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Loups en terre de fauves

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descriptionLoups en terre de fauves - Page 2 EmptyRe: Loups en terre de fauves

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C'est avec un certain entrain que je marche vers la dite nourriture. Il faut dire qu'après cette matiné, mon ventre commence à crier famine. Il faut dire aussi que je profite un peu de la situation. Je sais que je n'aurais droit à ce genre de répit que très peu de fois, surtout dès que l'entraînement reprendra de plus belle. Quelques jours que j'arpente la voie, et en vérité, je ne fais que l'effleurer pour le moment. Il est vrai que c'est frustrant en fin de compte. Songer à cette notion de chemin, ou de toile pour ma part que je n'ai même pas commencé à tisser... Finalement on n'est pas obligé de manger et je pourrai reprendre mon tissage. Seulement ce n'est pas ce qui est prévu avec nos invités.
Me rendre compte de cela ne m'empêche pas de marcher avec entrain. Je veux mettre ces personnes en confiance. Pourquoi toujours se méfier de tout le monde. Même si personne n'est réellement digne de confiance avant de prouver sa valeur, je ne vois pas le besoin d'être aussi guindé. Les deux marchombres se connaissent, et l'Homme ne semble pas vraiment avoir envie d'être une menace. Quant au loup, il est sublime et l'admirer est tout simplement un bonheur.
Alors que je suis en tête, j'entends des brides de conversations. Marches du Nord, Frontaliers... Des mots que j'ai déjà entendus, tout comme Marchombre avant de rencontrer Elleynah, seulement je ne comprenais pas ce mot. Là encore, si les marches du nord me sont un peu plus connues, le terme de Frontaliers m'est presque inconnu. Je me mordille la lèvre inférieure. Avoir des lacunes ne me plaît jamais, et avec des personnes comme ces aventuriers je suis clairement pas à mon avantage. Une petite inculte en vérité...
- Finalement, je crois que je vais passer par en haut.
Je me tourne rapidement pour observer mon maître en fronçant les sourcils. Par en haut ?...
- On se retrouve à la sortie !
La sortie ?... Et pourquoi je sens que ce "on" ne me concerne nullement. Elle compte me laisser seule avec l'homme ? Mais qu'est ce que je vais faire ? Lui parler de tuile ?
- Ana ?
Elle commence à monter, d'une façon tellement plus gracieuse que ce que j'ai pu voir jusqu'alors. Me cache-t-elle toute l'étendue de son agilité afin de ne pas me mettre trop mal à l'aise ?
- Veille à ne pas faire de bêtises pendant que je n'ai plus le regard fixé sur toi, d'accord ?
- J'ai survécu toutes ses années sans toi, je ne pense pas que les prochaines minutes me seront fatales.
Ma voix n'est pas un affront, plutôt un amusement face à ce qu'il se passe. Mais il y a aussi le fait que je ne veux pas qu'on me prenne pour une faible personne. Ce n'est pas parce que je suis la plus petite, la plus novice que je vais me faire tuer dans les cinq prochaines minutes...
- Et prend ton temps. La nourriture ne va pas s'envoler, promis !
Je souris un peu à son clin d’œil et elle disparaît.
On se retrouve seul, Alec et moi. Non, en fait il y a le loup ! Je le regarde un instant avant de regarder son maître.
- Quel âge a-t-il ? Tu l'as depuis combien d'années auprès de toi ? Je peux le toucher ?
J'ai terriblement envie en effet, même si celui-ci ne semble pas spécialement en avoir envie. Je m'approche d'eux, attendant son consentement (ou non) et surtout, l'avis de son maître qui doit le connaître parfaitement.
- Mon nom m'a été donné en l'honneur d'un loup, d'une louve pour être précise...
Je ne sais même pas pourquoi je dis tout cela, je parle même trop. Cependant, je m'en moque, pour une fois que j'ai la chance de voir un loup, d'en toucher un peut-être, je ne compte pas laisser cette nouvelle aventure me filer entre les doigts.

Spoiler :

descriptionLoups en terre de fauves - Page 2 EmptyRe: Loups en terre de fauves

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La curiosité d’Alec fut rapidement comblée par la réponse de la Marchombre.

    « Oui, en effet. Je suis une vieille amie de Syane Ril'Devah. Cela fait plus de dix ans que je la connais et que je me rends dans les Marches du Nord. Mais le monde des Frontaliers est vaste et impressionnant. Je ne pense pas pouvoir en faire le tour un jour. »


Alec hocha la tête. Même pour un Frontalier, La Citadelle restait vaste et peuplée, sans compter les alentours des Marches du Nord. Étant devenu antisocial depuis quelques années, ça n’aidait certainement pas son cas. Quoi qu’il en soit, il connaissait bien entendu Syane Ril’Devah de nom et la reconnaissait lorsqu’il la croisait à la Citadelle, mais il ne la connaissait pas personnellement. Elle ne devait pas se douter de son existence non plus, lui qui n’avait ni rang ni titre de noblesse. Si elle avait connu sa mère ou son père, qui étaient eux plus à même de connaitre les hauts gradés de la Citadelle, il n’en avait jamais rien su.

    « Je ne connais pas Ril’Devah personnellement, mais sa réputation la précède. Je pourrais lui transmettre un message de votre part, si vous le désirez. »


Les communications vers le nord étaient souvent hasardeuses, si on n’utilisait pas les voies du dessin, ce qui coutait généralement une fortune. D’autant plus que les Marches du Nord étaient une étape plus loin, dans le sens où aucun message, hors de la Vigie, ne pouvait se rendre par voie du dessin. Les Marches du Nord et la Citadelle en elle-même étaient un énorme hiatus en elle-même. Il était à la fois logique et absurde que le peuple de Merwyn soit celui qui vivait sur l’endroit le moins hospitalier au dessin de tout Gwendalavir.

Bref, il était courant que les voyageurs ramènent des nouvelles d’amis, de familles ou de partenaires d’affaire de leur voyage, même si leur but avait été tout autre. Alec ne voyait aucun inconvénient à rapporter une missive à la Citadelle s’il pouvait se rendre utile.

Alors qu’ils avançaient sur une voie plus dégagée de la forêt qui leur donnait lieu de sentier, Elleynah prononça une phrase qui laissa d’abord le Frontalier perplexe.

    « Finalement, je crois que je vais passer par en haut. »


Il savait que les Marchombres avaient plus d’un talent caché, mais voler tel un oiseau ne faisait probablement pas partie d’eux. Il haussa un sourcil, seul signe de sa perplexité, et eu un sourire en coin en la voyant s’élancer avec l’agilité d’une panthère le long du tronc de l’arbre le plus près. Les capacités d’escalade d’Elleynah étaient remarquables. Il était loin de ne posséder aucune capacité en la matière, mais question de grimper aux arbres, il s’avouait vaincu d’avance.

    « On se retrouve à la sortie ! Ana ? »


Invitant son amie à la suivre, Elleynah entendait laisser son apprentie seule avec lui. Alec en fut légèrement surprit. L’idée ne le dérangeait pas le moins du monde, mais qu’elle lui fasse confiance ainsi, quelques minutes à peine après leur première rencontre était particulier. Ça ou les gens de son peuple avaient une tendance plus prononcée que la moyenne à se méfier. Quoi qu’il en soit, l’idée même de profiter de l’absence d’Elleynah pour faire du mal à la jeune fille lui était tellement absurde qu’il devait être clair en voyant sa tête qu’il n’y avait rien à craindre. Au contraire, Alec était plutôt du genre à laisser le tigre des prairies qui rôdait dans le coin lui bouffer une jambe avant de laisser quoi que ce soit arrivé à la jeune fille, toute inconnue fut-elle.

Avant qu’elle ne disparaisse d’entre les branches, Elleynah lança tout de même un commentaire à Loucian.

    « Veille à ne pas faire de bêtises pendant que je n'ai plus le regard fixé sur toi, d'accord ? »

    « J'ai survécu toutes ses années sans toi, je ne pense pas que les prochaines minutes me seront fatales. »

    « Et prends ton temps. La nourriture ne va pas s'envoler, promit ! »


Alec ne retint pas le sourire amusé qui étira ses lèvres, faisant briller d’argent sa cicatrice du même coup. Décidément, cette jeune fille avait un sacré caractère. Elle lui faisait de plus en plus penser à Daerys, sa petite sœur, ce qui la rendait immédiatement sympathique à ses yeux.

Ils se retrouvèrent seuls. Les deux Marchombres avaient disparu dans les branches et plus aucun son ne leur parvenait d’elles. C’était une impression étrange pour lui, qui était habitué à remarquer chaque petit détail et entendre le moindre bruit de présence humaine ou animal aux alentours. Et là, plus une trace des deux femmes. Elles n’étaient pourtant pas loin, probablement à quelques mètres à peine au-dessus d’eux. Alec n’en était pas particulièrement à l’aise, mais la situation ne se prêtait pas à l’inquiétude ou à la défensive, les deux marchombres étaient amies plutôt qu’ennemis.

Alec retourna son attention sur l’apprentie Marchombre et remarqua que Loucian regardait Écho. Le loup marchait à côté d’Alec, lui arrivant d’ailleurs à hauteur des hanches malgré la grande taille du frontalier, et se trouvait du côté opposé à Loucian. La proximité restait considérable. Le Frontalier s’était attendu à la voir inquiète, mal à l’aise ou effrayé, l’énorme loup faisant généralement cet effet sur les gens de loin, alors de près… Loucian ne semble pourtant pas avoir peur d’Écho.

    « Quel âge a-t-il ? Tu l'as depuis combien d'années auprès de toi ? Je peux le toucher ? Mon nom m'a été donné en l'honneur d'un loup, d'une louve pour être précise... »


Écho étant l’un des seuls sujets qui pouvait rendre Alec loquace. Il ne pouvait donc pas en vouloir à Loucian de s’y intéresser.

Le Frontalier sourit et jette un coup d’œil à Écho. Le loup n’est pas très à l’aise, contrairement à Loucian. Alec n’en est pas étonné, Écho n’apprécie généralement pas la présence d’étrangers. Il n’aimait parfois même pas certaines personnes qu’il côtoyait régulièrement, tel Ayden Steredönn, l’ami d’Alec.

Néanmoins, Écho était beaucoup plus calme qu’il ne l’avait anticipé. La présence-surprise des Marchombres l’avait effarouché et mit de mauvais poils, mais maintenant que les deux femmes étaient parties, il s’était grandement détendu. Il gardait une oreille attentive tournée vers Loucian, mais la présence de la jeune femme ne semblait pas le déranger outre mesure. Peut-être que l’énergie que la jeune femme dégageait y était pour quelque chose. Aussi amicales Anahkee et Elleynah avaient été, elles dégageaient cet aura de combattante et de danger qui n’avait certainement pas échappé au loup. Loucian dégageait une énergie vive et vibrante, mais étant apprentie, pas encore celle sauvage et dangereuse de ses ainées.

    « Écho à cinq ans. Je l’ai trouvée lorsqu’il n’avait que quelques semaines, dans les hauteurs des Marches du Nord. Sa mère et ses frères et sœurs ont été tués par un sanglier sauvage. Je l’ai élevé jusqu’à maturité, mais je ne l’ai jamais privé de sa liberté. S’il est mon compagnon, c’est qu’il a décidé de rester. Écho est mon partenaire, mon ami et mon frère, mais pas ma propriété. »


Alec jeta un nouveau regard à Écho avant de continuer. Il aurait aimé répondre positivement à l’enthousiasme de la jeune fille, mais la décision n’était pas entre ses mains.

    « Malheureusement, je ne crois pas que le toucher soit une bonne idée pour l’instant. Écho est à moitié sauvage, comme je disais plus tôt. N’étant pas un chien, il n’est pas habitué à se faire caresser comme tel, surtout par des étrangers. Néanmoins, s’il vient vers toi plus tard, c’est qu’il t’en donne l’autorisation. »


Alec ne serait pas vraiment surpris qu’Écho se prenne d’affection pour la jeune fille, comme pour avec sa sœur Daerys. Il semblait avoir un léger penchant pour elles. Mais le processus pouvait prendre du temps et le Frontalier doutait que le peu qu’ils allaient passer ensemble suffise à amener Écho vers Loucian. Alec songea donc à aider un peu les choses. Peut-être en donnant la viande séchée de sa dernière chasse, qu’il réservait pour Écho dans l’éventualité où ils n’attrapaient rien ce matin-là, à Loucian pour qu’elle le donne au loup? Cette boule de poil était un véritable estomac sur pattes.

Alec arriva à la question du nom de Loucian. Il pencha la tête de côté, intriguée à ses tours. Les loups, même les loups normaux, n’avaient pas bonne réputation en Gwendalavir. Ils étaient généralement reconnus pour s’attaquer au bétail et effrayer les voyageurs des routes peu fréquentées. Qu’elle ait été nommée en l’honneur d’une louve était donc particulièrement intéressant.

    « C’est un bon nom. De quelle louve s’agit-il? »


Ils débouchèrent finalement hors de la forêt, pile devant ce qui devait être le campement d’Elleynah et Loucian. Les deux marchombres restaient d’ailleurs toujours invisibles. Le frontalier s’avança dans la plaine et s’arrêta, fixant l’étendue de verdure en direction de la rivière. Il n’y vit aucun signe d’Éclipse, mais il l’avait laissé plus loin que la portée visible actuelle. Il porta ses doigts à ses lèvres et siffla une note longue et aigüe qui fit dresser les oreilles sur la tête d’Écho. Avec un tigre des prairies en chasse matinale dans la région, il préférait que son compagnon revienne près de lui.

[J'espère que ça convient à tout le monde^^]

descriptionLoups en terre de fauves - Page 2 EmptyRe: Loups en terre de fauves

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Elleynah était à l'aise. Ce n'était pourtant pas toujours le cas lorsqu'elle rencontrait des gens, inconnus ou non. De nature méfiante, elle était toujours sur la défensive, sur le qui-vive, à l'affût du moindre signe de menace, et ce même venant de personnes qu'elle connaissait bien. C'était dans sa nature, et elle ne cherchait pas à lutter contre cet aspect de sa personnalité, d'autant plus que cela lui avait sauvé la vie à de nombreuses reprises. C'était devenu un instinct de survie plus qu'autre chose. Mais ici, entourée de son amie et de ces personnes qu'elle ne connaissait pas encore bien, elle se sentait bien. Certes, il y avait des circonstances atténuantes. Loucian était son apprentie, et elle avait totalement confiance en elle, malgré leur rencontre encore fraîche. Quant à Alec, il était frontalier, et elle savait à quel point le code d'honneur des frontaliers était stricte. Elle n'avait vraisemblablement rien à craindre de lui.

Et puis il connaissait Syane. Même si ce n'était pas personnellement, il semblait la respecter. Lorsqu'il lui proposa de donner en main propre une missive à son amie, Elleynah se contenta de hocher la tête avec un léger sourire. Cela signifiait beaucoup plus qu'il n'y semblait. Elle lui était reconnaissante de proposer une telle chose, d'autant plus qu'il n'était pas du tout obligé de le faire et qu'elle ne le lui aurait jamais demandé s'il ne l'avait pas proposé. Mais maintenant qu'il l'avait fait, elle essaierait de prendre le temps de griffonner quelque chose sur un bout de papier pour donner de ses nouvelles à son amie avant d'aller la voir. Elle avait pris la décision de passer à la citadelle plus souvent, mais il n'était pas évident qu'elle puisse s'y tenir. Le nord était trop dangereux pour qu'elle ne puisse s'y aventurer avec son apprentie, et ses dernières mésaventures avec goules et brûleurs l'en dissuadaient encore davantage.

C'est sans difficulté qu'elle laissa son apprentie aux mains d'Alec, persuadée qu'il ne lui arriverait rien, et que de toutes façons, elle serait assez rapide pour intervenir. Elle appréciait le caractère de son apprentie, même si, confronté au sien, il créerait peut-être de légers accrochages au sein du do - ce qu'Elleynah ne souhaitait bien évidemment pas. Mais il n'était pas temps de penser à tout cela. La liberté que la marchombre éprouva lorsqu'elle se hissa au sommet n'avait pas de prix. Et ce sentiment était décuplé par la présence de son amie, qu'elle retrouvait avec beaucoup de joie. Elles ne se croisaient pas souvent, et encore plus rarement depuis qu'Elleynah était partie dans le nord. Il faut dire qu'on ne croisait généralement personne dans le nord de l'empire, surtout près d'Al-Poll. Il fallait être fou pour s'y rendre. Fou ou inconscient. La marchombre n'était pourtant rien de tout cela. Meurtrie, ambitieuse, téméraire, oui. Folle et inconsciente, certainement pas.

Se retrouver en haut avec la marchombre blonde était un réel bonheur pour elle. Outre la poésie qui les enveloppait, elles avaient une réelle complicité. Et le fait d'être ensemble, seulement toutes les deux, au sommet des arbres, là où personne ne pouvait les voir, les rapprochait encore. Elles parlèrent longtemps. Elleynah fit part de ses craintes à son amie, de ce qu'elle avait vu et vécu, notamment à Al-Jeit. Elle lui parla des rues grouillantes de mercenaires du chaos, de "La Perle Rouge", du danger que tout cela représentait pour la guilde, et pour les marchombres individuellement. Elle lui parla aussi des disparitions qui avaient eu lieu là-bas, et de son incapacité à y retourner pour l'instant, parce qu'elle y était activement recherchée par beaucoup de monde. Et Anahkee, l'air grave, parvint à une conclusion inquiétante : elle-même devait s'y rendre afin de prévenir le reste de la guilde et de voir ce qu'elle pouvait faire.

Elleynah lui aurait volontiers répété à quel point il était dangereux d'y aller, et aurait aimé essayer de la dissuader. Mais elle connaissait bien Anah, pour l'avoir vu grandir et s'éveiller dans la voie. Et elle savait qu'à l'heure actuelle, personne d'autre qu'Anahkee ne pouvait s'y rendre. Et la jeune femme aux cheveux blonds fini d'appuyer sa décision en avouant à la marchombre qu'elle cherchait de toutes façons quelqu'un à Al-Jeit. C'est à contre-cœur que la rouquine la vit partir, avec, en guise d'au-revoir, la promesse de se revoir bientôt. Lorsqu'Anahkee fut partie, la marchombre se dirigea lentement vers le campement, afin de gommer toute l'inquiétude qu'il pouvait y avoir sur son visage.

C'est alors qu'elle entendit un long sifflement. Le sourire lui revint instantanément, et elle accéléra le mouvement, glissant d'arbre en arbre, défiant toutes les lois physiques. Lorsqu'elle arriva au dernier arbre, elle se jeta en avant, les bras tendus, fit un roulé boulé lorsqu'elle toucha le sol et se retrouva debout, les bras croisés sous sa poitrine. Elle souriait, et fixa tour à tour le frontalier et son élève, heureuse qu'il ne soit rien arrivé à cette dernière. Elle se rendait compte qu'elle était très protectrice envers Loucian, et que depuis qu'elle avait intégré sa vie, elle ne réfléchissait plus exactement comme avant. C'était comme si une part d'elle-même avait envie de préserver la jeune fille loin des horreurs du monde, comme si elle la connaissait depuis déjà longtemps. Elle prenait son rôle de maître très à cœur, peut-être éclairée par la relation particulière et fusionnelle qu'elle avait vécu avec son maître.

- Il y a un changement de programme. Nous ne prendrons pas le petit déjeuner à cinq, mais à quatre. En comptant Echo, bien sûr. Anahkee a dû partir pour une urgence.

Elle marqua volontairement une pause, signifiant qu'elle ne s'attarderait pas davantage sur le sujet. Il était inutile pour elle de donner plus de détails, et pour eux d'en savoir davantage. De toutes façons, elle n'avait pas l'intention d'en dévoiler plus, parce que cela ne regardait ni Alec ni son apprentie. L'un n'avait pas à être mêlé aux secrets marchombres, l'autre était encore beaucoup trop jeune pour y accéder. Elle avait encore énormément à apprendre et Elleynah ne souhaitait pas précipiter les choses. Loucian aurait bien assez tôt l'occasion de se rendre compte de la situation délicate dans laquelle l'harmonie se trouvait. Mais la marchombre ne perdait pas espoir. Tant qu'il y aurait du monde pour croire en l'harmonie, l'harmonie vivrait.

D'un geste de la main, Elleynah invita Alec à se rapprocher du campement et à prendre place autour du foyer, où résidaient encore quelques étincelles. En rajoutant du bois, la marchombre n'eut aucun mal à les raviver, et bientôt, de belles flammes naquirent. Elle sourit alors malicieusement à Loucian.

- Loucian, ça te dirait de faire le petit déjeuner ? Je suis curieuse de voir comment tu t'en sors aux fourneaux !

Elle était surtout curieuse de tester les capacités d'adaptation de la jeune fille. Ils n'avaient pas grand chose en réserve. Par "pas grand chose", elle entendait qu'il n'y avait pas une grande diversité de produits. La quantité était suffisante pour tenir deux bons mois sans ravitaillement. Mais en tant que maître, elle devait également apprendre à son apprentie comment survivre seule loin de tout. Et cela passait par des corvées pas toujours drôles à effectuer, Elleynah en avait conscience.

- Et puis, si tu veux voyager seule, il faut que tu commences à t'entraîner, afin de ne pas mourir de faim, ou pire, d'intoxication, lui dit-elle d'un ton moqueur.

Elle se tourna vers le frontalier.

- D'ailleurs Alec, tu voyages seul ?

Son regard se porta sur le loup et elle sourit.

- Enfin, par seul, j'entends sans autres êtres humains, bien sûr.


Spoiler :

descriptionLoups en terre de fauves - Page 2 EmptyRe: Loups en terre de fauves

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Parce que j'ai perdu mon ancienne réponse :')

« Je n'en sais rien... Elle était sortie de la ville, elle ne m'a jamais clairement dit pourquoi, et elle était tellement enceinte que je me demande encore comment elle a pu faire ce simple voyage. Une femme enceinte, une proie facile vous conviendrez... Elle s'est fait attaquer par trois brigands. Alors qu'elle pensait mourir, une louve attaqua les brigands et les tua... Quand elle s'approcha de ma mère, elle a cru que son heure était arrivée, seulement elle ne serait pas tuée par les brigands, mais par cette louve. Seulement celle-ci s'est allongée à côté de ma mère, inoffensive... Le combat l'avait gravement blessé. Ma mère l'a alors caressé jusqu'à son dernier souffle et a voulu honorer sa mémoire de par mon prénom. J'espère avoir le courage et la force que cette louve a pu avoir en nous sauvant la vie, sans rien demander en retour... »

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[désolé du délais… en plus c’est nul, urff]

    « Je n'en sais rien... Elle était sortie de la ville, elle ne m'a jamais clairement dit pourquoi, et elle était tellement enceinte que je me demande encore comment elle a pu faire ce simple voyage. Une femme enceinte, une proie facile vous conviendrez... Elle s'est fait attaquer par trois brigands. Alors qu'elle pensait mourir, une louve attaqua les brigands et les tua... Quand elle s'approcha de ma mère, elle a cru que son heure était arrivée, seulement elle ne serait pas tuée par les brigands, mais par cette louve. Seulement celle-ci s'est allongée à côté de ma mère, inoffensive... Le combat l'avait gravement blessé. Ma mère l'a alors caressé jusqu'à son dernier souffle et a voulu honorer sa mémoire de par mon prénom. J'espère avoir le courage et la force que cette louve a pu avoir en nous sauvant la vie, sans rien demander en retour... »


Le Frontalier écouta l’histoire puis hocha la tête. Il était plutôt rare que des loups s’attaquent à des humains, surtout lorsqu’il s’agit d’un groupe. Déjà, les Loups du Nord, considérer avec justesse comme plus dangereux et agressif que les loups normaux, évitaient le plus possible contact avec les humains. Cette louve était donc bel et bien particulière, que son intention ait été de venir en aide à la mère de Loucian ou non.

Alec sourit à la jeune fille et lui répondit :

    « Personne ne nait courageux. Ce que tu es et ce que tu deviendra, c’est toi-même qui le choisis. Garde toujours à l’esprit l’exemple de cette louve dont tu portes le nom, suis au mieux que tu peux ce qu’elle t’a appris, et tu seras aussi forte et courageuse qu’elle. »


Alec devint silencieux, une étrange sensation au creux de son ventre. Des mots semblables lui avaient été dits, plusieurs années plus tôt. Le souvenir était fort et heureux, la rétrospective de ce qu’il était aujourd’hui l’était beaucoup moins. Il avait suivi un idéal et des valeurs qu’il croyait plus grandes que lui, toute sa vie. L’honneur, veillé sur ceux qui en ont besoin, protéger sa famille et son peuple à son corps défendant. Ça n’avait pas été assez. Il n’avait pas été assez. Loucian était encore jeune, et avec la force qu’il lisait dans son regard, Alec ne doutait pas qu’elle porterait ce qu’elle souhaitait être. Le Frontalier espérait seulement que la vie ne mettrait pas en travers de son chemin une épreuve aussi grande que la sienne, lui faisant douter de ses convictions. Lui-même aurait donné tout et n’importe quoi pour croire en lui de nouveau.

Une fois à l’extérieur de la forêt, son sifflement résonnant encore dans l’air, Alec observait l’horizon en attendant d’y voir apparaitre son cheval lorsqu’Elleynah revint vers eux.

    « Il y a un changement de programme. Nous ne prendrons pas le petit déjeuner à cinq, mais à quatre. En comptant Echo, bien sûr. Anahkee a dû partir pour une urgence. »


Alec ne posa pas de question et se contenta d’approuver en silence. Les aléas des gens, particulièrement d’une Marchombre, ne le concernaient pas. Il n’avait aucun intérêt à le savoir non plus, et l’indiscrétion ne faisait pas partie de sa personnalité. Il n’aurait, de toute façon, pas eu de réponse s’il avait posé des questions, il en était certain. Si vous croyez que les Frontaliers sont difficiles à faire ouvrir la bouche pour bavasser, vous n’avez jamais rencontrez de Marchombres! Du moins, de ce qu’il en connaissait.

La Marchombre se tourna vers son apprentie.

    « Loucian, ça te dirait de faire le petit déjeuner ? Je suis curieuse de voir comment tu t'en sors aux fourneaux ! Et puis, si tu veux voyager seule, il faut que tu commences à t'entraîner, afin de ne pas mourir de faim, ou pire, d'intoxication »


Alec retient un sourire en apercevant l’air angoissé de la jeune apprentie à l’idée de devenir une cuisinière improvisée, se souvenant parfaitement les premiers essais qu’il avait lui-même tenté, gamin, au-dessus d’un feu de camp. Son père s’était moqué gentiment de lui devant sa mine bourrue, un morceau de viande de Siffleur complètement calciné entre les mains. La pratique et les années avaient finalement eu raison de ses piètres talents de départ, et s’il n’était pas un grand cuisinier, il savait parfaitement cuisiner ce qu’il chassait et pouvait survivre seul en forêt indéfiniment, tant qu’il avait son arc à la main.

Alec ne doutait pas qu’Elleynah ferait en sorte que Lucian sache en faire tout autant avant de la laisser seule sur les routes de l’Empire. La Marchombre avait une façon de regarder son apprentie qui n’était pas sans rappeler à Alec le regard d’une louve sur ses chiots. Ce genre de regard qui disait : « même une armée de Raïs ne pourra lui toucher un seul cheveu avant de passer sur mon corps ».

On lui avait déjà dit qu’il avait ce même regard lorsqu’il posait les yeux sur son frère et sa sœur cadette. C’était justement une armée de Raïs, et un Géant, qui lui avaient passé dessus avant de pouvoir atteindre son frère. Alec avait tout donné, avait manqué de peu d’y laisser sa propre peau. Il aurait seulement souhaité pouvoir faire encore plus que son corps soit suffisant pour le protéger. Ça n’avait pas été le cas.

Yaan était dans chacune de ses pensées. Presque rien ne lui rappelait pas son frère, même cinq ans après sa mort. Sa sœur lui avait répété qu’il devait passer à autre chose, se pardonner. Lui-même ne savait plus s’il ne pouvait le faire, ou ne le voulait pas. Tout se confondait.

    « D'ailleurs Alec, tu voyages seul ? »


Alec arqua un sourcil, tiré de son observation de Loucian qui s’éloigne d’eau, visiblement décidée à ne pas décevoir les attentes de son maitre.

    « Enfin, par seul, j'entends sans autres êtres humains, bien sûr. »


Alec sourit en lançant un coup d’œil à Écho qui s’était un peu éloigné, effectuant des allés retours sur les collines environnantes du campement d’Elleynah et Loucian.

    « Non, une sœur d’armes, Nirina Sil’Kallian, voyage également avec moi et Écho. Elle est restée au village où nous nous sommes arrêtées, près d’Ondiane, après qu’une des roues de notre charriot de chargement se soit brisée. »


Alec entendit alors des bruits de sabots et il se retourna d’instinct vers les collines pour apercevoir la robe gris claire d’Éclipse. L’étalon se dirigea droit vers lui. Alec fut soulagé de le voir en santé et sans blessure, et un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres. Le Frontalier leva la main et Éclipse ralentit son galop, passant au trop, pour s’arrêter en s’ébrouant, collant ses naseaux dans la main d’Alec.

Éclipse était un grand étalon au large poitrail et aux jambes fortes, tout en rapidité. Un parfait destrier de guerre, n’ayant peur de rien, mais plus encore, faisant entièrement confiance à son cavalier. La confiance était d’ailleurs mutuelle. Alec l’avait dressé depuis qu’il n’était qu’un poulain et un fort lien les unissait. Alec ne pouvait imaginer prendre une autre monture qu’Éclipse.

Les naseaux soufflants du cheval et ses crins emmêlés donnèrent des indications à Alec que son compagnon avait profité de sa liberté dans les collines. Alec passa ses doigts dans la crinière gris sombre de l’étalon, défaisant machinalement les nœuds qu’il s’était fait en se roulant dans l’herbe. Visiblement, Éclipse appréciait les températures plus clémentes du sud!

Alec se tourna vers Elleynah, confirmant l’évidence.

    « Parlant d’autres compagnons de voyage… voici Éclipse. J’espère que cela ne vous dérange pas que je l’aie rappelé à moi? J’ai aperçu des traces de tigres des prairies en entrant dans la forêt, je préfère donc l’avoir près de moi. »


La selle et les sacoches étaient restées près de la rivière où il les avait déposées, mais chevaucher à cru n’était pas un problème pour Alec. Le Frontalier n’avait aucune corde pour attacher son cheval, mais aucune ne lui était nécessaire. Éclipse ne s’éloignerais pas ou peu. Il l’avait en grande partie dressé hors des murs de la Citadelle, en semi-liberté, s’assurant ainsi qu’un lien fort les unis et que l’étalon réponde à ses appels et le suive instinctivement, où qu’il aille. De toute façon, maintenant qu’ils étaient ensemble, Alec ne s’inquiétait pas trop d’une attaque-surprise de tigre. Écho les avertirait si quelque chose clochait.

descriptionLoups en terre de fauves - Page 2 EmptyRe: Loups en terre de fauves

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Elleynah semblait totalement apaisée, mais en réalité, un ouragan s'était déclenché dans sa tête. Elle réfléchissait à toute vitesse à plusieurs éléments. Elle savait qu'il fallait qu'elle se rende dans la capitale au plus vite, mais elle n'était pas prête à faire courir ce risque à Loucian. Elle estimait qu'elle était encore beaucoup trop faible pour pouvoir l'entraîner avec elle dans cette aventure qui était loin d'être sans risque. Mais d'un autre côté, il y avait Eleanor qu'elle devait rejoindre au plus vite, et maintenant Anahkee, qui était partie en urgence pour essayer de prévenir le conseil. La marchombre rousse avait un mauvais pressentiment en ce qui concernait sa jeune amie. Elle aurait aimé la retenir, mais elle était bien la dernière personne à pouvoir faire ça. Elle ne supportait pas d'être retenue dans un endroit, et se sentait prisonnière si elle ne pouvait pas être libre de ses mouvements. Alors elle se voyait mal demander à quelqu'un de ne pas aller là où il veut.

Enfin, sauf en ce qui concernait Loucian. Elle gardait constamment un œil sur elle, comme si elle craignait qu'une seconde d'inattention suffise à la perdre définitivement. Même si elle ne l'avouerait jamais, il y avait une légère angoisse dû à ses nouvelles responsabilités. Oh, ce n'était pas grand chose. Elleynah n'était pas quelqu'un qui se prenait la tête, et encore moins quelqu'un qui se laissait ronger par ses peurs. Bien au contraire. Mais elle savait tout ce que son maître avait donné pour elle, tout ce qu'elle avait sacrifié. Elle s'était mise beaucoup de personnes qu'elle aimait à dos, elle avait accepté de s'isoler et de s'éloigner de la guilde, alors qu'elle était bien partie pour entrer dans le conseil. Elle avait même fini par donner sa vie, juste pour permettre à Elleynah de s'épanouir, et de devenir ce qu'elle était. Parfois, la marchombre se demandait si Enyô avait vraiment fait tout ça juste parce qu'elle avait cru en elle, où si il n'y avait pas une autre raison, plus complexe, derrière tout ça.

Enfin, ce n'était pas la raison qui était importante. Après tout, Enyô avait été un maître extraordinaire, et c'était tout ce qui comptait. Aujourd'hui, Elleynah voulait suivre ce chemin, et offrir tout ce qu'elle pouvait à Loucian, pour lui permettre de s'épanouir et de se réaliser entièrement. C'était dans ces moments là qu'elle se rendait compte d'à quel point elle avait changé en peu de temps. Elle se moquait toujours délibérément de tout ce qui l'entourait, elle aimait toujours autant provoquer, et n'avait rien perdu de son arrogance et de son sarcasme, mais elle portait sur Loucian un regard qu'elle n'aurait jamais été capable de porter quelques années plus tôt. Elle était incapable de vraiment se voir en Loucian, parce que son cas avait été très particulier. Il faudrait vraiment qu'elle se décide à parler des quelques complications, et de pourquoi les autres marchombres risquaient de ne pas toujours être corrects avec elle. Mais elle avait largement le temps de le faire.

La marchombre s'étira lentement, se penchant légèrement en arrière. Elle avait l'impression d'avoir tous les membres endoloris, et pourtant, elle venait tout juste de faire une micro séance d'exercice. Il lui était difficile de rester assise, et tout son corps lui hurlait de bouger, de reprendre son entraînement. Mais elle tenait bon. Si elle ne pouvait pas se permettre de laisser son apprentie seule, une fois la nuit tombée, rien ne l'empêchait plus de faire ses exercices dans un coin, toujours en gardant un œil sur elle. Mais elle ne pouvait pas s'accorder autant de temps qu'à son habitude. Enfin, plus pour l'instant en tout cas. Elle supposait qu'il lui fallait juste le temps de s'habituer à la situation, et qu'après elle réussirait à allier son entraînement et celui de son élève.

- Non, une sœur d’armes, Nirina Sil’Kallian, voyage également avec moi et Écho. Elle est restée au village où nous nous sommes arrêtées, près d’Ondiane, après qu’une des roues de notre chariot de chargement se soit brisée.

Elleynah regardait toujours Loucian du coin de l'oeil, mais se permis de tourner la tête vers Alec. Ainsi donc il voyageait en compagnie d'une autre frontalière, dont elle n'avait jamais entendu parler. C'était surprenant. La marchombre aurait plutôt pensé qu'Alec était quelqu'un de solitaire qui préférait voyager sans autre humain à ses côtés. Mais elle ne connaissait pas les liens qui l'unissaient à cette Nirina. Peut-être que si elle en avait su un peu plus sur leurs vies, elle aurait trouvé cela moins étonnant qu'ils voyagent ensemble. Après tout, ce n'était pas si étonnant. Les frontaliers étaient très unis, et réputés pour apprécier le travail de groupe. Ils étaient bien différents des marchombres, et elle avait déjà eu l'occasion de le remarquer en traînant avec Syane. Elles avaient toutes les deux pour rêve d'être libre, mais leur liberté n'avait pas grand chose à voir l'une avec l'autre. Elleynah allait répondre, quand le bruit de sabots se fit entendre. La marchombre se figea et releva la tête vers la provenance du bruit, prête à passer à l'action. Lorsqu'elle vit un cheval à la robe grisée sans cavalier, elle comprit qu'il s'agissait du cheval d'Alec et se détendit.

- Parlant d’autres compagnons de voyage… voici Éclipse. J’espère que cela ne vous dérange pas que je l’aie rappelé à moi? J’ai aperçu des traces de tigres des prairies en entrant dans la forêt, je préfère donc l’avoir près de moi.

Elleynah suivit le cheval du regard. Il était beau, et avait la prestance de l'animal définitivement heureux et bien traité. Il avait l'air un peu moins farouche qu'Echo, ce qui ne semblait pas anormal. Le cheval était un animal que l'on savait bien dressé, et qui n'était pas hostile à l'homme. La marchombre avait toujours été attirée par ces animaux magnifiques qui savaient être des compagnons idéaux pour les hommes qui aimaient voyager. Elle savait qu'elle ne pouvait plus se passer d'Abysse, sa jument au pelage immaculé. Lorsqu'elle l'avait eu, Elleynah était une jeune apprentie marchombre qui venait tout juste de commencer sa formation, et Abysse était une jeune jument. Elle l'avait dressée elle-même, grâce aux bons conseils de son maître, et aujourd'hui, elle avait noué un lien fort avec elle. La marchombre se leva, et fit mine de s'avancer vers Eclipse.

- Je peux ? demanda-t-elle à l'intention d'Alec.

Sans réellement attendre de réponse, elle caressa l'encolure du cheval, en plongeant son regard dans celui de l'animal. Et puis, presque aussitôt, elle se tourna vers Loucian, comme pour vérifier qu'elle ne faisait pas de bêtises ou qu'elle n'avait pas disparu. Elle lui sourit avec douceur, voyant son air résigné. Elle savait qu'elle ferait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas la décevoir. Elle se souvenait de la sensation que cela faisait de vouloir à tout prix être à la hauteur pour son maître, pour lui montrer qu'elle ou il n'avait pas fait le mauvais choix en prenant un apprenti. Elle ne doutait pas que Loucian ressentait la même chose, et elle se sentait attendrie. Elle se rendait compte que ça lui rappelait les années qu'elle avait passé avec son maître, et ça lui procurait un élan de mélancolie qu'elle avait du mal à gérer.

- Loucian, tu as entendu ce qu'à dit Alec. Il y a des tigres pas loin, donc ne t'éloigne pas. Je sais que tu aimes les animaux mais ceux-ci ne sont pas très enclins à jouer avec toi. Tu risquerais d'avoir une mauvaise surprise si tu tombes sur l'un deux.

Il y avait peu de risques que les tigres les attaquent si ils ne s'aventuraient pas dans la forêt. Ils aimaient les proies petites et faciles à attraper, et n'étaient pas très à l'aise en compagnie d'humains, comme les loups. Ils ne s'attaquaient à autre chose que des animaux que lorsqu'ils avaient vraiment faim. Si c'était le cas, il était un peu plus difficile de s'en débarrasser. Enfin, en théorie. Mais la théorie n'était jamais vraie pour un marchombre. Ce dont Elleynah se méfiait plus étaient les brigands qui régnaient dans la région. Il était facile de détrousser et tuer les voyageurs lorsque l'on arrivait en groupe de dix alors qu'ils n'étaient que trois. Et mis à part le cheval d'Alec, il lui semblait entendre des bruits étranges venant d'un peu plus loin. Elle espérait qu'il ne s'agissait pas de mercenaires du chaos. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus croisé leur route, et elle redoutait un peu leur prochaine visite... La marchombre se tourna à nouveau vers le frontalier.

- Nos chevaux sont un peu plus en contrebas, juste à côté. Ils sont plutôt sociables, la présence d'un nouveau congénères ne les dérangera pas. Par contre... Je commence vraiment à avoir faim, pas toi Alec ?

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- Personne ne nait courageux. Ce que tu es et ce que tu deviendra, c’est toi-même qui le choisis. Garde toujours à l’esprit l’exemple de cette louve dont tu portes le nom, suis au mieux que tu peux ce qu’elle t’a appris, et tu seras aussi forte et courageuse qu’elle.
Les mots du Frontalier se répètent dans mon esprit. Il a totalement raison sur ce point. Ce que l'on souhaite, on peut l'obtenir si on se donne réellement la peine. Je me souviens encore lorsque ma mère me racontait cette histoire avant de m'endormir. Je me disais toujours que lorsque je serais grande, je me montrerais aussi sauvage qu'une louve, aussi imposante, mais surtout aussi généreuse. Je dois avouer qu'avec ce qu'il s'est passé par la suite, je ne pensais pas un jour pouvoir revenir sur ce rêve, mais la voie que me montre Elleynah me fait de nouveau croire. Mon prénom ne m'a pas été donné au hasard. Si cette louve est morte ce soir-là, elle vit en moi.
Alors que je suis en train de ronchonner pour savoir ce que je vais préparer comme repas,  je dois avouer que je sens mon cœur battre un peu plus fort. Et si je me trompais ? Et si je leur donnais quelque chose qui les tue en quelques secondes ? Je doute qu'Elleynah me laisse faire cette bêtise, tout comme je sais que si je tombe sur des aliments qui nous font juste tomber malade, elle n'hésitera pas à me laisser faire pour me servir de leçon.
Je reste assez proche du camp, m'enfonçant tout de même assez pour ne plus avoir le camp dans mon champ de vision. Accroupis par terre, je regarde les plantes, tentant de les reconnaître. Pendant des années j'ai cuisiné pour mon père et ma sœur. A la fin, je cuisinais juste pour mon père. Qui cuisine pour lui aujourd'hui ? Mon cœur se serre légèrement à cette pensée. Il est vrai qu'il est devenu un fardeau lorsque maman est morte, et même si je me blâme énormément, il est celui qui nous a fait devenir des poseuses de toit. Sans lui, Hibernia ne serait jamais montée sur ce toit. Elle n'en serait encore moins tombée. J'ai quitté mon foyer sans regret, et c'est la première fois depuis notre départ que je pense à mon père. Cela fait-il de moi une mauvaise personne ? Une ingrate ? Je fronce le nez à cette pensée, seulement ce n'est pas le moment de devenir mélancolique. Je dois me concentrer pour trouver un repas qui rendra mon maître fière et qui saura impressionner le frontalier. Celle-là, sous l'arbre. Elle ressemble à une plante qui sert à aromatiser l'eau. Enfin, si je leur propose juste cela, je doute que ça les requinques. En vérité, je dois trouver de la viande. Sortant le petit couteau qui est logé dans ma ceinture, serré contre ma hanche, je le tiens fermement. Je tente d'avancer doucement, en silence, seulement je me sens tellement lourde comparée au pas feutré d'Elleynah. Je ne pensais pas être maladroite mais il faut dire que la comparaison n'a même pas à se faire. Je suis bruit alors qu'elle n'est que silence. Ok, je dois me calmer. Je me redresse et reste immobile. Je ne dois pas bouger, je dois écouter ce qui m'entoure. Le silence s'installe alors que je tente de faire abstraction de ma respiration, de mon souffle, de mes doigts se serrant instinctivement sur le manche de mon petit couteau. Un bruissement dans un coin, j'ouvre les yeux mais je ne bouge toujours pas. Quelque chose sort des buissons et je souris. Me penchant doucement, la créature commence à bouger mais elle ne s'affole pas. Je suis prête, je dois me jeter sur elle... Un... Deux... Mais pile au moment où je me jette :
- Loucian, tu as entendu ce qu'à dit Alec. Il y a des tigres pas loin, donc ne t'éloigne pas. Je sais que tu aimes les animaux mais ceux-ci ne sont pas très enclins à jouer avec toi. Tu risquerais d'avoir une mauvaise surprise si tu tombes sur l'un deux.
Je tombe lourdement sur le sol, les mains vides. Mon menton a tapé sur le sol et je sais déjà que j'aurais un magnifique bleu là aussi. Super duo avec mes fesses. Je reste assise par terre, soufflant fortement ce qui a le don de faire voler la mèche devant mon visage. Je la replace derrière la tête et regarde de nouveau autour de moi. Des tigres ? Je n'en ai jamais vu, et ma curiosité aimerait beaucoup en voir un de mes propres yeux. Mon instinct de survie, quant à lui me dit de ne pas réellement souhaiter cette rencontre. Enfin, ce n'est pas la question pour le moment. Ne pas m'éloigner, d'accord, mais je n'ai toujours pas de repas et, si elle ne m'a pas donné de limite de temps, je doute qu'elle se montre très patiente.
Encore un bruissement et je tourne le visage sur le côté. Je ne peux pas être aussi chanceuse ? Ou alors, c'est clairement la chance du débutant. Un lapin sort du buisson, me regarde en bougeant son petit nez. Le lapin, c'est délicieux ça... Surtout avec l'herbe que je viens de trouver, cela à le don de relever le goût de sa chair et... Bon sang j'en ai l'eau à la bouche.
- Viens... Petit...
Oui, la technique de chasse la plus niaise du monde. Le lapin m'observe avant de s'approcher de moi, il est maintenant assez proche pour que je puisse caresser son plumage. Le couteau à la main, je sais que je dois le tuer, maintenant, mais je n'y arrive pas. Il est là, innocent, me faisant assez confiance pour s'approcher de moi ainsi et pourtant je compte lui porter le coup de grâce. Je sens les larmes me monter aux yeux. C'est idiot de se rendre aussi triste et presque malade pour de la chasse. Seulement je n'ai pas le choix, que penserait Elleynah si elle me voyait ainsi, me mettre dans de tels états juste pour tuer un lapin. Elle m'a demandé de lui rapporter de quoi manger, et je compte bien le faire. Agrippant sa nuque, je le sens commencer à s'agiter. C'est maintenant ou jamais. Je ferme les yeux et lui donne un coup droit dans le crâne, fatal.
Lorsque j'ouvre les yeux, il est totalement amorphe, le sang se répandant sur l'herbe, dans sa fourrure ou encore sur mes doigts. Les larmes coulent sur mes joues alors qu'une plainte m'échappe. Je commence à sangloter, ma respiration se fait forte et je retire le couteau. Je le nettoie contre l'herbe et regarde de nouveau la bête morte à côté de moi.
- Je suis désolée, je finis par souffler avant de renifler fortement.
Certains me prendraient pour une idiote de m'excuser ainsi, mais même si je tue pour me nourrir, je ne veux pas devenir une meurtrière pour autant. Mon cœur est encore bel et bien présent, mon âme toujours plus.
Au bout de quelques minutes, juste assez pour me calmer et essuyer mes larmes, je me redresse, attrapant le lapins par les pattes. Je ne veux pas qu'elle voie que j'ai pleuré, une certaine d'ose de fierté je dirais.
Quand je sors de la lisière de la forêt, je regarde le camp et les personnes qui s'y trouvent. Souriant fièrement je lève le lapin au-dessus de ma tête.
- Regardez ce que j'ai trouvé !


Spoiler :

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    « Je peux ? »


Alec hocha aussitôt la tête, même si son approbation ne semblait que superflue pour la Marchombre. Elleynah caressa l’encolure d’Éclipse qui tourna la tête vers elle, curieux. Éclipse était un animal calme et volontaire, qui n’avait jamais eu de problèmes avec les étrangers, du moment qu’Alec n’était pas tendu. La force de l’habitude et de la confiance avait fait en sorte de l’étalon semblait pouvoir lire les émotions d’Alec aussi subtilement qu’Écho, ce qui rendait leurs communications plus profondes et efficaces que les simples gestes et commandements.

La jeune Marchombre rousse se tourna vers la direction qu’avait prise son apprentie quelques instants plus tôt avant de disparaitre derrière les arbres.

    « Loucian, tu as entendu ce qu'a dit Alec. Il y a des tigres pas loin, donc ne t'éloigne pas. Je sais que tu aimes les animaux, mais ceux-ci ne sont pas très enclins à jouer avec toi. Tu risquerais d'avoir une mauvaise surprise si tu tombes sur l'un d’eux. »


Alec savait qu’ils n’avaient pas grand-chose à craindre du félin présentement. En plus de la présence dissuasive et protectrice d’Écho, ils faisaient assez de bruits pour le convaincre de s’éloigner, les tigres préférant éviter les contacts avec les humains. Le conseil d’Elleynah, néanmoins, était loin d’être superflu. Ils restaient protéger tant qu’ils étaient en groupes. Que la jeune fille s’éloigne trop faisait plutôt d’elle une proie tentante pour le fauve.

Éclipse s’ébroua finalement en poussant un soupire content, finissant de rassurer Alec. Aucun fauve ne devait se trouver à proximité, où l’étalon n’aurait pas été aussi calme et détendu. Éclipse avait beau être entrainé pour foncer sans hésitation sur n’importe quel ennemi, en nombre ou non, les fauves restaient ses ennemis naturels et leur odeur aurait suffi à le rendre nerveux.

    « Nos chevaux sont un peu plus en contrebas, juste à côté. Ils sont plutôt sociables, la présence d'un nouveau congénère ne les dérangera pas. Par contre... Je commence vraiment à avoir faim, pas toi Alec ? »


Alec sourit et tourna la tête en direction de la forêt. Plusieurs petits animaux se cachaient dans tous les recoins de la forêt. Alec en avait croisé plusieurs ainsi qu’un grand nombre de pistes alors qu’il traquait son Siffleur. Le Frontalier ne connaissait pas les capacités ou les compétences de chasse de Loucian, mais il ne doutait pas qu’elle trouverait quelque chose rapidement. Sinon, il y avait toujours un grand nombre de plantes comestibles, même au printemps, des baies d’amélanchier aux pommes de terres sauvages en passant par l’ail des bois.

Profitant de l’attente, Alec questionna la Marchombre sur Loucian.

    « Loucian est votre apprentie depuis longtemps? »


Alors qu’il attendait la réponse d’Elleynah, Alec crut entendre des bruits au loin, comme des sabots approchant à vive allure. Néanmoins, le vent souleva une bourrasque, l’empêchant de se concentrer sur ces sons. Il ne les avait entendus qu’une fraction de seconde, mais ne croyais pas les avoir halluciné. Ce n’était probablement rien, peut-être le simple bruit d’animaux ou de la rivière porté par le vent.

Quelques instants plus tard, Loucian réapparut d’entre les arbres.

    « Regardez ce que j'ai trouvé ! »


Elle tenait un lapin entre ses mains et son visage exprimait la fierté des premières prises. Alec y lut autre chose également, un sentiment plus caché, tel un malaise, mais ne le fit pas remarquer et sourit en approuvant d’un signe de tête.

    « C’est une belle prise, et rapide en plus. Félicitation, Loucian. »


Il était quelque peu inconcevable pour lui qu’on puisse s’émouvoir d’une prise à la chasse. Bien qu’il ne tuait jamais par plaisir et uniquement par nécessité, il avait grandi dans les Marches du Nord et avait été élevé en tant que Frontalier. La pitié était une faiblesse et la vie de tous les jours rudes et dangereux rendant rapidement certains gestes naturels et nécessaires. La chasse en faisait partie, tout autant que découper les Raïs en morceau. Il était loin d’être dénudé de compassion, mais le sang et la mort était quelque chose avec laquelle lui et les siens étaient accoutumés.

Laissant Éclipse baisser la tête pour y chercher l’herbe fraiche de la prairie, Alec se rapprocha du centre du campement et de Loucian. Il ne proposa pas son aide à Loucian pour la cuisson du lapin, ce qu’il aurait naturellement fait, ne souhaitant pas s’interposer entre l’apprentie et son maitre. Si Elleynah se permettait de conseiller Loucian, il en ferait peut-être autant, mais en attendant, il se tut.

Le vent changea alors de direction et les bruits qu’il avait entendus plus tôt lui revinrent, plus marqués, plus près. Alec se tendit et tourna la tête vers la plaine. Aucun signe de l’approche de qui que ce soit, mais Alec n’avait des réflexes forgés à la prudence et à la méfiance. Les voyageurs étaient rares dans cette partie plutôt sauvage des plaines, et l’endroit n’était pas réputé pour la sécurité de ses routes. Outre les animaux sauvages, les boisés étaient des endroits parfaits pour dissimuler des campements de bandits.

Écho, à une vingtaine de mètres d’eux, postés sur une colline dominant les alentours, avait stoppé sa marche et dressé les oreilles. Il regardait, pour l’instant sans agressivité, dans la même direction qu’Alec. Le Frontalier se tourna alors et jeta un coup d’œil en direction d’Elleynah pour voir si elle percevait les mêmes bruits que lui. Il ne dit rien pour ne pas effrayer Loucian inutilement, mais entre deux guerriers, un regard en dit souvent bien plus long que des paroles.

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