aube... une bonne mousse à l'auberge du coin. La simplicité avait son charme
Sa richesse intérieure était à l'image de son impassibilité. Sans limites. Elle y puisait son courage et jamais ne s'en était lassée. Les valeurs qu'elle prônait étaient honorables et avait fait sa réputation à travers les âges.
Histoire
« Tout cycle naturel trouve sa fin à l'aube d'une ère nouvelle » - Eeril Gil’Frey
Un vent glacial l'étreignit.
Cela faisait 8 jours que le navire filait à vive allure sur les remous du Grand Océan du Sud. Le temps avait été peu clément et déjà l'équipage se préparait à essuyer une nouvelle averse. Le ciel grisâtre laissait échapper une bruine sporadique qui, non contente de les frigorifier, rendait l'horizon opaque et incertain. Un ordre fut aboyé et tous s'empressèrent de le satisfaire.
La jeune femme, elle, ne bougeait toujours pas.
Accoudée au bastingage, elle contemplait la tempête qui s'approchait d'eux. Enyo avait fini par s'habituer à la sombre météo, tout comme elle s'était habituée à revêtir les traits d'Ezabel Khaan.
Loin d'être banalement résignée, elle s'était appropriée les multiples conséquences de cette décision, aussi glaciales soient-elles.
Oui, la voie qu'elle avait choisi l'avait menée bien loin des rives ensoleillées du continent. Bien trop loin.
Et l'horizon lui manquait.
- Ezabel
Autoritaire mais bienveillant. Elle inclina doucement la tête pour lui signifier qu'elle écoutait.
- Les premières vagues arrivent, retourne avec les autres.
- Non.
*Il est temps*
Il tressailli. La réponse avait fusé, neutre, presque polie. La jeune femme les avait rejoint depuis déjà plusieurs années et son comportement s'était avéré exemplaire. Son apparente mutinerie n'était pourtant pas une première: S'il avait pu la mettre à contribution parmi son équipage, jamais elle ne s'était essayé a une quelconque subordination. L'homme était conscient que le respect et l'estime qu'elle lui avait offert était bien plus précieux et en cela, il respectait la voie qu'elle empruntait sans jamais s'y dresser en obstacle. Cet accord tacite qui s'était installé entre eux avaient même fini par les mener sur le chemin d'une discrète amitié .
Sa liberté.
Son bateau.
Jamais l'un n'avait souffert de l'autre et il acceptait sa dissidence telle qu'elle était : un vestige de sa vie Alavirienne. Nonobstant, il s'agissait là d'une toute autre histoire. Un « non » bien plus générique qu'il ne le laissait supposer. L'homme n'était pas surpris. Ils avaient appris à se comprendre bien au delà des mots.
La jeune femme savait que sa défection érigerait une dette à la hauteur de l'insulte. Il n'était pas homme à diviser ses camarades pour une stupide amnistie. Là était la complexité de celui qui l'avait accueillie dix ans plus tôt.
Ezabel sourit. Elle viendrait rembourser sa dette auprès du peuple Aline, et ce quelle qu'elle soit.
Il haussa les épaules et tourna les talons.
- Comme tu veux.
Mais Enyo l'ignorait déjà.
Demain, elle serait partie.
Il lui accordait quelques longueurs d'avance.
Il était temps.
-_-_-_-_-_-_-_-_-_-
Enyo naquit dans une famille de fermiers non loin du lac Chen. Ses parents, de conditions modeste, portaient en eux une richesse qui ne se mesurait pas en monnaie sonnante et trébuchante : Leur altruisme et leur générosité n'avait d'égal que l'amour qu'ils portaient à leurs six enfants.
Six. Voici la complexité d'une telle affaire :
Saul fut le premier à voir le jour et fut rejoint trois ans plus tard par Ashan. C'est lorsque ce dernier fêta son deuxième anniversaire qu'Enyo naquit.
L'enfant ne se vit pas grandir. A peine eut-elle foulé le sol Alavirien qu'elle s'appliqua à contribuer aux tâches familiales. Plus fière qu'altruiste, elle refusa tout traitement de faveur et n'hésita pas à s'endurcir au contact de ses aînés. A l'aube de ses huit ans, Haylen et Keyl vinrent agrandir la couvée. Non content de cette belle fratrie de cinq bambins, ses parents accouchèrent de Cyrà quatre ans plus tard.
Un tel patrimoine nécessita un travail d'orfèvre jumelé à une abnégation générale. Les aînés furent rapidement mis à contribution et, avec toute leur bonne volonté, participèrent à la vie prospère et non moins contraignante de leur maisonnée. Il y avait là toute la simplicité d'une famille qui s'aime, se soutient et se respecte.
Alors âgée de quatorze ans, Enyo prit la route aux cotés d'une caravane itinérante et s'appliqua à vendre les produits issus de la ferme. L'enseignement que lui prodigua cette aventure loin du terrain familial fut inoubliable et la jeune fille s’émerveilla du monde qui s'offrit à elle. Sa maigre condition l'avait jusqu'alors poussée à prendre le parti d'un futur figé par les traditions familiales. Comme l'on ne peut envier ce qui nous est imperceptible, jamais encore elle n'avait imaginé autre voie à parcourir. Elle réalisa ainsi que le destin lui offrait une opportunité unique à l'image d'une porte dérobée auréolée de liberté.
Haylan et Keyl eurent sept ans l'année suivante. Armés de leurs petites mains de jeunes garçons, ils rejoignirent leurs aînés dans les taches quotidiennes de la ferme et Enyo y vit l'occasion de prendre son envol. Convaincre ses parents n'avait pas été une mince affaire et, malgré l'attrait que pouvait représenter cette nouvelle source de revenus, c'est à contre cœur qu'ils la laissèrent rejoindre les routes de l'Empire.
Ce petit jeu dura deux ans. La jeune femme avait beau rentrer régulièrement au bercail, personne n'était dupe quant à ses aspirations. Un bonheur infini perçait lorsqu'elle racontait le soir, animée d'une énergie presque magique, les rencontres et les aventures qu'elle avait pu vivre. Son corps évoluait à l'image de son esprit et rien n'aurait su la rendre comparable à la jeune fille que cette maison avait vu naître.
Elle avait changé.
Père et mère n'y pouvait rien et ils finirent par la laisser quitter la ferme alors qu'elle n'avait que 17 ans.
Cette même année, le destin plaça sur sa route Eeril Gil'Frey.
-_-_-_-_-_-
Une multitude de voies s'étaient illuminées alors qu'elle avait quitté Al-Chen. Mais Eeril Gil’Frey, maître Marchombre, lui avait offert La Voie.
Lui avait offert un avenir.
Un horizon à parcourir.
La confiance et le respect avaient tissé entre eux un lien si fort que jamais Enyo ne douta du chemin qui se déroulait sous ses pas.
Charmé par la pondération et l'esprit de la jeune femme, il la sculpta trois années durant.
Sa formation l'amena dans les confins de Gwendalavir. Elle y apprit les éléments, le chuchotement du vent et le cœur des hommes. Elle y découvrit aussi Vanor Jilhen, apprenti alors âgé d'un an de moins qu'elle. Ses cheveux blonds et son regard vert étincelant abritaient un jeune homme lumineux qu'Enyo prit rapidement en affection. Leur relation les mena sur le chemin d'une solide amitié que le temps ne su altérer.
« Tout cycle naturel trouve sa fin à l'aube d'une ère nouvelle ». Quitter Eeril au terme de sa troisième année la déchira bien plus qu'elle n'y laissa paraître et elle s'abandonna à la découverte du monde sans nulle autre compagnie qu'elle même.
S'autorisant quelques instants de sociabilisation au sein de caravanes itinérantes, elle veilla à arpenter la Voie sans jamais s'y perdre.
Trois ans plus tard, son père succomba de son dur labeur. Rentrée à la ferme à cette occasion, Enyo découvrit alors la jeune fille qu'était devenue Cyrà. Le temps l'avait déjà bien changée et la Marchombre se morigéna de tant d’égoïsme de sa part. Elle abandonna sa bien aimée solitude et offrit à sa cadette l'expérience de l'itinérance au gré des caravanes qui l'avaient tant charmée :
Cyrà découvrit le monde tout comme Enyo l'avait fait avant elle. Toutes deux développèrent un lien naturel qui, même s'il avait tardé à venir, n'en était pas moins fort. Huit mois durant, elles apprirent l'une de l'autre et c'est seulement au terme de leur voyage qu'elle apprirent à se manquer.
Déjà l'horizon l'appelait.
-_-_-_-_-_-_-_-
A vingt cinq ans, notre protagoniste s’enivra d'une rencontre à nulle autre pareille. Faisant partie de ces moments de vie particuliers que le temps ne sait nous ôter, sa mémoire en gardait les plus imperceptibles détails.
La voie l'avait menée sur les traces d'une enfant du chaos qui, alors élevée par de sombres individus, n'appelait qu'à l'harmonie. Rien ne la prédestinait à ce qu'elle pressenti ce jour là...Elle était Elleynah.
Au diable les esprits étroits et fatalistes, au diable le destin et l'atavisme.. Au diable la guilde et son jugement.
Cette enfant deviendrait son élève envers et contre tout. Il n'y avait pas d'ombres sans Lumière.
Et Enyo l'avait perçue.
L'apprentissage débuta cinq ans après leur première rencontre sous le regard à la fois sévère et attendri de notre protagoniste. La guilde n'eut de cesse de blâmer Enyo pour son manque de prévenance face au danger. Elle n'en eut cure.
Elleynah resplendissait un peu plus de jour en jour et Enyo avait appris à accepter la présence du chaos comme une partie indissociable de son élève. Elle ne l'aurait changée pour rien au monde. La fillette avait appris d'Enyo à accepter ce qu'elle était sans jamais s'y soumettre. Ses choix lui appartenaient. La maître Marchombre tissa un lien extrêmement fort avec sa protégée. Leurs chemins s’entremêlaient et se confondaient sans jamais se tordre. Rien n'aurait permis qu'elle en détournât les yeux. Rien, ni personne.
Jusqu'à son envol...
« Tout cycle naturel trouve sa fin à l'aube d'une ère nouvelle » disait une homme bien avisé.
Leur séparation la déchira plus que de raison et aucune d'elles n'en sorti indemne.
Quelques lunes après le départ d'Elleynah, les mercenaires du chaos cueillirent Enyo au détours d'un chemin. C'était une première malgré ces trois années d'apprentissage... et bien tardif considérant leur protégée échappée au profit de l'ennemi. Tardif... ou parfait ?
Le lien puissant qui la liait à son élève avait été une main armée pour ces chiens de l'ombre et leur plan n'avait révélé aucune faille. Se servir d'elle pour atteindre son élève avait été d'une efficacité redoutable et il s'en était fallu de peu pour qu'ils parviennent à leur fin. Ôter à la jeune Bathory tout espoir de voir un jour ses proches prospérer. La replonger dans le chaos en souillant sa Voie.
Enyo s'y refusait. La raison la poussait à leur soutirer tout moyen d'atteindre la jeune Marchombre.
Être raisonnable ne lui avait jamais paru aussi triste.
-_-_-_-_-_-_-_-
Enyo maquilla sa disparition et répandit les rumeurs de sa mort tel un poison insidieux qui ne souffre aucune défiance. Avec l'aide d'un vieil ami, elle endossa une nouvelle identité et quitta les terres Alaviriennes à bord d'un navire Aline. Devenir Ezabel Khaan aurait pu être un jeu d'enfant si elle n'avait pas manifesté autant d'affection pour ce qu'elle laissait sur le continent. L'harmonie s'en était allée pour ne laisser que doutes et ressentiments.
8 ans.
Qu'avait-elle fait ? Ne s'était elle pas fourvoyée en lui offrant un horizon à demi-teinte ? S'ériger protectrice, et pour quel résultat, sinon la mort. Hurler son désespoir n'aurait servi qu'à nourrir l'amertume de jours perdus, et voilà que sombre la raison.
L'équipage cru accueillir un démon aux allures de tentatrices. Le calme apparent de leur nouvelle camarade contrastait avec la fureur de son regard et l'odeur de mort qui s'en dégageait. Ezabel semblait dangereusement instable, et ce n'est pas elle qui en aurait dit le contraire. La jeune femme peinait à conserver sa lucidité. Elle n'était certes pas de taille à se mesurer à ce qui menaçait sa protégée...encore moins en droit de combattre à sa place. Ce fut sûrement cette ultime once de sagesse qui sauva notre protagoniste ce jour là. Fuir ne permettait pas seulement de sauver son ancienne apprentie...
Cela lui permis de ne pas se perdre elle-même.
Les années filèrent et Ezabel du réapprendre à apprécier l'odeur du vent et les couleurs de l'aube. Son visage gardait les stigmates d'une souffrance digérée et acceptée. Un calme olympien marquait ses pas et, toute lucidité retrouvée, elle se résignait à la nostalgie comme à un triste héritage dont on ne se départ pas. Elle avait vécu de précieuses aventures auprès de ses acolytes Alines et son corps, son esprit, n'avaient jamais été aussi Marchombre.
Ezabel sentait qu'une page de son histoire s'était tournée. Non pas pour redevenir Enyo Kerdel. Elle l'avait toujours été.
Non.
Il était juste... temps.
Un vent glacial l'étreignit.
Cela faisait 8 jours que le navire filait à vive allure sur les remous du Grand Océan du Sud. Le temps avait été peu clément et déjà l'équipage se préparait à essuyer une nouvelle averse. Le ciel grisâtre laissait échapper une bruine sporadique qui, non contente de les frigorifier, rendait l'horizon opaque et incertain. Un ordre fut aboyé et tous s'empressèrent de le satisfaire.
La jeune femme, elle, ne bougeait toujours pas.
Accoudée au bastingage, elle contemplait la tempête qui s'approchait d'eux. Enyo avait fini par s'habituer à la sombre météo, tout comme elle s'était habituée à revêtir les traits d'Ezabel Khaan.
Loin d'être banalement résignée, elle s'était appropriée les multiples conséquences de cette décision, aussi glaciales soient-elles.
Oui, la voie qu'elle avait choisi l'avait menée bien loin des rives ensoleillées du continent. Bien trop loin.
Et l'horizon lui manquait.
- Ezabel
Autoritaire mais bienveillant. Elle inclina doucement la tête pour lui signifier qu'elle écoutait.
- Les premières vagues arrivent, retourne avec les autres.
- Non.
*Il est temps*
Il tressailli. La réponse avait fusé, neutre, presque polie. La jeune femme les avait rejoint depuis déjà plusieurs années et son comportement s'était avéré exemplaire. Son apparente mutinerie n'était pourtant pas une première: S'il avait pu la mettre à contribution parmi son équipage, jamais elle ne s'était essayé a une quelconque subordination. L'homme était conscient que le respect et l'estime qu'elle lui avait offert était bien plus précieux et en cela, il respectait la voie qu'elle empruntait sans jamais s'y dresser en obstacle. Cet accord tacite qui s'était installé entre eux avaient même fini par les mener sur le chemin d'une discrète amitié .
Sa liberté.
Son bateau.
Jamais l'un n'avait souffert de l'autre et il acceptait sa dissidence telle qu'elle était : un vestige de sa vie Alavirienne. Nonobstant, il s'agissait là d'une toute autre histoire. Un « non » bien plus générique qu'il ne le laissait supposer. L'homme n'était pas surpris. Ils avaient appris à se comprendre bien au delà des mots.
La jeune femme savait que sa défection érigerait une dette à la hauteur de l'insulte. Il n'était pas homme à diviser ses camarades pour une stupide amnistie. Là était la complexité de celui qui l'avait accueillie dix ans plus tôt.
Ezabel sourit. Elle viendrait rembourser sa dette auprès du peuple Aline, et ce quelle qu'elle soit.
Il haussa les épaules et tourna les talons.
- Comme tu veux.
Mais Enyo l'ignorait déjà.
Demain, elle serait partie.
Il lui accordait quelques longueurs d'avance.
Il était temps.
-_-_-_-_-_-_-_-_-_-
Enyo naquit dans une famille de fermiers non loin du lac Chen. Ses parents, de conditions modeste, portaient en eux une richesse qui ne se mesurait pas en monnaie sonnante et trébuchante : Leur altruisme et leur générosité n'avait d'égal que l'amour qu'ils portaient à leurs six enfants.
Six. Voici la complexité d'une telle affaire :
Saul fut le premier à voir le jour et fut rejoint trois ans plus tard par Ashan. C'est lorsque ce dernier fêta son deuxième anniversaire qu'Enyo naquit.
L'enfant ne se vit pas grandir. A peine eut-elle foulé le sol Alavirien qu'elle s'appliqua à contribuer aux tâches familiales. Plus fière qu'altruiste, elle refusa tout traitement de faveur et n'hésita pas à s'endurcir au contact de ses aînés. A l'aube de ses huit ans, Haylen et Keyl vinrent agrandir la couvée. Non content de cette belle fratrie de cinq bambins, ses parents accouchèrent de Cyrà quatre ans plus tard.
Un tel patrimoine nécessita un travail d'orfèvre jumelé à une abnégation générale. Les aînés furent rapidement mis à contribution et, avec toute leur bonne volonté, participèrent à la vie prospère et non moins contraignante de leur maisonnée. Il y avait là toute la simplicité d'une famille qui s'aime, se soutient et se respecte.
Alors âgée de quatorze ans, Enyo prit la route aux cotés d'une caravane itinérante et s'appliqua à vendre les produits issus de la ferme. L'enseignement que lui prodigua cette aventure loin du terrain familial fut inoubliable et la jeune fille s’émerveilla du monde qui s'offrit à elle. Sa maigre condition l'avait jusqu'alors poussée à prendre le parti d'un futur figé par les traditions familiales. Comme l'on ne peut envier ce qui nous est imperceptible, jamais encore elle n'avait imaginé autre voie à parcourir. Elle réalisa ainsi que le destin lui offrait une opportunité unique à l'image d'une porte dérobée auréolée de liberté.
Haylan et Keyl eurent sept ans l'année suivante. Armés de leurs petites mains de jeunes garçons, ils rejoignirent leurs aînés dans les taches quotidiennes de la ferme et Enyo y vit l'occasion de prendre son envol. Convaincre ses parents n'avait pas été une mince affaire et, malgré l'attrait que pouvait représenter cette nouvelle source de revenus, c'est à contre cœur qu'ils la laissèrent rejoindre les routes de l'Empire.
Ce petit jeu dura deux ans. La jeune femme avait beau rentrer régulièrement au bercail, personne n'était dupe quant à ses aspirations. Un bonheur infini perçait lorsqu'elle racontait le soir, animée d'une énergie presque magique, les rencontres et les aventures qu'elle avait pu vivre. Son corps évoluait à l'image de son esprit et rien n'aurait su la rendre comparable à la jeune fille que cette maison avait vu naître.
Elle avait changé.
Père et mère n'y pouvait rien et ils finirent par la laisser quitter la ferme alors qu'elle n'avait que 17 ans.
Cette même année, le destin plaça sur sa route Eeril Gil'Frey.
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Une multitude de voies s'étaient illuminées alors qu'elle avait quitté Al-Chen. Mais Eeril Gil’Frey, maître Marchombre, lui avait offert La Voie.
Lui avait offert un avenir.
Un horizon à parcourir.
La confiance et le respect avaient tissé entre eux un lien si fort que jamais Enyo ne douta du chemin qui se déroulait sous ses pas.
Charmé par la pondération et l'esprit de la jeune femme, il la sculpta trois années durant.
Sa formation l'amena dans les confins de Gwendalavir. Elle y apprit les éléments, le chuchotement du vent et le cœur des hommes. Elle y découvrit aussi Vanor Jilhen, apprenti alors âgé d'un an de moins qu'elle. Ses cheveux blonds et son regard vert étincelant abritaient un jeune homme lumineux qu'Enyo prit rapidement en affection. Leur relation les mena sur le chemin d'une solide amitié que le temps ne su altérer.
« Tout cycle naturel trouve sa fin à l'aube d'une ère nouvelle ». Quitter Eeril au terme de sa troisième année la déchira bien plus qu'elle n'y laissa paraître et elle s'abandonna à la découverte du monde sans nulle autre compagnie qu'elle même.
S'autorisant quelques instants de sociabilisation au sein de caravanes itinérantes, elle veilla à arpenter la Voie sans jamais s'y perdre.
Trois ans plus tard, son père succomba de son dur labeur. Rentrée à la ferme à cette occasion, Enyo découvrit alors la jeune fille qu'était devenue Cyrà. Le temps l'avait déjà bien changée et la Marchombre se morigéna de tant d’égoïsme de sa part. Elle abandonna sa bien aimée solitude et offrit à sa cadette l'expérience de l'itinérance au gré des caravanes qui l'avaient tant charmée :
Cyrà découvrit le monde tout comme Enyo l'avait fait avant elle. Toutes deux développèrent un lien naturel qui, même s'il avait tardé à venir, n'en était pas moins fort. Huit mois durant, elles apprirent l'une de l'autre et c'est seulement au terme de leur voyage qu'elle apprirent à se manquer.
Déjà l'horizon l'appelait.
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A vingt cinq ans, notre protagoniste s’enivra d'une rencontre à nulle autre pareille. Faisant partie de ces moments de vie particuliers que le temps ne sait nous ôter, sa mémoire en gardait les plus imperceptibles détails.
La voie l'avait menée sur les traces d'une enfant du chaos qui, alors élevée par de sombres individus, n'appelait qu'à l'harmonie. Rien ne la prédestinait à ce qu'elle pressenti ce jour là...Elle était Elleynah.
Au diable les esprits étroits et fatalistes, au diable le destin et l'atavisme.. Au diable la guilde et son jugement.
Cette enfant deviendrait son élève envers et contre tout. Il n'y avait pas d'ombres sans Lumière.
Et Enyo l'avait perçue.
L'apprentissage débuta cinq ans après leur première rencontre sous le regard à la fois sévère et attendri de notre protagoniste. La guilde n'eut de cesse de blâmer Enyo pour son manque de prévenance face au danger. Elle n'en eut cure.
Elleynah resplendissait un peu plus de jour en jour et Enyo avait appris à accepter la présence du chaos comme une partie indissociable de son élève. Elle ne l'aurait changée pour rien au monde. La fillette avait appris d'Enyo à accepter ce qu'elle était sans jamais s'y soumettre. Ses choix lui appartenaient. La maître Marchombre tissa un lien extrêmement fort avec sa protégée. Leurs chemins s’entremêlaient et se confondaient sans jamais se tordre. Rien n'aurait permis qu'elle en détournât les yeux. Rien, ni personne.
Jusqu'à son envol...
« Tout cycle naturel trouve sa fin à l'aube d'une ère nouvelle » disait une homme bien avisé.
Leur séparation la déchira plus que de raison et aucune d'elles n'en sorti indemne.
Quelques lunes après le départ d'Elleynah, les mercenaires du chaos cueillirent Enyo au détours d'un chemin. C'était une première malgré ces trois années d'apprentissage... et bien tardif considérant leur protégée échappée au profit de l'ennemi. Tardif... ou parfait ?
Le lien puissant qui la liait à son élève avait été une main armée pour ces chiens de l'ombre et leur plan n'avait révélé aucune faille. Se servir d'elle pour atteindre son élève avait été d'une efficacité redoutable et il s'en était fallu de peu pour qu'ils parviennent à leur fin. Ôter à la jeune Bathory tout espoir de voir un jour ses proches prospérer. La replonger dans le chaos en souillant sa Voie.
Enyo s'y refusait. La raison la poussait à leur soutirer tout moyen d'atteindre la jeune Marchombre.
Être raisonnable ne lui avait jamais paru aussi triste.
-_-_-_-_-_-_-_-
Enyo maquilla sa disparition et répandit les rumeurs de sa mort tel un poison insidieux qui ne souffre aucune défiance. Avec l'aide d'un vieil ami, elle endossa une nouvelle identité et quitta les terres Alaviriennes à bord d'un navire Aline. Devenir Ezabel Khaan aurait pu être un jeu d'enfant si elle n'avait pas manifesté autant d'affection pour ce qu'elle laissait sur le continent. L'harmonie s'en était allée pour ne laisser que doutes et ressentiments.
8 ans.
Qu'avait-elle fait ? Ne s'était elle pas fourvoyée en lui offrant un horizon à demi-teinte ? S'ériger protectrice, et pour quel résultat, sinon la mort. Hurler son désespoir n'aurait servi qu'à nourrir l'amertume de jours perdus, et voilà que sombre la raison.
L'équipage cru accueillir un démon aux allures de tentatrices. Le calme apparent de leur nouvelle camarade contrastait avec la fureur de son regard et l'odeur de mort qui s'en dégageait. Ezabel semblait dangereusement instable, et ce n'est pas elle qui en aurait dit le contraire. La jeune femme peinait à conserver sa lucidité. Elle n'était certes pas de taille à se mesurer à ce qui menaçait sa protégée...encore moins en droit de combattre à sa place. Ce fut sûrement cette ultime once de sagesse qui sauva notre protagoniste ce jour là. Fuir ne permettait pas seulement de sauver son ancienne apprentie...
Cela lui permis de ne pas se perdre elle-même.
Les années filèrent et Ezabel du réapprendre à apprécier l'odeur du vent et les couleurs de l'aube. Son visage gardait les stigmates d'une souffrance digérée et acceptée. Un calme olympien marquait ses pas et, toute lucidité retrouvée, elle se résignait à la nostalgie comme à un triste héritage dont on ne se départ pas. Elle avait vécu de précieuses aventures auprès de ses acolytes Alines et son corps, son esprit, n'avaient jamais été aussi Marchombre.
Ezabel sentait qu'une page de son histoire s'était tournée. Non pas pour redevenir Enyo Kerdel. Elle l'avait toujours été.
Non.
Il était juste... temps.
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- Alex
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- J'aime les vichy
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