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Murmures au grès du vent

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Eleanor Nil'Lysah
4489, allée des roses, Al-Jeit




     
  Ma douce Eleanor,


Je t'écris cette lettre après des semaines, peut-être des mois de silence. J'ai perdu la notion du temps, j'ai perdu la notion du vide. En parlant de vide, tu ne devineras jamais d'où je t'écris cette lettre. Là où tout est plus beau. Tu ne vois pas ? Je suis au sommet, Lea. Au sommet de la chaîne du Poll. Là où le temps s'est arrêté. Cet endroit me fait penser à toi. Tu adorerais, j'en suis persuadée. Un jour, peut-être, on s'y rendra ensemble. Et un jour, quand ce sera l'heure, je passerai de l'autre côté, et j'irai me perdre là où personne n'est encore allé. C'est incroyable. Là-bas, le monde s'étend à l'infini.

Je suis terriblement désolée de ne pas être à tes côtés en cette période difficile. Lors de mon dernier séjour à Al-Jeit, je n'ai pas pu m'attarder, pour les raisons que tu imagines. Des mercenaires du chaos. Des mercenaires du chaos de partout. Ils étaient au moins vingt, peut-être plus. J'ai dû me réfugier dans une auberge, qui était en fait une maison close. Une des filles m'a vendue. D'ailleurs, je ne lui souhaite pas de recroiser mon chemin.

Après avoir échappé aux mercenaires du chaos, je me suis retrouvée prise en chasse par une autre mercenaire (bon, je l'avais peut-être un peu provoqué, mais ces gens là n'ont aucun humour...) qui m'a suivie jusqu'au sortir de la ville. Et là, comble de la malchance ! Un brûleur ! Tu te rends compte ? Un brûleur, à Al-Jeit ! Tu en as peut-être entendu parlé, lorsqu'ils ont retrouvé son cadavre. A moins qu'ils aient étouffé l'affaire. Je ne vais pas te mentir, j'en suis plutôt fière.

Quoi qu'il en soit, je n'ai pas eu la possibilité de venir te voir. C'est le problème lorsque l'on a un emploi du temps plein à craquer ! Et puis, je n'avais pas envie de te faire prendre de risques inutiles. Tu as bien assez de choses auxquelles tu dois songer, inutile que j'en rajoute. Alors, dis-moi tout, comment vas-tu ? Et ton fils ? J'aurais aimé pouvoir retourner dans le sud, mais il vaut mieux que j'évite la capitale quelques temps.

Je suis partie de la citadelle des frontaliers il y a quelques jours. Je suis retournée voir une vieille amie, Syane Ril'Devah. Je t'ai sûrement déjà parlé d'elle. C'est une frontalière extraordinaire, et tu me connais, je ne dis pas ça de n'importe qui ! Dans les prochains jours, je compte me rendre à Al-Poll. J'ai tellement hâte d'y être ! Tout ce que je sais à propos de cette ville, je l'ai lu dans des livres ou entendu au cours de mes voyages. Et je vais enfin pouvoir la voir de mes propres yeux !

Je ne peux pas t'en dire plus, pour ma sécurité, et plus que tout, pour la tienne. Envoie moi de tes nouvelles, là où nos chemins se sont croisés pour la première fois. J'aimerais pouvoir te promettre que je viendrai bientôt te voir, mais je ne sais pas où le vent me guidera. N'oublie pas, et n'oublie jamais : mes pensées t'accompagnent, où que je sois, quoi que je fasse, à jamais et pour toujours.

Tu me manques.


           
Ta soeur,


Elleynah Bàthory

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Elleynah Bàthory
1209, rue Orphée, Al-Far



Tendre Elleynah,

Je m'inquiétais pour toi, ne voyant aucune lettre arriver ! Me voilà d'autant plus inquiète en lisant ces lignes, mais tout autant rassurée d'avoir enfin de tes nouvelles. J'ai entendu parler de ce brûleur, mais tu as raison, ils ont bien vite étouffé l'affaire. Mais tu me connais, rien ne m'échappe. Lorsque l'on est à la tête d'une famille comme la mienne, rien n'est plus simple que d'obtenir des informations. Je m'en sors de mieux en mieux, la cour a moins de secrets pour moi qu'auparavant. Comme tu rirais en me voyant ainsi !

Tu te met toujours dans de telles situations, ma soeur ! Mais je suis heureuse de te savoir en pleine forme. Je suis navrée de toute cette course que tu as dû endurer, mais tu es saine et sauve. Me voilà rassurée. La Citadelle ? Voilà un endroit en lequel je ne me suis jamais rendue ! Comment est-ce ? Tu me raconteras Al-Poll ? Je me souviens de ruines à ses abords, plus haut dans les montagnes, mais je ne me suis pas approchée de la ville même. J'attend un compte rendu !

La chaine du Poll... Je me souviens du vent contre ma peau, du froid glacial qui me prenait et de cette vue. Comme tu as de la chance, j'aimerais tant être avec toi en cet instant. Ne t'ai-je jamais parlé de ce voyage ? J'ai dû oublier... J'en ai tant fait, on en a tant fait ! Parfois ils se glissent dans un coin de mes pensées, là où je les oublie. Un jour, je t'emmènerai au-delà. On ira ensemble, quand le temps sera venu. On s'y aventurera et on s'y perdra. J'ai quelques nouveaux trucs à te montrer lorsque je pourrais enfin te serrer dans mes bras. J'aimerais tant que tu sois là, j'ai tant besoin de toi ces temps-ci. Than me fuit, mon secret s'est ouvert à lui. Il sait tout. Sauf pour Evan.

Il a tant grandi depuis la dernière fois que tu es venue ! Il me demande souvent où tu es, je lui raconte certaines de tes histoires. Je censure certains passages, bien sûr. Hier, il a perdu une nouvelle dent. Comme il est mignon avec ce petit trou au milieu de son sourire ! Il veut sauter dans des flaques avec toi et que tu lui apprenne comment parler à la lune.

Mais ce n'est pas cela qui me bouleverse.

Tu as dû en entendre parler. Tout le monde en parle dans la nuit, mais leurs mots sont des rasoirs pour mon coeur. Ils remettent tous en question ce qu'il était, ils ne croient plus en lui. Ils salissent son nom de leurs mots. Pourquoi ? Il est mort. Pourquoi éradiquer toute forme de respect envers lui ? Vanor est mort.
Je sais qui l'a tué. Un mercenaire. Ils ne me croient pas, ils me traitent de folle. Le chaos éradiqué, le chaos éliminé. Jamais je ne croirais à ce tissu de mensonges. Le chaos est toujours là, le chaos nous échappe simplement. Comme toujours. Et tes mots confirment mes pensées. Des mercenaires étaient à Al-Jeit. Ils sont ici, partout. Tu sais, je suis convaincue que c'était un de ces fils de Ts'Liches. J'y suis allé. Dès que j'ai su. J'y suis allé et je l'ai vu, étendu sur le sol. Tout ce sang... Et cette barbarie dans l'atmosphère. C'était un Envoleur. J'ai retrouvé une lame. Ou peut-être un Mentaï. Il était doué, dans tous les cas. Pour se mesurer à Vanor et gagner...
Je le vengerai, Ley. Je planterai cette lame dans le coeur de celui qui me l'a enlevé.

N'attend pas plus longtemps pour m'écrire !
Tu me manques tant.

Ta Lea,

Eleanor Nil'Lysah

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Eleanor Nil'Lysah
4489, allée des roses, Al-Jeit




Ma chère Lea, ma soeur,



Ce sont de biens tristes nouvelles que tu m'apportes là. Saches que je partage pleinement ta douleur et ta peine. Vanor était un homme et un marchombre extraordinaire. Il va beaucoup nous manquer. La guilde vient de voir s'éteindre un de ses meilleurs marchombres, et Gwendalavir a perdu une de ses plus belles lumières. J'aimerais tellement pouvoir être à tes côtés et te serrer dans mes bras. Mes pensées t'accompagnent plus que jamais, et j'espère pouvoir venir te soutenir le plus tôt possible.

Pour ce qui est de la réaction des autres, cela m'attriste mais ne me surprend pas. Ils sont prêts à tout nier pour continuer à vivre leurs chimères. Il est bien plus confortable de pouvoir croire qu'aucun danger ne guette lorsqu'il est partout autour de nous. Je sais qui sont les gens au sein de la guilde du Chaos. J'y ai grandi, et même si l'avouer me fait horreur, cela reste une partie de moi. De mon histoire. Ils sont là, tapis dans l'ombre, et attendent la moindre occasion pour faire basculer l'équilibre qui devrait régir notre monde.

L'équilibre. Cela fait bien longtemps qu'il est rompu, si tu veux mon avis. Le chaos gagne en puissance, l'harmonie s'essouffle au sortir des lèvres de tous ceux qui pensent que le mot marchombre signifie acrobate, voleur, truand. Et je parle, malheureusement, de beaucoup de prétendus marchombres, au sein même de notre guilde, qui ont oublié ce que nous sommes vraiment. Chacun a une façon particulière d'arpenter la voie, et chacun est et demeure libre de la façon dont il l'appréhende. Mais comment un marchombre qui vit de ses crimes et délits peut-il prétendre à l'harmonie et faire face à la menace qu'est le chaos ?

Ce sont les mêmes qui prétendent savoir ce qu'ils n'ont jamais pu toucher du doigt, les mêmes qui affirment que l'ère du chaos est révolue, et les mêmes qui choisissent de cracher sur des marchombres d'exception plutôt que d'accepter ce qui est évident. Lorsque je rentrerai à Al-Jeit, si et seulement si tu le désires, je t'aiderai à trouver celui ou ceux qui ont fait ça, afin que tu puisses le venger. Je sais que cette vengeance t'appartient, mais l'aide d'une amie, et plus encore, d'une sœur, est quelque chose d'extrêmement précieux, que je veux pouvoir t'offrir. Je ne m'attarderais pas davantage sur le sujet, parce qu'une lettre n'est pas l'endroit le plus adapté pour en parler. Saches néanmoins que tu peux compter sur mon aide et mon soutiens.

Je ne peux cependant pas venir te retrouver dans l'immédiat, et j'espère que tu comprendras pourquoi. Le vent se fait plus insistant, depuis que j'ai quitté Al-Poll. Il me guide vers le sud, et je sens au plus profond de mon être que je dois m'y rendre, quoi qu'il m'en coûte. J'ai toujours fait confiance à mon instinct, et tu n'as qu'une idée approximative du nombre de fois où cela m'a sauvé la vie. J'ai l'impression que je suis à la veille d'un événement déterminant pour le reste de ma vie. Je sais bien que tu ne m'attendras pas pour tenter quoi que ce soit contre le chaos, mais s'il te plait, sois prudente.

Deux semaines se sont écoulées depuis l'envoie de ma précédente lettre. Lire la tienne a été un véritable déchirement. Savoir que ton fils change si vite, alors que mes yeux ne le voient devenir grand. Savoir que ton mari sait. Toutes ces années, j'ai évité de parler de Vanor dans les lettres que je t'envoyais, de crainte qu'il ne les lise, qu'il ne découvre tout. Mais maintenant que c'est chose faite, je ne suis plus sûre que ce soit une si mauvaise chose. Après tout, cela fait des années que tu vies entre deux mondes. Peut-être que cela sonne le glas de ta libération ? Que tu pourras à nouveau voyager, comme tu aimes tant le faire ? Than s'y fera, je n'en doute pas. Il tient bien trop à sa réputation pour risquer de faire éclater un scandale.

Lorsque tu te décideras à reprendre les voyages, nous irons à Al-Poll. C'est un endroit époustouflant, je suis certaine qu'il te plaira. Lorsque j'ai quitté la chaîne du Poll - il était évident que tu y étais déjà allée, je me sens presque idiote de n'y avoir songé - j'ai aperçu une caravane au loin. Des chercheurs, qui se rendaient à Al-Poll ! N'est-ce pas totalement incroyable ? J'ai décidé de me joindre à eux, et ils avaient trop conscience des dangers pour refuser mon aide. Il y avait une mercenaire du chaos dans le groupe. Je crois que je les attire. Ou alors, ils sont vraiment partout. Mais je ne veux pas penser à cette éventualité. Nous avons croisé la route d'une goule, mais le voyage s'est incroyablement bien déroulé. Comme toujours.

Je t'amènerai aussi à la citadelle. C'est un endroit très beau, bien qu'un peu trop peuplé à mon goût. L'architecture est digne de celle d'Al-Jeit, et l'on a une vue exceptionnelle depuis certaines pièces. Tout y est démesurément grand. Les toits sont hauts, mais l'escalade y est interdite. On voit tout l'empire lorsque l'on est en haut. Je te raconterai les détails et bien plus encore autour d'une bon verre, le plus tôt possible, je l'espère. Pour l'instant, je redescends vers la deuxième ville de l'empire mais je ne sais pas jusqu'où le vent me guidera. Le jour va se lever, le papier me manque. J'ai tant de choses à te dire, mais ce sera pour une prochaine lettre. Tiens moi au courant, et n'oublie pas que je suis avec toi et que je te soutiens, même si tu ne me vois pas.

Le monde serait plus beau si tu étais là.


Ta soeur,


Elleynah Bàthory

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Elleynah Bàthory
1209, rue Orphée, Al-Far



Ma fleur,


Tu ne sais à quel point tes mots me font du bien. J'attendais ta lettre avec tant d'impatience ! Et je l'ai lu. Tes mots furent un baume pour mon coeur qui tente de contrôler ses colères. Evan est mon seul remède hormis tes lettres. Than me regarde de cet oeil froid qu'est le sien, celui qu'il sert aux autres. Celui qu'il ne m'a jamais servi. Ses yeux ne sont plus les mêmes. Mais peu m'importe. Aucun scandale n'a éclaté.

Je relis encore tes mots alors que je t'écris. Pardonnes-moi ces quelques gouttes sur le papier, je n'ai que cet instant pour les verser. Mon petit ne doit pas me voir ainsi, personne ne le doit. Je dois garder l'illusion. Aussi bien à la cour qu'à la guilde. Ma colère m'est d'un grand secours. Sa disparition me fait tant souffrir... Je ne peux pleurer.

Rentres vite me voir !

Tu as raison. L'équilibre n'a jamais existé. Nous nous battons depuis des millénaires pour en donner la vaste impression, en vain. Marchombre ou mercenaire ? Je ne sais si l'un vaut mieux que l'autre. Les affrontements n'ont jamais cessés et ne cesseront jamais. Tu as raison. Le chaos gagne du terrain. La guilde en est infestée. Etant à Al-Jeit même, j'y faisais bien souvent quelques apparitions et je l'ai remarqué. Certains des nôtres ne valent pas mieux que nos ennemis. Ils se prétendent marchombre mais n'ont aucune valeur. Ils osent user de leur venin sur Vanor afin de cacher leurs propres erreurs.
L'Harmonie faiblit. Le conseil est bien trop orgueilleux pour le voir. Je le leur montrerai. Je leur prouverais que nos ennemis pullulent encore sous nos pieds, qu'ils ont grandis dans l'ombre durant toutes ces années de « paix ». La paix n'existe pas. Nous ne pouvons que tendre vers elle, mais jamais ne l'atteindrons. Combien de fois avons-nous “éradiqué“ le chaos pour qu'il renaisse à nouveau ?
La guilde est corrompue, les véritables arpenteurs de la Voie se font rares.
Le Rentaï se tait car il sait.

Ô ma soeur, tu as raison. Ne parlons pas de cela ici, je m'en voudrais de te causer des inquiétudes. Je ne te dirais qu'une dernière chose. J'accepte ton aide avec joie, mais tu me connais tant et tu sais que je ne t'attendrais pas. J'ai déjà commencé. Ces quatre dernières semaines, depuis la lecture de ta dernière lettre et l'envoie de la mienne. La nuit d'Al-Jeit n'a plus aucun secret pour moi. Mais ne parlons plus de cela, le temps viendra où nous pourrons nous étaler sur ce sujet.

Evan change, c'est vrai. Et tu lui manques, c'est certain. Imagines l'instant où il te verra franchir la porte ! Tu oublieras ton déchirement et te plongera dans son rire. Et ne t'en fais pas pour Than, il survivra. Il a toujours su que ce n'était qu'un mariage de convention, tes lettres n'auraient qu'appuyé ses pensées. Il est malheureusement tombé fou de moi, j'aurais dû le prévoir. Sa jalousie brille dans ses yeux d'ambre.
Ô ma fleur, tu as toujours su qui j'étais. Ces deux mondes dans lesquels je vis, tu as toujours su combien cela m'était difficile. J'ai dû m'y faire, pourtant. Même si les voyages me manquent terriblement. Oui, nous irons à Al-Poll ! C'est certain. J'ai besoin de voyager, j'ai besoin de te voir. Nous joindrions-nous à nouveau à une caravane ? Pour nous rappeler le bon vieux temps ?

Ah, ma soeur, tu es un aimant à mercenaires, si je souhaite les attraper il me suffit simplement de t'avoir à mes côtés ! Mais prends soin de toi, ne fais pas de bêtises. Je sais bien, mes paroles sont vaines. Tu as le don de te mettre dans des situations ! Remarque, je ne fais pas bien mieux que toi. J'ai bien failli me faire prendre quelques jours plus tôt dans les rues basses de la ville.
Une goule ? Je reformulerais donc ma phrase. Tu es un aimant à situations délicates ! Mais tu m'écris et dois donc être saine et sauve. Evan adorerait entendre cette histoire. Lorsqu'il te demandera de lui raconter tes voyages, ne lui fais pas peur. Il est plus malin qu'il n'en a l'air, mais est encore un enfant.

Je suis heureuse pour toi, ton voyage semble être si passionnant. Et la Citadelle ! J'imagine bien ton désarrois devant tant de monde. Tu n'as jamais été très foule. Je me souviens encore d'Al-Far, au retour de la caravane. Que m'as-tu fait rire ce jour-là ! Ah, n'as-tu pas honte de me faire tant saliver face à tes récits ? Je n'ai qu'une envie, te rejoindre.

J'ai tant de choses à te dire ! Comme tu peux le penser, j'ai passer mes nuits dans les rues. Le jour, Evan me suit à la trace comme un petit loup et tire sur mes jupes pour attirer mon attention. Il deviendrait presque capricieux. Parfois, il me fait penser à son père. Rien qu'hier, il a couru dans le manoir entier pour ne pas aller se coucher. Il voulait rester avec moi dans le grand salon, avec moi et les invités. Than essaye de rallier Sir Til'Zylem à sa cause. Tant de monde en mon manoir alors que je ne cherche que la paix. J'ai fait face et bonne figure, comme tu peux le penser. Mon petit dragon me faisait tant rire à tourner autour des tables. Quel soulagement lorsque j'ai pu enfin le coucher et échapper à toute cette noblesse !

Mon petit dragon s'est réveillé, je l'entend m'appeler de sa chambre. Je dois écourter ma lettre, mais j'ai encore tant à te dire. Ce sera pour plus tard.

Ne change jamais.

Tout mon amour,

Eleanor Nil'Lysah

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Eleanor Nil'Lysah
4489, allée des roses, Al-Jeit






Ma douce,



Je m'en veux tant de ne pas pouvoir répondre plus vite à tes lettres, et de ne pas pouvoir t'apporter autre chose que des mots sur du papier froissé pour te réconforter. Je ne peux pas faire mieux pour le moment, mais je suis en route, et bientôt, nous serons réunies. Tu fais preuve d'un tel courage, Lea. Je ne connais personne qui sait affronter les difficultés comme tu le fais. Tu dois faire bonne figure face à ton fils et la cours, tu dois tenir la nuit aussi, mais tu n'as pas besoin de me mentir à moi. Tu le sais bien : je partage tes rires comme tes pleurs, tes peines et tes bonheurs. Alors même si je préférerais que tu pleures dans mes bras, ne retiens pas tes larmes lorsque tu m'écris, et ne t'excuse pas pour si peu. Être sœurs, c'est aussi savoir sécher les larmes de l'autre quand personne d'autre ne peut y parvenir.

Je suis encore si loin de toi... Tu imagines bien que si je réponds à ta lettre, c'est que je suis encore à Al-Far. Oui, encore. J'ai l'impression de passer ma vie ici, ces derniers temps, alors que je rêverai d'être à Al-Jeit. (Ce qui, tu me l'accorderas, est vraiment très étrange venant de moi qui ait horreur des villes) Enfin, j'exagère sûrement. Cela fait un mois que je n'y étais pas allée.

Un mois, ma sœur. Je n'ai cessé de penser à toi, et j'avais presque hâte de revenir ici, juste pour pouvoir lire ta lettre. Et à chacune de tes lettres, j'ai davantage de choses à te raconter.  Inutile que tu fasses semblant, je suis persuadée que les récits du voyage sont la partie de mes lettres que tu préfères. Et Evan les aime au moins autant que toi ! Ne t'en fais donc pas pour lui. Lui ai-je déjà fait peur en lui racontant toutes les merveilles que l'on peut voir à travers l'empire ? Cet enfant à la voie dans l'âme, j'en suis persuadée ! Comment pourrait-il en être autrement, avec les parents qu'il a...

Le monde est vaste et les façons de le parcourir encore davantage. Accompagner une caravane serait une excellente façon de parcourir à nouveau la voie côte à côte. Comme à mes débuts, lors de mes balbutiements. Aussi loin que nos souvenirs nous lient, je retrouve cet amour profond pour nos voyages ensemble. Tu es la personne avec qui j'ai le plus voyagé, mis à part mon maître, et sans aucune doute, la seule personne avec qui je ne me lasserai jamais de le faire.

Je t'en prie, ne commets pas d'imprudence. Je connais le désir qui te ronge, et tu dois savoir bien mieux que moi que les nuits d'Al-Jeit sont dangereuses. Je serai bientôt là, et ensemble nous pourrons enfin venger Vanor. Les mercenaires du chaos sont des êtres perfides et rongés par la folie, mais ils n'en restent pas moins des personnes terriblement intelligentes. Bien moins que toi, je te l'accorde. Mais comprends-moi. Je veux t'aider à accomplir ta vengeance, et non pas avoir à te venger toi aussi. Tu m'es bien trop précieuse pour m'être arrachée.

Et puis, j'ai quelqu'un à te présenter. Lorsque j'arriverai à Al-Jeit, je ne serai pas seule. Tu te demandes sûrement de quoi je veux parler. Laisse moi te raconter. Je t'avais dit que le vent se faisait insistant, qu'il me guidait vers le sud. Je suis descendue jusqu'à Al-Vor. Une très belle ville. Je n'y étais pas allée depuis la disparition de mon maître. Et j'ai rencontré quelqu'un là-bas. Une jeune fille du nom de Loucian Naït. Je l'ai prise comme apprentie. Oui, je sais. J'avais dit que je ne me sentais pas prête pour ce genre d'aventure.

La raison est simple : comme tu l'as dit, je suis un aimant à situations délicates. Lorsque ce n'est que ma vie qui est en jeu, cela m'amuse plus qu'autres choses. Mais je refuse de mettre la vie d'une enfant en jeu. Il faut croire que le vent en a décidé autrement. Lorsque je l'ai vu, j'ai su que je devais lui enseigner la voie, qu'elle devait être mon élève, et qu'il ne pouvait pas en être autrement. Je ne regrette rien, elle est exceptionnelle. Je suis sûre que tu l'aimeras beaucoup.

Il est étrange de te dire que j'ai une élève en imaginant qu'il y a quelques années, tu me testais lors de l'Anh-Ju. J'espère qu'elle est aussi prometteuse qu'elle m'en a l'air. Je compte énormément sur ton avis, lorsque je te la présenterai. C'est en partie pour elle que je ne suis revenue à Al-Far au lieu de me diriger vers Al-Jeit. Je veux lui faire courir le moins de risques possibles. Elle ne sait rien de mon histoire, de mes déboires, de mes mémoires. Et je ne suis pas certaine que je lui dirais un jour.

Je dois te laisser, mais je compte rester quelques jours ici. Peut-être que ta prochaine lettre arrivera avant que je ne parte. Je l'espère en tout cas.

Au bonheur que j'éprouve lorsque je m'imagine vous serrez, Evan et toi, dans mes bras.



Avec toute ma tendresse,



Elleynah Bàthory

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Elleynah Bàthory
1209, rue Orphée, Al-Far



Ma soeur,


Comme tu me manques. Ce n'est pas tant du courage que de la vengeance. Mon coeur hurle de pouvoir mettre un visage sur l'assassin de celui qui le faisait battre. Je ne peux te promettre de n'être imprudente, car tu le sais, je ferais tout mon possible pour le retrouver. Je remuerai ciel et terre pour lui mettre la main dessus, pour lui offrir la même chance qu'il a offert à Vanor. Aucune chance. Mais ne t'en fais pas, tu n'auras pas l'occasion de me venger. Ma rage est forte, démesurée, mais j'ai appris depuis bien longtemps la réflexion. Les mercenaires sont intelligents, mais ils ne possèdent pas cette volonté qui me pousse.
Jamais personne ne m'arrachera à toi, je te le promet.

Tu me connais et tu a deviné juste. J'aime lire tes voyages, je m'imagine être avec toi. Mais lorsque j'ouvre les yeux, je vois des murs et des bâtiments. Je vois Al-Jeit que je n'ai pas quitté depuis quatre mois. J'ai besoin de sortir, de partir et seuls tes récits me font voyager. J'aime lire tes voyages. Et Evan adorerait les entendre. Mais c'est à toi de les lui narrer, c'est pourquoi je ne le fais pas moi-même. Il sera si heureux de te revoir. Tu as raison... Evan a la Voie en lui. J'espère seulement qu'il ne grandira pas trop vite, qu'il restera encore un peu ce petit garçon qu'hier encore balbutiait quelques mots. Il grandit trop vite, Ley.

Eh bien ! Voilà une nouvelle qui m'étonnes et me ravie ! Toi, une apprentie. Si un jour on m'avait dit que tu prendrais un jeune sous ton aile, j'en aurais ri. Je te connais depuis longtemps, mais tu me surprend encore. Oh, Ley, que je suis contente pour toi ! Comment l'as-tu rencontrée ?
Je l'aimerais beaucoup, j'en suis certaine. Elle est ton apprentie – comme cette phrase est étrange ! – et tu sais que je ne m'arrête pas aux apparences. Tu sais que pour moi, l'intérieur du fruit importe davantage que son aspect extérieur. Je me souviens encore de ton Ahn-Ju comme si c'était hier. Mon poing tremblait de rage alors que ma langue trouvait les mots pour te défendre. Ton passé est ce qu'il est, mais je ne vois en toi que la marchombre prometteuse que j'ai découvert dans cette caravane, nombre d'années auparavant. Ta Loucian doit être aussi incroyable que tu me le dis, j'en suis persuadée. Et si elle l'est effectivement, elle verra ce que je vois en toi lorsque tu lui raconteras ton histoire. Si ce n'est le cas, je me verrais obligée de lui tirer les oreilles.

A Al-Jeit, rien de nouveau. La cour a organisé un nouveau bal, nous nous y sommes rendus avec Than. J'étais à son bras, nous étions le couple le plus rayonnant de la soirée. Nos rires se mélangeaient, nos sourires se croisaient, nous ressemblions à un couple heureux. A l'intérieur, rien n'existait de tout cela. Rien n'existe de tout ça.
Malgré tout, Til'Zylem est un homme gentil, même avec ce que m'en a raconté Than. Un peu bourru, âgé, mais gentil. J'ai rencontré quelques Dames du nord. Un Sir venait d'Al-Far, j'ai pensé à toi. Quel ennui que ces soirées... Je suis cependant restée jusqu'à la fin, il fallait que je parle à Enzo. T'en ai-je déjà parlé ? Il ne vient que rarement à la Guilde, il est donc peu probable que tu l'aies déjà croisé. Je l'ai connu alors que je venais de rencontrer Vanor. Nous avons passé notre Ahn-Ju le même jour. Il s'avère qu'il s'est entiché d'une petite noble ridicule et s'est retrouvé à ce bal. Comme j'ai ris en le voyant dans pareil endroit ! Je pense que sa duchesse ne fera pas long feu. Il faudrait que je te le présente un jour.

J'ai donc vu Enzo. Il fallait que je lui parle, que je lui montre la dague. Il m'a affirmé qu'il connaissait le forgeron à l'origine de cette arme. Ne t'ai-je pas dis qu'il était expert en ce domaine ? Ses connaissances des armes sont inimaginables. J'ai beaucoup appris grâce à lui. Il m'a donc donné son nom. Kriss Mahlan. Il m'appris également que cette femme n'était plus à Al-Jeit depuis plusieurs mois. Il ignore où elle se trouve.
Mes recherches avancent, mais pas aussi vite que je le souhaiterais.

Mise à part ça, tout va bien.

Reviens-moi vite, ma fleur,

Eleanor Nil'Lysah

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Eleanor Nil'Lysah
4489, allée des roses, Al-Jeit




Ma tendre Lea,



Je t'écris cette lettre dans des conditions un peu particulières. Je ne peux pas vraiment t'en dire plus, mais je n'ai pas beaucoup de temps, alors je vais faire bref. J'ai tant de choses à te dire. Ce sera pour la prochaine lettre, ou pour le jour où nous nous retrouverons. Ce jour se rapproche, je le sais, mais il me semble encore si loin. Si tu savais comme j'aimerais être près de toi en ce moment. Mais tu sais bien, rien n'est jamais aussi simple que je le voudrais. Quand tu liras cette lettre je serais déjà loin d'ici. Je passerai sûrement près d'Al-Chen, et je pourrai m'arrêter là où tu sais pour récupérer une éventuelle lettre.

J'ai pleinement confiance en toi et en tes capacités. Je sais qu'aucun mercenaire ne pourra t'avoir, et que celui qui nous séparera n'est pas encore né. Mais je suis inquiète, parce que tu es chère à mon cœur, et que les lettres ne me permettent pas de t'aider et de te soutenir comme j'aimerais le faire. J'espère du plus profond de mon cœur que rien ne viendra ralentir ma route, mais les imprévus peuplent mon quotidien.

Je te raconterais tous les détails, tout ce que tu veux savoir, et bien plus encore. J'ai rencontré mon apprentie sur les toits d'Al-Vor. Avant notre rencontre, elle travaillait pour un homme dont l'identité m'est obscure, qui lui faisait poser des tuiles. Elle rêve de toucher les étoiles, et aime les hauteurs presque autant que moi. J'ai hâte de voir sa réaction face à celles d'Al-Jeit. La première fois à Al-Jeit est toujours grandiose. Même si des années plus tard on se met à détester la ville, comme c'est le cas pour moi. Mais ce n'est pas pour son architecture qu'il m'est si difficile de m'y rendre. Tu le sais bien.

Je ne connais Enzo que de nom, mais tu n'as jamais eu l'occasion de m'en parler, et j'ai encore moins eu l'occasion de le rencontrer. Peut-être lorsque je viendrais te voir, si nous en avons le temps. Le nom qu'il t'a donné ne me dit malheureusement rien. Mais je ferais des recherches de mon côté en attendant. J'imagine que

Je suis désolée je dois te laisser. Hâte de vous retrouver Evan et toi.


Je t'embrasse,

E. Bàthory

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Elleynah Bàthory
247, avenue des Chrysanthèmes, Al-Chen



Ma fleur,


Comment oses-tu faire battre mon coeur à une vitesse telle qu'il en exploserait presque ? Ta lettre me fait si peur pour toi, tu n'imagines pas à quel point. J'aimerais t'avoir devant moi afin de te faire regretter tes mots et les inquiétudes qu'ils créent en moi. Et pour enfin pouvoir te serrer entre mes bras, certaine que tu es saine et sauve. Tes mots sont si pressés sur le papier, tes phrases si décousues, tu ne me dis pas tout, je le sais et tu me le dis. J'espère que le danger que tu cours n'est pas celui auquel je pense, mais je sais que je me trompe. J'espère que tu me rentreras en pleine forme, prête à supporter les cris de joie d'Evan lorsqu'il reverra ton visage en dévalant les marches du grand escalier.
Mais ne me fais plus de pareilles peurs. Je tremble presque en sachant que tu es aussi loin de moi, poursuivie par eux. Je me sens si impuissante à te protéger ! J'attend ta prochaine lettre avec tant d'impatience ! Ne tarde pas trop à me l'écrire.
Et tu as raison, celui qui nous séparera n'est pas encore né. Jamais personne ne t’enlèvera à moi, jamais personne ne m'enlèvera à toi, j'en fais le serment.

Sur les toits d'Al-Vor ? Que diable y faisait-elle ? Question rhétorique. Je ne peux qu'imaginer ce qu'elle y faisait. L'appel des hauteurs, celui encore plus puissant de repousser ses limites en dépassant les obstacles qui se dressent sur cette route que l'on tente de construire. Moi-même, je passe mes nuits entières sur les hautes architectures d'Al-Jeit. Pour deux raisons. La même que la sienne et une autre. Tu dois bien te douter de cette dernière.
Poser des tuiles ? Intéressant. Elle aime les sommets, rêve de toucher les étoiles et est ton apprentie. Je sens que je vais énormément l'apprécier, cette petite. Pour sa première fois à Al-Jeit, il faudra lui montrer notre toit, celui où on pouvait passer des nuits entières à tenter de parler à la lune ! J'y passe plus de temps depuis ces dernières semaines. Il me rappelle Vanor...

Enzo est en ville pour sa duchesse, il y restera le temps de s'ennuyer. Je le connais, il ne tient pas en place, il se lassera vite de sa petite lady et la laissera entre ses draps de soie pour s'amuser ailleurs. J'ai cependant l'impression qu'il restera plus longtemps cette fois-ci, il m'a paru étrange lorsque nous avons conversé au bal. Peut-être me tromperais-je, mais je cerne rapidement les gens en temps normal. Tu le sais, je t'ai si bien cernée la première fois !

Tu peux être fière de moi, j'ai cessé de ruminer dans mon coin. Je suis plus prudente que lors des dernières semaines, je ne fonce plus tête baissée. Je réfléchis avant d'agir, maintenant. Il m'aura fallu quelques semaines, presque un mois. Un mois, oui. Il m'aura fallu un mois pour calmer mon coeur et diriger ma haine vers le sommet, ma tête.
Mais mon incapacité à me contrôler n'est pas le seul déclencheur de cette soudaine prise de conscience. Je commençais à délaisser mon petit dragon. Hier, j'ai même oublié de le récupérer à la sortie de l'Académie. Dernier caprice de Than, il souhaite que notre enfant prenne dès à présent des leçons à l'Académie. Oui, tu as bien lu, ils donnent des classes pour les enfants. Evan est trop jeune...
Mais je l'ai oublié ! Imagines ma détresse lorsque je m'en suis rendue compte ! J'étais horrifiée. Mon coeur était pris par la haine, mon âme prise par un profond désir de vengeance, j'en ai oublié mon fils. Je l'ai délaissé. Mon petit dragon devait se trouver si seul dans cette grande demeure, sans personne à qui parler, sans personne avec qui jouer. Je l'ai oublié, Ley ! Je ne me le pardonnerai jamais...

Je me reprend en main. Mon coeur se forge une armure et mon âme garde cette haine dans une boite, boite qu'elle ouvrira le moment venu. Et je recentre mon esprit là où il doit être. Je dois garder le contrôle, je dois être forte, je dois être la Dame et la marchombre, je dois être celle que j'ai toujours montré au monde.
Aujourd'hui, tu es la seule à réellement me connaître.

Tu me manques tant, Ley, je t'aime tant.


Réponds-moi vite, mon ange,

Eleanor Nil'Lysah

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Eleanor Nil'Lysah
4489, allée des roses, Al-Jeit


Ma très chère Lea,

T'écrire cette lettre est sans nul doute la chose la plus difficile que je n'ai jamais eu à faire, et je sais que tu comprendras ce que cela représente à mes yeux. Il m'est tellement difficile de t'écrire ces mots. Si tu savais à quel point je regrette de te causer tant de soucis. Tu es déjà préoccupée par trop de choses, et je le sais. J'ignore si tu seras capable de comprendre tout cela mieux que personne, ou si ma décision te laissera dans l'incompréhension la plus totale. Sans doute un peu des deux. En tous les cas, j'espère que tu parviendras à me pardonner, un jour. Mon coeur saigne et mon âme pleure sur cette page qui t'arriveras sans doute froissée et salie. Mais il le faut. Je n'ai plus le choix.

Après cette lettre, tu n'auras plus à te soucier de rien. Peut-être que tu me haïras. Peut-être pas. Ce soir sera le dernier où mes proches auront à souffrir à cause de moi. Je refuse qu'il y ait davantage de sang d'innocents qui tâchent mes mains couleur-chaos. J'ai enfin compris qu'elle est ma mission, Lea. Je sais à quel point cette lettre va te faire du mal. Tu es une des seules à avoir cru en moi jusqu'au bout. Je ne t'en serai jamais assez reconnaissante. Mais il y a une chose que j'ai compris aujourd'hui. Le chaos est le début de toutes choses. L'harmonie en est la fin. Je ne peux pas me permettre de te donner trop de détails ici. Néanmoins, je vais essayer d'en dire le plus possible. Je te dois au moins cela.

Mon apprentie n'est plus. Elle s'en est allée peu après que je t'ai envoyé la dernière lettre. Je le savais, Lea. Tout l'or que je prends entre mes doigts périt à une vitesse abominable. Tout cela ne peut plus continuer. Je ne veux plus mettre personne en danger. Je ne veux plus voir les gens que j'aime mourir, et me dire que c'est à cause de moi. Je ne suis pas née en étant une abomination. Mais j'en suis devenue une, Lea. J'ai trouvé quelle est ma vraie place. Elle n'est pas parmi les marchombres. Elle n'est pas du côté de l'harmonie. C'est ce choix-là, qui m'a rendu abominable. Je ne suis pas faite pour cela. L'harmonie ne me sied pas. Comprends moi : depuis que je suis dans la Guilde, je n'ai apporté que chaos, partout où je suis allée. J'ai tué, j'ai brisé, j'ai divisé. J'ai fait du tort à la Guilde, bien plus que je n'aurais jamais dû en faire. Même toi, tu as souffert par ma faute. Mais cela n'arrivera plus.

Aujourd'hui, j'ai trouvé une vraie raison de me battre. Grâce à toi. Grâce à tous ceux que j'aime. Je ne dois plus me battre contre ceux que je hais. Je dois me battre pour sauver ceux que j'aime. Ne te sens pas responsable de ce qui se passe. Tu ne l'es pas. En aucun cas. Et par-dessus tout, tu ne peux rien y faire. Je sais que cette décision te fera du mal, et crois moi, cela ne se reproduira plus. Je pars demain dés l'aube pour rentrer chez moi. C'est là qu'est ma place. C'est là qu'elle a toujours été. Lorsque tu liras ces mots, tu ne pourras plus rien y faire. J'espère que tu me pardonneras de t'infliger pareil supplice (parce que je ne doute pas que c'en sera un pour toi, ma soeur adorée).

Avant de mettre un terme à cette lettre, il y a des choses que je tiens absolument à te dire. Ces choses là sont trop nombreuses pour que je puisse toutes les développer. Néanmoins, je veux que tu saches. Je veux que tu saches que tu es quelqu'un d'exceptionnel, Lea. Jamais dans ma vie je n'aurais cru avoir la chance d'être si proche d'un être si merveilleux. Je te remercie pour tout ce que tu m'as donné. Je te remercie pour ton amour. Pour ta patience. Pour ton soutiens. Pour ces moments que je n'oublierai jamais. Merci de m'avoir donné la famille que je n'ai jamais eu. Et par-dessus tout, merci pour m'avoir donné ta confiance avec tant de conviction. Evan a beaucoup de chance de t'avoir comme mère. La Guilde ne serait rien sans toi dans ses rangs. Tu iras loin, j'en suis persuadée depuis toujours. Je t'aime, et quoi qu'il arrive, je t'aimerais toujours. Ne l'oublie jamais.

Même s'il est trop tard, tu garderas toujours une place dans mon coeur. N'essaie pas de me retrouver.


A ma chère soeur, l'ange qui m'a accompagnée avec bien trop d'amour,

Elleynah Bàthory, fille du chaos




Dans une double couche très fine de l'enveloppe, un petit mot est glissé, avec une écriture désordonnée.

Même dans l'obscurité j'éclairerai ta flamme.
Lettre lue et surveillée avant que tu la reçoives. Prends garde. Marchombre pour l'éternité, je détruirai de l'intérieur ceux qui blessent. Pas le choix. Je t'aime. Soeur à jamais.

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Elleynah Bàthory
247, avenue des Chrysanthèmes, Al-Chen


Ma Ley,


A quoi joues-tu ?

J'ignore ce qu'il se passe, je découvre avec joie une de tes lettres et je tombe sur ces mots. Je les ai lus et relus, croyant à un faux d'un quelconque personnage mal intentionné. Ce lâché de plume, il est tiens. Je le sais. Et pourtant, je refuse d'y croire. Ces mots. Ils transpercent mon coeur, il saigne et hurle pour toi.

Que me racontes-tu ?

Est-ce seulement toi derrière le papier ? Est-ce réel ? Rassure-moi, ma soeur. Dis-moi que tout cela ne vient pas de toi, quelqu'un te force. Es-tu en danger ? Je t'en supplie, répond-moi vite.

Je refuse d'y croire. Je te connais, mon ange. Je t'ai vue grandir, je t'ai vue mûrir. C'est tout simplement impossible. Toi, chevaucheuse de brume, je sais qui tu es. Plus que quiconque, la Voie est faite pour toi. Ton pas y sied à la perfection. Plus que tous, cette vie est à toi. Tu n'es pas fille du chaos. Et tu le sais. Ton sang l'est peut-être, ton coeur appartient à ailleurs. Ton âme crie l'harmonie. Tu es ma soeur, mon ange, ma raison de résister à cette folie du complot qui tourne autour de notre Guilde.

Tu es harmonie.

Et pourtant, je te connais. Et je ne peux m'empêcher de croire chacun des mots couchés sur le papier. Malgré la dissonance de tes paroles, je les sais tiennes.
Et cette nouvelle que tu m'apportes me brise le coeur. Je ne trouve les mots, rien ne suffit à exprimer mes sentiments. Je ne peux qu'imaginer cette souffrance que tu dois vivre. Et moi qui ne suis pas à tes côtés... Je pense à Aleena, à Serena. Et je hurle à l'idée de les perdre. Mon coeur brûle, se consume alors que mon esprit ne fait qu'y penser. Ce qui vous est arrivé me retourne le coeur...
Oh, ma soeur, ne fais pas de folies.

Ma Ley, ta lettre monte mon inquiétude à son paroxysme. Dis-moi que tu vas bien, je t'en prie. Si tu es prêt d'Al-Jeit, passe au manoir. Je t'en supplie. Evan rêve de te revoir, il n'a que ton nom aux lèvres. Tu me manques.
Et je m'inquiète.
J'écourte ma lettre, je veux te l'envoyer rapidement, avant que tu ne partes. Même si je crains que la raison ne l'emportera pas. J'espère seulement...

Ma soeur, je t'aime tant, reviens-moi. Ne commet pas cette erreur, j'ai peur de te perdre. Je t'en supplie, réfléchis. Ne fonce pas tête baissée. Reviens-moi entière. Evite l'irréparable.

Je t'aime, ma soeur, mon étoile, ma chevaucheuse.


Eleanor Nil'Lysah.




Caché dans l'enveloppe, un petit mot, dans un code indéchiffrable :

Pour toujours et à jamais, notre flamme.
Au carré d'Al-Chen, tu trouveras un jeune garçon du nom de Tymé, porteur de la vérité et de mon amour.

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