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QUÊTE DE L'EMPIRE | L'Effort de guerre

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L'Effort de Guerre




ACTE 1 | Sur le chemin d'Al-Far


Cela fait maintenant deux jours que la caravane dont vous faites partie a quittés Al’ Chen en direction du nord. À sa tête le fier Thül, Jolgeïr Vaäntas. Il a spécialement été choisi pour escorter et guider le convoi exceptionnel. Son travail est somme toute semblable au convoyage de n’importe quelle autre caravane. Mais cette fois, ce n’est pas que des marchandises qui sont convoyées. C’est immensément plus précieux ; une vingtaine de chariots constituent le convoi et sur ceux-là, une douzaine est remplie à craquer des dons que le peuple à généreusement fait aux soldats du front Raïs. L'armée Alavirienne se trouve à quelques jours de marche au nord d'Al-Far, sur la rive ouest du Pollimage, à mi-chemin entre Al-Far et la chaine du Poll au Nord. Les Raïs, menés par les Géants, sont maintenus dans le nord depuis plusieurs longs mois et l'armée à besoin de ravitaillement en nourriture, en arme, mais aussi en soldat. Tous ont apporté leur collaboration et quelques volontaires, dont vous faites partie, grossissent le rang des caravaniers.

Il faut dire que la nouvelle publiée dans la Gazette Alavirienne s’est vite répandue comme une traînée de poudre. Et puis, il y a aussi les soldats qui veillent à l’acheminement des armes et qui resteront sur place une fois arrivés. Si bien que la caravane dont vous faites partie compte au total trente-cinq hommes et presque autant de chevaux.

Votre prochain objectif est donc Al’Far et tous sont confiants quant à l’avancement du trajet. La météo ces deux derniers jours a été clémente et le ciel ne laisse présager aucun changement. Votre chef de convois prévoie encore six jours de marches jusqu’à Al’Far, si vous continuez à cette allure. Cette partie du trajet est assez simple, mais après la ville du nord, vous aurez encore une semaine de trajet sur les plateaux d’Astariul. Tous savent que les choses se compliqueront bien assez vite sur ces terres sauvages ! Pour l’instant vous profitez des doux rayons du soleil.

Tous ont trouvé leur place dans la caravane et le mécanisme de celle-ci commence à être bien huilé. Les cuisines ont établi leurs quartiers et les tours de garde se sont instaurés d’un accord tacite entre les guerriers de l'escorte. De plus, les gens commencent à mieux se connaitre et l'ambiance devient plus chaleureuse, ce qui vous pousse comme tout le reste des caravaniers à socialiser. Après tout, tous ces gens ne seront plus des inconnus bien longtemps, et le secret d'un voyage réussi, c'est bien connu, est la cohésion entre ses voyageurs.

Et vous, quelle est donc votre place dans ce convoi ? Est-ce votre patriotisme naturel qui vous a poussé à vous engager ou plutôt vos propres dessins personnels?




Tours de réponse

  1. Than Fil'Kalam
  2. Rhéa Syriambre
  3. Lilith Astörys
  4. Ilenia Nil'Lysah

** Nous vous laissons faire connaissance pour l'instant, la Dame interviendra lorsque nécessaire.

Rappel

  • Pour un avancement rapide, les réponses devront être comprises entre 300 et 600 mots maximum.
  • Également, un joueur dont c’est le tour de répondre à 7 jours pour le faire. S'il n'a pas répondu dans ce délai, la main passe au joueur suivant.

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La posture droite et fière, Than peine pourtant à maitriser la bestiole qu'on lui a refilé. Assoiffé par la nouveauté et les rencontres, il aime, à chaque voyage, changer de cheval et les loue ainsi à divers palefreniers. Ce petit jeu inclue donc de pouvoir tomber sur une véritable tête de mule à quelques rares occasions. Vraiment rares car les hommes de ce commerce connaissent bien le noble et n'osent surtout pas lui prêter une bête qui puisse le contrarier. Ce serait perdre un excellent client, se faire une très mauvaise pub et attirer sa colère qui est, dit-on, légendaire. Il n'est donc arrivé que deux fois à Than de tomber sur des chevaux en pleine rébellion, tout simplement parce qu'il avait accepté de prendre le risque de louer un équidé pas encore dressé par le gérant de l'écurie, puisque nouvel achat. Mais cette fois-ci Arman a bien insisté sur le fait de très bien connaitre cette jument. "Douce comme une pétale de rose" a-t-il dit et "endurante comme vous Monseigneur". Pour l'instant elle ne pose aucun soucis d'endurance. Par contre pour la douceur... Il devient assez évident qu'Arman s'est bien payé sa tête. Et l'unique chose qui empêche le pirate de s'énerver sur ce point est d'imaginer la toute aussi "douce" vengeance qui va suivre.

Pour la sixième fois depuis le départ, cette jument, appelée au grand comble "Lotus", prend donc idée de "jouer" et choisit un nouveau copain à embêter. Ni une ni deux elle repère un mâle et lui fonce droit dessus. Than n'essaie même plus de l'arrêter, il sait bien qu'il ne le pourra pas. Il se contente juste de s'accrocher fermement aux rennes et lève les yeux au ciel, grognant dans sa barbe. Lotus bouscule, "gentiment", son compagnon de récréation et une exclamation de protestation ressort au milieu des rires des convoyeurs, sincèrement amusés par le caractère du canasson. Fil'Kalam sort de sa révolte intérieure pour s'excuser auprès de l'autre victime humaine.

-Navré. J'espère encore et toujours qu'elle finisse par se lasser de ce petit... amusement, mais visiblement chaque cible a son charme.

Un homme sur le côté lui jette un regard amusé plein de sous-entendu et l'imposteur constate alors avec horreur que d'autres ont la même réaction. Et que beaucoup dévisagent avec une envie presque ignoble la jeune femme en question qui se trouve être des plus jolies. Voilà un moment que Than se la jouait solo, et il se sent immensément bien de reprendre du service. Seulement il n'a plus tellement l'habitude d'être accompagné. Aussi ne pensait-il pas avoir une attitude de séduction par cette phrase. Est-ce vraiment lui ou le convoi est-il juste constitué de rustres ? Dans le doute...

-Acceptez mes excuses si j'ai paru vous faire des avances Damoiselle, là n'en était pas le but. Non pas que vous êtes dénué de charme, entendez-le bien, mais...

Un regard bien défini et empli de jugement l'intrigue soudainement dans les spectateurs. Il plisse les yeux et la reconnait. Voilà pourtant deux jours qu'ils voyageaient et pas à un seul moment il ne l'avait capté.

-Ilenia. Si je ne la connaissais pas si bien, je pourrais croire que c'est ma femme qui t'envoie.

Comment lancer les discussions et rumeurs du soir avant l'heure, bonjour.

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Une poignée de jours déjà depuis que le convoi mené par Jolgeïr progressait sur la route qui menait vers la tapageuse Al-Far. Rhéa se félicitait de s’être jointe à ce voyage qui représentait une opportunité en or pour le rayonnement de sa boutique d’herboristerie d’Al-Jeit. Lorsqu’ils avaient appris la mise en place d’un effort de guerre, Rhéa et Altúro, son associé herboriste, avaient fabriqués en grande quantité des baumes et des remèdes destinés à l’armée alavirienne. Ils avaient convenus que Rhéa s’intégrerait au convoi pour pouvoir vanter et représenter leurs produits au-delà des limites de la capitale. À ce titre, peut-être l’ambition les avaient-ils un peu éblouis, car Rhéa personnifiait une des seules commerçantes du groupe, et elle avait dû faire valoir ses charmes et ses capacités de combattante pour qu’on consente à lui ménager une place.

Son élégante rapière noire sur les genoux, assise avec indolence sur le siège avant d’un chariot du convoi, Rhéa s’intéressa avec le même vague intérêt salace que les autres convoyeurs aux déboires du respectable Than Fil’Kalam, malmené par une monture à la rébellion joyeuse. Lorsqu’elle reconnût la dame que le pauvre bougre avait importunée, pourtant, elle se cala dans son siège dans une volonté subtile d’utiliser la carrure du vieux caravanier Thül à ses côtés comme écran aux regards.

Ilenia.

Rhéa l’avait repérée depuis le début du voyage, mais elle ignorait si l’autre en avait fait autant. La voleuse espérait que la Dessinatrice avait oublié les circonstances dans lesquelles elles s’étaient rencontrées, mais réalistement elle en doutait. Si elle le désirait Ilenia pouvait mettre Rhéa dans un sérieux embarras aux yeux de leur petite communauté de voyageurs, aussi tâchait-elle de se faire oublier. Par prudence, et pour la seule raison de la présence de la noble dame, la jeune femme n’avait pas encore inauguré la valse de combines et de ventes sous le manteau qu’elle comptait exploiter pour ses intérêts personnels. Rhéa adorait l’exaltation qu’engendrait la possibilité de se faire prendre, certes, mais elle détenait assez de cervelle pour savoir qu’il y avait un temps pour tout. Et, en toute honnêteté, la froideur de pierre d’Ilenia Nil’Lysah l’intimidait de façon inédite.

-…différents dangers sur la route jusqu’au Nord. Des tigres, des brigands, des Raïs, des Alines. Oui, peut-être même des Alines de l’Amiralerie. Ils ne projettent rien de bon ceux-là, si tu veux mon avis, petiote. Note bien ce que je te dis, ils se donnent des airs inoffensifs, mais ils projettent de prendre l'Empire par surprise.


Hart, le Thül irascible, qui soliloquait encore à côté de Rhéa, la main tranquille sur les rênes des chevaux. Trop ravie qu’il lui offre une distraction, elle récupéra la conversation qu’il menait avec lui-même au vol.

-Voyons, Hart… Et pourquoi pas les Faëls tant que tu y es ? Les Alines, surtout ceux de l’Amiralerie, ont plus de raisons de s’inquiéter de l’Empire que le contraire. Un peuple en état de crise accusera les étrangers, peu importe qui ils sont, de tous les maux. C’est une vieille ritournelle. Vraiment… Si les Alines se trouvaient en mauvaise posture, malgré sa force de frappe supérieure, l’Empire ne lèverait pas le petit doigt.


-Peuh !

-Je suis certaine que d’autres partagent mon avis,
s’offusqua Rhéa. Oubliant la présence d’Ilenia le temps d’un débat et ignorant superbement la mine mi-interloquée, mi-bougonne de Hart, elle interpella une femme qui cheminait près de leur chariot, sans se soucier de savoir si elle avait suivi leur discussion.

-Sybile…Non, Saba, c’est ça ? Dites-moi que j’ai raison, histoire de faire taire ce rustre de Thül…

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Le voyage se déroulait sans encombres jusqu'à présent et l'on sentait encore un doux parfum d'insouciance planer au dessus des voyageurs qui ne semblaient pas un instant se soucier de l'épreuve que leur réserverait les raides plateaux d'Astariul. Lilith faisait partie de ceux qui ne s'en souciaient vraiment, mais alors vraiment pas, ne voyant pas encore plus loin que l'étape qu'ils feraient à Al'Far. Qui pouvait parier sur sa présence dans le convoi passée la cité ? Elle-même ne s'y serait pas risquée, bien qu'il ait été de notoriété publique qu'elle aimait le jeu autant que sa propre personne.

La richesse d'un gros poisson citadin pouvait encore avoir raison de son intérêt pour ce convoi pourtant particulier, ou bien les soupçons d'une affreuse sardine au sein de la caravane pourrait toujours lui faire prendre la fuite... Des centaines de possibilités s'offraient à elle sans qu'elle n'ait pris la peine de les considérer, trop occupée à inventer une vie à Saba, cette identité aux multiples visages qu'elle revêtait pour le commun des mortels, alaviriens et faëls.


- Et c'est ainsi que j'ai renoncé à jamais à manier l'art du Dessin.

Ses yeux clairs retenant des larmes générées sur demande se détournèrent du regard du commerçant dont le visage exprimait toute la pitié et la tristesse que lui avait inspiré le -parfaitement faux- récit tragique que lui avait fait la bohémienne.

- Ma pauvre petite ! Quel horrible personnage que ce Kailen ! Vos parents auraient été fiers de vous...

"Saba" esquissa un discret sourire en relevant les yeux vers cet homme qui venait de gagner sa place dans sa liste de pigeons les plus crédules.

- Puissiez-vous dire vrai. Ils me manquent terriblement...

Et ils se trouvaient en ce même instant parfaitement en sécurité sur un magnifique Archipel, sirotant un jus revigorant avant de repartir à l'assaut d'un nouveau chef d’œuvre naval, contrairement à ceux de "Saba" ayant connu un sort tragique comprenant un horrible méchant au nom curieusement semblable à celui d'une femme que Lilith connaissait bien et une sordide affaire de trafic de poulets...

Bien que Lilith se soit particulièrement amusée à mener ainsi en bateau le malheureux marchand, elle ne l'avait pas fait sans assurer ses arrières en se garantissant un riche allié, "riche" étant le qualificatif parfait pour un allié, et en se trouvant une parfaite excuse pour ne pas avoir recours au Dessin. Il ne manquait plus qu'on la découvre Aline...


- Ils vous attendent, où qu'ils soient. D'ici à ce que vous les retrouviez, vous aurez toujours mon oreille la plus attentive. Répondit le candide marchand.

"Saba" sourit de plus belle et, après l'avoir remercié, l'enlaça rapidement et descendit de la carriole avec un air satisfait. Ne lui restait plus qu'à le retrouvé une fois le camp monté et elle s'en trouverait enrichie au petit matin.

L'aline se dirigeait vers la troupe qu'elle avait intégrée à son entrée dans la caravane lorsqu'elle surprit une conversation qu'elle ne put ignorer tant elle la trouva amusante, entre un massif thül et une fluette alavirienne, la détournant de son chemin pour la faire marcher au rythme de leur chariot. Voilà un débat qu'elle n'avait plus entendu depuis des lustres et qui ne manquait jamais de la faire sourire, surtout quand on la prenait à parti comme venait de le faire la jeune femme en l'interpelant.


- Hélas ! Répondit-elle dans un sourire en levant les yeux vers le duo. Je crains que votre ami ait raison, les Alines constituent une menace que l'on sous-estime très certainement. Ça, ça restait encore à prouver. Ils sont malins, organisés et soudés. L'Empire doit bien les faire rire, d'ailleurs, rien ne nous dit qu'il n'y en a pas un ou deux qui se soit glissé dans notre cortège à notre insu... Mais ça, c'était certain.

[HRP : ah oui, petite précision, Lilith ne dévoile jamais sa véritable identité, ici elle se fera appeler Saba *^*]

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Après en avoir tant parlé et avoir tant préparé ce voyage, Ilenia est enfin sur la route vers le front du Nord. Elle s’est jointe au convoi à Al-Chen après avoir dit au revoir aux personnes qui l’avaient accompagnée. Finalement, elle préfère voyager seule, ce serait bien plus simple pour elle de se lier aux autres si elle n'est pas protégée à chaque instant par son homme de confiance et si sa suivante ne la suit pas partout pour remettre droite sa coiffure ou lisser un pli de sa robe. Cette dernière, Odéline ne l’a pas laissée partir sans deux malles et une série de conseils avisés. Ses affaires voyagent donc dans une caravane qu’elle a payée et elle peut ainsi s’y changer ou y dormir. Elle n’a, de cette façon, pas besoin de trimbaler d’énormes sacoches de selle. Elle n’en a qu’une où se trouvent ses affaires les plus importantes et à l’arrière de la selle elle a roulé une couverture en plus de celle dans le chariot. Elle se tient bien droite sur sa selle, à califourchon malgré qu’elle préfère largement la position amazone qui sied mieux à une dame. Cependant, pour les commodités du voyage, il est bien plus simple de se tenir comme la majorité des gens surtout si elle doit un jour galoper.


Elle aime bien sa jument douce et endurante qui la transporte depuis maintenant quelques jours. Durant ces quelques jours, elle s’est comportée de manière distante et hautaine envers Rhéa, la jeune femme qui l’avait volée à Al-Jeit. Mais elle l’a à l’œil, elle ne sait pas ce qu’elle fiche là, mais elle ne las laissera pas voler quelqu’un d’autre en toute impunité. Envers les autres membres du voyage, elle est cordiale. Ce qui est déjà pas mal pour elle. Mais comme elle ne veut se mettre personne à dos pour le moment et faire son travail, elle agit comme il est correct de le faire en société mais ne se lie à personne en particulier. Elle profite du temps à cheval, où se petite jument suit le groupe tranquillement, pour lire un ouvrage ou se promener dans les Spires. Mais en majorité, elle écoute les conversations des uns et des autres et y participe parfois.


Alors qu’elle observe du coin de l’œil la voleuse assise aux côté d’un Thül, elle remarque un homme qui semble tenter de charmer une jeune femme de manière fort peu discrète. Elle l’observe un peu plus, il lui semble étrangement familier. Than Fil’Kalam. Le mari de sa sœur. Elle ne le remarque que maintenant alors qu’ils voyagent ensemble depuis deux jours. C'est étonnant. Qu’est-ce que son beau-frère fiche là à draguer des demoiselles ? Bon, qu’il voyage avec le convoi c’est logique pour un émissaire et diplomate mais ce qui pose problème à Ilenia c’est son attitude. N’est-il pas heureux en mariage ? Il finit par remarquer son regard chargé de questions et la salue d’une manière très étrange. Elle approche sa jument pour qu’ils voyagent côte à côte et hausse un sourcil en sa direction :



-Bonjour Than, je suis moi aussi ravie de te voir… Je ne comprends cependant pas ce que tu dis au sujet d’Eleanor. Je ne l’ai pas vue depuis des mois et je ne vois pas pourquoi elle m’enverrait à toi…


La Sentinelle ne sait pas ce qu’elle est censée répondre d'autre à sa remarque. Elle croyait que tout allait bien dans leur famille. Bon, les lettres qu’elle adresse à sa sœur sont plutôt succinctes et elle ne lui a pas rendu visite depuis un moment alors on ne peut pas dire qu’elles soient très proches. S’il s’était passé quoi que ce soit entre eux deux, Ilenia serait certainement la dernière informée. Elle se demande alors si elle ne devrait pas faire plus d’efforts envers sa sœur à son retour. Sentant le sujet scabreux et la présence de trop d’oreilles, la femme préfère l’éviter et dévie la conversation. S’il veut en parler, il saura où la trouver.


-Alors, tu t’es porté volontaire pour accompagner cette caravane ?

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S'il y a bien une chose que Than déteste, c'est d'être au centre de l'attention. Du moins quand c'est à sa défaveur. Et à l'instant, il a l'impression qu'Ilenia le fait passer pour un imbécile, en plus du quiproquo. Il serre donc des mâchoires et décide d'ignorer complètement la jeune femme faussement draguée, comme si elle n'existait plus. Qu'elle le prenne mal si ça lui chante, il n'en a que faire. Il se redresse sur la jument pour retrouver son importance et se promet de la transformer en steak si elle lui refait un coup pareil.

-Tu devrais passer à l'occasion. Ton neveu grandit bien trop vite.

Voyant qu'elle change de conversation, il saisit l'occasion pour se faire définitivement oublier. Et la remercier intérieurement pour cela, même s'il ressent toujours un profond agacement.

-Et oui. Je réponds au besoin de l'Empire, tel est mon rôle. Je dois également entrer en relation avec les troupes sur place. Et puis ça fait du bien de se décrasser un peu.

Il allait continuer à parler mission quand des voix sur le côté s'élèvent au point de leur en couper toute parole. Deux femmes discutaient avec un thül, à l'origine. A priori leur discussion devait faire polémique car d'autres membres du convoi venaient de les rejoindre et chacun y allait de son avis, avec force. L'un d'eux prend l'avantage en décibels en riant à s'en casser la voix. Rire qui met tout le monde sur les dents tant il est empli de dédain. Than et Ilenia ne discutent plus et écoutent, conscients qu'une nouvelle tension s'installe.

-Vous vous entendez, bande d'allumés ? Des alines, sérieusement ? Ce sont des fiottes. On en a fait toute une légende, mais la vérité c'est qu'ils restent prostrés sur leurs bateaux parce qu'ils ont peur de nous. Qu'ils y restent bien, parce que je les découpe en petits dés, moi. Et l'Amiralerie ? Tsss. Un mythe aussi. Des peureux qui n'assument pas leurs origines et qui veulent trouver refuge chez nous, profiter de nos richesses sans rien donner en retour. Si ce n'était que de moi, je les aurai déjà tous noyé, histoire de leur apprendre où est leur place.

Tant pis pour la volonté de s'effacer. Than ne peut pas ne pas réagir à ça. Il descend de sa monture et s'approche silencieusement dans le dos de l'imbécile qui vient de l'insulter et abat soudainement ses grosses pattes sur les épaules du monsieur-je-sais-tout avec une force non retenue. L'homme en fait un grand bon et retient de peu un petit cri aigüe. Beaucoup voudraient en rire, mais le regard sombre et menaçant du pirate en intimide plus d'un. Tous se demandent s'il va le tuer, personne ne l'en croit incapable à l'instant. On se demande juste pourquoi.

-Et si ça n'était que de moi, tu n'aurais déjà plus de langue. Mais j'ai très envie de t'entendre appeler ta maman dès lors que tu tomberas sur l'un des innombrables dangers qui nous attendent.

Une de ses mains vient s'emparer de son cou, sans le serrer. Juste mise en garde.

-Il existe une histoire pour faire peur aux enfants. Quiconque se moque d'un pirate en fait venir un auprès de lui. Alors je te conseille de fermer ta grande gueule. On va avoir largement de quoi s'occuper sur les plateaux sans en plus devoir croiser des pirates.

D'ailleurs, tu m'excuseras si tu trébuches devant une goule. Maladroit que je suis.

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Une certaine perplexité s’instaura dans l’esprit de Rhéa à la suite de la réponse de son interlocutrice, et c’est pourquoi, les coudes appuyés sur les genoux, l’air pensif,  elle se garda de répondre, fait plutôt rare chez elle. Elle se trouva stupide. Bien sûr. La vieille dichotomie entre l’Aline pirate sanguinaire et l’Aline fermier bonasse ne pouvait rendre service à personne. Si elle avait refusé avec suffisance le premier stéréotype, parce que, oui, bon, elle était plus intelligente que ça, elle était tombée les deux pieds dans le panneau du deuxième. Sans doute plus confortable pour sa conscience d’Alavirienne. Vrai qu’elle aimait bien les Alines qu’elle avait déjà rencontrés, avait trouvé en eux de bons partenaires d’affaires par le passé, mais était-ce une raison pour les rendre tous inoffensifs et impuissants face à l’Empire ? Extrapolait-elle sur la question ? Peut-être. Elle nota dans un coin de sa tête la dernière phrase de Lilith, pleine d’allusions pour quiconque aurait du mal à garder son esprit occupé, ce qui était souvent son cas. Mais elle approfondirait plus tard. Pour l’heure, elle constatait que le sujet de leur débat se trouvait récupéré par quelques grandes gueules. Elle les écouta en se tenant coite, mais en se crispant de plus en plus, une réplique cinglante sur la langue. Les imbéciles parlent forts, rien de nouveau sous le soleil. Elle allait joindre sa voix au dialogue de sourds ambiant lorsque, soudain, l’ombre de Than se profila dans le dos du plus fanfaron d’entre eux. Le noble enserra la gorge du gaillard d’une main immense et le flot de menaces qu’il proféra à son endroit les plongea tous dans un silence pesant et sidéré.

Après une seconde de flottement, un demi-sourire se fraya un chemin sur le visage de Rhéa. Elle affecta dans son langage corporel la désinvolture qu’elle arborait avant l’intervention de Than.

-Promis, Hart, je ne dirais pas que c’est toi qui a abordé le sujet des Alines pour commencer, fit-elle assez fort pour qu’on l’entende. Il émit quelques sons étouffés comme s’il s’étouffait avec l’indignation provoquée par le culot du petit bout de femme assis à ses côtés. Un effet comique qui provoqua des rires nerveux chez quelques-unes des personnes qui avaient assistées à la scène. Pas assez pour complètement détendre l’atmosphère cependant, mais la diversion avait remporté un succès honnête.

Elle administra une bourrade amicale sur l’épaule du Thül.

-Sans rancune.

Pourquoi tout d’un coup Rhéa s’attelait-elle à jouer les pacificatrices, même sarcastiques ? Peut-être parce qu’au fond, Hart avait raison. Than aussi. Ils trouveraient des dangers sur leur route. Mieux valait sans doute qu’ils réussissent à un former un front uni le plus tôt possible. Des convoyeurs littéralement à la gorge les uns des autres n’entraient dans aucune définition de l’unité. Non ? Rhéa avait bien voulu rompre avec la routine en se joignant à cette équipée, mais elle ne tenait pas à y laisser sa peau. Elle se fit la réflexion qu’elle avait vu peu de gens se mettre dans l'état de Than pour un imbécile calomniant les Alines. Sa propre prise de position n’était au départ pas autre chose qu’une tirade irréfléchie.

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Than ne s’aventure donc pas plus sur le terrain familial qui semble houleux et se contente de lui proposer de passer chez eux pour voir son neveu qui grandit. Et Ilenia sait parfaitement qu’il a raison. Quel genre de tante est-elle pour lui ? Celle qu’on ne voit jamais et qui est toujours à côté de la plaque ? Très certainement. La Sentinelle n’est présente pour lui que pour certains anniversaires ou certaines fêtes, jamais dans la vie de tous les jours avec les petits tracas du quotidien. Et qui peut lui expliquer l’importance du Don et sa puissance ? Qui saura voir s'il porte l'Imagination en lui ? Qui l'aidera et lui fera aimer ce pouvoir ? Sûrement pas Eleanor qui déteste tout ce qui touche aux Spires depuis la mort de leur mère. Quant à Than, la femme ne l’a jamais vu dessiner. Elle se dit alors qu’il faudra qu’elle se rende chez sa sœur après ce voyage pour ne pas tout gâcher avec elle et son fils. Mais bon il n’est pas sûr qu’elle tienne parole. Ilenia est comme ça, elle se dit plusieurs fois par jour qu’elle va faire des efforts pour aller vers les autres puis elle trouve une nouvelle idée à explorer ou un nouveau livre et elle oublie tout le reste.


Than lui explique ce dont elle se doutait, cette mission fait partie de son rôle et il a envie de se changer les idées en voyageant. Il semblait prêt à lui parler un peu plus lorsque des éclats de voix se mettent à résonner derrière eux, les faisant se retourner et écouter la discussion. Alors que certains parlent de la menace que représentent les Alines et leur influence possible sur ce cortège, un individu se met à les dénigrer et à les insulter. La jeune femme se dit en souriant légèrement qu’il n’adopte vraiment pas la meilleure stratégie de survie. S’il se permet de se moquer comme ça d’un peuple dont les Alaviriens savent si peu de choses à part leur aspect belliqueux il risque vraiment sa tête. Alors qu’elle s’attend à ce que quelqu’un se contente de se moquer de lui, Than saute de sa monture pour lui dire ses quatre vérités. Elle hausse un sourcil, ne le sachant pas aussi prompt à réagir surtout pour défendre ce peuple. Elle l’a toujours vu dans la maîtrise mais bon, son caractère est certainement faussé lorsqu’il se trouve en compagnie mondaine. Ici il peut laisser un peu plus libre court à ses émotions.


Ilenia se penche sur le côté et attrape les rênes du cheval plutôt nerveux de l’émissaire afin d’éviter qu’il ne piétine quelqu’un ou qu’il ne décide de faire une promenade ailleurs. C’est bien beau de régler ses comptes avec les abrutis mais bon, à l’avis de la Dessinatrice ce n’est qu’attirer plus l’attention sur lui et donc lui donner plus de crédit. Si l’ensemble du groupe l’avait ignoré le résultat aurait été le même. Mais bon, le dédain est une des stratégies préférées de la Sentinelle et il a déjà fait plusieurs fois ses preuves. Celle qui s'appelle Rhéa détend la situation en parlant au Thül à côté d’elle qui semble plutôt mécontent qu’elle l’inclue dans cette histoire. Mais il faut reconnaître qu’elle a les bons mots pour faire diminuer la tension car quelques rires s’échappent des gorges autour d’eux. L’homme qui n’en mène plus très large profite de cet instant de flottement pour s’éclipser et voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Than se rapproche alors de son cheval, l'air toujours fermé.



-Il est évident que dans une caravane aussi grande nous croisions aussi des imbéciles. J’espère que celui-là et les autres seront aptes à se battre en cas de danger. Notre chargement va forcément attirer les bandits du coin et les animaux sauvages mais je pense que les pirates ne s’aventureront pas aussi loin dans les terres.


Oui, vous remarquerez qu’Ilenia n’est pas très douée pour les discussions mondaines et qu’elle a sûrement plombé l’atmosphère à nouveau. Mais bon, elle trouve qu’il est important de parler de ce sujet pour savoir qui sera capable de combattre et qui aura besoin d’être défendu. Qui sait ce qu’ils pourront rencontrer sur la route ?


Spoiler :

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L'Effort de Guerre




ACTE 1 | Sur le chemin d'Al-Far


Le reste de la journée s’est déroulée sans anicroche plus remarquable que l’intervention du noble Than. Vous vous êtes arrêtés dans un champ en friche le long de la piste en formant un large cercle avec les chariots au centre duquel les caravaniers allument un feu.

Ceux qui ont des provisions les sortent des sacoches de selles et des chariots. Les autres s’installent calmement autour du feu de camp en tentant de détendre leurs muscles engourdis d’une longue journée de marche et de chevauchée. Les éclaireurs ont ramené cinq lièvres et une broche fait joyeusement grésiller la chair tendre au-dessus des flammes.

Les conversations vont bon train en attendant que tout soit prêt. Tout le monde, à l’exception des gardes qui surveillent le campement et des cuisiniers, est rassemblé autour du feu. On échange des propos sur l’avancement du front du nord. Tous sont optimistes, et plus d’un se targuent d’être en route pour rejoindre la glorieuse et victorieuse armée du nord dirigée par leur prince. Un jeune volontaire gringalet, encouragé par la bouteille d’alcool qui passe de main en main, déclare soudain avec aplomb qu’il tuerait facilement un géant sans aide aucune. Ses compagnons appuient les paroles revêches d’un cri. Jolgeir, qui se tient non loin, assit sur une souche, plante ses yeux dans ceux du jeune homme et s’adresse alors à lui sans hausser le voix, mais suffisamment fort pour que tous l’entendent :

" J’éviterais de faire ça, si j’étais toi… "

Les mots sont lourds de sens et les rires et les éclats perdent de leur vigueur. Le jeune homme est dépité, il sent son public s’éloigner et tente de reprendre le dessus.

" Et qu’est-ce que t’en sais toi ?! Tu m’as déjà vu me battre ? "

Le chef de caravane laisse planer un petit silence et reprend alors d’une voix grave.

" Toi, non, un géant, si. "

Le silence qui s’ensuit est pesant. Le jeune blanc-bec est tellement estomaqué qu’il en oublie de riposter. Les regards s’accrochent aux lèvres du Thül. Tous attendent la suite de l’histoire et Jolgeir le sait. Il se lève lentement et commence son récit.

" Nous étions partis depuis cinq jours, mon clan et moi. Le vent soufflait rageusement sur les plaines de Shaal. Nous avancions avec difficulté, mais les Thüls, ne renoncent jamais et quoiqu’il arrive, nous avancerions. Telle était la promesse que nous nous étions faite, et telle fut la promesse que nous tînmes malgré le danger. Car, au plus fort de la tourmente, se mêlant à nos frissons de froid, le sol se mit à trembler. Les plus vaillants de nos hommes tombèrent à genoux, je fléchis moi-même et me trouvait le genou à terre lorsqu’il apparut. "

Le Thül sait conter, il suffit de voir les yeux brillants de son auditoire ; tous attendent la suite et Jolgeir ne voit pas pourquoi les en priver, il continu, sur le même ton.

" Sa silhouette nous apparut alors, grise sur le blanc de la tourmente. Nous n’eûmes nul besoin de nous concerter pour décider d’avancer malgré tout. De toute manière, il nous paraissait évident que nous étions proches de la créature et que nous ne pourrions fuir. Le clan entier retenait son souffle, les femmes avaient caché les enfants au fond des chariots et tous ceux qui savaient peu ou prou tenir une arme se dressaient autour de la colonne. Et malgré la masse sombre qui nous surplombait, il nous fallut encore un temps considérable de marche pour atteindre le géant, car s’en était bien un. À sa vue, les hommes tremblèrent. Au fur et à mesure que nous nous étions rapprochés, les secousses de ses pas s’étaient amplifiées. Mais à présent qu’il nous surplombait de sa hauteur de montagne, c’étaient de véritables séismes qu’il provoquait et plus d’un chariot fut renversé. Mais les hommes avaient fait une promesse, et ils se jetèrent sur la bête, la lame au-devant. "

Là, le caravanier décide de se ménager une pause, laissant planer le suspense. Au loin, dans la nuit maintenant noire, une chouette pousse un cri lugubre. Le feu qui rôtissait les lièvres s’est presque éteint et  tous ont oublié la venaison. Le conteur se serre une grande rasade de bière et reprend.

" Au début, nous décidions de courir tête baissée vers la chose, ne connaissant pas notre ennemi. Mais lorsque de sa seule main, il eut broyé le plus valeureux de nos guerriers, nous décidâmes de changer de position. Les arcs furent bandés, mais nos flèches étaient trop fragiles, sa peau trop épaisse. Je crois, mes amis, que je vécus ce jour-là le combat le plus épuisant et le plus vain de mon existence. De ses mains immense, il balayait les nôtres par dizaines. Finalement, nous dûmes notre salut, non pas au courage –j’ai honte de l’avouer-, mais à la dame qui, louée est-elle, avait infligé à la montagne de muscles une blessure. Cela faisait un temps déjà que nous tentions de résister lorsque la créature tomba de tout son long, face contre terre. Une flèche de la taille d’un tronc de rougeoyer était fichée dans son épaule jusqu’à la moitié, nul doute qu’elle avait percé le poumon, si tant est que ces géants en ait. "

Un long silence accompagne ce que vous croyez être la fin du récit. Bien sûr, personne n’est dupe, une flèche d’une telle taille est inimaginable, personne ne pourrait la décocher ! Manifestement, le conteur ne lésine pas sur l’exagération. Mais cela ajoute du panache au conte et personne n'ose protester.

Les cuisiniers sont arrivés avec des grandes casseroles pleines de soupe chaude, mais devant l’ambiance pesante, ils n’osent piper mot, encore moins servir la moindre goutte.

L’assemblé est tendu, tous n’attendent que le moment où l’un d’entre eux aurait le bon sens de parler pour dégivrer la situation. Mais Jolgeir n’en a pas fini et avant que quiconque ne puisse prendre la parole, il conclut en ces mots.

" En vérité, mes amis, je vous le dis, les légionnaires noirs sont forts et valeureux, mais un seul géant vaux bien un escadron entier des nôtres. D’autant plus que ceux qui se battent ne sont pas blessés à mort. "

Le silence devient alors glaçant. Même les bruits de la nature s’estompent. C’est à ce moment que retentit un cri glaçant d’effroi.

Les nomades sont promptes à réagir, la main au fourreau ils se dirigent en courant vers la source du bruit. Tous ont pensé à la même chose. Un Géant –pensaient-ils- les attaquait. Mais si les itinérants ont l’habitude de ce genre de situation de crise, ce n’est pas le cas de tous les voyageurs et on assiste vite à une fuite non organisée.

Vous qui êtes au cœur même de la pagaille, êtes-vous prêts à défendre chèrement votre vie ? Ou bien la protection des murs de bois des chariots vous semble plus judicieuse ? Décidez-vous vite, l’ennemi est proche !




Tours de réponse

  1. Than Fil'Kalam
  2. Rhéa Syriambre
  3. Lilith Astörys
  4. Ilenia Nil'Lysah


Rappel

  • Pour un avancement rapide, les réponses devront être comprises entre 300 et 600 mots maximum.
  • Également, un joueur dont c’est le tour de répondre à 7 jours pour le faire. S'il n'a pas répondu dans ce délai, la main passe au joueur suivant.

descriptionQUÊTE DE L'EMPIRE | L'Effort de guerre EmptyRe: QUÊTE DE L'EMPIRE | L'Effort de guerre

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L'incident de la journée a laissé à Than une bile acide en travers de la gorge. Il n'a pu que sourire maigrement aux mots de réconfort d'Ilenia, sincèrement secoué. Non pas par les dires, en soit il en a entendu des biens pires venant de personnes bien plus importantes à ses yeux. Mais par le fait d'être si sensible. Il supporte de moins en moins les critiques et les faux semblants et s'emporte pour rien dès qu'il s'agit de pirates. Ce titillement d'origines a commencé il y a un an avec la rencontre de Naëth et n'a pu que se décupler lors de son récent voyage en pays aline.
Il reste donc silencieux le reste du voyage et ne fait qu'un simple acte de présence au repas, n'accordant que quelques regards afin de garder les apparences en semi-contrôle. La présence de sa belle-soeur le met particulièrement mal à l'aise. Bien qu'elle entretienne de très faible rapports avec sa famille, elle n'en reste pas moins une personne dangereuse pour sa couverture. Elle le connait suffisamment pour comprendre assez vite qu'il n'est pas un véritable dessinateur si l'occasion d'user du don se présente, par exemple.
L'histoire du chef de caravane lui offre l'opportunité de vider son anxiété et il tente de prendre le caractère curieux de son fils afin de s'y immerger complètement.

Si jusqu'ici l'émissaire se tenait sur ses gardes, conscient qu'ils ne feraient pas route tranquille tout du long, il doit admettre que le cri soudain le surprend. Pris au piège de l'ambiance générale et de ses pensées torturées, il a tout simplement baissé sa garde. Aussi bondit-il, le coeur essoufflé par l'inattendu. Les réflexes reprennent heureusement vite du service et sa main vient se saisir du poignard le plus proche : accroché à sa ceinture. L'autre poignet se plie dans son dos pour retirer de son armature une lame plus longue. Genoux légèrement fléchi, il tend l'oreille et examine la réaction de ses pairs. Un rapide coup d'oeil lui indique les réels dessinateurs, qui ont déjà fait apparaitre des boules de flammes ou autres créations dans leurs mains. Il grimace discrètement. Lui posera-t-on des questions sur le fait de se préparer au combat comme un guerrier et non comme un dessinateur ? L'heure n'est toutefois pas à se soucier de cela et il part rejoindre quelques éclaireurs téméraires.

S'approcher de la zone dangereuse n'est pas chose aisée. La panique a très vite envahie le convoi et tous courent en tous sens. Si bien que l'aline est de multiples fois bousculé par ses propres alliés. Situation qui le fait grogner. Il n'a qu'une envie : trouver la source de cette pagaille et l'éliminer au plus vite. Malheureusement la nuit est tombée et leur fait perdre une visibilité conséquente. Des ombres naissent de toutes parts, souvent simples jeux de lumières de la nature, d'autres fois amis qui se sont décidés à les rejoindre. Un légionnaire prend donc le dessus du commandement et sépare les courageux en groupe pour cercler le périmètre.

Le silence leur serre gorge et coeur durant quelques minutes, comme si le monstre avait finalement fait demi-tour. Quelques perles de sueurs pointent sur le front du noble qui protège néanmoins son groupe de ses larges épaules, lames au devant. Sage décision. Inutile, mais sage. Surtout inutile au vu de la masse difforme qui fond sur lui.

-A couvert ! A-t-il tout juste le temps d'hurler à ses compatriotes.

Pour le reste, adressez-vous à la joli crêpe qui a pris sa place. Face


Spoiler :

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