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Murmures au grès du vent

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descriptionMurmures au grès du vent - Page 2 EmptyRe: Murmures au grès du vent

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Lettre confiée au jeune Tymé, au carré d'Al-Chen.



__________________________________




Elleynah,

Tu me déçois.

Ta lettre, ta décision. Tout me déçoit. Comment oses-tu m'annoncer pareille nouvelle par le biais de ta plume ? Comment peux-tu fuir ainsi les cris, d'une facilité si déconcertante ? Je ne te reconnais pas.
Je croyais que tu me connaissais mieux. Parce que tu le sais, pourtant. Tu sais comment j'aurais réagi. Tu sais comment j'ai réagi, à la lecture de tes mots. Je les décrypte encore et je veux les brûler. Hurler.
Comment as-tu pu ?
Te rends-tu compte de ce que tu as provoqué ? Mais plus que cela, te rends-tu compte de ton acte idiot, irréfléchi, insensé qu'est celui de retourner là-bas ? Ils t'ont traquée, ils t'ont presque détruite. Et tu veux y retourner ? Que ce soit pour les détruire de l'intérieur n'y change rien. Tu vas droit dans un mur.

Ils ne te feront jamais plus confiance, tu vas y perdre la vie !! Ma soeur, ton esprit n'est plus maître de ses gestes.

Tu es idiote. Comprends-tu les implications ? Comprends-tu les risques ? Tu me déçois. Je te pensais moins irréfléchie, moins sanguine. Je pensais t'avoir appris meilleure Voie, je connais ton maître, il n'a pu t'enseigner à n'être qu'une tête de mule.
Je sais que tu vaux mieux que de l'instinct pur, animal. Ta réaction est normale, je ne peux te le reprocher. Vanor... Tu connais mes sentiments, tu connais l'emportement qui m'a alors consumée. Et qui le fait encore aujourd'hui. Je ne peux te jeter la première pierre.

Mais mon soleil, je te comprend malgré tout. Ce qui est arrivé... est tout simplement indescriptible. Abominable. Mes mots dans la lettre précédente, je n'ai pas besoin de les réécrire ici. Cette lettre est un leurre pour ces yeux espions, mais toutes mes pensées sont véritables. Et je me dois d'être dure avec toi. De te faire voir à quel point tu te fourvoie. A quel point tes oreilles se sont refermées, ton coeur est seul maître de ton corps fou.

Tu réclames vengeance. Pour toutes les souffrances. Je ne réclame pas mieux, je te comprend, même. Simplement, je refuse ta mort. Tu ne partiras pas avant moi, je te l'interdis. Ne te jette pas dans la gueule du ts'liche.
C'est une erreur.
Crois-tu que ta mort arrangera les choses ? Crois-tu que le chaos disparaîtra car tu n'es plus ? Tu n'en es pas la clé de voute. Rien n'est de ta faute, rien n'est de ton fait. Tu n'as pas brandi la première lame. Alors bats-toi. Relève-toi, tes yeux droits vers l'horizon. Et bats-toi, de toutes tes forces.

Battons-nous. Pour ceux que nous avons perdus. Pour ceux que nous aimons. Battons-nous, côtes à côtes. En vie. Et palpitantes de ce brasier qui anime nos coeurs. Toutes les deux. Soeurs de tout.

Ma luciole... je ne sais ce que je ferais sans toi. Je t'en supplie, écoutes-moi. Je t'aime par-delà les sentiments. Reviens-moi, fais demi-tour. Pour l'amour de ta soeur, pour l'amour de ton neveu.

Reviens-nous...


Elea, ta soeur, pour toujours et à jamais.







Spoiler :

descriptionMurmures au grès du vent - Page 2 EmptyRe: Murmures au grès du vent

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Chaque lettre a été envoyée en plusieurs exemplaires aux adresses suivantes, au nom d'Elleynah Bàthory :

247, avenue des Chrysanthèmes, Al-Chen.
1209, rue Orphée, Al-Far.
391, place de la Bourse, Al-Vor.
503, route du Lys, Al-Jeit.
Et d'autres encore.



________________________



Ma soeur,

Voilà plusieurs semaines que ma lettre est partie. Et je m'inquiètes de ne voir aucune réponse. Sache qu'ici, tout va bien. Le danger que tu craignais n'est pas, j'ai pris mes précautions. Je tourne la nuit entière autour du manoir, du quartier, parfois même de la ville entière. Rien ne me semble suspect. Ce danger que tu voulais éloigner de nous n'est pas.

Evan est insouciant et rit, il s'amuse à martyriser son précepteur avec quelques blagues d'enfant. Si tu le voyais, tu ne pourrais t'empêcher de rire. Ley, le petit chevalier est en sécurité. Et ne t'en fais pas pour moi ou même Than, nous sommes en sécurité.
Tu es celle pour qui il faut s'inquiéter. Je ne sais où tu es ni quelle décision as-tu prise. Et j'ai peur d'en connaître la vérité. Je crois encore possible que tu me viennes un matin, devant la grande porte du manoir, pour m'annoncer que ta folie est passée. Pour me sauter au cou, pour prendre ton neveu dans tes bras et le faire tourner haut. Il adore ça. Il t'adore...

Ma luciole, Evan est ta famille.

Ta place est ici. Chez nous, à Al-Jeit. Ta véritable maison est ici. Ta chambre à l'étage est telle que tu l'as laissée, nous sommes ta maison. Tu n'appartiens pas au chaos, ce camp n'est pas ta maison. Et ta Voie n'est pas la leur, ta mission n'est pas suicide. La tienne est de vivre. De croire et de montrer l'avenir. Nous sommes chevaucheuses des brumes, nous sommes marchombres. Ta maison est à Al-Jeit.
Tu veux une raison de te battre ? Les sommets qu'il te reste encore à gravir, cette route que tu n'as pas finie de tracer. Surtout, le regard d'Evan lorsqu'il te voit dans le hall d'entrée avant de se ruer dans tes bras, ses rires lorsque tu lui racontes une de tes aventures. Et plus que tout, ça. Nous deux. Mon coeur frissonne à l'idée de ne plus te revoir. Alors si ce n'est pas pour moi, fais-le pour ton neveu, petit chevalier.

M'imagines-tu, lorsqu'Evan me demandera où tu es ? Que devrais-je répondre ? Que devrais-je encore inventer ? Je ne veux pas lui mentir plus que je ne le fais. Alors imagines-tu son visage lorsqu'il apprendra ?... Ne prend pas de décisions hâtives et irréfléchies. Fais-le pour Evan.

Réponds à mes lettres, je t'en conjure. Que la Dame veille sur toi.


Eleanor Nil'Lysah.



________________________



Elleynah,

Deux mois sans nouvelles. Que dois-je en conclure ? Refuses-tu de me répondre ? Es-tu déjà rentrée chez cette famille qui t'a pourchassée des années durant ? Es-tu ne serais-ce qu'encore en vie ? Les scénarios se bousculent dans ma tête, que je garde haute. Tu le sais sûrement, je fulmine. Je brûle de te retrouver. Pour te savoir en vie, mais aussi pour te botter les fesses. Crois-tu réellement faire du bien autour de toi en disparaissant de la sorte ? Crois-tu que je me sentirais plus en sécurité lorsque je t'aurais perdue ?

Tu ne peux pas les combattre seule, tu ne peux pas les détruire seule. J'ignore où ce camp se trouve, j'ignore comment il fonctionne. Tu es la mieux placée pour en parler. Une chose est cependant certaine, ils sont tellement plus nombreux que toi. Et malgré tes mots, nous le savons toutes les deux. Tu ne survivras pas à une rencontre avec eux. Ils ne te font plus confiance, pour eux, tu es l'ennemie ! Marchombre !
Ils ne te laisseront jamais entrer. Ils t'enlèveront à ta soeur... A moi.

Je suis bien trop en colère pour réussir à garder ma plume droite. Je tourne et tourne dans ma chambre, fulminante. Et je ne trouve plus de mots à t'écrire. Tu ne me réponds pas, tu ne me donne pas le moindre signe de vie. Et moi, je m'inquiètes. Pour ma soeur, cette idiote.

Je ne serais jamais plus heureuse et en sécurité qu'à tes côtés ! Sans toi, je perdrai pieds, sans toi, je ne serais plus rien, comprends-tu cela ? Comprends-tu que j'ai besoin de toi, mais que par dessus tout, tu as besoin de moi ?

J'attend une lettre, ma soeur. Je t'envoie mon amour, où que tu sois.


Eleanor Nil'Lysah.



________________________



Ma Ley,

Où es-tu ? Que fais-tu ? Je t'en supplie, réponds-moi. Me voilà sans aucune nouvelle de ta part depuis des mois, je lutte pour ne pas tout laisser et venir à toi. Je serais prête à retourner l'Empire pour te retrouver, ma soeur ! Mais je ne peux pas... Il y a Evan, mes obligations. Et Than qui n'a plus la moindre confiance en moi. Je ne peux pas partir, tout mon corps tremble de ne pouvoir te rejoindre.

J'essaye de garder mon calme, de garder mes masques. De ne pas céder, mais vois-tu, la panique me gagne. La peur me prend au ventre, la folie de visions prend mon esprit et le torture jours et nuits, mon coeur saigne. De te savoir quelque part, la poitrine ouverte, rougie d'une blessure mortelle. De te savoir quelque part, emprisonnée. Torturée. De te savoir si loin de ma protection, de savoir que je ne suis qu'impuissante face à tout ce qu'il pourrait t'arriver. Et je ne le supporte pas.
Mes pensées ne sont que pour toi, mes cris aussi. Oh ma soeur, si tu savais combien je déambule dans les rues de la Capitale la nuit, pour m'occuper l'esprit. Je crois que je vais finir par commettre une bêtise...

Je t'en supplie, réponds-moi. Rien qu'une lettre, rien qu'un mot. Rien qu'un papier vierge pour me dire que tu es en vie. Rien qu'un signe... Je t'en conjure, met fin à tout ça. A cette folie qui t'a prise. Reviens-moi, je ne supporterai pas l'idée de te perdre toi aussi. Dis-moi que tu n'es pas encore arrivée dans ce lieu d'immondices qui t'a vue naître, toi, mon ange des brumes.
Je l'espère tant, mais hélas, je te connais que trop bien. Rien ne t'arrêtera, pas même ces lettres. Pas même moi. J'essaye, malgré tout de te faire entendre raison. Ma soeur, tout ça n'est qu'emportement. Reprends-toi et analyse notre situation, ta situation. Prends du recule. Tout ça n'a aucun sens, tu le sais. Te faire tuer ne servira pas la cause. Il y aura toujours une graine du chaos qui relèvera cette Guilde de ses cendres.
Il nous faut être en vie pour combattre, toujours. Tu montreras la Voie, je le sais. Alors reviens-moi et faisons cela ensemble.

Te faire tuer ne rime à rien... Je ne veux pas te perdre.

Ma plume commence à s'épuiser. Je suis désemparée. Réponds-moi, ma soeur.


Eleanor Nil'Lysah.



________________________



Ma luciole,

Je la vois, cette pile de papier sur mon bureau, elle diminue. Mon espoir en subit le même sort. Je te cherche, à chaque tournant d'une avenue, dans chaque taverne, derrière chaque visage. Je commence même à espérer te trouver aux bals de la Cour...
Je suis désespérée... Ma soeur, je fais des cauchemars. Je te vois, dans la brume, tes bras tendus vers moi. Des larmes de sang strillant ton visage. J'essaye de te rejoindre, toujours, je veux courir à toi. Mais rien n'y fait. J'en suis incapable. Mon corps ne répond plus, je ne suis qu'une paire d'yeux condamnés à t'observer mourir sans l'espoir même de pouvoir fermer mes paupières pour échapper à l'horreur. Je dois te regarder, toi, ma soeur, ma luciole, te faire poignarder par ces centaines d'ombres de brume aux sourires malsains...
Je suis contrainte à te voir mourir. Incapable de quoique ce soit. Encore et encore, nuit après nuit.

Et je me réveille. Je sens mon coeur exploser, ma respiration folle. Than se réveille, s'inquiète. Je le rassure, mais je sais qu'il ne peut s'empêcher de se faire du soucis. Parce qu'il ignore. Ma vie, mes tourments.
Ma soeur, devrais-je me confier à lui ? Je ne sais plus... Je perd pied, j'ignore où j'en suis... Tout tourne autour de moi, la Guilde s'effondre de l'intérieur, la Cour me rend folle, je ne tiens qu'à un fil. J'ai tant besoin de toi... Où es-tu ?

Je fais des insomnies. Je refuse de vivre ce cauchemar plus longtemps. Je veux y mettre fin, je t'en supplie, fais qu'il s'arrête... Reviens-moi... Réponds-moi...

Combien de lettres t'ai-je envoyé ? Tant que j'en perd le compte. J'ai bientôt plus de papier, mon poignet me fait souffrir. Mon encre commence à sécher. Une vingtaine ? Une centaine ? Quelle différence. Je n'ai pas la moindre réponse, ce silence seul me parle. Et j'ai peur de ce qu'il m'amène. Parce que les mois passent et que je n'entend pas ta voix m'appeler.

Ma soeur, es-tu en vie ? Je t'aime tant... Je n'arrive plus à écrire. Et pourtant, continuer à rédiger ces lettres pour toi, c'est comme si tu étais toujours... Je ne le prononcerai pas. Je refuse d'y croire. Malgré tout, ça m'épuise. De tant y penser. Je ne pense qu'à toi... Constamment.

Mon ange, reviens-moi. Même notre « pour toujours et à jamais » ne suffit plus. J'ai besoin de te serrer entre mes bras. De te savoir en vie. Rien qu'un signe. Je t'en conjure.


Eleanor Nil'Lysah.



________________________



Ma soeur,

Larmes, cris, rage. Tout me consume. Pour toujours, je hurlerai. De cette injustice, de ta décision. De ma bêtise de n'avoir été là. De ne pas m'être jetée dans les rues, sur les routes, pour te retrouver. Et t'arrêter. De n'avoir été cette soeur dont tu as eu tant besoin à cet instant.
Je ne sais si je te méritais... Tu étais tellement de choses, un ange de brume, une luciole prête à illuminer la Voie sur son passage, une chevaucheuse tellement belle, grande, bien plus que je ne le suis. Mais par dessus tout, ma soeur. Parce que nos coeurs battaient à l'unisson, d'un même écho d'une vie marchombre. Qu'elles aient été si différentes, peu importe. Nous résonnions de la même symphonie. Notre sang n'était pas identique, nos âmes pourtant se confondaient l'une à l'autre.

Ô ma soeur, il existe tant de choses que j'aurais voulu partager avec toi... Et me voilà à t'écrire au passé. Je m'en rend compte à l'instant.
Comment en sommes-nous arrivées là ? Je n'en ai absolument aucune idée. Aujourd'hui, je n'arrive plus même à mettre mes pensées en ordre. Parce que mon coeur brûle. Et meurt.
Parce que cela fait plus d'un an et demi que je t'écris. Que je n'ai de réponse qu'un long silence douloureux. Alors je commence à le croire...

Que tu es morte.

Je tremble de l'écrire. Rien qu'à l'instant, je n'ai plus la force de me battre. De hurler. Je suis désemparée. Bien plus que perdue. Que puis-je faire de plus ? Partir maintenant ne sers à rien... Tu as disparu. Je ne connais le lieu exact du campement. Je ne pourrais qu'errer, en peine, durant des mois. Pour revenir au manoir, détruite de t'avoir cherchée en vain.
Trop tard.
Alors je reste là, dans mon bureau. Je déambule sur les toits d'Al-Jeit, me perd sur ceux que nous aimions tant occuper. Et je m'occupe l'esprit. Je sors aux bals, j'essaye d'oublier et de guérir ce coeur brisé qui m'habite. Ma Ley, je n'y arrive pas. Je ne sais s'il cessera de saigner...

Vanor, puis toi. Toi. Toi...

Je ne vais plus t'écrire de lettres. Celle-ci sera la dernière de ma longue correspondance avec le néant. Je ne peux plus, comprends-moi. Un an et demi. Aucune réponse. L'évidence que je désirais calciner se présente chaque matin à moi. Mes cauchemars augmentent, mes insomnies ne cessent. Je ne rêve que de te serrer dans mes bras...
L'évidence est là. Ton silence est pesant. Bien trop criant de vérité. J'ai essayé, de l'ignorer. De hurler à l'impossible. J'ai essayé, ma soeur.

Et je pleure cette vérité qui hurle à mon oreille. Tu as disparu. Je hurle. Saigne. Meurt.

Ma soeur, je t'aime au-delà de tout. Où que tu sois, pour toujours et à jamais.


Eleanor Nil'Lysah.

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Eleanor Nil'Lysah
4489, allée des roses, Al-Jeit



Ma tendre Eleanor,


Combien de temps est passé ? Des mois ? Des années, peut-être ? Quelle importance ? Cela m’a semblé être des siècles. Cela fait une éternité que j’ai perdu la notion du temps. C’est étrange à dire, mais les minutes ne passent pas chez les mercenaires du chaos. Et pourtant, il n’y a pas eu une seule seconde sans que je ne pense à toi. Je t’ai entraînée par idiotie dans un combat qui n’a jamais été tien. Crois-moi, ô ma sœur, j’en souffre à chaque souffle que la vie m’offre. Crois-moi, ô ma douce, si j’avais pu l’éviter, jamais je ne t’aurais imposé telle torture. J’espère qu’un jour tu comprendras que je ne pouvais faire autrement.

J’ai lu toutes tes lettres un nombre incalculable de fois. A chacune d’entre elle, j’ai senti mon cœur se noyer un peu davantage sous le poids de nos larmes. Ô Lea, pardonne-moi. Je lis ta peine et ta douleur sur le papier froissé, parfois jauni par le temps. La dernière de tes lettres est déjà si vieille… Je ne suis pas morte Lea. Entends-moi, je crie. Je ne suis pas morte ! Je ne suis pas morte. Je t’en prie, je t’en conjure, écoute le vent qui murmure nos noms enlacés sous la bruine, écoute les feuilles qui dansent en hommage à la vie. Je ne suis pas morte.

Cette maudite lettre… Les mots que j’y ai posé ne sont que de lointains souvenirs. Le temps les a rendus flous, mais n’a pas estompé la douleur. Tu dois me croire ma sœur. Malgré l’affliction que j’ai ressenti à cause de mes pertes, malgré le conflit qui faisait rage en moi depuis trop longtemps, jamais ô grand jamais je ne t’aurais envoyé pareille lettre sans raison. Je t’expliquerai tout ce que tu veux savoir, et bien davantage, mais je t’en conjure, laisse-moi revenir près de toi. Tu semblais tellement épuisée lors de ta dernière lettre. Tellement détruite. Dis-moi que tu n’as pas fait ton deuil. Dis-moi que tu ne m’as pas oubliée. Dis-moi qu’au fond de toi, je ne suis pas encore morte.

Je pense à toi, et à Evan. Je pense à vous sans cesse. Evan. Evan… Le petit dragon doit tellement avoir grandi. D’après tes écrits, il est toujours aussi formidable. Vous m’avez tellement manqué, si tu savais. Le monde sans vous n’est pas aussi beau. Tu as raison dans tes lettres, comme toujours. Tu me connais mieux que personne. Evan et toi, vous êtes ma famille. Ô Lea, comment ai-je pu être absente si longtemps ? Croit-il, lui aussi, que je ne suis plus ? Croit-il qu’il ne me reverra jamais ? Je t’en prie, ne confirme pas mes craintes. Je tremble tant d’entendre cette réponse que je connais déjà.

Ma sœur adorée, je suis en route pour Al-Jeit. Cette lettre te parviendra peu de temps avant que je n’arrive. Je ne te fais pas l’affront de venir me présenter chez toi sans même t’avoir envoyé une missive auparavant. Je ne suis pas morte, Lea. Laisse-moi venir sécher tes larmes, abandonne le deuil et apaise ta peine ! Tout est fini, tu n’as plus à craindre de me perdre. Parce que je suis en vie. Plus que je ne l’ai jamais été, je suis en vie. Evan me sautera dans les bras, et on fondra en larmes dans les bras l'une de l'autre. Je lui raconterai des histoires effrayantes dont il n'aura jamais peur. On rira jusqu'à en perdre le souffle. Toi et moi, on voyagera par-delà les nuages, là où seule les étoiles sont déjà allées. Ou bien, nous irons toucher le fond des océans, là où le bleu est si pur, qu'il reflète les âmes. Peu importe. Même si des milliers de kilomètres nous séparent, même si le monde s'écroule autour de nous, cette vie, je veux la passer en te sachant à mes côtés. J’ignore si ta porte me sera toujours ouverte. J’ignore si tu sauras me pardonner. Mais je ne veux plus jamais être séparée de toi.

Lien d’infini
Qui relie deux âmes
Soeurs


Je t’en prie, pardonne-moi. Je t'aime au-delà des mots, des océans et des montagnes, là où le vent n'est que chimère, là où le rêve est éphémère. A la croisée des âmes et à l'ombre de nos flammes,


Ta soeur, qui rêve de te revoir plus que de raison,


Elleynah Bàthory



Cette lettre a été égarée et n'est jamais arrivée à destination.

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