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Dans le coin le plus sombre de l’auberge, un grand type était assis à une table. Appuyé nonchalamment contre le mur, son attitude laissait croire à la majorité des clients de l’auberge qu’il était totalement inoffensif. Ce qui aurait dû leur mettre la puce à l’oreille, mais qui ne l’avait pas visiblement fait, était tout un tas de petit élément pour le moins incongru. Premièrement, il n’avait pas choisi cette table là au hasard. Certes, le fait qu’elle soit dans l’ombre s’avérait relativement pratique mais de là où il était, il voyait une grande majorité de la salle et principalement, la porte d’entrée… si on pouvait appeler comme ça le grand panneau de bois qui fermait la bâtisse. Deuxièmement, il cachait la partie haute de son visage d’un masque. Grâce à la capuche qu’il avait relevé et la manque de luminosité, on ne pouvait pas réellement voir que le masque s’avérait de relative bonne facture malgré son aspect usé. Si au début, le fait qu’il dissimule son visage avait attiré les regards des clients, il avait réussi à se faire oublier. En face de lui, une chope auquel il n’avait pas touché s’était réchauffée depuis longtemps. Peu importait, elle n’était pas là pour être bue mais pour que le patron lui fiche la paix. Il n’allait pas s’empoisonner avec la bière locale non plus.

Cela faisait déjà un certain temps qu’il était assis en silence et sans bouger dans l’angle. Et pour une excellente raison, il attendait quelqu'un. Son immobilité ne permettait pas de dire qu’il commençait sérieusement à s’impatienter… et pourtant. La journée commençait à tirer à sa fin, et il avait une réception de la plus haute importance à la Cour le soir même. S’il était décidé à attendre jusqu'à la dernière minute, c’était parce que la personne qu’il devait rencontrer était son informateur… mais pas n’importe quel informateur. Celui qui possédait toujours l’information intéressante et vérifiée. Et quand celui-ci vous contactait pour vous annoncer qu’il avait du nouveau, ce n’était pas la personne que vous choisissez d’ignorer. Surtout qu’il était rare que celui qu’il connaissait sous le nom de Jilano, très mauvaise référence à l’histoire apparemment, n’avait encore jamais demandé à Tarendal de se déplacer. Après un rapide échange, le nom du village et l’heure du rendez-vous avait été échangé.

Par toutes les damnations du Chaos, il lui était tout bonnement impossible de se rappeler le nom du misérable village dans lequel il se trouvait. Le propriétaire du taudis dans lequel il se tenait lui avait même répété d’un ton affable tout en lui souhaitant la bienvenue. Peu importe, ce n’était pas le genre de village dont il était intéressant de retenir le nom. Évidemment, ce genre de rendez-vous ne s'effectuait jamais dans des endroits où l’on avait envie de se rendre. En l’occurrence, ce qui l’avait particulièrement agacé cette fois-ci, c’est que le village se trouvait en plein milieu des Marches du Nord. Soit le pire endroit pour effectuer un Pas sur le Côté. Avec les aléas du Dessin dans cette région de mort, on était jamais bien sûr de se retrouver au bon endroit. Le type était fiable, c’est ce qui l’avait poussé à rester aussi longtemps. En temps normal, il aurait probablement attendu une heure tout au plus.

Ses lèvres s'étirèrent en un fin sourire quasi imperceptible. D'habitude, la réputation qu’il avait le prévenait contre ce genre de problèmes. Personne n’aimait avoir un Mercenaire en colère sur le dos. D'autant que la réputation qui était taillé au « grand type qui porte un masque » était peu glorieuse. Définitivement un type qu’on avait pas envie de se mettre à dos. Le sourire disparut aussi vite qu’il était arrivé. C’est à cet instant que quelqu'un franchit le pas de la porte. La lumière du soleil couchant l’aveugla uniquement le temps que la porte se referme d’elle-même et il eut pleinement loisir d’observer l'inconnu. C’est là que les choses devinrent intéressantes : sa tenu et son équipement ne laissait aucun doute… un Frontalier. Il était bien possible qu’il soit l’informateur qu’il attendait. L’astuce consistait maintenant à s’assurer que c’était bien lui… ou pas. Sauf que la taverne était pleine craquer, toutes les tables étaient occupées. Visiblement, avec la fin de la journée, les habitants du coin venait se retrouver à la seule et unique taverne du village. Ça n’allait pas lui faciliter la tâche. Soit il s’asseyait à une table parce qu’il connaissait des gens. Soit il s’asseyait à sa table… ce qui pouvait dire deux choses. Il allait devoir se montrer malin, mais il ne s’inquiétait pas trop. C’était à la hauteur de ses capacités.

Précisions :

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Les Raïs. Encore et toujours les Raïs. La vie de chaque Frontalier était régulée depuis des siècles par les aléas et mouvements de ce peuple d’homme -cochons. La vie pour tous dans les Marches du Nord aussi d’ailleurs. Nul besoin alors d’aller chercher très loin pour trouver la raison qui motivait la présence d’un groupe de sept Frontalier dans ce village perdu des Marches du Nord.

À peine deux jours plus tôt, deux cavaliers étaient arrivés au galop dans la grande cour de la Citadelle, venant demander de l’aide aux Frontaliers. Leur village était attaqué par un groupe de Raïs et deux personnes avaient perdu la vie en tentant de les chasser du village. Comme la menace Raïs n’étant estimé qu’ait une quinzaine ou petite vingtaine de guerriers cochons, seule une petite délégation de Frontalier avait été dépêchée pour leur porter main forte. Aussitôt montés en selle, sept des Frontaliers de la cavalerie s’étaient dirigés vers le village.

Parmi eux se trouvait Alec. Archer de la cavalerie, grand, mais moins imposant que la plupart de ses compagnons, des cheveux brun-roux et monté sur un grand étalon blanc… jusque-là rien de bien particulier. Il est cependant difficile d’ignorer les cicatrices qui barrent son visage ou le grand loup gris qui chemine souvent à ses côtés.

Sortir de la Citadelle fut plus profitable à Alec qu’il ne l’eut d’abord cru. À peine quelques jours plus tôt, un incident s’était produit dans une taverne du village aux pieds de la Citadelle. Un incident où Alec avait manqué de peu de tuer un autre Frontalier… Toute l’histoire et les souvenirs de la mort de son frère l’aveuglant de colère, de rage et de douleur, il avait failli commettre l’irréparable. Autant il s’en voulait maintenant pour cette perte de contrôle, autant il n’arrivait plus à refermer une énième fois la blessure que la culpabilité de la perte de son frère avait ouverte en lui.

Sortir d’un environnement où tout lui rappelait Yaän enlevait un peu de poids sur ses épaules. Ayden et Nirina, ses deux amis, n’avaient peut-être pas si tord lorsqu’ils lui disaient qu’il devrait quitter la Citadelle pour un moment… Mais comment abandonner son poste? Comment laisser les siens face aux Rais toujours plus présent à la frontière pour simplement partir vagabonder sans but? C’était impensable et contre toutes ses valeurs de Frontaliers. Un complet manque d’honneur. Alors il avait refusé leurs offres et était resté. Mais cette mission, tout utile est-elle, avait eu aussi du bon pour lui.

Ils étaient arrivés la veille au soir au village et avaient rapidement repéré les Raïs, qui rôdaient autour du village et avaient déjà fait un ravage considérable pour leur petit nombre. Malgré la nuit tombante, les Frontaliers les avaient attaqués. Le combat ne fut que de courte durée. Aucun Frontalier ne tomba, mais l’un des plus jeunes fut blessé au bras.

Comptant un blessé et la nuit étant tombée, il avait été décidé qu’ils resteraient pour la nuit au village, louant des chambres à l’auberge locale. Ils n’étaient qu’à une journée à cheval de la Citadelle et le groupe décida de retourner le matin même à la Citadelle.

C’est en entrant dans le box où le palefrenier de l’auberge avait installé son étalon, Éclipse, qu’Alec comprit qu’il ne serait pas du voyage de retours. Du moins, pas aujourd’hui. Son cheval se tenait au fond du box, nerveux, et se tenant étrangement debout. Alerté, Alec rassura rapidement Éclipse et fit un rapide examen physique de sa monture. Une chaleur irradiait de sa patte arrière gauche. Alec faillit voir rouge lorsqu’il découvrit qu’une des planches de la palissade du box s’était décrochée et était tombé au sol. Éclipse s’était soit blesser la patte en marchant dessus, soit quelque chose l’avait effrayé cette nuit, il avait rué et c’était blessé en frappant la palissade.

Peu de choses étaient plus précieuses aux yeux d’Alec que son cheval. Il l’avait dressé lui-même alors qu’Éclipse n’était qu’un poulain. Il entretenait avec lui une relation unique. C’était plus qu’une monture pour lui, c’était un compagnon d’armes, un ami, un partenaire.

Après avoir expliqué à ses compagnons d’armes qu’il ne pouvait reprendre la route avant d’être certain qu’Éclipse n’était pas blessée sérieusement, il leur dit au revoir. Les six Frontaliers repartirent vers la Citadelle et Alec passa toute la journée à s’occuper d’Éclipse. Compresse d’eau froide, légers exercices pour mesurer la gravité de la blessure, passage chez l’apothicaire du coin pour des herbes soignantes… Il n’avait même pas eu le temps d’aller demander des comptes au palefrenier ou à l’aubergiste. D’ailleurs, après l’avoir vu sortir furieux des écuries tôt ce matin, ils avaient semblé l’éviter comme la peste.

Écho avait fait quelques apparitions, mais le village le rendait mal à l’aise. Le chien-loup s’était donc enquis de la situation de son frère de meute et était rapidement reparti vers la forêt. Alec savoir qu’il ne s’éloignerait pas et ne ferait que rôder aux alentours. Un simple appel et ils reviendraient à ses côtés, lorsqu’il serait prêt à partir. Il croisa les doigts un instant pour qu’il ne lui vienne pas à l’esprit d’attaquer le bétail d’un fermier du coin, ou qu’il ne vienne à l’idée d’un fermier d’attaquer Écho s’il le voyait. Si une chose était tout aussi précieuse pour Alec que son cheval, c’était bien Écho.

Ce n’est que lorsque le soleil commença à décliner dans le ciel qu’Alec retourna vers l’auberge. Il ne s’était pas rendu compte à quel point il avait faim, mais cela importait peu. Trop d’inquiétude à propos d’Éclipse lui nouait le ventre. Il se retint de justesse de laisser échapper un soupire d’exaspération en constatant que l’auberge état plein à craquée. Plus une seule table n’était libre. Déjà qu’il détestait les foules, cela compliquait sa quête pour un diner potentiel.

S’approchant du tavernier qui servait des cailles à une tablée de cinq voyageurs déjà passablement souls, il lui demanda s’il était possible de commander à manger puis d’aller manger à l’étage, dans sa chambre. Le tavernier fit de vagues signes en marmonnant quelques mots.

    « Mphmm… trop occupé… »


Puis il se tourna vers une petite table sur sa gauche et la désigna à Alec, parlant maintenant assez fort pour que l’homme assis à celle-ci l’entende. Son ton joyeux était pourtant sans équivoque, l’homme n’avait aucun moyen de s’opposer.

    « Asseyez-vous donc ici, mon cher Frontalier! Je suis certain qu’il fera plaisir à notre voyageur ici présent de partager sa table avec l’un des valeureux guerriers qui à sauver notre village des Rais hier, non? Je vous apporte quelque chose à manger tout de suite. »


Satisfait d’avoir régler son problème, et ne laissant pas le temps à l’un ou à l’autre de répliqué, le tavernier retourna rapidement vers ses cuisines. Alec serra légèrement les mâchoires. Il n’avait pas particulièrement envie d’une soirée sociale et souhaitait retourner voir l’état d’Éclipse le plus rapidement possible, mais il n’avait pas vraiment le choix.

L’homme assis à la table était particulier. De tous les clients de l’auberge, c’était celui qui avait attiré le regard d’Alec en premier, malgré qu’il se soit trouvé dans un coin sombre. C’était peut-être dû à la façon de se tenir, qui dégageait une assurance indéniable. Ou à cette façon de bouger qui était si propre aux combattants surentrainés et avec laquelle il était si familier.

Alec se présenta avant de prendre place.

    « Alec Ezilea, Frontalier de la cavalerie archère. Désolé de vous déranger. »

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L’allure, la tenue, les armes, définitivement Frontalier. Et la grande tirade fière du tenancier le lui confirma. Tout en lui précisant, bien involontairement d’ailleurs, qu’il n’était pas celui qu’il attendait. A croire que celui-ci ne se pointerait jamais. En fait, il était certain maintenant qu’il ne viendrait pas. Dans sa tête, il soupira bruyamment mais n’en laissa rien paraître… si ce n’était l’air de profond ennui qui s’était peint sur son visage. Une heure, il attendait encore une seule et simple heure et il se barrait sans se retourner. Il devait bien avouer qu’il était franchement déçu. La façon qu’il avait eut de le contacter, la soit-distante urgence de la situation et l’habituel irréprochabilité de la personne lui avait mis l’eau à la bouche. Et puis, plus rien… En fait, il avait attendu aussi longtemps parce que cette personne était fiable en temps normal et que ses informations étaient régulièrement de première qualité.

Il leva à peine un sourcil lorsque celui-ci se présenta. Qu’est-ce que ce pouvait lui faire de connaître son nom. Il haussa les épaules et le regarda s’asseoir sans broncher. Il y avait de toute façon pas grand chose d’autre à faire. Il ne put s’empêcher de noter son nom dans un coin de sa tête, réflexe… mais il se garda bien de dévoiler le sien. L’un des siens. De toute façon, s’il devait en donner un, il piocherait dans sa liste interminable d’identités inventées. Il se saisit de sa chope et trempa vaguement ses lèvres dedans. C’était le premier vrai mouvement qu’il faisait depuis un moment. Il s’était mué dans l’attente et il était pas si mauvais à ce jeu-là. Assis au fond de la pièce depuis un long moment maintenant, il observait tout derrière son masque tout en restant discret. En revanche, il ne fit preuve d’aucune discrétion en observant l’inconnu qui avait eut l’audace de savoir à sa table. Il s’était certes présenté, mais connaître le nom de quelqu’un ne voulait pas dire qu’on le connaissait réellement.

L’inconnu était un type de taille moyenne à l’air basané, ce qui était somme toute le teint de peau habituel de son peuple. Un visage mince avec des yeux verts perçants, l’un d’entre eux était barré d’une cicatrice pour le moins inattendue. Une carrure plutôt costaud mais qui n’impressionnait pas plus que ça le Mercenaire. Il termina sa chope, d’une seule gorgée sans cesser de le regarder par dessus le bord. Toujours sans dire un mot, il essaya de capter l’attention du tenancier mais sans grand succès. Il haussa les épaules en pensant qu’il lui suffirait de réessayer plus tard.

- J’imagine qu’il n’y avait pas d’autres choix, dit-il avec circonspection.

Il n’avait pas pris la peine d’élever la voix malgré le brouhaha… Et en fait, sa voix portait plutôt bien. Son analyse étant terminée, il avait détourné le regard et avait reporté son attention sur le reste de la salle. Certaines tables étaient plus bruyantes que d’autres, mais à sa grande satisfaction, c’était aussi celles qui étaient situés le plus loin de la sienne… de la leur maintenant.

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Alec se durcit en voyant la réaction de son nouveau compagnon de table lorsqu'il se présenta. Peu d’intérêt et pas de réponse ni de retour des présentation de sa part. Il avait déjà rencontré des Brûleurs dans les plateaux du nord plus sympathique que ce type... Mais il allait trouvé son compte, on disait bien qu'on pouvait difficilement trouver plus froid et dur qu'un frontalier de mauvaise humeur.

Il lui répondit donc sur un ton calme mais dur, contrastant avec sa voix d'excuse et amicale de plus tôt.


    « Apparemment, non. »


Le frontalier lança un regard aux alentours. Ils étaient un peu isolé du brouhaha de la salle, mais c'était déjà amplement suffisant pour qu'Alec ai envie de partir. Il détestait les foules, particulièrement celles qui avaient un peu trop bu. Mais la nécessité de manger quelque chose ne lui donnait pas vraiment le choix. L'aubergiste tardait cependant à venir et Alec, stoïque, ne laissa rien paraître de son soupir mental. Assis le dos droit, il scrutait la salle, impassible. Son visage fermé et dur aurait dissuader à peu près n'importe qui de venir lui adresser la parole, sans même parler de lui cherches des noises...

Déjà qu'il n'avait pas envie de discuter, l'attitude de son voisin de table l'avait très rapidement dissuader de se lancer dans une conversation, ou même de poser des questions. Tout ce qu'il souhaitait maintenant, c'était que l'aubergiste lui apporte de quoi se mettre sous la dent et manger rapidement en silence. C'était trop demandé, apparemment...

Il capta quelques mots d'une conversation à une table voisine qui attirèrent aussitôt son attention. Malheureusement, les trois hommes conversaient à voix plutôt basse et peu d'information lui parvint.


    « … maintenant que les Raïs ont été tuer... fuir plus a l'est... plutôt rare d'en voir de ce coté-ci du Pollimage... frontaliers sont venus pour les Raïs, mais ils sont trop occupé à défendre la frontière... »


Alec perdit les mots suivants, alors qu'un groupe de fermiers éclataient de rire non loin, couvrant tout les bruits de conversations. Il ne pu entendre que des bouts de phrases énigmatiques après que les rires se soient calmés.


    « … mon père disaient pour nous faire peur lorsque nous étions gamins... griller des Thüls pour les manger... gros comme trois chevaux de traits... »


Une bête qui était plutôt rare ici mais fréquentant apparemment les plateaux du nord ouest? Une bête plus grosse deux cheval et alimentait des histoires pour effrayer les enfants à propos de mangeurs de Thüls? Il devait s'agir d'un Brûleur. Aucune autre créature ne correspondait à ces descriptions. Mais il était vrai que c'était plutôt inusité pour la région. Plus près du Pollimage, cela n'aurait pas étonné Alec. Mais si près de la Citadelle? Les hommes se trompaient peut-être, ou Alec n'avait pas assez entendu leur conversation pour bien comprendre.

L'aubergiste choisit ce moment pour arriver.


    « Voilà voilà, mon cher ami! Notre rôti de Siffleur aux herbes, spécialité de la maison! Cela fera six branches, je vous prie. »


Alec paya la note, accompagnant son geste d'un signe de tête en guise de remerciement. L'aubergiste, visiblement de bonne humeur grâce à l'achalandage de son commerce, se tourna vers l'autre homme sans nom à sa table. L'aubergiste n'était visiblement nullement intimidé par l'étranger, ni ne se laissait démonter par le peu d'enthousiasme de ce dernier.


    « Puis-je vous apporter autre chose, maître voyageur? Peut-être une nouvelle choppe de notre bière, ou peut-être serez-vous tentez par un grand cru de lait de Siffleur avec une goûte de quelque chose de plus fort? »

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Absorbé dans ses pensées, il n’avait nullement l’intention d’engager la conversation. Il n’était pas là pour discuter de la pluie et du beau temps avec des complets inconnus. En réalité, il n’y avait aucun intérêt à se faire bien voir de gens que vous ne reverrez plus jamais, n’est-ce pas ? Le ton froid de son voisin de table, qui avait indiqué s'appeler Alec, lui rappela qu’il avait aussi intérêt à ne pas se faire trop remarquer. Une des façon d’y arriver était d’être modérément, ni trop ni pas assez, juste modérément. Et après tout, se dit-il pour se motiver à faire l’effort d’entamer la discussion, ce Alec pouvait peut-être lui apprendre deux trois choses intéressantes qu’il ignorait. Il bougea sur sa chaise, avant de reprendre son attitude désinvolte.

- Pardon, je voulais pas être impoli, seulement j’attends quelqu’un depuis trop longtemps déjà… il marqua une pause, involontaire, et la patience n’est pas mon fort.

C’était faux, il était infiniment patient mais le personnage qu’il s’était inventé ne l’était pas, lui. Toujours prétendre être une personne différente permettait de brouiller les pistes et d’empêcher les gens de penser qu’il était en fait la même personne. Personne, absolument personne ne devait être capable de faire le lien entre le dessinateur du palais et l’étrange type au masque. Son stratégie était la suivante… plus il se comportait de manières différentes, plus les gens n’étaient pas capable de dire si l’homme au masque dont ils parlaient était le même que celui de son voisin. Avec un peu de chance, trop occupé à faire le lien entre deux hommes portant des masques, il ne ferait pas le lien avec une troisième. Efficace ou pas ? C’était difficile à dire, mais s’il avait eu du mal au début, il avait étonnement fini par y prendre un certain plaisir. C’était somme toute qu’un jeu.

A la table d’à côté, un groupe de fermiers visiblement, puisqu’ils étaient forts comme des boeufs, discutaient peu silencieusement des attaques de Raïs… et d’une créature aussi grosse que trois chevaux de traits. Comme Alec, il n’avait pas pu s’empêcher de tendre l’oreille en entendant cela. Il s'apprêtait à faire une réflexion à ce propos quand il fut stoppé dans son élan par l’aubergiste. L’odeur du ragoût de siffleur réussit à lui mettre l’eau à la bouche et avant que celui-ci ne fasse volte face pour retourner à ses occupations, il lui demanda la même chose.

- Je vais vous accompagner car l’odeur m’a réveillé l’estomac, dit-il en tordant ses lèvres dans une parodie de sourire. Alors comme ça, vous avez sauvé ce village des Raïs ?

Puisqu’il fallait entamer la conversation, autant le faire bien.

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    « Pardon, je voulais pas être impoli, seulement j’attends quelqu’un depuis trop longtemps déjà… et la patience n’est pas mon fort. »


Alec fit un signe de la tête, acceptant les excuses et marquant du même coup qu’il ne lui en tenait pas rigueur. Pour un Frontalier, Alec n’était pas très rancunier. Et des types aux nerfs abimés par l’impatience n’était pas ce qui manquait dans les Marches, il avait plutôt l’habitude.

Lui-même était d’une patience exaspérante. Alec était un chasseur. Il pouvait passer des heures à pister une proie dans la forêt, avec une trace si tenu que plusieurs minutes étaient nécessaire à lui comme à Écho pour la repérer après chaque arbre. Sans compter son entrainement de frontalier, qui forgeait bien la caractère – quoi que plusieurs frontaliers plus âgés semblaient avoir oublié cette partie de leur formation…

L’homme dont il ne connaissait toujours pas le nom fini par commander la même chose que lui à l’aubergiste lorsque celui-ci vint porter son assiette à Alec.

    « Je vais vous accompagner car l’odeur m’a réveillé l’estomac. »


Soit. Qu’il fasse comme cela l’enchantait, Alec n’en avait pas grand-chose à faire.

Le frontalier aussi était dans une humeur peu sociale, de toute évidence. Il ne répondit rien et se contenta d’attraper sa fourchette pour débuter son repas.

    « Alors comme ça, vous avez sauvé ce village des Raïs? »


Alec releva les yeux vers l’homme, analyser son expression pendant quelques secondes. L’homme lui laissait une impression étrange. Plus qu’une antipathie de prime abord, quelque chose dérangeait Alec chez cet homme masqué. C’était dû à ce masque, justement, qui cachait une partie du visage de l’homme, et donc ses expressions. Il était beaucoup plus difficile pour Alec de déchiffrer son interlocuteur ainsi, et cela ne lui plaisait pas vraiment.

Bon, il n’en avait pas très envie, mais répondre à la question et engager la conversation était ce qu’il y avait de civilisé à faire. Alec avait tenté de le faire plus tôt sans succès, et maintenant l’homme se décidait à ne plus être complètement grognon et antipathique. Il pouvait difficilement lui refuser ça.

    « Pas moi personnellement. Avec mes frères d’armes, nous avons arrêté une petite troupe de Raïs venu des montagnes hier soir. Les sauveurs sont plutôt les hommes qui ont fait le voyage jusqu’à la Citadelle pour nous avertir à temps, avant que quelqu’un ne soit blesser ou tuer. »


Alec n’aimait pas trop le terme « sauvé », comme s’il était un héros ou quelque chose comme ça. Un chevalier aurait probablement prit cela comme un compliment de la plus haute teneur, mais pas un Frontalier. Et encore moins Alec.

Arrêter les Raïs et les ennemis de l’Empire, protéger la frontière et tout Gwendalavir… tout cela était inscrit dans le sang des Frontaliers. C’était ce qu’il était né pour faire. Être féliciter pour avoir tué quelques Raïs revenait presque à se faire féliciter pour savoir marcher.

Ce qu’il ne savait pas dans la question de l’homme, c’était s’il était sarcastique. Son ton était étrangement difficile à décrypter. Celui-ci n’était pas admiratif, ni vraiment intéressé, comme certaines personnes qui lui avaient parlé plus tôt en de pareils termes. Mais il n’était pas moqueur ou dédaigneux pour autant.

Alec prit une bouché de son repas – qui était finalement aussi bon que le prétendait l’aubergiste. Dans le moment de silence, il put entendre quelques brides de la conversation de la table voisine. Les hommes parlaient toujours vraisemblablement de la bête, mais ils parlaient maintenant trop bas pour qu’Alecpuissent réellement saisir quoi que ce soit. Il revint à son interlocuteur.

    « Qu’est-ce qui vous amène à Dörn? »


Spoiler :

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Finalement, Tarendal ne portait pas son masque si souvent et s’il avait su qu’il serait totalement inutile, il se serait abstenu. Quelque part, il se faisait remarquer… les gens masqués n’étaient pas non plus légion en Gwendalavir. Mais d’un autre, personne ne risquait de le reconnaître. Il le réservait pour des situations où personne ne devait savoir qui il était réellement : les assassinats et les récupérations d’informations compromettantes. Les assassinats, si jamais la personne visé lui échappait ou s’il y avait un témoin. Les informations… eh bien, parce que les informateurs étaient souvent les mieux informés. Logique ! Au fil du temps, il s’était habitué à l’effet que porter un masque avait sur ses interlocuteurs. Mais il continuait à s’en amuser sans retenue, jamais ouvertement. Le fait de ne pas voir son visage avait un effet différent selon les gens. Les artisans avaient tendance à s’en moquer comme de la dernière pluie, ils devaient voir tellement de gens passer. Les combattants, ça dépendait. Il y avait les plus fins, généralement des archers, des escrimeurs qui étaient plutôt perturbés par le fait qu’on ne puisse pas lire son visage et les autres, qui s’appuyaient sur le force de leur hache, ou marteau, qui s’en moquait. Et puis, il y avait le reste de la population, qui pour tromper leur ennui, se montrait curieux. A quiconque osait poser la question du pourquoi du comment du masque, il répondait une vague banalité crédible, jamais la même, qui tenait les gens à l’écart.

Lui, il aimait le masque par que d’un certain côté, c’était terriblement pratique que de se dissimuler derrière… il n’avait pas à s’embêter à masquer certaines émotions, pas plus qu’en créer. Ou en tout cas, beaucoup moins souvent que d’habitude. La réponse du Frontalier le tira de sa réflexion. L’homme était modeste… caractéristique récurrente, mais pas inhérente, du guerrier au service de l’Empire. Il hocha la tête, sans mot dire, il n’avait pas grand chose à répliquer à cela. Néanmoins, il constatait la véracité des informations qu’il recevait habituellement au Palais et de celles qui circulaient au sein de la Cour. Les Raïs étaient de plus en plus téméraires, s’enfonçaient de plus en plus loin. Apparemment, ils arrivaient même à passer la barrière des Frontaliers à l’Est et de l’armée à l’Ouest. On était loin du scénario catastrophe où certain prétendait qu’on les verrait assaillir le Palais d’ici le retour de l’hiver, mais la situation n’était pas toute rose non plus. Le désavantage de faire le conversation, c’est qu’il devait répondre à des questions lui aussi en retour. Il pesa chacun de ses mots avant de formuler une phrase, et pourtant, il sembla répondre sur le même ton neutre et désinvolte avec lequel il lui avait posé sa première question.

- J’étais censé retrouver quelqu’un, quelqu’un en possession de quelque chose qui m’aurait intéressé selon lui, mais ce quelqu’un n’a visiblement pas l’intention de se montrer, dit-il sans réussir à effacer un éclat de quelque chose entre colère et intérêt dans son regard.

Il considérait qu’il n’y avait rien de pire que de ne pas savoir et c’était définitivement savoir que l’on ne savait pas. Tarendal était quelqu’un de relativement curieux… rien de comparable à une curiosité maladive et malsaine, mais lui qui considérait que le savoir était la clef de toute chose (ou presque) il n’appréciait pas tellement ne rien obtenir après avoir eu un aperçu relativement alléchant. Cela ne faisait qu’accroître sa curiosité sur le sujet. Le Frontalier ne jugea visiblement pas utile de l’attendre, ce dont Tarendal ne lui tint pas rigueur… après tout, ils étaient assis à la même table par obligation, non par choix et l’homme au masque n’eut pas d’autre choix que de le regarder découper sa viande avec une certaine application. C’est  à cet instant que la question lui vient à l’esprit… s’il avait repoussé l’attaque de Raïs, pourquoi n’était-il pas rentré à la Citadelle avec ses compagnons ? Au vu du fait qu’il était assis à cet table seul, il y avait certainement une autre raison autre que juste profiter de l’hospitalité de la taverne.

- Et vous ? dit-il sans se départir de son impassibilité. Aussi excellents que sont probablement les repas servis dans cette auberge, je doute que ce soit la raison pour laquelle vous êtes resté derrière.

Sa remarque tomba à plat. Prononcée sur un autre ton, cela aurait pu être une tentative d’humour qui n’aurait probablement pas eu plus de succès. Là, cela ressemblait plus à une banale conclusion sans plus d’intérêt.

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    « J’étais censé retrouver quelqu’un, quelqu’un en possession de quelque chose qui m’aurait intéressé selon lui, mais ce quelqu’un n’a visiblement pas l’intention de se montrer. »


L’intérêt d’Alec fut attiré. Qu’est-ce qui pouvait bien mener un voyageur si au nord simplement pour une vague promesse d’un quelque chose de mystérieux et potentiellement intéressant? Néanmoins, les règles rigides du respect et de l’honneur des frontaliers étaient aussi inflexibles que les montagnes, empêchant Alec de demander directement de quoi il s’agissait. Il se contenta de hausser un sourcil et hocher brièvement la tête pour appuyer ses paroles.

    « Désolé pour vous. Vous êtes venus de loin? »


Alec comprenait mieux l’attitude peu sympathique du voyageur. Lui-même n’aurait probablement pas été de la meilleure humeur si on lui avait donné un rendez-vous pour rien. Le Frontalier se détendit encore un peu, repoussant son animosité envers l’inconnu.

Le fait que l’inconnu portait un masque l’agaçait toujours, néanmoins. D’abord, le fait de porte un tel masque ne pouvait signifier qu’une chose : l’homme ne voulait pas être reconnu. Quel genre d’affaires pouvait-il bien mener alors? Des activités illégales? Était-il recherché ou fuyait-il quelqu’un? Mais plus encore que ces possibilités sur la raison du port de son masque, c’était ce que ce dernier empêchait de lire qui agaçait le Frontalier. Cachant les yeux de l’homme, le masque agissait comme une barrière pour la lecture des expressions, émotions et autres informations précieuses sur son interlocuteur. Alec, qui lui-même n’était pas très expressif, avait appris que les subtilités des émotions et des regards pouvaient vous en dire d’avantage que les paroles sur quelqu’un et son discourt.

    « Et vous ? dit-il sans se départir de son impassibilité. Aussi excellents que soient probablement les repas servis dans cette auberge, je doute que ce soit la raison pour laquelle vous êtes resté derrière. »


Alec eut un petit sourire en coin à la tentative de blague de son compagnon de table. Le rôti de Siffleur devant lui était de bonne qualité, mais il devait avouer qu’il n’égalait pas, et de loin, ceux servis à la Citadelle. Du moins, à son propre gout à lui.

    « Des Raïs. Une quinzaine seulement. Probablement des fuyards de la dernière bataille à la frontière. Ils sont descendus des Frontières de Glaces et ont commencé à attaquer le village il y a trois jours. Dès que la nouvelle est parvenue à la Citadelle, mon unité a été dépêchée pour porter main forte aux villageois et tuer les Raïs. »


Le reste, soit la raison du départ de ses frères d’armes alors qu’il restait à Dörn, avait déjà été abordé plus tôt dans la conversation en la mention de la blessure d’Éclipse, son étalon. La réussite de leur combat contre les guerriers cochons, elle aussi, avait été clairement émise.

Le Frontalier se tut et prit une nouvelle bouchée de son rôti. Après tout, il n’était entré dans l’auberge bondée que par nécessité de se mettre quelque chose sous la dent, pas par souci de faire la conversation à un voyageur masqué. Néanmoins, un détail manquant lui fit relever la tête et poursuivre la discussion.

    « Vous ne m’avez toujours pas fait l’honneur de vous présenter. »


La formule de politesse contrastait un peu avec le manque de chaleur dans ses paroles, mais au moins, il n’était pas agressif ou réellement froid, comme plus tôt.

Si l’homme lui répondit, Alec ne l’entendit pas. Un homme venait d’entrer dans l’auberge en claquant la porte, laissant entré un nuage de neige poudreuse. Alec s’était aussitôt redressé, la main posée sur la garde de son sabre. Les clients de l’auberge se turent et se tournèrent vers l’homme qui, le souffle court, s’écria.

    « Le Bruleur! Le Bruleur est revenu! »


La peur se lisait sur son visage livide et ses yeux écarquillés cherchaient une aide potentielle venant des hommes assis aux tables. Des cris à l’extérieur finirent de confirmer ses dires, et alors qu’une panique montait telle une vague parmi les clients de l’auberge, Alec se leva d’un bond et se fraya rapidement un chemin vers la sortie. L’homme qui les avait alertés s’écarta de justesse pour le laisser passer et Alec se retrouva à l’extérieur. Les dernières lueurs du jour laissaient planer une sorte de lumière grise sur tout le village, effaçant les détails et les couleurs. Déjà, haut dans le ciel, on apercevait les étoiles et la lune.

Le Bruleur de fut pas difficile à repérer. Déjà, des cris de peur lui révélèrent la direction dans laquelle se diriger, puis les crépitements les filaments électrifiés de la bête finirent de le localiser. Alec courut dans cette direction, a contre sens des quelques villageois qui n’avaient pas encore trouvé refuge dans leurs maisons. Il s’arrêta en une glissade contrôlée sur la fine couche de neige qui recouvrait le sol gelé au tournant d’une imposante grange puis il fut là. À une dizaine de mètres devant lui, le Bruleur faisait face à un homme âgé et un gamin effrayé. Le gamin tentait d’aider son ainé à avancer plus rapidement, criant de terreur alors que la bête sauvage les jaugeait en grondant et en montrant ses trois rangées de crocs jaunes et acérer.

La bête n’était pas aussi grande et imposante que les quelques Bruleurs qu’Alec avait déjà aperçus, lors de ses voyages à l’ouest du Pollimage. Il devait faire environ 5 mètres de long pour deux de haut. Sa fourrure claire naturellement parsemée laissait apparaitre des flancs faméliques et les regards que la bête lançait aux deux proies devant elle ne pouvaient signifier qu’une seule chose. Le Bruleur mourrait de faim et était désespéré. Il en était d’autant plus dangereux, malgré sa petite taille relative à son espèce, et cela expliquait sa présence si près d’habitations des hommes.

Alec réagit au quart de tour. Il attrapa son arc d’un geste expert et aussitôt, une flèche fut encochée. Quelques secondes à peine plus tard, elle allait se planter dans l’épaule de la bête qui poussa un cri sauvage, à mi-chemin entre le rugissement d’un tigre et le sifflement suraigu, le détournant momentanément de ses proies. Alec poursuivit sa course vers l’homme et le jeune garçon, remettant son sabre dans son dos et son sabre apparaissant dans ses mains. Il alla se placer entre eux et le Bruleur et cria d’une voix autoritaire qui n’appelait pas à la discussion :

    « Allez-vous réfugier dans la grange! Maintenant, vite! »


La présence du Frontalier sembla redonner courage à l’homme et son petit fils et ceux-ci s’éloignèrent plus rapidement. Le Bruleur, surpris, avait marqué un temps d’arrêt et grognait maintenant en direction d’Alec, tel un fauve, faisant claquer ses franges électrifiées de défi, tentant d’intimider cet adversaire importun. Alec savait pertinemment que malgré la force de ses flèches, son tir n’avait que blessé de façon superficielle la bête. Le Bruleur possédait une armure d’écaille reptilienne presque aussi efficace que l’armure sombre qu’il portait lui-même.

Un plan s’élabora rapidement à l’esprit d’Alec. Il avait peu de chance de vaincre un Bruleur dans un combat singulier sans y laisser la vie. Ses animaux étaient parmi les bêtes les plus redoutables de tout l’Empire, avec les Loups du Nord et les Goules. Il connaissait parfaitement ses capacités, étant après tout Frontalier, mais son entrainement lui avait également inculquée à bien juger ses adversaires et ne pas se croire invincible. C’était également cela qui faisait sa force. Néanmoins, ce Bruleur était affamé et n’arrêterait sa chasse que lorsqu’il aurait mis sa dent sur l’une de ses proies : les villageois de Dörn. Il devait éloigner la bête du village et réussir à la blesser suffisamment pour la dissuader de s’approcher de nouveau. Les risques qu’il prenait lui-même n’entraient alors pas en compte dans son analyse, si ses actions permettaient de sauver ses gens.

Le Frontalier attendit en se déplacent lentement sur le côté, bloquant le passage au Bruleur, puis lorsque l’animal passa à l’attaque en étirant sa gueule dans sa direction, sauta en avant. Il roula au sol et se retrouva derrière le Bruleur.

    « Hey! »


Son cri se fit se retourner le Bruleur qui rageait d’avoir raté sa proie. Alec entreprit de reculer lentement vers la lisière du bois, hors du village. Toute son attention était focalisée sur la bête, son regard vert observant chacun de ses gestes. Ses mouvements étaient précis, contrôlés, comme une danse parfaitement maitrisée. Son sabre était une parfaite extension de son bras et faire vibrer la lame était aussi naturel que respirer chez lui. Sa respiration s’était ralentie et ses battements de cœur semblaient s’accorder aux vibrations du sol. Tout dans son sang, dans son être, criait qu’il était Frontalier.



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La compassion de son interlocuteur ne le toucha absolument pas, mais il prit tout de même la peine de se fendre d’un sourire aimable, qui était totalement feint. Une chose était décidée, dès qu’il terminait son siffleur, il prenait le chemin du retour. Au début à cheval, jusqu’à ce qu’il se soit assez éloigné des Marches du Nord pour pouvoir effectuer un pas sur le côté. Il avait fait le trajet à cheval à l’aller, pour être capable de rentrer en urgence si la situation l’exigeait. Et au vu de combien la journée était déjà bien avancée et qu’il n’avait nullement l’intention de s’éterniser dans le coin. Il allait définitivement utiliser son don du Dessin, peu importe combien d’énergie cela lui coûtait. Sachant que le meilleur moyen d’arrêter la curiosité, c’était de la satisfaire, il se fendit d’une réponse.

- Avec un peu de chance, je serais rentré chez moi avant la nuit, dit-il en haussant les épaules.

Il ne précisa pas le moyen de locomotion, pas parce qu’il était modeste, mais parce que moins il en dévoilait sur sa personne, mieux il se portait. En revanche, la curiosité de son interlocuteur ne semblait pas vouloir s’arrêter là, ce qui l'agaçait bien qu’il n’en montre rien. Quelque part, il se moquait de répondre aux questions vu qu’il ne répondait jamais que des semi vérités, ou au pire, des mensonges. Après tout, il n’était pas juste doué pour s’inventer des vies, c’était littéralement son fond de commerce. Mais il n’aimait pas les gens curieux par nature, bien qu’il sache l’être parfois. Les gens trop curieux savaient poser les bonnes questions au bon moment et exigeait du mensonge qu’il soit précis et élégant. Un effort supplémentaire, parfois mais rarement divertissant. Remarquant que l’aubergiste se dirigeait vers leur table avec sa commande, il attendit posément que celui passe avant de formuler une réponse. Il n’était pas la peine de crier sur tout les toits sa fausse identité.

- Effectivement. Il marqua une pause, laissant douter qu’il veuille donner son nom. Je m‘appelle...

Il fut brutalement interrompu par le claquement brutal de la porte de l’auberge. Un homme, visiblement un fermier pris de panique, s’écria quelque chose à propos d’un brûleur. La panique qui s’ensuivit empêcha le Mercenaire de saisir la fin de sa phrase. Le Frontalier, qui s’avéra avoir des réflexes parfaits, se leva sans y réfléchir à deux fois. Cela lui arracha un sourire. Il avait parfaitement confiance en l’entraînement des Frontaliers, l’un d’eux avait même manqué de l’avoir un jour, mais il doutait qu’il soit capable d'abattre un brûleur à lui tout seul. Surtout qu’il doutait que quiconque vienne l’aider s’il se fiait à l’utilité que ces fermiers avaient eu pendant l’attaque de Raïs. Il réfléchit quelques instants, jetant un oeil vers le rôti de siffleur chaud qui l’attendait sur la table et dont il ne pourrait de toute façon pas profiter. Il pouvait toujours profiter de la confusion pour grimper sur un cheval et s’éloigner du village. Ou alors, il choisissait d’aider le Frontalier avec le brûleur. Quelque part, cela pouvait contribuer à redorer l’image de l’homme au masque. Et il s’ennuyait depuis le début de la journée.

Tirant une dague et une épée courte de l’intérieur de son manteau, il prit le temps de se défaire de sa cape de voyage qui n’allait pas manquer de le gêner et sortit d’un pas posé. Quand il eu rejoint la zone de combat à la lisière de la forêt --ce qui fut plutôt simple à trouver entre les gens qui s’en enfuyaient et les hurlements de la bête-- Ezilea était effectivement seul face au brûleur visiblement mécontent de s’être fait enlevé son repas. Une arme dans chaque main, il s’approcha en silence par derrière en espérant que le Frontalier ne soit pas assez stupide pour révéler sa présence, analysant fugacement sa méthode de combat… très propre à son peuple. Les brûleurs étaient des créatures sauvages, mais elles se montraient parfois d’une intelligence effrayante. Surtout lorsqu’il était question de survie. Avec la même nonchalance que s’il avait claqué des doigts, il engagea dans le combat. A deux, ils avaient déjà beaucoup plus de chances de le fatiguer et de le blesser suffisamment pour prendre le dessus.

- Je propose que l’on vise les pattes, dit-il élevant suffisamment la voix pour se faire entendre.

Tarendal avait le style propre des Mentaï, qu’il avait agrémenté à sa sauce. Il avait gardé la fluidité, les mouvements souples combinés à l'agressivité qui donnait ce côté effrayant à sa façon de se battre. En revanche, certains Mercenaires n’hésitaient à encaisser les coups pour démontrer leur force ou prenaient leur temps pour s’amuser. L’homme au masque était plus pragmatique et savait s’économiser, il esquivait souplement les attaques mortelles et ne frappaient jamais sans volonté de blesser. Il se montrait particulièrement efficace dans ses attaques, ses coups étaient précis et dangereux. Sa stratégie, de mettre le monstre à terre en lui coupant les membres, était ambitieuse. Il y avait beaucoup de pattes et les opportunités de frapper fort et bien étaient peu nombreuses. Mais c’était à leur portée, à en juger leur niveau respectif. Bien évidemment, Tarendal était capable d’utiliser son don de dessinateur en combat, mais c’était un atout qu’il préférait garder en ultime recours. D’autant qu’il lui suffisait parfois de se déplacer de quelques mètres pour que l'Imagination lui soit totalement inaccessibles. Satané Merwyn !

Le masque gênait son champ de vision néanmoins, même s’il était habitué à se battre avec, il préférait éviter. En l'occurrence, il avait déjà bien trop attiré l’attention sur lui pour pouvoir l’enlever, il le gardait donc. Mais c’est ce qu’il l'empêcha de voir l’espèce de tentacule électrifié qui arrivait sur lui à pleine vitesse. S’il encaissait le coup, il avait de très fortes chances qu'étourdit, il ne sache pas éviter la gueule du brûleur qui fonçait déjà sur lui. Aux dernières nouvelles, le Frontalier était quelques pas trop loin pour pouvoir intervenir à temps et il plongea dans l’Imagination qui fort heureusement, s’ouvrit devant lui. Et tant pis pour la discrétion. N’ayant pas particulièrement le temps de se montrer imaginatif, il se contenta d’un bouclier couvert de cuir qui apparut à son bras et d’une volée de flèches enflammées visant les yeux. Ce qui, en soit, était un peu disproportionné pour simplement se sortir d’affaire, mais qui fonctionna parfaitement bien. Le monstre tituba, et avec sa démarche glissante, recula brusquement. Il essayait apparemment de prendre la fuite, maintenant décontenancé par la soudaine brutalité dont faisait preuve ses adversaires.

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