L'aube colore le ciel d'un orange nouveau, surprenant une ombre qui se glisse au-dehors du manoir s'élevant haut dans le ciel encore teinté de la nuit, rejoignant les écuries. Quelques secondes plus tard, les sabots d'un grand équidé claquent sur les pavés. L'ombre file dans la grande rue encore endormie, le visage de son cavalier dissimulé sous une cape sombre. Dans la nuit, elle se fond et avance parmi les ombres, s'éloignant des larges rues des hauts quartiers pour trouver les ruelles marchandes. L'équidé ne renâcle pas, aussi silencieux que sa maitresse. Seuls ses sabots claquent toujours dans les rues qu'il emprunte, selon les désirs de l'ombre sur son dos, murmurant quelques instructions à son oreille. Les minutes défilent, les rues se succèdent. Al-Jeit est grande, Al-Jeit s'éveille. Et doucement, les premiers rayons s'étirent derrière les montagnes, caressant les plus hauts sommets de la capitale. Le jour se lève et avec lui, une nouvelle aventure. L'ombre ne sourit pas sous sa capuche, son visage nu de la moindre émotion, pourtant, elle se réjouit de ce voyage, des promesses de ces prochains jours, d'une expérience nouvelle. Pour elle, mais surtout pour la petite. Cette fois-ci, plus question d'un jour ou deux, plus question de se dissimuler dans son manoir, de passer d'un masque à l'autre, coupant net à son apprentissage, plus question de remettre à demain ce qui doit être fait aujourd'hui. Cette fois-ci, le voyage durera un mois. Un long mois lors duquel l'apprenti suivra son maître, un terrible et long mois lors duquel le maître fera vivre un enfer à son apprenti, mêlé d'intenses leçons et d'aventures. Un mois marchombre. La Voie est pavée d'inconnu, d'excitation, de libertés, la Voie n'est pas tracée et lors de ce mois, le maître et l'apprenti poseront de nouvelles pierres sur cette route de briques jaunes qu'elles empruntent ensemble le temps d'une page de leur vie.
Les volets s'ouvrent, les portes claquent, les alaviriens sortent du sommeil et s'éveillent. Dans ces petites ruelles, la vie renait après la nuit et la silhouette sombre dévoile son visage à la lumière. Son regard pâle scrute la rue, observant le moindre habitant de la capitale, la moindre brèche. Sa respiration calme ne tressaute pas lorsqu'elle met pied à terre, restant aux côtés de l'étalon, toujours silencieux. Ses mains s'emparent alors de sa capuche, la laisse retomber, dévoilant une longue chevelure sombre aux reflets d'ambre retombant sur ses épaules. Et Eleanor attend, là, au beau milieu de la rue, son apprenti. Les minutes s'étirent, s'écoulent, l'aube est passée déjà, et soudain, un sourire s'étire sur ses lèvres. Et avant qu'elle ne se retourne, sa voix brise le silence matinal de la rue en éveille.
- Tu es en retard, le soleil s'est déjà levé.
Sourire effacé, la marchombre se retourne, fait face à son élève. Quelques secondes, elle l'observe, prend un instant pour graver cet instant en mémoire. Dans un mois, cette enfant sera différente, légèrement, certes, mais différente. Quelque chose en elle est sur le point de se produire, un changement majeur. Un changement qu'elle n'escompte pas même un instant.
- Allons-y. Et en silence. Sur le chemin, observe la rue, observe les alaviriens, observe le monde. Ecoute l'aube, laisse-la t'offrir ce qu'elle a pour toi. Laisse tes sens capter la moindre information et apprend d'eux.
D'un geste, la femme enjoint son élève à ne poser aucune question, ce n'est pas l'instant pour. Ce matin, il lui faudra faire preuve de patience et apprendre à écouter, tout du moins lors de ce cours voyage qui les mènera à leur première destination. C'est donc dans un silence commun que maître et élève avancent dans les rues d'Al-Jeit, la femme aux côtés de son grand étalon pommelé, silencieux lui aussi. Les rues défilent sous leurs bottes, les gens sortent et la vie a repris. Soudain, Eleanor s'arrête devant un bâtiment. Des écuries. Elle pose un regard sur son élève, entre, salue un écuyer auquel elle confie sa monture. La marchombre se tourne vers la jeune fille, mais croisées devant elle.
- Nous partons un mois, je ne compte pas marcher et toi non plus, il te faut une monture. Il est facile d'en choisir une pour sa couleur, son prix, ou même simplement pour aucune raison particulière.
L'ombre d'un sourire s'étire au coin de ses lèvres.
- Ton choix ne doit pas se faire à la légère, ton cheval sera ton allié, vous ne ferez qu'un. Tout à l'heure, je t'ai demandé d'observer, sur le chemin, tu as laissé tes sens capter le monde, pour le comprendre. Vas, regarde chaque écurie, observe et écoute ce que ces chevaux ont à te dire. Et fais ton choix, fais-le bien.
Le propriétaire de l'écurie est prévenu, qu'importe l'animal, Eleanor y mettra le prix. La jeune apprentie a le champ libre, mais cela, elle l'ignore.
- Ce sera mon premier présent pour toi. Et ta première leçon de ce long voyage. Silence et écoute. Vas, maintenant, je t'attend ici.
Les volets s'ouvrent, les portes claquent, les alaviriens sortent du sommeil et s'éveillent. Dans ces petites ruelles, la vie renait après la nuit et la silhouette sombre dévoile son visage à la lumière. Son regard pâle scrute la rue, observant le moindre habitant de la capitale, la moindre brèche. Sa respiration calme ne tressaute pas lorsqu'elle met pied à terre, restant aux côtés de l'étalon, toujours silencieux. Ses mains s'emparent alors de sa capuche, la laisse retomber, dévoilant une longue chevelure sombre aux reflets d'ambre retombant sur ses épaules. Et Eleanor attend, là, au beau milieu de la rue, son apprenti. Les minutes s'étirent, s'écoulent, l'aube est passée déjà, et soudain, un sourire s'étire sur ses lèvres. Et avant qu'elle ne se retourne, sa voix brise le silence matinal de la rue en éveille.
- Tu es en retard, le soleil s'est déjà levé.
Sourire effacé, la marchombre se retourne, fait face à son élève. Quelques secondes, elle l'observe, prend un instant pour graver cet instant en mémoire. Dans un mois, cette enfant sera différente, légèrement, certes, mais différente. Quelque chose en elle est sur le point de se produire, un changement majeur. Un changement qu'elle n'escompte pas même un instant.
- Allons-y. Et en silence. Sur le chemin, observe la rue, observe les alaviriens, observe le monde. Ecoute l'aube, laisse-la t'offrir ce qu'elle a pour toi. Laisse tes sens capter la moindre information et apprend d'eux.
D'un geste, la femme enjoint son élève à ne poser aucune question, ce n'est pas l'instant pour. Ce matin, il lui faudra faire preuve de patience et apprendre à écouter, tout du moins lors de ce cours voyage qui les mènera à leur première destination. C'est donc dans un silence commun que maître et élève avancent dans les rues d'Al-Jeit, la femme aux côtés de son grand étalon pommelé, silencieux lui aussi. Les rues défilent sous leurs bottes, les gens sortent et la vie a repris. Soudain, Eleanor s'arrête devant un bâtiment. Des écuries. Elle pose un regard sur son élève, entre, salue un écuyer auquel elle confie sa monture. La marchombre se tourne vers la jeune fille, mais croisées devant elle.
- Nous partons un mois, je ne compte pas marcher et toi non plus, il te faut une monture. Il est facile d'en choisir une pour sa couleur, son prix, ou même simplement pour aucune raison particulière.
L'ombre d'un sourire s'étire au coin de ses lèvres.
- Ton choix ne doit pas se faire à la légère, ton cheval sera ton allié, vous ne ferez qu'un. Tout à l'heure, je t'ai demandé d'observer, sur le chemin, tu as laissé tes sens capter le monde, pour le comprendre. Vas, regarde chaque écurie, observe et écoute ce que ces chevaux ont à te dire. Et fais ton choix, fais-le bien.
Le propriétaire de l'écurie est prévenu, qu'importe l'animal, Eleanor y mettra le prix. La jeune apprentie a le champ libre, mais cela, elle l'ignore.
- Ce sera mon premier présent pour toi. Et ta première leçon de ce long voyage. Silence et écoute. Vas, maintenant, je t'attend ici.