descriptionWyska Benorith
Wyska Benorith
Alavirien Alavirien Acrobate
Généralités
- Nom
- Benorith
- Prénom
- Wyska
- Genre
- Femme
- Âge
- Date de Naissance
- Été de l'année 150
- Lieu de Naissance
- Quelque part sur la route
- Peuple
- Alavirienne
- Métier
- Acrobate
Description Physique
En fait... Je suis là depuis le début.Wyska Benorith
Wyska n'est pas d'une beauté qui attire tous les regards. Elle passe plutôt inaperçue dans la foule, mais lorsqu'on lui accorde une attention particulière, elle sait captiver le regard pour un instant. Du haut de ses dix-sept années, elle est cependant encore considérée comme une enfant par la plupart des hommes, ce qui ne la dérange pas vraiment, c'est le dernier de ses soucis.
Plus en détail, Wyska a un visage de forme ovale aux pommettes basses. La ligne de sa mâchoire ni trop carré ni trop ronde se termine sous un menton arrondi. Ses traits sont doux et encore cachés sous la rondeur d'un visage tout juste sortie de l'enfance. Ses yeux légèrement enfoncés sont ceux de son père. Ils sont d'un vert pâle changeant selon la luminosité de la journée. Ils seront plus foncés lors d'une journée nuageuse et plus claire lorsque le soleil se fait très présent. Ils sont entourés de cils foncés étant juste assez longs pour être jolie et ils sont surmontés d'un sourcil droit peu fourni dont elle ne s'occupe pas. Elle a un nez court et retroussé qui lui donne parfois un air d'enfant lorsqu'elle le plisse de mécontentement. Ses lèvres sont charnues sans pour autant paraître sensuelle. Sa bouche ni trop large, ni trop étroite, est tout simplement parfaite pour la forme de son visage. Sa peau garde un beige clair et malgré ses nombreuses heures passées sous le soleil, elle ne bronze que très peu. Avec beaucoup de chance, son teint peut s'approcher d'un beige doré après un été complet de pleines journées ensoleillées.
Les cheveux encadrant son visage sont de couleur chocolat et les plus courtes mèches lui arrivent tout juste au menton. Ses cheveux descendent jusqu'à ses reins, mais sont très rarement laissés libres dans le vent. La plupart du temps, ils seront tressés dans son dos ou simplement attachés en une couette rapide, mais efficace. Elle les garde attachés puisque c'est plus pratique pour les acrobaties qu'elle peut faire à n'importe quelle heure de la journée. La longueur de ses cheveux rivalise avec ceux de sa mère; lorsqu'elle n'était encore qu'une petite fille, elle avait ce désir de ressembler à sa mère et avoir la même grâce que celle qu'elle voyait comme son idole. Au fil du temps, elle s'était habituée à ses cheveux longs et ne voudrait pas les couper, même si ce n'était pas toujours très pratique.
Wyska a un corps mince et musclé par ses années d'entraînement dans le cirque. Elle peut très facilement soulever son propre poids et se tenir longuement sur les mains. Elle a un bon contrôle de son corps; elle est très flexible et se déplace finement. Elle sait se défendre et éviter les coups, mais se ferait très vite mettre au tapis dans n'importe quel vrai combat.
Elle a une morphologie en forme de sablier, mais elle a peu de courbe au niveau de la poitrine. Sa petite poitrine la complexe un peu, mais peut en même temps se montrer pratique. Ses courbes peu développées la font aussi paraître plus jeune, mais son ventre ainsi que ses jambes sont bien dessinés. Elle a une posture droite et se promène la tête haute, sans pour autant snober son entourage. Elle dégage une grande confiance en elle malgré les incertitudes dont elle est parfois la proie.
Pour ce qui est de sa garde-robe, la jeune acrobate a peu d'ensembles différents. Le manque de rangement et la pauvreté sont les deux principales causes de ce manque de vêtements, mais elle le vit très bien. Le plus souvent, elle revêtit ses habits d'entraînements qui sont confortables et très pratiques. Elle en a un rose et rouge qui laisse son ventre à découvert et l'autre est un juste au corps noir. Le reste du temps, elle porte soit ses tuniques kaki ou rouge avec un pantalon soit sa robe dans les teintes de verts serrée à la taille. Ses costumes de spectacle sont rangés dans un coffre près de son lit, mais ne sont pas très variés non plus. Le plus souvent, elle va modifier le costume à l'aide de sa mère pour coller au thème du spectacle.
Plus en détail, Wyska a un visage de forme ovale aux pommettes basses. La ligne de sa mâchoire ni trop carré ni trop ronde se termine sous un menton arrondi. Ses traits sont doux et encore cachés sous la rondeur d'un visage tout juste sortie de l'enfance. Ses yeux légèrement enfoncés sont ceux de son père. Ils sont d'un vert pâle changeant selon la luminosité de la journée. Ils seront plus foncés lors d'une journée nuageuse et plus claire lorsque le soleil se fait très présent. Ils sont entourés de cils foncés étant juste assez longs pour être jolie et ils sont surmontés d'un sourcil droit peu fourni dont elle ne s'occupe pas. Elle a un nez court et retroussé qui lui donne parfois un air d'enfant lorsqu'elle le plisse de mécontentement. Ses lèvres sont charnues sans pour autant paraître sensuelle. Sa bouche ni trop large, ni trop étroite, est tout simplement parfaite pour la forme de son visage. Sa peau garde un beige clair et malgré ses nombreuses heures passées sous le soleil, elle ne bronze que très peu. Avec beaucoup de chance, son teint peut s'approcher d'un beige doré après un été complet de pleines journées ensoleillées.
Les cheveux encadrant son visage sont de couleur chocolat et les plus courtes mèches lui arrivent tout juste au menton. Ses cheveux descendent jusqu'à ses reins, mais sont très rarement laissés libres dans le vent. La plupart du temps, ils seront tressés dans son dos ou simplement attachés en une couette rapide, mais efficace. Elle les garde attachés puisque c'est plus pratique pour les acrobaties qu'elle peut faire à n'importe quelle heure de la journée. La longueur de ses cheveux rivalise avec ceux de sa mère; lorsqu'elle n'était encore qu'une petite fille, elle avait ce désir de ressembler à sa mère et avoir la même grâce que celle qu'elle voyait comme son idole. Au fil du temps, elle s'était habituée à ses cheveux longs et ne voudrait pas les couper, même si ce n'était pas toujours très pratique.
Wyska a un corps mince et musclé par ses années d'entraînement dans le cirque. Elle peut très facilement soulever son propre poids et se tenir longuement sur les mains. Elle a un bon contrôle de son corps; elle est très flexible et se déplace finement. Elle sait se défendre et éviter les coups, mais se ferait très vite mettre au tapis dans n'importe quel vrai combat.
Elle a une morphologie en forme de sablier, mais elle a peu de courbe au niveau de la poitrine. Sa petite poitrine la complexe un peu, mais peut en même temps se montrer pratique. Ses courbes peu développées la font aussi paraître plus jeune, mais son ventre ainsi que ses jambes sont bien dessinés. Elle a une posture droite et se promène la tête haute, sans pour autant snober son entourage. Elle dégage une grande confiance en elle malgré les incertitudes dont elle est parfois la proie.
Pour ce qui est de sa garde-robe, la jeune acrobate a peu d'ensembles différents. Le manque de rangement et la pauvreté sont les deux principales causes de ce manque de vêtements, mais elle le vit très bien. Le plus souvent, elle revêtit ses habits d'entraînements qui sont confortables et très pratiques. Elle en a un rose et rouge qui laisse son ventre à découvert et l'autre est un juste au corps noir. Le reste du temps, elle porte soit ses tuniques kaki ou rouge avec un pantalon soit sa robe dans les teintes de verts serrée à la taille. Ses costumes de spectacle sont rangés dans un coffre près de son lit, mais ne sont pas très variés non plus. Le plus souvent, elle va modifier le costume à l'aide de sa mère pour coller au thème du spectacle.
Caractère
J'aime vraiment être seule. Je le sais, car je suis entourée. Maintenant, fiches-moi la paix s'il te plait.Wyska Benorith
Aventureuse
Wyska a une soif d'aventure. Elle veut voir le monde. Elle est dans le cirque, mais les contraintes l'énervent un peu. Elle doit s'entraîner, préparer ses numéros, suivre la troupe, s'arrêter dans des villages précis pour les spectacles. Elle a toujours apprécié cette façon de vivre, mais elle commence à vouloir essayer autre chose, explorer autre chose. Elle veut pouvoir aller où elle veut quand elle veut et découvrir les mystères que cache ce monde. Comme la forêt sombre dans laquelle il lui est interdit de s'aventurer, les montagnes qu'elle ne voit que de loin, les cours d'eau qui lui semblent infinis. Elle veut marcher entre les arbres de cette forêt mystérieuse, se rendre au sommet de la montagne pour surplomber le monde et trouver là où commence et termine la rivière. Toutes ses choses, elle veut les voir de ses yeux. Pas les lire. Pas les entendre. Les voir avec sa propre âme.
Confiante
Malgré les hésitations qui l'envahissent parfois, Wyska dégage une grande confiance en elle. Lorsqu'elle sait ce qu'elle veut, elle ne laisse pas les autres lui barrer le chemin. Elle a parfois de la difficulté à prendre des décisions, mais cela ne change pas le fait qu'elle croit en elle et en ce qu'elle est capable d'accomplir. Elle a parfois besoin de quelques mots pour la rassurer de la part de sa mère, mais plus elle vieillit et moins elle en a besoin. Depuis sa rencontre avec Shaert, elle s'affirme encore plus.
Curieuse
Depuis qu'elle est haute comme trois pommes, Wyska a ce besoin de savoir et d'explorer ce qui l'entoure. Sa curiosité n'est assouvie que lorsqu'elle considère que les réponses à ses questions sont les bonnes. Elle a toujours été intriguée par ce qu'elle ne pouvait pas comprendre. La curiosité bat parfois ses inquiétudes et arrive à la faire bouger sans ses longs moments de réflexion habituels. Il lui arrive de se retrouver ensuite dans une situation où elle se demande ce qu'elle fait là ou pourquoi elle s'y est rendue. Lorsqu'une personne pique sa curiosité, Wyska peut étonnamment devenir très bavarde, mais la plupart du temps, elle ne se contente que de fixer la personne de loin.
Déterminée
Une fois qu'elle a quelque chose en tête, elle est déterminée à l'accomplir. On pourrait presque la qualifier de têtue, mais elle se considère plus comme déterminée à mener à bien sa tâche. Elle est prête à écouter les autres lorsque cela en vaut la peine et à changer d'avis si elle réalise que finalement, ce n'est pas une très bonne idée. Mais aussi longtemps que l'idée reste dans son esprit, elle compte l'achever de son mieux.
Elle a aussi ce désir de dépasser ses limites. Elle ne se contente pas de ce qu'elle sait faire et de ce qu'elle a accompli. Elle s'entraîne toujours plus pour se perfectionner et considère qu'elle en a encore beaucoup à apprendre.
Discrète
Elle passe très souvent inaperçue dans la masse et elle n'essaie pas d'attirer l'attention. D'ailleurs, elle n'aime pas être le centre de l'attention à un endroit autre que sur la scène. Elle préfère se concentrer sur ses propres affaires. Elle n'a pas besoin de la reconnaissance des autres et si ses numéros sont appréciés du public, c'est bien assez pour elle. Elle aime se promener et faire ce qu'elle veut sans se soucier des autres. Elle est très bien avec elle-même.
Égoïste
Wyska peut être considéré comme une jeune femme égoïste. Elle fait passer sa propre personne avant les autres. Elle pense plus à elle qu'autre chose lorsque vient le temps de faire un choix, mais cela ne fait pas d'elle une méchante fille. C'est simplement que ce qui ne l'affecte pas directement ne la touche pas vraiment. Elle passe par-dessus sans y porter plus d'attention qu'il n'y faudrait. Elle ne le fait pas par méchanceté, c'est simplement qu'elle se fiche un peu des autres. Elle n'est pas irrespectueuse ou froide, mais elle n'est pas particulièrement portée à aller vers les autres écouter leur histoire. En cas d'urgence, elle est prête à courir au secours de quelqu'un et surtout lorsque ce sont des gens auxquels elle tient, mais dans d'autres circonstances, elle ne se mêle pas de la vie des autres. Elle n'a pas tout à fait conscience de la misère du monde à proprement parler non plus.
Joyeuse
Tout comme sa mère, Wyska a cette joie de vivre contagieuse. Un sourire éclaire souvent son visage même si la cause reste inconnue pour la majorité de son entourage. Elle aime la vie et est heureuse de vivre. Elle essaie de s'amuser dans tout ce qu'elle entreprend. Wyska n'a jamais eu de grand problème dans sa vie. Mise à part l'incertitude de certains jours dont elle ne fait pas toujours attention dans le cirque, elle ne réalise que la vie peut être difficile. Elle a donc encore une grande confiance en la vie.
Observatrice
Plutôt que de parler, Wyska préfère écouter et surtout observer. Elle a tendance à fixer les gens, parfois un peu trop longtemps sans toujours réaliser que cela peut paraître étrange. Elle essaie de ne laisser aucun détail lui échapper, mais n'est pas encore à l'affut du moindre geste comme elle le voudrait. Elle porte une attention particulière à ce qui l'entoure, même si certains éléments arrivent à lui échapper.
Depuis sa rencontre avec Shaert, elle a beaucoup développé son sens de l'observation, mais même en le fixant longuement, elle n'a toujours pas trouvé comment il pouvait être aussi habile à vivre.
Fière
Elle ne veut en aucun cas montrer ses faiblesses à son entourage ou à n'importe qui qu'elle pourrait rencontrer. Elle déteste l'idée de paraître faible et ne veut pas non plus se montrer blessée, même si elle l'est profondément. Elle va retenir ses larmes jusqu'à être seule pour pleurer, que ce soit devant un inconnu ou un proche.
Elle veut être en contrôle de ce qu'elle fait, de ce qu'elle décide et ressent. Elle n'est pas tyrannique et avide de pouvoir. Elle veut simplement contrôler ses propres actions. L'idée que quelqu'un décide pour elle ne l'enchante pas du tout. Elle l'accepte dans la mesure des contraintes de ce qu'elle choisit, mais sans plus.
Réfléchie
Avant de parler, avant d'agir, Wyska prend souvent un moment de réflexion. Elle pèse le pour et le contre. Elle se pose des questions à savoir ce qui est le mieux pour elle. Elle va très rarement prendre une décision impulsive. Cela risque d'arriver seulement lorsqu'elle est poussée par la curiosité. Elle préfère observer la situation et trouver ce qui est le mieux à faire. À cause de ses longs moments de réflexion, Wyska a parfois de la difficulté à se décider sur ce qu'elle veut faire. Différentes raisons peuvent lui donner envie de choisir plusieurs des possibilités alors qu'elle ne le peut pas. Souvent, lorsqu'elle réfléchit trop, les inquiétudes s'en mêlent et compliquent parfois les choses.
Sérieuse
Dans ses entraînements, dans le cirque et dans presque tout ce qu’elle entreprend. Lorsqu’elle se décide à faire quelque chose, elle le fait. Elle sait ce qu'elle veut obtenir et compte bien y arriver. Il ne faut pas confondre, elle n'est pas rabat-joie pour autant. Elle sait seulement quand arrêter de rigoler et garder son sérieux. Tout de même, ce n’est pas une grande farceuse et avec sa facette solitaire on peut facilement la considérer froide, alors que ce n’est pas le cas du tout.
Silencieuse
Wyska ne parle pas beaucoup. En fait, elle considère que parler pour ne rien dire est énervant. Elle ne voit pas l'intérêt de meubler un silence par une parole inutile. Elle ne se force donc aucunement pour faire la discussion avec quelqu'un. Par contre, lorsqu'elle se montre intéressée par un sujet, elle peut étonner les gens à faire part de son avis et de ses pensées qu'elle garde souvent pour elle-même.
En présence d'inconnu, Wyska devient encore plus silencieuse. Elle ne sait pas quoi dire, alors elle ne se contente que de garder le silence. Elle écoute beaucoup plus lorsqu'elle est entourée plutôt que de parler elle-même. Un hochement de tête par-ci et par-là et elle fait partie du groupe de discussion sans avoir à ouvrir la bouche.
Solitaire
Ce n’est pas qu’elle n’aime pas la compagnie, c’est simplement qu'elle préfère être avec elle-même. Elle ne se mêle pas beaucoup à la troupe, même si elle connait tout le monde et leur parle régulièrement. Être avec les autres ne la dérange pas toujours et elle aime même discuter lorsque le sujet est intéressant, mais sans plus. Elle ne comprend tout simplement pas comment certaines personnes font pour être sociales. De son côté, elle n'aime pas parler à ceux qu'elle ne connait pas, car elle ne sait tout simplement pas comment engager la discussion ou bien comment l'entretenir. Comme elle a tendance à garder ses pensées pour elle, les gens trouvent moins agréable de rester avec elle. Elle s'est rapidement rendu compte que le silence est quelque chose de parfois inconfortable pour les autres.
Cependant, lorsqu'elle se lie d'amitié avec quelqu'un, elle s'attache beaucoup et préfère ne jamais les voir partir, ce qui est souvent impossible. Elle accorde une grande importance à la famille et est très proche de ses frères ainsi que de ses parents.
Wyska
Voici les traits principaux qui forgent la personnalité de Wyska. Les événements et les gens qu'elle rencontre peuvent influencer sa personnalité, mais ces traits fondamentaux sont ceux qui la définissent au plus profond d'elle-même. À partir de là, les actions prennent leur sens. Elle considère qu'elle commence tout juste à vivre. Elle veut vivre des expériences différentes et elle est prête à se lancer dans l'aventure. Sauf qu'il y a toujours un mais.
Wyska a une soif d'aventure. Elle veut voir le monde. Elle est dans le cirque, mais les contraintes l'énervent un peu. Elle doit s'entraîner, préparer ses numéros, suivre la troupe, s'arrêter dans des villages précis pour les spectacles. Elle a toujours apprécié cette façon de vivre, mais elle commence à vouloir essayer autre chose, explorer autre chose. Elle veut pouvoir aller où elle veut quand elle veut et découvrir les mystères que cache ce monde. Comme la forêt sombre dans laquelle il lui est interdit de s'aventurer, les montagnes qu'elle ne voit que de loin, les cours d'eau qui lui semblent infinis. Elle veut marcher entre les arbres de cette forêt mystérieuse, se rendre au sommet de la montagne pour surplomber le monde et trouver là où commence et termine la rivière. Toutes ses choses, elle veut les voir de ses yeux. Pas les lire. Pas les entendre. Les voir avec sa propre âme.
Confiante
Malgré les hésitations qui l'envahissent parfois, Wyska dégage une grande confiance en elle. Lorsqu'elle sait ce qu'elle veut, elle ne laisse pas les autres lui barrer le chemin. Elle a parfois de la difficulté à prendre des décisions, mais cela ne change pas le fait qu'elle croit en elle et en ce qu'elle est capable d'accomplir. Elle a parfois besoin de quelques mots pour la rassurer de la part de sa mère, mais plus elle vieillit et moins elle en a besoin. Depuis sa rencontre avec Shaert, elle s'affirme encore plus.
Curieuse
Depuis qu'elle est haute comme trois pommes, Wyska a ce besoin de savoir et d'explorer ce qui l'entoure. Sa curiosité n'est assouvie que lorsqu'elle considère que les réponses à ses questions sont les bonnes. Elle a toujours été intriguée par ce qu'elle ne pouvait pas comprendre. La curiosité bat parfois ses inquiétudes et arrive à la faire bouger sans ses longs moments de réflexion habituels. Il lui arrive de se retrouver ensuite dans une situation où elle se demande ce qu'elle fait là ou pourquoi elle s'y est rendue. Lorsqu'une personne pique sa curiosité, Wyska peut étonnamment devenir très bavarde, mais la plupart du temps, elle ne se contente que de fixer la personne de loin.
Déterminée
Une fois qu'elle a quelque chose en tête, elle est déterminée à l'accomplir. On pourrait presque la qualifier de têtue, mais elle se considère plus comme déterminée à mener à bien sa tâche. Elle est prête à écouter les autres lorsque cela en vaut la peine et à changer d'avis si elle réalise que finalement, ce n'est pas une très bonne idée. Mais aussi longtemps que l'idée reste dans son esprit, elle compte l'achever de son mieux.
Elle a aussi ce désir de dépasser ses limites. Elle ne se contente pas de ce qu'elle sait faire et de ce qu'elle a accompli. Elle s'entraîne toujours plus pour se perfectionner et considère qu'elle en a encore beaucoup à apprendre.
Discrète
Elle passe très souvent inaperçue dans la masse et elle n'essaie pas d'attirer l'attention. D'ailleurs, elle n'aime pas être le centre de l'attention à un endroit autre que sur la scène. Elle préfère se concentrer sur ses propres affaires. Elle n'a pas besoin de la reconnaissance des autres et si ses numéros sont appréciés du public, c'est bien assez pour elle. Elle aime se promener et faire ce qu'elle veut sans se soucier des autres. Elle est très bien avec elle-même.
Égoïste
Wyska peut être considéré comme une jeune femme égoïste. Elle fait passer sa propre personne avant les autres. Elle pense plus à elle qu'autre chose lorsque vient le temps de faire un choix, mais cela ne fait pas d'elle une méchante fille. C'est simplement que ce qui ne l'affecte pas directement ne la touche pas vraiment. Elle passe par-dessus sans y porter plus d'attention qu'il n'y faudrait. Elle ne le fait pas par méchanceté, c'est simplement qu'elle se fiche un peu des autres. Elle n'est pas irrespectueuse ou froide, mais elle n'est pas particulièrement portée à aller vers les autres écouter leur histoire. En cas d'urgence, elle est prête à courir au secours de quelqu'un et surtout lorsque ce sont des gens auxquels elle tient, mais dans d'autres circonstances, elle ne se mêle pas de la vie des autres. Elle n'a pas tout à fait conscience de la misère du monde à proprement parler non plus.
Joyeuse
Tout comme sa mère, Wyska a cette joie de vivre contagieuse. Un sourire éclaire souvent son visage même si la cause reste inconnue pour la majorité de son entourage. Elle aime la vie et est heureuse de vivre. Elle essaie de s'amuser dans tout ce qu'elle entreprend. Wyska n'a jamais eu de grand problème dans sa vie. Mise à part l'incertitude de certains jours dont elle ne fait pas toujours attention dans le cirque, elle ne réalise que la vie peut être difficile. Elle a donc encore une grande confiance en la vie.
Observatrice
Plutôt que de parler, Wyska préfère écouter et surtout observer. Elle a tendance à fixer les gens, parfois un peu trop longtemps sans toujours réaliser que cela peut paraître étrange. Elle essaie de ne laisser aucun détail lui échapper, mais n'est pas encore à l'affut du moindre geste comme elle le voudrait. Elle porte une attention particulière à ce qui l'entoure, même si certains éléments arrivent à lui échapper.
Depuis sa rencontre avec Shaert, elle a beaucoup développé son sens de l'observation, mais même en le fixant longuement, elle n'a toujours pas trouvé comment il pouvait être aussi habile à vivre.
Fière
Elle ne veut en aucun cas montrer ses faiblesses à son entourage ou à n'importe qui qu'elle pourrait rencontrer. Elle déteste l'idée de paraître faible et ne veut pas non plus se montrer blessée, même si elle l'est profondément. Elle va retenir ses larmes jusqu'à être seule pour pleurer, que ce soit devant un inconnu ou un proche.
Elle veut être en contrôle de ce qu'elle fait, de ce qu'elle décide et ressent. Elle n'est pas tyrannique et avide de pouvoir. Elle veut simplement contrôler ses propres actions. L'idée que quelqu'un décide pour elle ne l'enchante pas du tout. Elle l'accepte dans la mesure des contraintes de ce qu'elle choisit, mais sans plus.
Réfléchie
Avant de parler, avant d'agir, Wyska prend souvent un moment de réflexion. Elle pèse le pour et le contre. Elle se pose des questions à savoir ce qui est le mieux pour elle. Elle va très rarement prendre une décision impulsive. Cela risque d'arriver seulement lorsqu'elle est poussée par la curiosité. Elle préfère observer la situation et trouver ce qui est le mieux à faire. À cause de ses longs moments de réflexion, Wyska a parfois de la difficulté à se décider sur ce qu'elle veut faire. Différentes raisons peuvent lui donner envie de choisir plusieurs des possibilités alors qu'elle ne le peut pas. Souvent, lorsqu'elle réfléchit trop, les inquiétudes s'en mêlent et compliquent parfois les choses.
Sérieuse
Dans ses entraînements, dans le cirque et dans presque tout ce qu’elle entreprend. Lorsqu’elle se décide à faire quelque chose, elle le fait. Elle sait ce qu'elle veut obtenir et compte bien y arriver. Il ne faut pas confondre, elle n'est pas rabat-joie pour autant. Elle sait seulement quand arrêter de rigoler et garder son sérieux. Tout de même, ce n’est pas une grande farceuse et avec sa facette solitaire on peut facilement la considérer froide, alors que ce n’est pas le cas du tout.
Silencieuse
Wyska ne parle pas beaucoup. En fait, elle considère que parler pour ne rien dire est énervant. Elle ne voit pas l'intérêt de meubler un silence par une parole inutile. Elle ne se force donc aucunement pour faire la discussion avec quelqu'un. Par contre, lorsqu'elle se montre intéressée par un sujet, elle peut étonner les gens à faire part de son avis et de ses pensées qu'elle garde souvent pour elle-même.
En présence d'inconnu, Wyska devient encore plus silencieuse. Elle ne sait pas quoi dire, alors elle ne se contente que de garder le silence. Elle écoute beaucoup plus lorsqu'elle est entourée plutôt que de parler elle-même. Un hochement de tête par-ci et par-là et elle fait partie du groupe de discussion sans avoir à ouvrir la bouche.
Solitaire
Ce n’est pas qu’elle n’aime pas la compagnie, c’est simplement qu'elle préfère être avec elle-même. Elle ne se mêle pas beaucoup à la troupe, même si elle connait tout le monde et leur parle régulièrement. Être avec les autres ne la dérange pas toujours et elle aime même discuter lorsque le sujet est intéressant, mais sans plus. Elle ne comprend tout simplement pas comment certaines personnes font pour être sociales. De son côté, elle n'aime pas parler à ceux qu'elle ne connait pas, car elle ne sait tout simplement pas comment engager la discussion ou bien comment l'entretenir. Comme elle a tendance à garder ses pensées pour elle, les gens trouvent moins agréable de rester avec elle. Elle s'est rapidement rendu compte que le silence est quelque chose de parfois inconfortable pour les autres.
Cependant, lorsqu'elle se lie d'amitié avec quelqu'un, elle s'attache beaucoup et préfère ne jamais les voir partir, ce qui est souvent impossible. Elle accorde une grande importance à la famille et est très proche de ses frères ainsi que de ses parents.
Wyska
Voici les traits principaux qui forgent la personnalité de Wyska. Les événements et les gens qu'elle rencontre peuvent influencer sa personnalité, mais ces traits fondamentaux sont ceux qui la définissent au plus profond d'elle-même. À partir de là, les actions prennent leur sens. Elle considère qu'elle commence tout juste à vivre. Elle veut vivre des expériences différentes et elle est prête à se lancer dans l'aventure. Sauf qu'il y a toujours un mais.
Histoire
J'aime bien voir le monde la tête en bas.Wyska Benorith
BAM
La porte se referma si fort derrière la jeune femme que celle-ci crut un moment que les murs allaient s’effondrer. Malheureusement, ses espoirs furent vains. La maison se tenait toujours droite et imposante au milieu de la ville et un grognement d’énervement s’échappa des lèvres de la femme. Toujours non. C’était injuste. Elle allait avoir dix-neuf ans. Elle pouvait décider elle-même comment elle voulait vivre sa vie. Il n’était pas question qu’elle reste à la maison jusqu’à trouver un mari convenable. La vie offrait tellement mieux qu’un destin de ménagère. Sa mère appréciait peut-être cette façon de vivre aisément et sans travailler, mais ce n’était pas l’avis de la jeune femme. Ses parents essayaient encore de contrôler sa vie comme lorsqu’elle avait une dizaine d’années. Maintenant, elle devait avancer elle-même sur le chemin qu’elle choisirait. Et même si ses choix se retrouvaient à être les mauvais, elle n’aurait qu’à se relever, recommencer. Ses parents ne devraient-ils pas être derrière elle à l’encourager ? Vivre signifiait faire des erreurs et apprendre d’elles. Elle voulait faire ses erreurs et les pleurer, les regretter, mais avoir au moins pu les vivre comme elle le souhaitait.
Après avoir quitté la maison, elle marcha d’un pas furieux, mais résolu vers les berges du lac qui n’étaient pas très loin. Cet endroit était son refuge, l’endroit où elle allait lorsqu’elle était contrariée, triste, perdue. Elle se sentait tout de suite mieux lorsque son regard noisette se posait sur cette grande étendue bleue. Avec un soupir triste, la jeune femme s’accota sur le muret de pierre longeant le chemin près du lac. Elle posa son regard sur le paysage. Au fond d’elle, elle comprenait la réaction de ses parents. Ils voulaient seulement qu’elle ne vive pas dans la misère. Elle comprenait pourquoi ils ne pouvaient pas laisser leur fille unique quitter la maison pour une vie d’incertitude. Mais cela ne changeait rien à son désir. Elle voulait vivre cette vie. Elle savait les risques, mais c’était ce genre de vie qu’elle voulait. Peu importait ce que ses parents disaient. Elle suivrait son chemin. Elle ferma les yeux. Demain. Demain, elle allait quitter la maison. Qu’importe ce qu’ils diraient, qu’importe ce qu’ils feraient. Elle rejoindrait le cirque.
***
Parfait. C’était parfait. Il pouvait être fier de lui. Sa dernière recette lui semblait tout à fait au point. Il avait passé plusieurs semaines à la concocter sans trouver ce qu’il avait oublié. Sans cet élément, la recette était au mieux bonne, mais jamais excellente. Ce n’était pas digne de figurer dans son livre de recettes. Mais finalement, il avait trouvé. Ajouter l’ingrédient mystère, quelques épices fraîches et bien trouvées, le tour était joué ! Les effluves qui se répandaient dans la cuisine étaient tout simplement délicieux. Elles attiraient le moindre curieux qui passait devant la fenêtre ouverte et le reste de la famille n’en pouvait plus d’attendre derrière la porte qu’il ait terminé le repas.
Dans la famille, il y avait longtemps maintenant qu’on lui avait laissé la tâche de faire la cuisine. Il avait un talent divin pour cela. En tout cas, c’était ce que ses frères et sœurs pensaient à chaque bouchée. Ces plats demandaient parfois de longues heures de préparation sous le bruit des ventres qui grondent, mais dès que la famille goûtait, elle ne regrettait pas du tout l’attente. Cela en valait mille fois la peine. Délicieux n’était même pas un mot assez fort pour décrire le mélange de bonheur en chacun d’eux dès qu’ils mangeaient un repas préparé par leur frère. Il fut rapidement difficile d’aller manger ailleurs. Mais bon, sa famille n’était pas si objective. Le jeune homme avait quand même ce talent qui ne pouvait être nié et comptait bien s’en faire un métier. Il adorait cuisiner. Depuis qu’il était tout petit, il avait les pieds dans la cuisine à aider sa mère à préparer le dîner. Il ne savait pas encore par où commencer, mais il savait avoir sa famille derrière lui. Même si cette dernière préférerait qu’il reste cuisiné pour eux, ils l’encourageaient à poursuivre son rêve de montrer au monde entier ses merveilleux talents en cuisine. Comme le disait sa sœur ainée : « Il fallait que tout le monde puisse goûter au paradis ! » Cette phrase l’avait toujours fait sourire.
Posant le repas sur la table, il n’eut même pas à appeler les autres. Tout le monde était déjà assis à regarder avec hâte la nourriture devant eux. Avec un sourire, le cuisinier servit chaque membre de sa famille qui commença sans attendre les autres à se régaler avec joie. Il aimait cuisiner pour sa famille excentrique. Il savait qu’un jour il partirait. Alors, autant en profiter et les faire rêver à chaque bouchée.
***
Elle s’appelait Helvia. Il y avait maintenant deux ans qu’elle avait rejoint la troupe de cirques dont son oncle était propriétaire. Ses talents n’étaient pas passés inaperçus auprès des gens et son oncle avait été très heureux de l’accueillir parmi eux. Elle avait choisi la même vie que lui. Cette même vie qui lui avait valu un froid avec son frère. Cette même vie qui vaudrait à Helvia un froid avec ses parents. La jeune femme s’était spécialisée dans le funambulisme. Elle adorait être en hauteur, si près du ciel. Elle se sentait presque volée en marchant sur ce mince fil. Depuis qu’elle avait joint la troupe, le sourire n’avait pas semblé quitter son visage, malgré les temps parfois difficiles. Elle était heureuse. Elle resplendissait à chacun de ses spectacles. Du haut du chapiteau, elle regardait le public qui s’inquiétait de la suite des événements et leur envoyait son plus beau sourire. Les gens l’applaudissaient toujours très fort et elle les saluait avec un grand bonheur. C’était grâce à ces gens-là qu’elle pouvait faire ce qu’elle faisait. Elle avait conscience que sans eux, il n’y aurait pas de cirque. Sans cirque, elle ne serait pas celle qu’elle est. Les costumes et maquillages de scène étaient maintenant son quotidien, presque son apparence à part entière et elle adorait cela. Elle n’aurait pu rêver mieux, même si depuis, elle n’avait pas reparlé à ses parents.
Il s’appelait Liodas. Il n’avait pas encore quitté le foyer familial, mais il préparait un livre complet de ses recettes pour le moment venu. Il voulait être prêt pour son départ et ne pas se faire prendre au dépourvu. Il ne voulait rien oublier non plus. Pour s’en assurer, il avait décidé d’écrire ce livre qui n’appartiendrait qu’à lui-même. Il passait ses journées dans la cuisine et ses soirées dans sa chambre à écrire et mettre au point ses recettes. Un soir, son ainée dont il était le plus proche fit irruption dans la pièce où il s’enfermait. Elle l’obligea à mettre ses écrits de côté pour l’accompagner. Il restait trop souvent seul dans son coin selon elle. Il avait besoin d’interaction sociale aussi. Ce qui n’était pas faux. Il accepta donc avec hésitation l’invitation de sa sœur. Elle l’emmena voir le spectacle d’une troupe ambulante qui s’était arrêté dans leur village. La soirée fut animée et beaucoup plus plaisante que ce qu’il aurait pensé. Il ne serait probablement jamais allé voir un spectacle de cirque par lui-même, mais il réalisait à quel point cela aurait été une erreur. Surtout depuis qu’il l’avait vue.
En entrant, elle avait su capturer tous les regards. Son costume de scène d’un blanc cassé lui allait à ravir avec ses brillants et motifs. Son maquillage mettait ses petits yeux noisette en valeur et leur procurait une touche mystérieuse qui intrigua plus d’un homme ce soir-là. Ses longs cheveux blonds cascadaient sur ses épaules pour ne s’arrêter qu’à ses reins. Elle grimpa avec grâce à l’échelle, et rendue tout en haut, elle fit une révérence au public. Il ne put la quitter des yeux une seule fois. Elle était si belle et si envoutante. En même temps, elle dégageait un bonheur et une gentillesse qu’il avait rarement vus. Il aurait voulu l’approcher, l’aborder, mais comment ?
Les jours suivants, Liodas les passa dans le public à regarder sans jamais se lasser les tours de la jeune femme qui, avait-il appris, s’appelait Helvia. Un soir où il sortait en dernier du chapiteau, il se fit aborder par un homme plus âgé. Il reconnut à son costume et à sa moustache mince, le bonimenteur du spectacle. L’homme se présenta comme le propriétaire du cirque. Il voulait seulement avoir son avis sur le spectacle. Pendant qu’ils parlaient, les gens s’affairaient autour du chapiteau pour ranger les accessoires. Puis, il la vit à nouveau. Elle était habillée d’une simple robe de toile mauve serrée à la taille qui n’enlevait rien à sa beauté. Lorsque le propriétaire le laissa partir, Liodas s’approcha de la jeune femme pour lui proposer son aide. Surprise, Helvia ne sut pas quoi répondre, mais accepta très vite d’un sourire. Il était mignon avec son air incertain. Dans un silence un peu gêné, ils rangèrent quelques accessoires qui trainaient dans les boîtes prévues à cet effet. Une fois les boîtes remplies, ils les prirent pour les emmener à l’arrière. Suivant Helvia, le jeune homme prit la parole pour s’informer sur elle et le cirque. La discussion s’engagea doucement. Ils parlaient chacun leur tour avec timidité, incertains de quoi dire ou ne pas dire.
Sortant du chapiteau, ils firent quelques pas vers un chariot avant de se faire interrompre par des aboiements joyeux. Un gigantesque chien poilu fonça alors sur Liodas qui échappa la boîte qu’il tenait. L’animal écrasa le jeune homme de tout son poids en aboyant gaiement et en léchant le visage de ce qui semblait être devenu son nouvel ami. Helvia demanda au chien de se reculer gentiment. Celui-ci exécuta l’ordre et s’assit face aux deux personnes. Liodas s’assit sur le gazon mouillé et alors que Helvia s’excusait, il éclata de rire. La jeune femme le fixa un moment puis se laissa aussi entraîner dans ce fou rire accompagné des aboiements du chien qui avait recommencé à sauter autour d’eux. Lorsqu’ils se furent un peu calmés, Helvia tendit la main à Liodas qui la prit avec le rouge aux joues. Le malaise qu’il y avait eu entre eux deux n’existait plus. Helvia lui présenta Roumi, le chien et la mascotte de la troupe. Liodas caressa la tête de l’animal qui se montra ravi et ramassa la boîte et les accessoires qui s’étaient étalés sur le sol. En continuant la route, ils reprirent leur discussion, beaucoup plus animée cette fois, suivi par Roumi le gros chien.
Le lendemain, après le spectacle, Helvia rapporta la dernière boîte d’accessoires à la caravane. Ils avaient presque tout rangé. Elle posa la boîte sur une autre et soupira. Elle regarda toutes les boîtes pour s’assurer qu’elles étaient bien placées et fermées pour que rien ne brise durant le voyage. Tout avait l’air en ordre. Elle allait refermer la porte lorsque son oncle lui fit signe. Elle le regarda, intriguée. Il lui fit signe de se tourner. Fronçant les sourcils avec curiosité, elle se retourna lentement. Son cœur fit un bond lorsqu’elle le vit. Il regardait autour puis son regard vert foncé croisa le sien. Il lui sourit et elle ne put s’empêcher de sourire à son tour.
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Sa décision était prise. Il ferma son dernier bagage avec le sourire aux lèvres. Il avait déjà hâte de partir les rejoindre. Il s’était entendu avec le propriétaire la veille au soir, après leur dernier spectacle dans les environs. La troupe repartait et il y aurait un membre de plus. Enfin, s’il était possible de dire ça comme ça. Il n’allait pas être artiste de scène, mais artiste aux fourneaux. Le propriétaire l’avait engagé comme cuisinier pour la troupe. Il n’aurait pu rêver mieux. Il allait pouvoir rencontrer beaucoup de gens et découvrir plein de goûts différents en voyageant avec ses recettes. Mais ce n’était, bien entendu, pas ce qui l’avait convaincu. La véritable raison, c’était elle. Il voulait apprendre à mieux la connaitre. Il voulait voir les autres facettes de sa personnalité. Plus ils passaient de temps ensemble et plus il tombait sous son charme. Il n’aurait pas pu la laisser partir. Mais il ne pouvait pas la garder ici non plus. La solution s’était donc imposée. Il devait la suivre. La décision fut si soudaine, qu’il n’eut pas le temps de préparer un vrai bon repas de départ à sa famille avant de la quitter. Il leur avait annoncé le matin de son départ, en préparant le déjeuner. Il ne pouvait pas rester plus longtemps. La troupe partait et il n’était pas question qu’elle ne quitte sans lui. Sa famille était restée surprise de ce choix inattendu, mais ils étaient tous très fiers de lui. Sa sœur ainée ne l’avait d’ailleurs pas quitté des yeux avec un petit sourire mystérieux sur les lèvres. Avant qu’il ne quitte pour de bon le foyer familial, elle s’était approchée de lui et lui avait souhaité bonne chance avec un clin d’œil. « N’abandonne jamais, surtout. » avait-elle ajouté alors qu’il s’éloignait.
Elle était debout près de la caravane. Ses cheveux étaient tressés dans son dos et elle portait la même robe mauve que le premier soir. Elle s’affairait à tout vérifier. Elle tenait entre ses mains une pile de feuilles et cochait les éléments qu’elle avait sous les yeux. Liodas s’était arrêté pour l’admirer. Il allait bouger lorsque le propriétaire lui donna une grande tape dans le dos avec un immense sourire. Le jeune homme faillit s’étaler par terre, mais reprit son équilibre de justesse. Il salua l’homme qui était maintenant son supérieur d’une poignée de main. Ce dernier lui donna quelques directives avant de se diriger vers le début du convoi. Pour sa part, Liodas reposa son regard sur Helvia qui le fixait. Il se sentit rougir et s’approcha d’elle. Il posa son sac près des boîtes et répondit au regard rempli de questions de la jeune funambule. « Je ne vous quitte plus. » Le visage d’Helvia devint si rouge qu’elle dut se détourner. Qu’est-ce qu’il lui disait tout d’un coup ? Il laissa échapper un rire et Helvia se tourna vers lui, les joues toujours en feu. Elle lui sourit timidement en voyant son regard vert posé sur elle. « Je suis contente. »
Ainsi, la troupe quitta l’endroit avec un nouveau cuisinier prodige et une histoire adorable qui débutait.
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Combien de temps cela faisait-il maintenant ? Il ne savait plus. Ça n’avait pas d’importance. Il ne pouvait pas être plus heureux. Chaque matin, il se réveillait et n’avait qu’une envie : voir son visage. Elle était toutes ses pensées. Il passait tout son temps libre auprès d’elle et de sa joie de vivre contagieuse. Et aujourd’hui, c’était le bon moment. Il le savait et il ne reculerait pas. Ils marchaient côte à côte, longeant la rivière. Leurs mains se frôlaient sans pour autant s’attraper. Ce n’était pas l’envie qui leur manquait, mais ils n’osaient pas. Ils se promenaient lentement, en silence. Un silence confortable. La nuit était tombée depuis quelques heures. Après avoir mangé, ils s’étaient éclipsés ensemble. Il lui avait demandé de lui consacrer le reste de sa soirée. Elle n’avait pas pu lui refuser. Elle ne savait pas où il l’entraînait, mais peu importait. Tant qu’ils étaient ensemble, elle se sentait bien. La lune éclairait le paysage de sa lumière blanche et enfermait leur monde dans un rêve. Un rêve qui n’appartenait qu’à eux. Il s’arrêta un moment pour admirer l’eau qui glissait dans son nid. Elle s’arrêta près de lui et le regarda avant de poser son regard sur la rivière à son tour. Lorsqu’elle porta ses yeux à nouveau sur lui, elle remarqua qu’elle était maintenant l’objet de sa contemplation. Dans ses yeux, elle pouvait y lire tout ce qu’il ne lui disait pas. C’était de même pour lui. Elle leva la main pour la poser sur sa joue, mais il arrêta gentiment son mouvement. Une inquiétude trouva alors sa place dans le cœur de la jeune femme. Il sembla le voir dans son visage, car tout de suite, il serra sa main et posa un doux baiser sur celle-ci. Puis, avec un sourire, il la guida jusqu’au sommet de la colline. Elle le suivit, le regard rempli de questionnements.
Arrivé à destination, il lâcha doucement sa main et s’assit sur le sol, en l’invitant à faire de même. Elle s’installa donc près de lui et son regard se fixa sur le ciel étoilé qu’il pointait. C’était tout simplement merveilleux. Une étendue si vaste et si belle. Avec un sourire, elle ramena son regard sur la personne qui l’accompagnait. Il posa sa main sur la sienne et s’approcha. Si près qu’elle ne vit plus que son regard vert foncé plongé dans le sien. Elle se mordit la lèvre en attendant qu’il approche davantage. Mais il n’en fit rien. Un petit sourire éclaira son visage lorsqu’il vit l’impatience se glisser dans le regard de la femme. Il leva alors la main. Intriguée, elle posa son regard sur le petit objet qu’il tenait. La lumière de la lune rendait éclatante la pierre qui trônait sur la petite bague. Elle fixa le bijou sans réagir. Il leva son autre main pour caresser la joue de la femme. Helvia le regarda enfin avec un sourire amusé sur le visage. « Je commençais à croire que tu ne me le demanderais jamais. » Liodas sourit à son tour et s’approcha pour embrasser la femme qu’il aimait.
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Helvia se tenait devant la porte. Elle serrait dans sa main celle de Liodas et elle sentait sa conviction faillir. Il était encore temps de changer d’avis, de retourner à la caravane pour reprendre la route. Un regard à Liodas la dissuada de le faire. Quelques semaines plus tôt, ils avaient visité sa famille à lui. Une famille un peu excentrique, mais très charmante. Elle avait tout de suite aimé leur façon de prendre la vie à la légère. Aujourd’hui, c’était à son tour de visiter sa famille. Sa famille constituée de seulement deux parents. Elle était beaucoup plus inquiète à l’idée de les revoir pour leur annoncer qu’elle ne l’avait été de rencontrer pour la première fois la famille de Liodas. Après tout, elle ne savait pas comment ils le prendraient. Ça ne se voyait pas vraiment, mais elle se demandait si sa mère ne le devinerait pas d’instinct comme l’avait fait celle de Liodas. Avec ses parents, tout lui semblait compliqué pour rien. La dernière fois qu’elle les avait vus, c’était pour son mariage. Ils avaient été heureux de l’apprendre, mais moins heureux de savoir qu’elle ne quittait pas le cirque pour autant. Prenant une grande inspiration, elle s’obligea à lever le bras et à cogner trois petits coups distincts. Ils attendirent. Lui, calmement. Elle, avec anxiété.
Après ce qui lui parut une éternité, la porte s’ouvrit sur deux personnes qui n’avaient presque pas changé malgré les passages du temps. Ses parents la fixèrent avec surprise, ne s’attendant pas du tout à la venue de leur fille. Ils l’invitèrent à entrer et sa mère se dépêcha d’aller chercher de petites grignotines. Puis, inquiétés par cette apparition, ils bombardèrent les jeunes mariés de questions à savoir si tout allait toujours bien pour eux, leur rappelant qu’ils pouvaient toujours venir vivre avec eux s’ils voulaient et leur sortant d’autres propositions complètement hors sujet. Liodas les arrêta rapidement en leur disant que tout allait bien, mais qu’ils avaient quelque chose à leur annoncer. Helvia était crispé sur sa chaise en regardant la table du salon. Elle sentit le poids des trois regards peser sur elle. Elle ne savait pas comment aborder le sujet, mais sa mère le devina sans peine.
Un enfant. Ils allaient avoir un enfant. Les parents crurent d’abord que leur fille n’en voulait pas vu sa réaction, mais ils apprirent rapidement que c’était plutôt leur réaction qu’il l’avait effrayée. Dès que la nouvelle fut tombée, la jeune femme se sentit tout de suite mieux. Cet enfant, elle le désirait de tout son cœur. Liodas aussi. Ils étaient heureux et une troisième personne allait bientôt rejoindre cette bulle de bonheur. Le stress qu’elle avait accumulé durant le trajet jusqu’à la maison de ses parents venait de s’envoler. Voilà, c’était fait. Elle l’avait dit. Ils n’avaient pas crié, ils n’avaient pas paru scandalisés. Son père avait posé la main sur son épaule avec un sourire. Elle lui avait souri en retour, timidement. Elle pouvait toujours sentir la distance qui s’était installée entre elle et ses parents depuis qu’elle était partie. Sa mère, pour sa part, la regardait sans dire un mot. Helvia savait qu’elle réfléchissait à cette nouvelle et elle n’était pas certaine de vouloir connaitre ce que cette femme avait derrière la tête. Mais la femme la plus âgée ne put s’empêcher d’exprimer son avis. Avis qui sonnait bien plus comme un ordre. Elle demandait à sa fille de lui laisser l’enfant. Elle comptait l’élever dans le calme et la sécurité de la ville, comme elle avait élevé Helvia. C’était une bien meilleure vie pour le futur bébé qu’une troupe de cirques. Bien entendu, Helvia était aussi invitée à rester. Ces remarques furent suivies d’une dispute froide entre les deux femmes. Il était hors de question qu’elle abandonne son enfant ici et il était hors de question qu’elle quitte le cirque. Pourquoi ne pourrait-elle pas faire les deux ? Il n’y avait rien qui l’en empêchait. Son enfant allait grandir près d’elle et lorsqu’elle serait assez grande, elle pourrait partir et suivre son propre chemin. Elle allait lui faire découvrir la vie de cirque, mais elle ne l’obligerait jamais à suivre ses pas comme sa mère semblait l’insinuer. Cette femme devra un jour comprendre qu’elle n’avait pas son mot à dire sur sa vie. La fin de cette rencontre fut plutôt tendue. Helvia et Liodas furent plus qu’heureux de retrouver l’air libre et le carrosse qui leur servait de maison. Leur vie, c’était celle-là. Et ils n’en voulaient aucune autre.
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Le matin se levait tout juste. Les premiers rayons du soleil éclairaient le plancher de bois d’une lumière tranquille et une brise légère trouva son chemin par la petite fenêtre légèrement ouverte de la caravane. Tout était calme, à l’extérieur comme à l’intérieur. Personne ne semblait pressé de se réveiller en cette belle matinée. Même les oiseaux ne chantaient pas encore. Dans la caravane, la lumière chaude redonnait de sa couleur à la peau de Liodas, d’Helvia et du nourrisson. Liodas le tenait dans ses bras avec précaution. Ses yeux étaient cernés par le manque de sommeil, mais il n’irait pas dormir tout de suite. Il voulait encore admirer le visage de son enfant. C’était une petite fille. Elle était si petite. Si minuscule. Elle semblait si fragile qu’il avait peur de la briser. Il regardait son visage endormi avec un sentiment nouveau au creux de l’estomac. Elle était si jolie. Helvia dormait paisiblement sur le lit. Un repos mérité après tant d’effort. Il était assis près du lit et son regard passa de la femme à l’enfant. Il ne pouvait pas être plus heureux en ce moment.
Lorsque Helvia ouvrit les yeux, elle tendit les bras vers la petite fille que tenait son mari. La première chose à laquelle elle avait pensé en se réveillant était son enfant. Elle voulait la voir et la prendre dans ses bras. Liodas s’approcha en souriant et l’aida d’abord à s’asseoir dans le lit. Il déposa ensuite délicatement le nourrisson dans ses bras et il posa ses lèvres sur le front de sa femme pour y déposer un doux baiser. Helvia ne put retenir ses larmes de bonheurs lorsque son regard croisa les yeux de son bébé qui se réveillait. C’était son bébé. Sa petite fille. Leur enfant à elle et Liodas. Le fruit de leur amour et une raison d’aimer encore plus. Le poupon commença à pleurer et ses parents s’occupèrent de lui avec attention et amour. Une fois que la petite dormit profondément dans le berceau installé près du lit, Liodas put prendre place près d’Helvia. Il la prit dans ses bras et ils échangèrent un regard complice. Un nouveau chapitre s’ouvrait sur leur vie. Ils avaient hâte de créer de nouveaux souvenirs avec leur petite fille. Ils avaient décidé qu’elle grandirait avec eux dans le cirque, mais si elle manifestait le désir de changer de route, ils étaient prêts à l’encourager. Qu’importe ce qu’elle choisirait. Mais tout cela était encore loin. Même s’ils savaient que le temps passait trop vite. Pour l’instant, ils profiteraient du moindre moment en sa compagnie. Ils la verraient grandir peut-être trop vite alors il ne fallait pas perdre de temps. Helvia tourna la tête vers Liodas et un sourire taquin s’afficha sur son visage. Il peinait à garder les yeux ouverts. Helvia lui tapota le bras en lui proposant de dormir quelques heures. Elle resterait réveillée pour leur enfant. Pour la petite Wyska.
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Wyska n’était pas une enfant très difficile. Toujours à l’écoute, elle apprenait vite ce qu’on lui enseignait. Elle comprenait ce qu’elle pouvait et ne pouvait pas faire. Elle ne respectait pas toujours les règles du haut de ses quelques années, mais c’était qu’elle n’avait pas conscience du danger. Dès qu’elle sut marcher, elle ne se priva pas pour aller explorer le monde avec ses petites jambes. Elle adorait voir les différents endroits qu’ils visitaient et ses parents avaient parfois de la difficulté à la faire tenir en place. Mais elle ne s’éloignait jamais trop. Elle s’assurait de toujours avoir ses parents dans son champ de vision pour ne pas les perdre. Elle avait rapidement compris que la caravane dans laquelle elle vivait ne restait jamais longtemps au même endroit. Pour ne pas être oubliée en arrière, elle s’assurait de toujours être dans les parages, même si ses parents ne comptaient pas l’abandonner. Il ne fallait pas prendre de risque avec ça. Alors, elle restait près de la troupe, mais ne s’empêchait pas de se promener et de répondre aux gens qui lui adressaient la parole. Elle adorait surtout dire à tout le monde que sa maman, c’était la dame qui marchait sur un fil et son papa, celui qui préparait les meilleurs repas dans le monde entier.
La petite avait hérité de la joie de vivre de sa mère, mais de la nature solitaire de son père. Elle avait beau parler avec beaucoup de gens lors des arrêts en ville, elle préférait le temps des voyages où elle pouvait être avec elle-même. Ses parents s’étaient inquiétés au début de ne pas la voir se mêler beaucoup à la troupe, mais il avait vite compris que leur petite fille préférait le calme à l’agitation. Dans la troupe, il n’y avait pas beaucoup d’enfants. Deux ou trois, tout au plus. Elle jouait quelquefois avec eux, mais avait rapidement commencé à s’amuser seule. Sa mère la poussait tout de même à aller vers les autres enfants dès que possible, que ce soit ceux de la troupe et ceux des villages dans lesquels ils arrêtaient par moment. Jouer avec les autres enfants ne dérangeait pas Wyska, mais il y avait des moments où cela l’énervait. Elle préférait jouer avec ses jouets dans sa maison ou encore mieux explorer le cirque avec Roumi, le chien de la troupe. Étant encore jeune, elle ne connaissait pas les moindres recoins de chaque chariot du convoi. Elle prenait un malin plaisir à se promener entre les boîtes d’accessoires et escalader les caisses de costumes ou de décors sous les aboiements joyeux de l’animal.
Mais au bout de quelques années, elle connut par cœur chacune des roulottes de la caravane. L’ennui commença alors à montrer le bout de son nez. N’ayant plus rien à explorer lors des voyages et haltes dans la nature, Wyska avait décidé de se trouver une autre activité. Elle avait commencé à suivre ses parents partout. Elle aimait aider son père pour les repas. Elle allait chercher les ingrédients manquants et en apprenait toujours plus sur la cuisine et les herbes comestibles. Ce qui pouvait s’avérer pratique. Elle avait même essayé de faire ses propres recettes, sans grand succès malheureusement. Elle n’avait pas le talent de son père pour mélanger ce qui lui semblait être n’importe quoi ensemble. Mais elle aimait le regarder faire et l’écouter lui parler d’ingrédients et petits trucs qu’elle ne comprenait pas encore. Elle s’était aussi proclamée goûteuse de la troupe et avait droit à la première bouchée de chaque repas, avant que ce ne soit servi, bien entendu. Son père aimait les temps passés avec sa fille. Surtout que ces moments rassemblaient deux choses qu’il adorait.
Le reste de son temps, Wyska le passait auprès de sa mère. Elle la suivait partout dans le convoi en imitant la démarche gracieuse de sa maman, en un peu moins gracieux. Mais juste un peu. Elle restait adorable et ça pardonnait donc tout. Ou presque. Elle n’avait jamais osé suivre sa mère lors de ses entraînements sur la corde par contre. Une fois, elle avait commencé à monter à sa suite, mais avait rapidement changé d’avis. C’était drôlement haut. Pas question qu’elle monte cette échelle. Elle restait donc en bas à regarder sa mère s’entraîner, les yeux remplis d’étoiles. Sa maman était vraiment incroyable. Elle voulait devenir aussi incroyable que ça, elle aussi ! Pour y parvenir, elle commença par faire comme sa mère lors des échauffements. Elle imitait les mouvements de son idole sans trop comprendre ce qu’elles faisaient. Avec un sourire taquin, sa mère lui avait rapidement proposé de lui enseigner les rudiments du cirque plutôt que de la laisser faire des gestes sans savoir pourquoi. Ce fut une merveilleuse nouvelle. Wyska commença donc à s’entraîner très souvent avec sa mère dans le chapiteau ou simplement devant leur caravane maison. La petite apprit les bases de l’équilibre et de l’agilité. Elle améliora ses capacités en flexibilité et explora la jonglerie. Rien ne l’attirait particulièrement. Sa mère l’initia aux voltiges et aux appareils d’équilibre, mais la petite voulut tenter autre chose. La funambule lui apprit les principes de l’acrobatie pour commencer. Wyska s’y découvrit une passion. Sa mère continua donc en lui enseignant des sauts acrobatiques. La jeune fille approfondissait ses connaissances à chaque jour qui passait. Elle s’entraînait auprès de sa mère chaque fois et décida de compléter son entraînement avec les bases de la contorsion. Avoir le contrôle de son corps à ce point était fantastique.
À partir d’un certain âge, Wyska commença à s’entraîner seul. Sa mère avait eu moins de temps à lui accorder avec la naissance de ses petits frères et la fillette avait préféré s’occuper d’elle-même comme une grande. Elle n’avait plus besoin que sa mère soit derrière elle à chaque pas. Ses petits frères avaient plus besoin des parents pour l’instant. Elle ne se sentait pas pour autant délaissée. Elle se proposait souvent pour garder l’un des petits lorsque nécessaire et ses parents lui accordaient toujours du temps lorsqu’elle leur demandait quelque chose. Mais elle n’était plus la seule personne de laquelle ils devaient s’occuper. Ça avait été un peu étrange au départ tout de même. Elle était habituée d’être enfant unique et, du haut de ses six années, elle n’avait jamais pensé qu’elle pourrait avoir un petit frère. Elle s’était rendu compte une journée que sa mère ne participait plus au spectacle. Durant un entraînement, la fillette ne s’était pas gênée à poser la question pour savoir ce qui se passait. Sa mère l’avait trouvée amusante en lui expliquant qu’elle allait avoir un petit frère ou une petite sœur. Wyska avait eu hâte de voir l’enfant qui rejoindrait la famille. Elle aida aussi ses parents à s’occuper de lui. Il ressemblait beaucoup à sa maman trouvait-elle, mais il avait les mêmes yeux verts que son papa. Elle eut la même réaction, lorsque deux ans plus tard, elle apprit que sa mère était de nouveau enceinte. Elle s’occupa beaucoup plus de son petit frère Xaden lorsque le nouveau-né vint au monde. En grandissant, Wyska s’était montrée très protectrice envers ses jeunes frères. Et un peu tyrannique aussi. Elle s’occupait d’eux et les laissa l’accompagner, mais en échange, il lui obéissait lorsqu’elle demandait quelque chose. Avoir des petits frères, c’était génial ! Mais elle ne trainait pas toujours avec eux non plus. Lorsqu’elle voulait être seule, elle allait porter ses frères à ses parents, peu importait qu’ils soient sur un fil à des mètres dans les airs ou derrière un chaudron qui bouillait sur le feu. Après tout, elle avait des choses à faire elle aussi.
Lors de ses entraînements seule, Wyska se trouvait un coin tranquille, loin du convoi. C’était souvent près d’un cours d’eau, mais lorsque ce n’était pas possible, elle se trouvait un espace plat entouré d’arbres. S’il n’y avait rien de tel, elle se résignait à rester près de la caravane. Une fois son coin trouvé, elle prenait un moment pour relaxer et se centraliser. Ses entraînements étaient ses moments à elle seule. Elle avait le contrôle sur ce qu’elle faisait et pouvait être avec elle-même. Elle adorait prendre ces moments pour elle. Elle était heureuse d’être née dans le cirque et d’avoir trouvé sa place parmi la troupe. Elle ne s’imaginait pas du tout vivre dans un village, s’était-elle rendu compte. Elle aimait voir le monde, n’avoir pour habitat que l’endroit où elle choisirait de poser sa maison. Il y avait tellement de choses à explorer dans ce monde qu’elle ne pouvait s’imaginer rester enfermer dans une maison sans roues. Bon, elle n’explorait pas autant qu’elle le souhaiterait, car elle avait les contraintes du cirque, mais c’était mieux que rien. Surtout qu’elle n’avait pas encore le cœur à quitter sa famille. Elle était encore trop jeune pour penser à aller vivre une vie par elle-même. Elle ne faisait que rêver d’aventures tout en voyageant avec la grande famille qu’était la troupe.
Même si elle passait la plupart de son temps dans son coin, Wyska aimait beaucoup sa famille de cœur. Elle ne s’imaginait pas vivre sans eux. Elle faisait partie de la troupe à part entière et ne comptait pas la quitter de sitôt. Elle rêvait parfois d’aventures certes, mais pas de celles qui étaient épiques et dangereuses. Pas de celle qui vous chamboulait complètement et qui vous laissait changer. Non, elle rêvait d’une aventure tranquille lui permettant d’explorer les moindres contrées que préservait ce monde fabuleux. Il y avait tant de choses épatantes. Wyska voulait toutes les voir. Avec la troupe, elle voyageait à plein d’endroits. Elle viendrait surement à bout de ce rêve un jour. Elle pourrait faire le tour du monde en restant ici. Avec sa famille et le cirque. Elle le croyait fermement dans sa petite tête.
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Lorsque l’enfant fut assez grande, Helvia lui proposa de joindre les représentations. Elle pourrait avoir son propre petit numéro d’acrobaties entre celui des clowns et celui de sa mère. C’était avec un grand sourire que Wyska s’était rendu à sa première vraie répétition. Accompagnée de sa mère, elle fit le tour du chapiteau et la femme lui expliqua en détail comment se déroulait un spectacle. Elle n’avait jamais mentionné tous les petits détails insignifiants à la fillette, mais il valait mieux le faire maintenant pour éviter des erreurs idiotes qui pouvaient être empêchées. Les autres membres de la troupe leur parlèrent ensuite de leur propre numéro avec entrain et Wyska les écoutait tous avec intérêt. Dès que tout le monde fut retourné à ses occupations, le propriétaire du cirque, que Wyska avait toujours considéré comme son propre oncle, s’approcha d’elle pour lui donner l’ordre du spectacle. C’était beaucoup d’informations d’un coup et la jeune fille avait l’impression de s’y perdre. Elle ne le laissa pas paraître par contre et fit de son mieux pour bien suivre ce qui se passait. Dans son coin de la tente, elle se laissa finalement aller à son entraînement. Réchauffement, étirement et répétition. Elle répétait le petit numéro que sa mère et elle avaient créé pour l’occasion.
La première arrivait à grands pas. La jeune fille sentait son ventre serré, tourné et noué. L’anxiété la gagnait chaque fois qu’elle y pensait. Allait-elle réussir ? Elle pourrait tomber... Est-ce que la foule apprécierait son numéro ? Elle pourrait être humiliée. Elle ne voulait pas que les gens la huent. Dès qu’elle voyait son enfant s’affoler, Helvia s’approchait, posait sa main sur ses épaules et lui demandait de prendre une grande inspiration. Tout allait bien se passer. Avec un sourire, elle caressait la tête de la fillette qui se calmait comme par enchantement. Wyska avait hâte de présenter son numéro, mais en même temps, elle avait peur de ne pas être à la hauteur des autres artistes composant la troupe. Sa mère lui avait assuré qu’elle n’avait pas à s’en faire et certains membres avaient même complimenté son numéro, mais elle ne pouvait pas se défaire de ses inquiétudes. La troupe s’était arrêtée non loin d’un petit village, dans les alentours d’Al-Vor. Les artistes allaient tenir leur première représentation le lendemain. Depuis qu’ils s’étaient arrêtés, ils s’afférait à monter le chapiteau, placer les décors et accessoires ainsi qu’à faire de la publicité dans les villages environnants. Wyska tournait en rond devant la caravane maison. L’oncle de sa mère lui avait permis d’aller se reposer. Elle avait aidé à apporter les accessoires à la tente, mais comme tout était déjà pris en charge par d’autres, ils n’avaient pas besoin de son aide. La jeune fille en avait donc profité pour aller s’entraîner. Les choses allaient de bon train et l’anxiété qui s’était nichée au creux de l’estomac de la petite commençait à se transformer en excitation. Elle avait tellement répété ce numéro qu’elle sentait une confiance nouvelle monter en elle. Et puis, elle pourrait toujours improviser un petit peu si quelque chose se passait mal.
Le soir du lendemain arriva finalement. Wyska était assise sur un tabouret, les yeux fermés, en train de faire le vide dans son esprit. Elle voulait être le plus calme possible avant de commencer son numéro comme lui avait conseillé sa maman. Elle jetait parfois un coup d’œil aux clowns pour être certaine de ne pas manquer son entrée. Tant qu’ils n’étaient pas en scène, elle n’avait pas à s’en faire. Pour le grand soir, ses parents lui avaient offert un magnifique costume souple arborant différentes teintes de bleus dans ses motifs ondulés. Quelques brillants qui attiraient la lumière scintillaient par-ci par-là pour donner au costume une allure spectaculaire. Il était parfait. Elle l’avait enfilé un peu plus tôt dans la journée et s’était tout de suite sentie à l’aise à l’intérieur. Elle pouvait bouger comme elle l’entendait et le vêtement suivait le moindre de ses mouvements. Elle adorait se mouvoir dans son costume de cirque, même si elle avait conscience que ce n’était que pour les spectacles. Elle devrait s’en procurer un noir pour les répétitions. Ce serait vraiment merveilleux. Enfin, passons. Sa mère avait soigneusement attaché ses cheveux en un chignon serré, mais prit la peine de laisser tomber quelques mèches autour de son visage encore bien enfantin. Les yeux grandement maquillés pour souligner son regard, de la couleur aux pommettes pour ne pas avoir l’air d’un cadavre, des brillants dans les cheveux et voilà ! Elle était prête à se présenter devant la foule. Elle jeta un nouveau coup d’œil aux clowns qui entraient en scène. Après une grande expiration, elle se leva et se dirigea vers les coulisses. Elle se posa à l’entrée de la scène, prête à y grimper dès qu’elle entendrait son nom. Tout lui sembla ensuite se dérouler trop vite. Elle entendit le bonimenteur la présenter. Elle courut pour s’installer sur la scène, se laissant aveugler par les lumières. En position. Elle attendit. Dès la première note de musique, elle se laissa aller à ses acrobaties si souvent répétées.
***
Les années passèrent, se ressemblant sans jamais être les mêmes, s’égrainant une à une dans le sablier sans jamais s’arrêter.
La porte se referma si fort derrière la jeune femme que celle-ci crut un moment que les murs allaient s’effondrer. Malheureusement, ses espoirs furent vains. La maison se tenait toujours droite et imposante au milieu de la ville et un grognement d’énervement s’échappa des lèvres de la femme. Toujours non. C’était injuste. Elle allait avoir dix-neuf ans. Elle pouvait décider elle-même comment elle voulait vivre sa vie. Il n’était pas question qu’elle reste à la maison jusqu’à trouver un mari convenable. La vie offrait tellement mieux qu’un destin de ménagère. Sa mère appréciait peut-être cette façon de vivre aisément et sans travailler, mais ce n’était pas l’avis de la jeune femme. Ses parents essayaient encore de contrôler sa vie comme lorsqu’elle avait une dizaine d’années. Maintenant, elle devait avancer elle-même sur le chemin qu’elle choisirait. Et même si ses choix se retrouvaient à être les mauvais, elle n’aurait qu’à se relever, recommencer. Ses parents ne devraient-ils pas être derrière elle à l’encourager ? Vivre signifiait faire des erreurs et apprendre d’elles. Elle voulait faire ses erreurs et les pleurer, les regretter, mais avoir au moins pu les vivre comme elle le souhaitait.
Après avoir quitté la maison, elle marcha d’un pas furieux, mais résolu vers les berges du lac qui n’étaient pas très loin. Cet endroit était son refuge, l’endroit où elle allait lorsqu’elle était contrariée, triste, perdue. Elle se sentait tout de suite mieux lorsque son regard noisette se posait sur cette grande étendue bleue. Avec un soupir triste, la jeune femme s’accota sur le muret de pierre longeant le chemin près du lac. Elle posa son regard sur le paysage. Au fond d’elle, elle comprenait la réaction de ses parents. Ils voulaient seulement qu’elle ne vive pas dans la misère. Elle comprenait pourquoi ils ne pouvaient pas laisser leur fille unique quitter la maison pour une vie d’incertitude. Mais cela ne changeait rien à son désir. Elle voulait vivre cette vie. Elle savait les risques, mais c’était ce genre de vie qu’elle voulait. Peu importait ce que ses parents disaient. Elle suivrait son chemin. Elle ferma les yeux. Demain. Demain, elle allait quitter la maison. Qu’importe ce qu’ils diraient, qu’importe ce qu’ils feraient. Elle rejoindrait le cirque.
***
Parfait. C’était parfait. Il pouvait être fier de lui. Sa dernière recette lui semblait tout à fait au point. Il avait passé plusieurs semaines à la concocter sans trouver ce qu’il avait oublié. Sans cet élément, la recette était au mieux bonne, mais jamais excellente. Ce n’était pas digne de figurer dans son livre de recettes. Mais finalement, il avait trouvé. Ajouter l’ingrédient mystère, quelques épices fraîches et bien trouvées, le tour était joué ! Les effluves qui se répandaient dans la cuisine étaient tout simplement délicieux. Elles attiraient le moindre curieux qui passait devant la fenêtre ouverte et le reste de la famille n’en pouvait plus d’attendre derrière la porte qu’il ait terminé le repas.
Dans la famille, il y avait longtemps maintenant qu’on lui avait laissé la tâche de faire la cuisine. Il avait un talent divin pour cela. En tout cas, c’était ce que ses frères et sœurs pensaient à chaque bouchée. Ces plats demandaient parfois de longues heures de préparation sous le bruit des ventres qui grondent, mais dès que la famille goûtait, elle ne regrettait pas du tout l’attente. Cela en valait mille fois la peine. Délicieux n’était même pas un mot assez fort pour décrire le mélange de bonheur en chacun d’eux dès qu’ils mangeaient un repas préparé par leur frère. Il fut rapidement difficile d’aller manger ailleurs. Mais bon, sa famille n’était pas si objective. Le jeune homme avait quand même ce talent qui ne pouvait être nié et comptait bien s’en faire un métier. Il adorait cuisiner. Depuis qu’il était tout petit, il avait les pieds dans la cuisine à aider sa mère à préparer le dîner. Il ne savait pas encore par où commencer, mais il savait avoir sa famille derrière lui. Même si cette dernière préférerait qu’il reste cuisiné pour eux, ils l’encourageaient à poursuivre son rêve de montrer au monde entier ses merveilleux talents en cuisine. Comme le disait sa sœur ainée : « Il fallait que tout le monde puisse goûter au paradis ! » Cette phrase l’avait toujours fait sourire.
Posant le repas sur la table, il n’eut même pas à appeler les autres. Tout le monde était déjà assis à regarder avec hâte la nourriture devant eux. Avec un sourire, le cuisinier servit chaque membre de sa famille qui commença sans attendre les autres à se régaler avec joie. Il aimait cuisiner pour sa famille excentrique. Il savait qu’un jour il partirait. Alors, autant en profiter et les faire rêver à chaque bouchée.
***
Elle s’appelait Helvia. Il y avait maintenant deux ans qu’elle avait rejoint la troupe de cirques dont son oncle était propriétaire. Ses talents n’étaient pas passés inaperçus auprès des gens et son oncle avait été très heureux de l’accueillir parmi eux. Elle avait choisi la même vie que lui. Cette même vie qui lui avait valu un froid avec son frère. Cette même vie qui vaudrait à Helvia un froid avec ses parents. La jeune femme s’était spécialisée dans le funambulisme. Elle adorait être en hauteur, si près du ciel. Elle se sentait presque volée en marchant sur ce mince fil. Depuis qu’elle avait joint la troupe, le sourire n’avait pas semblé quitter son visage, malgré les temps parfois difficiles. Elle était heureuse. Elle resplendissait à chacun de ses spectacles. Du haut du chapiteau, elle regardait le public qui s’inquiétait de la suite des événements et leur envoyait son plus beau sourire. Les gens l’applaudissaient toujours très fort et elle les saluait avec un grand bonheur. C’était grâce à ces gens-là qu’elle pouvait faire ce qu’elle faisait. Elle avait conscience que sans eux, il n’y aurait pas de cirque. Sans cirque, elle ne serait pas celle qu’elle est. Les costumes et maquillages de scène étaient maintenant son quotidien, presque son apparence à part entière et elle adorait cela. Elle n’aurait pu rêver mieux, même si depuis, elle n’avait pas reparlé à ses parents.
Il s’appelait Liodas. Il n’avait pas encore quitté le foyer familial, mais il préparait un livre complet de ses recettes pour le moment venu. Il voulait être prêt pour son départ et ne pas se faire prendre au dépourvu. Il ne voulait rien oublier non plus. Pour s’en assurer, il avait décidé d’écrire ce livre qui n’appartiendrait qu’à lui-même. Il passait ses journées dans la cuisine et ses soirées dans sa chambre à écrire et mettre au point ses recettes. Un soir, son ainée dont il était le plus proche fit irruption dans la pièce où il s’enfermait. Elle l’obligea à mettre ses écrits de côté pour l’accompagner. Il restait trop souvent seul dans son coin selon elle. Il avait besoin d’interaction sociale aussi. Ce qui n’était pas faux. Il accepta donc avec hésitation l’invitation de sa sœur. Elle l’emmena voir le spectacle d’une troupe ambulante qui s’était arrêté dans leur village. La soirée fut animée et beaucoup plus plaisante que ce qu’il aurait pensé. Il ne serait probablement jamais allé voir un spectacle de cirque par lui-même, mais il réalisait à quel point cela aurait été une erreur. Surtout depuis qu’il l’avait vue.
En entrant, elle avait su capturer tous les regards. Son costume de scène d’un blanc cassé lui allait à ravir avec ses brillants et motifs. Son maquillage mettait ses petits yeux noisette en valeur et leur procurait une touche mystérieuse qui intrigua plus d’un homme ce soir-là. Ses longs cheveux blonds cascadaient sur ses épaules pour ne s’arrêter qu’à ses reins. Elle grimpa avec grâce à l’échelle, et rendue tout en haut, elle fit une révérence au public. Il ne put la quitter des yeux une seule fois. Elle était si belle et si envoutante. En même temps, elle dégageait un bonheur et une gentillesse qu’il avait rarement vus. Il aurait voulu l’approcher, l’aborder, mais comment ?
Les jours suivants, Liodas les passa dans le public à regarder sans jamais se lasser les tours de la jeune femme qui, avait-il appris, s’appelait Helvia. Un soir où il sortait en dernier du chapiteau, il se fit aborder par un homme plus âgé. Il reconnut à son costume et à sa moustache mince, le bonimenteur du spectacle. L’homme se présenta comme le propriétaire du cirque. Il voulait seulement avoir son avis sur le spectacle. Pendant qu’ils parlaient, les gens s’affairaient autour du chapiteau pour ranger les accessoires. Puis, il la vit à nouveau. Elle était habillée d’une simple robe de toile mauve serrée à la taille qui n’enlevait rien à sa beauté. Lorsque le propriétaire le laissa partir, Liodas s’approcha de la jeune femme pour lui proposer son aide. Surprise, Helvia ne sut pas quoi répondre, mais accepta très vite d’un sourire. Il était mignon avec son air incertain. Dans un silence un peu gêné, ils rangèrent quelques accessoires qui trainaient dans les boîtes prévues à cet effet. Une fois les boîtes remplies, ils les prirent pour les emmener à l’arrière. Suivant Helvia, le jeune homme prit la parole pour s’informer sur elle et le cirque. La discussion s’engagea doucement. Ils parlaient chacun leur tour avec timidité, incertains de quoi dire ou ne pas dire.
Sortant du chapiteau, ils firent quelques pas vers un chariot avant de se faire interrompre par des aboiements joyeux. Un gigantesque chien poilu fonça alors sur Liodas qui échappa la boîte qu’il tenait. L’animal écrasa le jeune homme de tout son poids en aboyant gaiement et en léchant le visage de ce qui semblait être devenu son nouvel ami. Helvia demanda au chien de se reculer gentiment. Celui-ci exécuta l’ordre et s’assit face aux deux personnes. Liodas s’assit sur le gazon mouillé et alors que Helvia s’excusait, il éclata de rire. La jeune femme le fixa un moment puis se laissa aussi entraîner dans ce fou rire accompagné des aboiements du chien qui avait recommencé à sauter autour d’eux. Lorsqu’ils se furent un peu calmés, Helvia tendit la main à Liodas qui la prit avec le rouge aux joues. Le malaise qu’il y avait eu entre eux deux n’existait plus. Helvia lui présenta Roumi, le chien et la mascotte de la troupe. Liodas caressa la tête de l’animal qui se montra ravi et ramassa la boîte et les accessoires qui s’étaient étalés sur le sol. En continuant la route, ils reprirent leur discussion, beaucoup plus animée cette fois, suivi par Roumi le gros chien.
Le lendemain, après le spectacle, Helvia rapporta la dernière boîte d’accessoires à la caravane. Ils avaient presque tout rangé. Elle posa la boîte sur une autre et soupira. Elle regarda toutes les boîtes pour s’assurer qu’elles étaient bien placées et fermées pour que rien ne brise durant le voyage. Tout avait l’air en ordre. Elle allait refermer la porte lorsque son oncle lui fit signe. Elle le regarda, intriguée. Il lui fit signe de se tourner. Fronçant les sourcils avec curiosité, elle se retourna lentement. Son cœur fit un bond lorsqu’elle le vit. Il regardait autour puis son regard vert foncé croisa le sien. Il lui sourit et elle ne put s’empêcher de sourire à son tour.
***
Sa décision était prise. Il ferma son dernier bagage avec le sourire aux lèvres. Il avait déjà hâte de partir les rejoindre. Il s’était entendu avec le propriétaire la veille au soir, après leur dernier spectacle dans les environs. La troupe repartait et il y aurait un membre de plus. Enfin, s’il était possible de dire ça comme ça. Il n’allait pas être artiste de scène, mais artiste aux fourneaux. Le propriétaire l’avait engagé comme cuisinier pour la troupe. Il n’aurait pu rêver mieux. Il allait pouvoir rencontrer beaucoup de gens et découvrir plein de goûts différents en voyageant avec ses recettes. Mais ce n’était, bien entendu, pas ce qui l’avait convaincu. La véritable raison, c’était elle. Il voulait apprendre à mieux la connaitre. Il voulait voir les autres facettes de sa personnalité. Plus ils passaient de temps ensemble et plus il tombait sous son charme. Il n’aurait pas pu la laisser partir. Mais il ne pouvait pas la garder ici non plus. La solution s’était donc imposée. Il devait la suivre. La décision fut si soudaine, qu’il n’eut pas le temps de préparer un vrai bon repas de départ à sa famille avant de la quitter. Il leur avait annoncé le matin de son départ, en préparant le déjeuner. Il ne pouvait pas rester plus longtemps. La troupe partait et il n’était pas question qu’elle ne quitte sans lui. Sa famille était restée surprise de ce choix inattendu, mais ils étaient tous très fiers de lui. Sa sœur ainée ne l’avait d’ailleurs pas quitté des yeux avec un petit sourire mystérieux sur les lèvres. Avant qu’il ne quitte pour de bon le foyer familial, elle s’était approchée de lui et lui avait souhaité bonne chance avec un clin d’œil. « N’abandonne jamais, surtout. » avait-elle ajouté alors qu’il s’éloignait.
Elle était debout près de la caravane. Ses cheveux étaient tressés dans son dos et elle portait la même robe mauve que le premier soir. Elle s’affairait à tout vérifier. Elle tenait entre ses mains une pile de feuilles et cochait les éléments qu’elle avait sous les yeux. Liodas s’était arrêté pour l’admirer. Il allait bouger lorsque le propriétaire lui donna une grande tape dans le dos avec un immense sourire. Le jeune homme faillit s’étaler par terre, mais reprit son équilibre de justesse. Il salua l’homme qui était maintenant son supérieur d’une poignée de main. Ce dernier lui donna quelques directives avant de se diriger vers le début du convoi. Pour sa part, Liodas reposa son regard sur Helvia qui le fixait. Il se sentit rougir et s’approcha d’elle. Il posa son sac près des boîtes et répondit au regard rempli de questions de la jeune funambule. « Je ne vous quitte plus. » Le visage d’Helvia devint si rouge qu’elle dut se détourner. Qu’est-ce qu’il lui disait tout d’un coup ? Il laissa échapper un rire et Helvia se tourna vers lui, les joues toujours en feu. Elle lui sourit timidement en voyant son regard vert posé sur elle. « Je suis contente. »
Ainsi, la troupe quitta l’endroit avec un nouveau cuisinier prodige et une histoire adorable qui débutait.
***
Combien de temps cela faisait-il maintenant ? Il ne savait plus. Ça n’avait pas d’importance. Il ne pouvait pas être plus heureux. Chaque matin, il se réveillait et n’avait qu’une envie : voir son visage. Elle était toutes ses pensées. Il passait tout son temps libre auprès d’elle et de sa joie de vivre contagieuse. Et aujourd’hui, c’était le bon moment. Il le savait et il ne reculerait pas. Ils marchaient côte à côte, longeant la rivière. Leurs mains se frôlaient sans pour autant s’attraper. Ce n’était pas l’envie qui leur manquait, mais ils n’osaient pas. Ils se promenaient lentement, en silence. Un silence confortable. La nuit était tombée depuis quelques heures. Après avoir mangé, ils s’étaient éclipsés ensemble. Il lui avait demandé de lui consacrer le reste de sa soirée. Elle n’avait pas pu lui refuser. Elle ne savait pas où il l’entraînait, mais peu importait. Tant qu’ils étaient ensemble, elle se sentait bien. La lune éclairait le paysage de sa lumière blanche et enfermait leur monde dans un rêve. Un rêve qui n’appartenait qu’à eux. Il s’arrêta un moment pour admirer l’eau qui glissait dans son nid. Elle s’arrêta près de lui et le regarda avant de poser son regard sur la rivière à son tour. Lorsqu’elle porta ses yeux à nouveau sur lui, elle remarqua qu’elle était maintenant l’objet de sa contemplation. Dans ses yeux, elle pouvait y lire tout ce qu’il ne lui disait pas. C’était de même pour lui. Elle leva la main pour la poser sur sa joue, mais il arrêta gentiment son mouvement. Une inquiétude trouva alors sa place dans le cœur de la jeune femme. Il sembla le voir dans son visage, car tout de suite, il serra sa main et posa un doux baiser sur celle-ci. Puis, avec un sourire, il la guida jusqu’au sommet de la colline. Elle le suivit, le regard rempli de questionnements.
Arrivé à destination, il lâcha doucement sa main et s’assit sur le sol, en l’invitant à faire de même. Elle s’installa donc près de lui et son regard se fixa sur le ciel étoilé qu’il pointait. C’était tout simplement merveilleux. Une étendue si vaste et si belle. Avec un sourire, elle ramena son regard sur la personne qui l’accompagnait. Il posa sa main sur la sienne et s’approcha. Si près qu’elle ne vit plus que son regard vert foncé plongé dans le sien. Elle se mordit la lèvre en attendant qu’il approche davantage. Mais il n’en fit rien. Un petit sourire éclaira son visage lorsqu’il vit l’impatience se glisser dans le regard de la femme. Il leva alors la main. Intriguée, elle posa son regard sur le petit objet qu’il tenait. La lumière de la lune rendait éclatante la pierre qui trônait sur la petite bague. Elle fixa le bijou sans réagir. Il leva son autre main pour caresser la joue de la femme. Helvia le regarda enfin avec un sourire amusé sur le visage. « Je commençais à croire que tu ne me le demanderais jamais. » Liodas sourit à son tour et s’approcha pour embrasser la femme qu’il aimait.
***
Helvia se tenait devant la porte. Elle serrait dans sa main celle de Liodas et elle sentait sa conviction faillir. Il était encore temps de changer d’avis, de retourner à la caravane pour reprendre la route. Un regard à Liodas la dissuada de le faire. Quelques semaines plus tôt, ils avaient visité sa famille à lui. Une famille un peu excentrique, mais très charmante. Elle avait tout de suite aimé leur façon de prendre la vie à la légère. Aujourd’hui, c’était à son tour de visiter sa famille. Sa famille constituée de seulement deux parents. Elle était beaucoup plus inquiète à l’idée de les revoir pour leur annoncer qu’elle ne l’avait été de rencontrer pour la première fois la famille de Liodas. Après tout, elle ne savait pas comment ils le prendraient. Ça ne se voyait pas vraiment, mais elle se demandait si sa mère ne le devinerait pas d’instinct comme l’avait fait celle de Liodas. Avec ses parents, tout lui semblait compliqué pour rien. La dernière fois qu’elle les avait vus, c’était pour son mariage. Ils avaient été heureux de l’apprendre, mais moins heureux de savoir qu’elle ne quittait pas le cirque pour autant. Prenant une grande inspiration, elle s’obligea à lever le bras et à cogner trois petits coups distincts. Ils attendirent. Lui, calmement. Elle, avec anxiété.
Après ce qui lui parut une éternité, la porte s’ouvrit sur deux personnes qui n’avaient presque pas changé malgré les passages du temps. Ses parents la fixèrent avec surprise, ne s’attendant pas du tout à la venue de leur fille. Ils l’invitèrent à entrer et sa mère se dépêcha d’aller chercher de petites grignotines. Puis, inquiétés par cette apparition, ils bombardèrent les jeunes mariés de questions à savoir si tout allait toujours bien pour eux, leur rappelant qu’ils pouvaient toujours venir vivre avec eux s’ils voulaient et leur sortant d’autres propositions complètement hors sujet. Liodas les arrêta rapidement en leur disant que tout allait bien, mais qu’ils avaient quelque chose à leur annoncer. Helvia était crispé sur sa chaise en regardant la table du salon. Elle sentit le poids des trois regards peser sur elle. Elle ne savait pas comment aborder le sujet, mais sa mère le devina sans peine.
Un enfant. Ils allaient avoir un enfant. Les parents crurent d’abord que leur fille n’en voulait pas vu sa réaction, mais ils apprirent rapidement que c’était plutôt leur réaction qu’il l’avait effrayée. Dès que la nouvelle fut tombée, la jeune femme se sentit tout de suite mieux. Cet enfant, elle le désirait de tout son cœur. Liodas aussi. Ils étaient heureux et une troisième personne allait bientôt rejoindre cette bulle de bonheur. Le stress qu’elle avait accumulé durant le trajet jusqu’à la maison de ses parents venait de s’envoler. Voilà, c’était fait. Elle l’avait dit. Ils n’avaient pas crié, ils n’avaient pas paru scandalisés. Son père avait posé la main sur son épaule avec un sourire. Elle lui avait souri en retour, timidement. Elle pouvait toujours sentir la distance qui s’était installée entre elle et ses parents depuis qu’elle était partie. Sa mère, pour sa part, la regardait sans dire un mot. Helvia savait qu’elle réfléchissait à cette nouvelle et elle n’était pas certaine de vouloir connaitre ce que cette femme avait derrière la tête. Mais la femme la plus âgée ne put s’empêcher d’exprimer son avis. Avis qui sonnait bien plus comme un ordre. Elle demandait à sa fille de lui laisser l’enfant. Elle comptait l’élever dans le calme et la sécurité de la ville, comme elle avait élevé Helvia. C’était une bien meilleure vie pour le futur bébé qu’une troupe de cirques. Bien entendu, Helvia était aussi invitée à rester. Ces remarques furent suivies d’une dispute froide entre les deux femmes. Il était hors de question qu’elle abandonne son enfant ici et il était hors de question qu’elle quitte le cirque. Pourquoi ne pourrait-elle pas faire les deux ? Il n’y avait rien qui l’en empêchait. Son enfant allait grandir près d’elle et lorsqu’elle serait assez grande, elle pourrait partir et suivre son propre chemin. Elle allait lui faire découvrir la vie de cirque, mais elle ne l’obligerait jamais à suivre ses pas comme sa mère semblait l’insinuer. Cette femme devra un jour comprendre qu’elle n’avait pas son mot à dire sur sa vie. La fin de cette rencontre fut plutôt tendue. Helvia et Liodas furent plus qu’heureux de retrouver l’air libre et le carrosse qui leur servait de maison. Leur vie, c’était celle-là. Et ils n’en voulaient aucune autre.
***
Le matin se levait tout juste. Les premiers rayons du soleil éclairaient le plancher de bois d’une lumière tranquille et une brise légère trouva son chemin par la petite fenêtre légèrement ouverte de la caravane. Tout était calme, à l’extérieur comme à l’intérieur. Personne ne semblait pressé de se réveiller en cette belle matinée. Même les oiseaux ne chantaient pas encore. Dans la caravane, la lumière chaude redonnait de sa couleur à la peau de Liodas, d’Helvia et du nourrisson. Liodas le tenait dans ses bras avec précaution. Ses yeux étaient cernés par le manque de sommeil, mais il n’irait pas dormir tout de suite. Il voulait encore admirer le visage de son enfant. C’était une petite fille. Elle était si petite. Si minuscule. Elle semblait si fragile qu’il avait peur de la briser. Il regardait son visage endormi avec un sentiment nouveau au creux de l’estomac. Elle était si jolie. Helvia dormait paisiblement sur le lit. Un repos mérité après tant d’effort. Il était assis près du lit et son regard passa de la femme à l’enfant. Il ne pouvait pas être plus heureux en ce moment.
Lorsque Helvia ouvrit les yeux, elle tendit les bras vers la petite fille que tenait son mari. La première chose à laquelle elle avait pensé en se réveillant était son enfant. Elle voulait la voir et la prendre dans ses bras. Liodas s’approcha en souriant et l’aida d’abord à s’asseoir dans le lit. Il déposa ensuite délicatement le nourrisson dans ses bras et il posa ses lèvres sur le front de sa femme pour y déposer un doux baiser. Helvia ne put retenir ses larmes de bonheurs lorsque son regard croisa les yeux de son bébé qui se réveillait. C’était son bébé. Sa petite fille. Leur enfant à elle et Liodas. Le fruit de leur amour et une raison d’aimer encore plus. Le poupon commença à pleurer et ses parents s’occupèrent de lui avec attention et amour. Une fois que la petite dormit profondément dans le berceau installé près du lit, Liodas put prendre place près d’Helvia. Il la prit dans ses bras et ils échangèrent un regard complice. Un nouveau chapitre s’ouvrait sur leur vie. Ils avaient hâte de créer de nouveaux souvenirs avec leur petite fille. Ils avaient décidé qu’elle grandirait avec eux dans le cirque, mais si elle manifestait le désir de changer de route, ils étaient prêts à l’encourager. Qu’importe ce qu’elle choisirait. Mais tout cela était encore loin. Même s’ils savaient que le temps passait trop vite. Pour l’instant, ils profiteraient du moindre moment en sa compagnie. Ils la verraient grandir peut-être trop vite alors il ne fallait pas perdre de temps. Helvia tourna la tête vers Liodas et un sourire taquin s’afficha sur son visage. Il peinait à garder les yeux ouverts. Helvia lui tapota le bras en lui proposant de dormir quelques heures. Elle resterait réveillée pour leur enfant. Pour la petite Wyska.
***
Wyska n’était pas une enfant très difficile. Toujours à l’écoute, elle apprenait vite ce qu’on lui enseignait. Elle comprenait ce qu’elle pouvait et ne pouvait pas faire. Elle ne respectait pas toujours les règles du haut de ses quelques années, mais c’était qu’elle n’avait pas conscience du danger. Dès qu’elle sut marcher, elle ne se priva pas pour aller explorer le monde avec ses petites jambes. Elle adorait voir les différents endroits qu’ils visitaient et ses parents avaient parfois de la difficulté à la faire tenir en place. Mais elle ne s’éloignait jamais trop. Elle s’assurait de toujours avoir ses parents dans son champ de vision pour ne pas les perdre. Elle avait rapidement compris que la caravane dans laquelle elle vivait ne restait jamais longtemps au même endroit. Pour ne pas être oubliée en arrière, elle s’assurait de toujours être dans les parages, même si ses parents ne comptaient pas l’abandonner. Il ne fallait pas prendre de risque avec ça. Alors, elle restait près de la troupe, mais ne s’empêchait pas de se promener et de répondre aux gens qui lui adressaient la parole. Elle adorait surtout dire à tout le monde que sa maman, c’était la dame qui marchait sur un fil et son papa, celui qui préparait les meilleurs repas dans le monde entier.
La petite avait hérité de la joie de vivre de sa mère, mais de la nature solitaire de son père. Elle avait beau parler avec beaucoup de gens lors des arrêts en ville, elle préférait le temps des voyages où elle pouvait être avec elle-même. Ses parents s’étaient inquiétés au début de ne pas la voir se mêler beaucoup à la troupe, mais il avait vite compris que leur petite fille préférait le calme à l’agitation. Dans la troupe, il n’y avait pas beaucoup d’enfants. Deux ou trois, tout au plus. Elle jouait quelquefois avec eux, mais avait rapidement commencé à s’amuser seule. Sa mère la poussait tout de même à aller vers les autres enfants dès que possible, que ce soit ceux de la troupe et ceux des villages dans lesquels ils arrêtaient par moment. Jouer avec les autres enfants ne dérangeait pas Wyska, mais il y avait des moments où cela l’énervait. Elle préférait jouer avec ses jouets dans sa maison ou encore mieux explorer le cirque avec Roumi, le chien de la troupe. Étant encore jeune, elle ne connaissait pas les moindres recoins de chaque chariot du convoi. Elle prenait un malin plaisir à se promener entre les boîtes d’accessoires et escalader les caisses de costumes ou de décors sous les aboiements joyeux de l’animal.
Mais au bout de quelques années, elle connut par cœur chacune des roulottes de la caravane. L’ennui commença alors à montrer le bout de son nez. N’ayant plus rien à explorer lors des voyages et haltes dans la nature, Wyska avait décidé de se trouver une autre activité. Elle avait commencé à suivre ses parents partout. Elle aimait aider son père pour les repas. Elle allait chercher les ingrédients manquants et en apprenait toujours plus sur la cuisine et les herbes comestibles. Ce qui pouvait s’avérer pratique. Elle avait même essayé de faire ses propres recettes, sans grand succès malheureusement. Elle n’avait pas le talent de son père pour mélanger ce qui lui semblait être n’importe quoi ensemble. Mais elle aimait le regarder faire et l’écouter lui parler d’ingrédients et petits trucs qu’elle ne comprenait pas encore. Elle s’était aussi proclamée goûteuse de la troupe et avait droit à la première bouchée de chaque repas, avant que ce ne soit servi, bien entendu. Son père aimait les temps passés avec sa fille. Surtout que ces moments rassemblaient deux choses qu’il adorait.
Le reste de son temps, Wyska le passait auprès de sa mère. Elle la suivait partout dans le convoi en imitant la démarche gracieuse de sa maman, en un peu moins gracieux. Mais juste un peu. Elle restait adorable et ça pardonnait donc tout. Ou presque. Elle n’avait jamais osé suivre sa mère lors de ses entraînements sur la corde par contre. Une fois, elle avait commencé à monter à sa suite, mais avait rapidement changé d’avis. C’était drôlement haut. Pas question qu’elle monte cette échelle. Elle restait donc en bas à regarder sa mère s’entraîner, les yeux remplis d’étoiles. Sa maman était vraiment incroyable. Elle voulait devenir aussi incroyable que ça, elle aussi ! Pour y parvenir, elle commença par faire comme sa mère lors des échauffements. Elle imitait les mouvements de son idole sans trop comprendre ce qu’elles faisaient. Avec un sourire taquin, sa mère lui avait rapidement proposé de lui enseigner les rudiments du cirque plutôt que de la laisser faire des gestes sans savoir pourquoi. Ce fut une merveilleuse nouvelle. Wyska commença donc à s’entraîner très souvent avec sa mère dans le chapiteau ou simplement devant leur caravane maison. La petite apprit les bases de l’équilibre et de l’agilité. Elle améliora ses capacités en flexibilité et explora la jonglerie. Rien ne l’attirait particulièrement. Sa mère l’initia aux voltiges et aux appareils d’équilibre, mais la petite voulut tenter autre chose. La funambule lui apprit les principes de l’acrobatie pour commencer. Wyska s’y découvrit une passion. Sa mère continua donc en lui enseignant des sauts acrobatiques. La jeune fille approfondissait ses connaissances à chaque jour qui passait. Elle s’entraînait auprès de sa mère chaque fois et décida de compléter son entraînement avec les bases de la contorsion. Avoir le contrôle de son corps à ce point était fantastique.
À partir d’un certain âge, Wyska commença à s’entraîner seul. Sa mère avait eu moins de temps à lui accorder avec la naissance de ses petits frères et la fillette avait préféré s’occuper d’elle-même comme une grande. Elle n’avait plus besoin que sa mère soit derrière elle à chaque pas. Ses petits frères avaient plus besoin des parents pour l’instant. Elle ne se sentait pas pour autant délaissée. Elle se proposait souvent pour garder l’un des petits lorsque nécessaire et ses parents lui accordaient toujours du temps lorsqu’elle leur demandait quelque chose. Mais elle n’était plus la seule personne de laquelle ils devaient s’occuper. Ça avait été un peu étrange au départ tout de même. Elle était habituée d’être enfant unique et, du haut de ses six années, elle n’avait jamais pensé qu’elle pourrait avoir un petit frère. Elle s’était rendu compte une journée que sa mère ne participait plus au spectacle. Durant un entraînement, la fillette ne s’était pas gênée à poser la question pour savoir ce qui se passait. Sa mère l’avait trouvée amusante en lui expliquant qu’elle allait avoir un petit frère ou une petite sœur. Wyska avait eu hâte de voir l’enfant qui rejoindrait la famille. Elle aida aussi ses parents à s’occuper de lui. Il ressemblait beaucoup à sa maman trouvait-elle, mais il avait les mêmes yeux verts que son papa. Elle eut la même réaction, lorsque deux ans plus tard, elle apprit que sa mère était de nouveau enceinte. Elle s’occupa beaucoup plus de son petit frère Xaden lorsque le nouveau-né vint au monde. En grandissant, Wyska s’était montrée très protectrice envers ses jeunes frères. Et un peu tyrannique aussi. Elle s’occupait d’eux et les laissa l’accompagner, mais en échange, il lui obéissait lorsqu’elle demandait quelque chose. Avoir des petits frères, c’était génial ! Mais elle ne trainait pas toujours avec eux non plus. Lorsqu’elle voulait être seule, elle allait porter ses frères à ses parents, peu importait qu’ils soient sur un fil à des mètres dans les airs ou derrière un chaudron qui bouillait sur le feu. Après tout, elle avait des choses à faire elle aussi.
Lors de ses entraînements seule, Wyska se trouvait un coin tranquille, loin du convoi. C’était souvent près d’un cours d’eau, mais lorsque ce n’était pas possible, elle se trouvait un espace plat entouré d’arbres. S’il n’y avait rien de tel, elle se résignait à rester près de la caravane. Une fois son coin trouvé, elle prenait un moment pour relaxer et se centraliser. Ses entraînements étaient ses moments à elle seule. Elle avait le contrôle sur ce qu’elle faisait et pouvait être avec elle-même. Elle adorait prendre ces moments pour elle. Elle était heureuse d’être née dans le cirque et d’avoir trouvé sa place parmi la troupe. Elle ne s’imaginait pas du tout vivre dans un village, s’était-elle rendu compte. Elle aimait voir le monde, n’avoir pour habitat que l’endroit où elle choisirait de poser sa maison. Il y avait tellement de choses à explorer dans ce monde qu’elle ne pouvait s’imaginer rester enfermer dans une maison sans roues. Bon, elle n’explorait pas autant qu’elle le souhaiterait, car elle avait les contraintes du cirque, mais c’était mieux que rien. Surtout qu’elle n’avait pas encore le cœur à quitter sa famille. Elle était encore trop jeune pour penser à aller vivre une vie par elle-même. Elle ne faisait que rêver d’aventures tout en voyageant avec la grande famille qu’était la troupe.
Même si elle passait la plupart de son temps dans son coin, Wyska aimait beaucoup sa famille de cœur. Elle ne s’imaginait pas vivre sans eux. Elle faisait partie de la troupe à part entière et ne comptait pas la quitter de sitôt. Elle rêvait parfois d’aventures certes, mais pas de celles qui étaient épiques et dangereuses. Pas de celle qui vous chamboulait complètement et qui vous laissait changer. Non, elle rêvait d’une aventure tranquille lui permettant d’explorer les moindres contrées que préservait ce monde fabuleux. Il y avait tant de choses épatantes. Wyska voulait toutes les voir. Avec la troupe, elle voyageait à plein d’endroits. Elle viendrait surement à bout de ce rêve un jour. Elle pourrait faire le tour du monde en restant ici. Avec sa famille et le cirque. Elle le croyait fermement dans sa petite tête.
***
Lorsque l’enfant fut assez grande, Helvia lui proposa de joindre les représentations. Elle pourrait avoir son propre petit numéro d’acrobaties entre celui des clowns et celui de sa mère. C’était avec un grand sourire que Wyska s’était rendu à sa première vraie répétition. Accompagnée de sa mère, elle fit le tour du chapiteau et la femme lui expliqua en détail comment se déroulait un spectacle. Elle n’avait jamais mentionné tous les petits détails insignifiants à la fillette, mais il valait mieux le faire maintenant pour éviter des erreurs idiotes qui pouvaient être empêchées. Les autres membres de la troupe leur parlèrent ensuite de leur propre numéro avec entrain et Wyska les écoutait tous avec intérêt. Dès que tout le monde fut retourné à ses occupations, le propriétaire du cirque, que Wyska avait toujours considéré comme son propre oncle, s’approcha d’elle pour lui donner l’ordre du spectacle. C’était beaucoup d’informations d’un coup et la jeune fille avait l’impression de s’y perdre. Elle ne le laissa pas paraître par contre et fit de son mieux pour bien suivre ce qui se passait. Dans son coin de la tente, elle se laissa finalement aller à son entraînement. Réchauffement, étirement et répétition. Elle répétait le petit numéro que sa mère et elle avaient créé pour l’occasion.
La première arrivait à grands pas. La jeune fille sentait son ventre serré, tourné et noué. L’anxiété la gagnait chaque fois qu’elle y pensait. Allait-elle réussir ? Elle pourrait tomber... Est-ce que la foule apprécierait son numéro ? Elle pourrait être humiliée. Elle ne voulait pas que les gens la huent. Dès qu’elle voyait son enfant s’affoler, Helvia s’approchait, posait sa main sur ses épaules et lui demandait de prendre une grande inspiration. Tout allait bien se passer. Avec un sourire, elle caressait la tête de la fillette qui se calmait comme par enchantement. Wyska avait hâte de présenter son numéro, mais en même temps, elle avait peur de ne pas être à la hauteur des autres artistes composant la troupe. Sa mère lui avait assuré qu’elle n’avait pas à s’en faire et certains membres avaient même complimenté son numéro, mais elle ne pouvait pas se défaire de ses inquiétudes. La troupe s’était arrêtée non loin d’un petit village, dans les alentours d’Al-Vor. Les artistes allaient tenir leur première représentation le lendemain. Depuis qu’ils s’étaient arrêtés, ils s’afférait à monter le chapiteau, placer les décors et accessoires ainsi qu’à faire de la publicité dans les villages environnants. Wyska tournait en rond devant la caravane maison. L’oncle de sa mère lui avait permis d’aller se reposer. Elle avait aidé à apporter les accessoires à la tente, mais comme tout était déjà pris en charge par d’autres, ils n’avaient pas besoin de son aide. La jeune fille en avait donc profité pour aller s’entraîner. Les choses allaient de bon train et l’anxiété qui s’était nichée au creux de l’estomac de la petite commençait à se transformer en excitation. Elle avait tellement répété ce numéro qu’elle sentait une confiance nouvelle monter en elle. Et puis, elle pourrait toujours improviser un petit peu si quelque chose se passait mal.
Le soir du lendemain arriva finalement. Wyska était assise sur un tabouret, les yeux fermés, en train de faire le vide dans son esprit. Elle voulait être le plus calme possible avant de commencer son numéro comme lui avait conseillé sa maman. Elle jetait parfois un coup d’œil aux clowns pour être certaine de ne pas manquer son entrée. Tant qu’ils n’étaient pas en scène, elle n’avait pas à s’en faire. Pour le grand soir, ses parents lui avaient offert un magnifique costume souple arborant différentes teintes de bleus dans ses motifs ondulés. Quelques brillants qui attiraient la lumière scintillaient par-ci par-là pour donner au costume une allure spectaculaire. Il était parfait. Elle l’avait enfilé un peu plus tôt dans la journée et s’était tout de suite sentie à l’aise à l’intérieur. Elle pouvait bouger comme elle l’entendait et le vêtement suivait le moindre de ses mouvements. Elle adorait se mouvoir dans son costume de cirque, même si elle avait conscience que ce n’était que pour les spectacles. Elle devrait s’en procurer un noir pour les répétitions. Ce serait vraiment merveilleux. Enfin, passons. Sa mère avait soigneusement attaché ses cheveux en un chignon serré, mais prit la peine de laisser tomber quelques mèches autour de son visage encore bien enfantin. Les yeux grandement maquillés pour souligner son regard, de la couleur aux pommettes pour ne pas avoir l’air d’un cadavre, des brillants dans les cheveux et voilà ! Elle était prête à se présenter devant la foule. Elle jeta un nouveau coup d’œil aux clowns qui entraient en scène. Après une grande expiration, elle se leva et se dirigea vers les coulisses. Elle se posa à l’entrée de la scène, prête à y grimper dès qu’elle entendrait son nom. Tout lui sembla ensuite se dérouler trop vite. Elle entendit le bonimenteur la présenter. Elle courut pour s’installer sur la scène, se laissant aveugler par les lumières. En position. Elle attendit. Dès la première note de musique, elle se laissa aller à ses acrobaties si souvent répétées.
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Les années passèrent, se ressemblant sans jamais être les mêmes, s’égrainant une à une dans le sablier sans jamais s’arrêter.