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L'art de la fuite! Ou comment embarquer quelqu'un sans son bon vouloir.

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descriptionL'art de la fuite! Ou comment embarquer quelqu'un sans son bon vouloir.  EmptyL'art de la fuite! Ou comment embarquer quelqu'un sans son bon vouloir.

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« Ma vie est définitivement destinée à être un amoncellement continuel d’emmerdements ! »

Bien que faiblement murmurée, la remarque prend tout son sens quand on observe d’un peu plus loin la scène. Par terre, rampant dans la boue, sous l’orage, une petite femme essayait, tant bien que mal de traverser la route. Il faut dire que la peau mate et les cheveux bruns de la donzelle se mélangeaient parfaitement avec la … « situation ». Comment, me diriez-vous, notre Crevette préférée c’est retrouvée dans cet état ? Le moins qu’on puisse dire c’est que la journée avait-été longue.



« Liberté, liberté … qu’est-ce que tu me vas à ravir ! »

Adoptant la position de l’étoile de mer, Amëlia profitait des rayons du soleil sur sa peau. Le sable fin caressant ses doigts, les vagues chatouillant ses orteils, la brise légère s’engouffrant dans ses vêtements. Autrement dit la belle vie.

« Dégage la place gamine ! »

Surprise, la jeune Pirate ouvre les yeux, se retrouvant nez à nez avec un équidé. « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? ». Soudain elle aperçût une silhouette au dos de la monture. Regardant autour d’elle la jeune femme hallucinait. Sur toute la longueur de la plage il n’y avait personne, excepté cet imbécile de cavalier qui, bien sûr, ne trouvait rien de mieux que passer à l’endroit exacte où Amëlia se tenait.

« Nan mais tu déconnes, il y a personne autour et tu n’es pas capable de contourner ? »

L’homme ne lui répondit pas, au contraire il ordonna à sa monture d’avancer. Ce qu’elle fit, obligeant donc la jeune fille à se lever en vitesse pour esquiver les sabots du pachyderme. Prise d’une envie de meurtre la jeune femme répliqua en criant.

« FACE DE NIMURDE ! CRÉTIN INVERTÉBRÉ ! FACE DE TS’LICHE DÉNUÉ DE CERVELET !!!!!! »

Mais l’individu était déjà bien loin, laissant notre Crevette à son désarroi et sa colère. Furieuse, la jeune femme essayait de décompresser en se perdant dans les injures.

« Non mais j’vous jure. Si je recroise la route de cette misérable larve d’Alavirien je le trucide ! » bougonna-t-elle avant de se baisser pour ramasser son sac.

Cependant, ce qu’elle n’avait pas prévu, c’était que son sac serait mouillé. Dépitée elle traversa à plage à la recherche d’un rocher ou arbre pouvant lui faire office de perchoir. Elle trouva rapidement son bonheur, s’empressant alors de sortir ses affaires une à une. Elle suspendit ses quelques vêtements de rechange sur une branche, puis observa, satisfaite la nourriture. Maligne, la jeune femme avait pensé à la placer dans une sorte de petit coffre imperméable en métal, assez léger. Point positif : son casse-croûte était sauvé ! Le reste n’était pas réellement endommagé par le sel marin : boussole, flacons, flasque … même la bouteille de whisky était intacte (Dieu merci!). Les cartes avaient été soigneusement placées dans le coffre, du coup pas de réelle perte à déplorer. Si ce n’est que ses armes étaient trempées et ses vêtements au séchoir.

Profitant de la situation la gamine s’installa sur un rocher, contemplant l’océan. Elle se permit alors de grignoter un morceau de pain et d’étudier sa carte. Selon celle-ci, et si le Capitaine savait naviguer, Amëlia devait se trouver environ à 50km au Sud-Ouest d’Al-Jeit,  sur une pointe.

« Alors on se prélasse la Déserteuse ? »

Perdue dans ses pensées Amëlia n’avait pas entendu les individus approcher. « Maître Kalik... ». Notre Pirate savait que tout se jouerait dans la minute. Ils étaient deux, l’équipage avait ainsi déjà accosté. Rapide elle dégaina son sabre et se jeta en avant, bien que surprit, l’assaillant para le coup. Cependant l’attaque frontale n’était pas recherchée, au contraire la jeune femme avait balancé sa jambe pour crocheter le pirate qui s’effondra alors en arrière, sa tête heurtant la pierre. Assommé, il n’en restait plus qu’un. Le second était maigre et chétif : le canonnier. Il voulut lui bondir dessus mais Amëlia sorti sa dague au bon moment lui lacérant le ventre. Le second Pirate s’écroula, ses mains sur la plaie.

Aucun des deux n’était mort, mais Amëlia n’avait pas le temps de les achever, qui sait peut-être les autres n’était pas loin. Elle s’empara de ses affaires, fourrant le tout dans son sac, et prit les jambes à son cou.

Elle courut pendant presque une heure sans s’arrêter, avant de s’effondrer d’épuisement contre un arbre. Crevette avait atteint une sorte de bosquet qui pouvait faire office d’abri pour passer la nuit. Elle s’apprêtait à prendre de la hauteur quand un grondement dans le ciel se fit entendre. N’ayant pas le temps de dire ouf, Amëlia se retrouva avec un sceau d’eau sur la tête.

« Journée pourrave au rendez-vous ! »

Mais à peine eut-elle le temps de finir sa phrase que des voix fusèrent : ils avaient déjà retrouvé sa trace ! Cependant Amëlia n’aperçut pas les deux gus de tout à l’heure. Juste … tout le reste, dont le Capitaine Jonas. Avec la pluie elle gagnait un avantage : elle était difficilement repérable. Mais bien que stupide, ses ex-coéquipiers étaient à la botte d’un rancunier, du coup pas question de prendre de risque.


C’est de cette façon que notre crustacé s’est retrouvé dans cette situation. Ne pouvant pas réellement bouger, les Pirates l’avaient encerclé sans le savoir. Elle fut donc contrainte de camper pendant des heures, et ce jusqu'à que l’orage devienne de plus en plus violent. Ses opposants ne semblaient pourtant pas vouloir voir ailleurs et pour éviter d’être repérée Amëlia décida d’essayer le tout pour le tout en tentant de passer à côté d’eux sans qu’ils la voient : soit en rampant dans la boue.

Bien que désagréable, son plan fonctionna à merveille, ce qui permit à notre Aline de distancer les balourds. La pluie cessa peu après, la laissant couverte de boue.

« C’était trop demandé quelques minutes de plus pour me rincer ? » soupira- t-elle.

Elle partit donc à la recherche d’un point d’eau mais n’en trouva guère. La mer était déjà loin et Amëlia commença à apercevoir les premières bâtisses. Elle pénétra dans un petit village, recherchant une taverne ou auberge. Trouvant son bonheur au « Jeune Vieillard » elle demanda à l’aubergiste une chambre, et surtout des douches. Par chance il y avait encore des chambres de libre. Elle paya en avance et monta à l’étage, se déshabillant elle s’engouffra dans une sorte de cuve remplie d’eau. Peu importe la morsure du froid, le plaisir de se sentir propre était délicieux. Elle prit son temps pour faire une lessive et se para d’habits propres et secs. Une fois tout ceci terminé elle en profita pour descendre grignoter.

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Elle y pense encore. Le revoit, Fynn. Et tremble devant le voile brisé. Croyait-elle la guerre terminée ? Ses princes vont s'entretuer. Inévitablement. Aucun ne laissera victoire à l'autre. Inconcevable. Frères, ils se ressemblent plus qu'ils ne le croient. Ils ont leur fierté, si différentes qu'elles soient. Mais ils ne perdront pas l'un contre l'autre. Le frère. Ils se battront jusqu'à la fin. Elle le sent, elle le sait. Les connait.
Et elle ? Où se placera-t-elle ? Que fera la perle ? Kaïllane l'ignore. Lorsqu'il s'agit d'autres, pas de doutes possible. Sa peau d'abord. Celle des autres ensuite, si nécessaire. Mais eux...
Ses princes sont tout. Ils sont sa raison d'être, sa famille, ceux qui ont fait d'elle qui elle est.
Elle les aime. D'un amour passionnel, depuis toujours. Comme si l'Océan lui-même l'avait poussée dans leurs bras.
Ross, son âme. Fynn, sa raison. Ses princes... Elle les aime.
Et est incapable de choisir. Pourtant, elle le sait, là est bien le problème. Elle n'a jamais su choisir entre eux. Ils haïssent sa façon de les aimer, tous les deux. En même temps. De deux battements de coeur identiques et pourtant à contre-temps.
Plutôt mourir que de choisir. Plutôt se battre contre ses princes que d'observer leur fin. Un calvaire insoutenable. Impensable. Choisir n'est pas une option, elle se battra s'il le faut.

Et la pirate le revoit, cet homme qu'elle a tant aimé, lui reprocher les maux du monde, dans cette ruelle froide du port. Quelques semaines à peine plus tôt, mais elle n'en a rien dit à Ross. Il n'a pas besoin de savoir, pour l'instant. Elle ne fera pas l'erreur de lui en parler dans les jours qui suivent. Et même si elle le fait, que fera-t-il ? A l'heure qu'il est, Fynn doit être bien loin de ce port, de cette ville. A la recherche de son frère ou non. Peu importe. Ils ne se croiseront pas, son amant ne saura pas. Pas tout de suite. Même si elle le lui avoue, il ne pourrait faire quoique ce soit à sa reine. Elle lui tient toujours tête, quoiqu'il dise. Dévouée, mais pas soumise. Surtout lorsqu'il s'agit de sa famille.
Et elle compte bien obtenir des explications de sa part. Pour toutes ces révélations faites par le capitaine du Fou de Bassan.

Kaïllane soupire. Et crie, fait sursauter ses deux compagnons.


- Un problème, Kaïllane ?

Ils ont quitté le navire pour quelques jours et marchent dans la rue, à la recherche d'une auberge quelconque. La lieutenante a exprimé son désir de dormir dans un lit stable l'espace de quelques nuits. Davantage pour s'éloigner de cette coque qu'elle rêve de voir réduite en cendres. Mais aussi pour réfléchir, seule. Il lui est légèrement difficile de le faire dans les bras de son amant ou au coeur du bâtiment et de son activité. Alors elle est là, dans cette petite ville bien loin de l'Océan.

- J't'ai pas sonné, Jakk.

L'homme d'une trentaine d'années soupir.

- T'sais, t'es pas obligée de nous faire subir ton humeur. Si on a accepté de venir avec toi, c'pas pour ça.

- Si j'ai accepté que vous veniez, ce n'est pas pour t'entendre tout le long du trajet.

L'homme éclate de rire, la laisse dans son coin, commençant une discussion avec leur troisième compagnon, une femme. Ane. Autre qu'eux auraient pu craindre le tempérament de la femme, seulement, de l'équipage, ils sont sûrement ceux qui la laisse le moins indifférente. Ils se permettent quelques écarts avec leur lieutenante. Et amie.

La pirate plongée dans ses pensées ne voit pas le temps passer. En une vingtaine de minutes, ils réussissent à trouver une auberge à la réputation pas bien mauvaise pour accueillir les alines qu'ils sont. Avant de rentrer, Kaïllane prend soin de voiler son corps tatoué. Détruire leur couverture à cause de ses tatouages alines serait du plus mauvais goût.
La porte grande ouverte, ils entrent. La salle est déjà de moitié remplie. Espérons qu'ils obtiennent deux chambres. La femme, par habitude, parle avant qu'ils ne prennent la peine de le faire, pour leur ordonner d'aller réserver deux chambres pour la nuit. Demander. Leur demander... Lorsqu'elle se posera à une table en les attendant, un verre de rhum à siroter. Ou vider cul sec.

Ses deux compagnons se dirigent vers l'accueil, la lieutenante vers la salle à manger de l'auberge.


- Par l'Océan, faites qu'ils aient du bon rhum.

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Amëlia se regarde une dernière fois dans le miroir. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait, la Crevette reste une Crevette. Étonnée elle remarque que son teint a pâli, on pourrait même le qualifier de normal. Malgré les derniers jours dans la pluie et la boue, reste qu’on observe toujours une peau bronzée mais bon… ça elle le tenait plus à ses origines qu’au soleil. Pourtant la jeune Aline ne connaissait rien de celles-ci, n’ayant aucun parents, elle reste la gamine des rues recueillie par la vielle Klark.

« Et puis merde hein, on s’en fiche de savoir d’où on vient tant qu’on sait qui on est ! Moi je suis libre et il n’y a rien de mieux comme sentiment. »

Elle venait tout juste de glisser son poignard à sa ceinture. À ses pieds gisaient quelques cheveux, Amëlia venait de se les raccourcir pour plus de facilité (et histoire de passer inaperçue aussi). Ils restaient toujours les mêmes : bruns et très légèrement ondulés, mais désormais assez court, formant un carré autour de son visage. Au final ça lui allait plutôt bien, mettant en valeur ses yeux sombres et faisant ressortir ses joues creuses.
Bon, pas de quoi s’extasier non plus !

L’altercation avec ses anciens compagnons de voyages quelques heures auparavant l’avait mise sur ses gardes. En descendant les escaliers de l’auberge, elle ne préféra pas se faire remarquer, et en un geste elle devient invisible parmi les autres clients. S'appuyant contre le bar, elle observa les boissons quelques secondes avant de commander. Il’s n’avaient pas de whisky, mais que du rhum.

« Un verre de rhum s’il vous plait » balança t’elle au barman, qui lui répondit d’un geste.

Aussitôt dit aussitôt fait, Amëlia ne patienta pas et portant son verre à la bouche, elle pria pour que les Alaviriens ne vendent pas de l’alcool de pacotille.
Mais ses prières ne furent pas exaucées. Diantre qu’avait-elle fait au monde pour qu’il s’acharne ainsi contre elle?!!??! Un tout petit verre de BON rhum, c’est bien peu demandé en contrepartie de la journée peu agréable qu’elle venait de passer. Elle voulu alors interpeller le tavernier, mais se retient.

« Pas le moment de faire des vagues…»

Et puis, elle n’y pouvait rien si les gens du continent ne connaissait pas le vrai rhum. Elle se contenta donc d’avaler cul sec ; regrettant un établissement digne de ce nom, où on sert du rhum digne de ce nom.

Elle observe alors autour d’elle, partant en mission de reconnaissance. L’auberge n’était pas silencieuse, certains pourraient considérer cela comme désagréable, mais Amëlia s’en contentait avec joie. Moins il y a de personnes qui lui posent de question, mieux elle se porte.
En ne put s’empêcher de remarquer que c’était la première fois qu’elle voyait autant d’hommes honnêtes à se saouler joyeusement.

Laissant son regard dériver vers la porte elle constata qu’il n’y avait qu’une seule entrée, et qu’une seule sortie. En cas de pépin il allait falloir improviser, la fenêtre de l’étage donnait sur l’étable à son souvenir… espérons qu’elle ne doive pas emprunter ce chemin.
À son souvenir elle les avaient semés et surtout, connaissant ces crétins jamais ne ce seraient-ils aventurés aussi loin.

« Oh et puis mince, n’importe quel individu peut constater que ce breuvage est écœurant, pourtant j’ai soif l’ami alors sers m’en un deuxième ! » Le tavernier la regarda en souriant, il semblerait que ce ne soit pas la première à le … « complimenter » sur la boisson.

Mais n’eut-elle pas le temps d’attraper sa seconde providence qu’elle fut propulsée hors du tabouret qui accueillait son arrière-train! Un ivrogne venait de la bousculer en demandant un dernier verre au barman. La jeune pirate aurait voulu se lever pour lui coller une bonne raclée, mais elle n’eut même pas le temps de bouger un orteil que le maître des lieux avait propulsé le dit spécimen hors des lieux. « Bien fait crétin ».
Tout en marmonnant compliments et douces paroles emprunt de gentillesse, elle se retrouva alors nez à nez avec une femme. Plutôt grande, blonde aux yeux bleu, plus âgé qu’Amëlia mais de peu.

« Navrée milady, mais il semblerait que vous vous trouvez entre moi … et mon verre de rhum ! »

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La grande blonde se stoppe à l'entrée de la salle, laisse son regard azure se promener sur les visages. Des hommes et femmes, prêts à se saouler le temps d'une soirée dans l'espoir d'oublier leur misérable vie, remplissent les chaises des lieux. Ces alaviriens ne semblent pas si différents, dans les faits, aux alines. Seulement, le physique rattrape le tout. Et Kaïllane ne consentira jamais à avouer que les deux peuples se ressemblent sur certains points. Malgré tout, les alaviriens sont d'un ennui mortel, de pauvres petits moutons utiles qu'à être pillés. Rien que l'absence de musique le prouve et ce calme si plat qu'elle rêverait de briser d'une bagarre générale, pour se défouler elle-même sur de pauvres innocents. A défaut de pouvoir le faire sur ses princes, ne les ayant pas sous la main. Fort heureusement, par ailleurs.

La lieutenante s'est éloignée de la Perle des Sables et de son fiancé dans l'espoir de calmer sa rage et son envie de brûler les voiles du navire chéri par ses deux capitaines. Autant s'assoir, prendre un verre et se détendre en attendant le retour de ses amis, et ainsi continuer la soirée, vidant verre après verre. Et se vider l'esprit par la même occasion...

Alors que Kaïllane prend la direction du bar, elle entend un bruit sourd provenant de ce dernier. Son oeil repère bien vite la source de ce bruit béni des Océans, brisant le calme crispant de l'auberge. Un ivrogne vient de renverser une jeune femme, assise auparavant sur son tabouret. A présent à terre, bien évidemment. Sans même qu'elle ne puisse défendre son honneur, le maître des lieux expulse l'ivrogne en dehors de son établissement.
Etonnée, Kaïllane sourit au souvenir des auberges et tavernes des îles. Rien de comparable. Ses pas ne se sont pas même stoppés lors de l'altercation, la menant tout droit vers le bar et cette jeune femme. Cette dernière se relève, marmonnant quelques mots doux dans sa barbe à l'intention de son agresseur. Et lorsqu'elle se retrouve nez à nez avec la grande blonde, elle se stoppe net. Quelques secondes à peine, elle l'apostrophe. Et Kaïllane en rit presque.


- Milady ? Si l'on m'avait dit un jour que l'on me donnerait tel titre.

La pirate jette un oeil sur le-dit verre de rhum. D'une main ferme qu'elle relève, ses doigts se tendent, l'amènent à elle, plongeant son regard dans le liquide transparent. L'aline relève son attention sur la femme face à elle, lui tend son verre tant désiré.

- Navrée, chérie, je ne voulais pas m'opposer entre vous deux.

Un sourire s'étire sur ses lèvres, persuadée qu'elle pourrait enfin s'amuser un peu dans cette auberge miteuse. De tous les visages qu'elle a pu observer dans cette salle, seule cette fille semblait digne d'une attention. Peut-être cette légère étincelle revêche dans son regard, qui sait. En tous les cas, elle serait un divertissement suffisant.
Alors, Kaïllane se retourne vers le bar, commande deux verres de rhum. L'homme, d'une main plutôt assurée, dépose deux verres sur le comptoir, les rempli dans la même seconde. Des pièces passent d'une main à une autre, les verres terminent dans celles de la grande blonde. Elle se retourne, tend l'un des deux à la jeune femme, toujours face à elle.


- Parce qu'il est inconcevable de se retrouver assoiffée dans un tel endroit.

Cul sec. Bruit sourd du verre posé sur le bar, derrière elle.

- Malgré ce que l'on peut croire, même ici, les auberges sont mal fréquentées.

La pirate fait allusion à l'ivrogne, à présent livré à la nuit, en quête d'une nouvelle auberge ou taverne à hanter.

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