descriptionPar-delà vents et marées
Citadelle des frontaliers,
Les Marches du Nord
Je sais qu'il est peu habituel que je t'écrive, mais pour une fois, l'occasion s'est présentée. Je n'avais envie de rater ça pour rien au monde. Il faut dire que j'ai tellement de choses à te raconter. Pourtant, à l'heure où je t'écris ça fait tout juste un mois et demi que nous nous sommes quittées. Je ne crois pas t'avoir déjà donné de mes nouvelles si rapidement !
Pourtant, il s'en est passé des choses en si peu de temps. J'aurais beaucoup aimé être en face de toi pour voir ta réaction, mais je ne peux pas me permettre de faire un si grand détour, tu comprendras pourquoi un peu plus tard dans cette lettre. Avant toutes choses, j'espère que tu vas bien, et même si je me doute qu'en si peu de temps, rien n'a pu s'arranger à la citadelle, je continue à croire que ça ne peut qu'aller mieux avec le temps. Tu me connais, j'ai tendance à tout idéaliser.
Si tu avais pu voir l'empire depuis le plus haut sommet de la chaîne du Poll, je suis sûre que tu aurais aimé. J'aimerais pouvoir te le décrire, mais aucun mot n'a assez de saveur pour que je puisse le faire sans le rendre fade. Même si je sais que tu préfères être au sol et cogner les guerriers cochons. D'ailleurs, garde m'en un peu pour la prochaine fois que je viendrai. Au vu de leurs nombres ça ne devrait pas être un soucis, mais à la vitesse à laquelle tu les tues, je préfères m'en assurer.
Je me suis rendue à Al-Poll. C'était absolument incroyable. Même dans mes plus beaux rêves, ce n'était pas si merveilleux. J'ai réussi à m'imposer dans une caravane qui y allait. Comme tu peux t'en douter, ce ne fut pas très difficile de les convaincre de m'accepter. Sur la route, nous avons croisé une goule. Mais à part cet incident, le voyage s'est déroulé dans les meilleures conditions. Après ça, je suis redescendue vers le sud. Et tu ne devineras jamais la suite.
J'étais arrivée à Al-Vor. Cette ville me rappelle de bons souvenirs. Je l'ai découverte avec mon maître pour la première fois, il y a déjà bien longtemps. Le temps passe si vite. Enfin, ce n'est pas là que je voulais en venir. Donc, j'étais à Al-Vor. Comme à mon habitude, je me suis promenée dans la ville. Sur ses toits, pour être plus précise. Et là j'ai rencontré quelqu'un. Ce n'était pas un marchombre, pas un faël, et pas non plus un mercenaire du chaos. (pour une fois, je ne m'en plaindrais pas...) C'était une jeune fille, tout juste sortie de l'enfance. Elle s'appelle Loucian Naït, et elle est mon apprentie depuis quelques jours.
Étonnant n'est-ce pas ? Moi qui disais ne pas vouloir d'apprenti, je me suis retrouvée bien embêtée. Tu sais pourquoi je ne voulais pas. J'avais peur de ne pas pouvoir le protéger. Le protéger de moi. Mais en voyant cette fille, ça m'a semblé être une évidence. Il ne pouvait pas en être autrement, tu comprends ? Je l'ai senti au plus profond de moi. J'ai senti que c'était moi et personne d'autres qui devais
J'aurais beaucoup aimé pouvoir faire un détour par la citadelle, d'ailleurs. J'ai décidé de remonter un peu vers le nord. Il est trop tôt pour que je prenne le risque de l'emmener dans une grande ville. Mais je n'ai pas le choix : il faut que je me rende à Al-Jeit au plus vite. Il y a de gros problèmes avec la guilde. Tu comprendras que je ne peux pas t'en dire plus, même si j'aimerais pouvoir le faire. Parfois, j'ai l'impression d'être un véritable aimant à problèmes. Je te vois venir. Fais au moins semblant de nier, juste pour cette fois !
Si je t'écris cette lettre, c'est parce que j'ai croisé la route d'un frontalier. Je suppose que tu dois le connaître, au moins de nom. Il s'appelle Alec Ezilea. Tu sais, il se balade toujours avec un loup du nord. Nous avons sympathisé et il m'a gentiment proposé de te remettre cette lettre si je le désirais. Je n'aurais manqué cette occasion de prendre de tes nouvelles pour rien au monde. Il est moins évident pour toi de me renvoyer des lettres, mais tu peux essayer à Al-Far, si l'envie de me répondre te prend. J'espère que tu m'amèneras de bonnes nouvelles.
J'ai hâte d'avoir de tes nouvelles. Tu me manques. Je pense à toi, quoi que je fasse, où que je sois, pour toujours et à jamais.