descriptionRe: Pour faire le portrait d'un oiseau
Attendre s'il le faut pendant des années
La jeune femme lui adressa un sourire affectueux qui adoucit quelque peu le cœur de l’étudiante. Lui expliquant qu’elle avait eu cours avec son professeur quelques années auparavant, en Histoire du Dessin, elle précisa qu’elle les avait beaucoup appréciés, ce qui ne surprit guère Seï. Comme elle lançait un regard au professeur, celui-ci leur fit comprendre qu’il était occupé, en pleine communication via les Spires. Seïleen, qui ne maitrisait pas encore cette faculté, se glissa brièvement dans l’Imagination, voir si elle détectait quoique ce soit. Sans succès.
- Je pense qu'il va discuter un moment. Pour répondre à votre seconde question, on va dire que j'aimais étudier ! J'ai d'abord suivi l'Étude des Spires, car c'est vraiment quelque chose qui me fascine. Cela m'a vraiment permis de devenir très sensible à ce qui se passe dans cette dimension.
La jeune femme la regarda, fascinée. Enfin, pas dans les yeux, elle avait atteint son quota pour le moment, mais elle observait ses mains souligner son propos ou simplement porter une framboise à sa bouche. Comme Pia tentait souvent de capter son attention en lui offrant des fruits, l’étudiante revenait souvent à la boule de poils, acceptant avec plaisir les présents. Elle était si adorable ! Elle sentit soudain que quelqu’un pénétrait dans l’Imagination et elle devina sans peine qu’il s’agissait d’Enéole, elle avait beau n’avoir eu qu’une seule fois le goût de sa présence dans les spires, elle sentait que c’était elle. Les quelques rubans multicolores qui apparurent confirmèrent son impression et la chuchoteuse y sauta avec enthousiasme, comme un enfant se jetterait sur un lit ou un gâteau appétissant.
- Mais cela ne me suffisait pas. Je m'intéressais également au fonctionnement de l'Empire. Alors j'ai poursuivi deux années supplémentaires pour étudier la diplomatie et la politique. Cela fut très instructif, même si cela était assez restreint en termes de créativité.
Seïleen laissa échapper une grimace. La politique ne l’intéressait guère, même si elle eut une pensée admirative pour son interlocutrice. Cela lui semblait bien trop ennuyeux. Son jeune âge devait certes y être pour quelque chose, sans pour autant qu’elle ne se sente d’affinités avec.
- Et vous ? En quelle année êtes-vous ? Je devine à vos questions que vous n'êtes pas encore en spécialisation. Mais peut-être avez-vous déjà votre petite idée ?
- Euh oui… Je ne suis qu’en première année… Et euh… J’aime les contes, les légendes, Ewilan, Merwyn, tout ça.
Elle se sentait devenir rouge. Bien sûr qu’elle connaissait le principe, inutile de préciser. Elle avait dû se renseigner tout de même, avant de faire son choix. Seïleen ne lui apprenait rien. Mais elle se força, essayant de croiser le regard de la jeune femme et d’éteindre le feu de ses joues.
- J’aimerais étudier les légendes de l’Empire. C’est encore un peu loin… je sais. Mais c’est ce qui m’intéresse.
A ce moment-là, un cri brisa sa concentration. Ombre s’était prise au jeu de Pia et s’était à son tour élancée dans les rubans colorés. Admirant furtivement la longévité du dessin de la jeune femme, Seïleen laissa échapper une exclamation inquiète avant de se lancer au secours de son amie.
- Attends, Ombre, cesse de bouger ! Tu vas te briser une aile !
En effet, prise dans les liens colorés, l’une de ses ailes semblait totalement bloquée. Avisant le complexe maillage que les deux créatures avaient formé, elle dessina brièvement une paire de ciseaux et s’attaqua aux rubans. Puisqu’eux-mêmes étaient un dessin, elle ne se préoccupa pas de les abimer ou non, destinés à disparaître de toute manière. Mais les rubans étaient bien attachés et elle craignait de blesser son amie. Si elle lui coupait une plume, ce n’était pas trop grave. Peut-être souffrirait-elle un peu et aurait du mal à équilibrer son vol, mais si elle la blessait carrément, elle s’en sentirait coupable. Ombre avait de la peine à rester en place et cicatrisait difficilement. L’étudiante, paire de ciseaux à la main, prête à s’effacer de la réalité d’ailleurs, lança un regard perdu à Enéole, comme pour lui demander son soutient.