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Promenons nous dans les bois ♪ | Alec Ezilea

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HRP :




C'était une journée lunatique. Une seconde, il faisait un magnifique soleil avec très peu de nuages, et la seconde d'après, le ciel était couvert et gris, sans pour autant qu'il pleuve. Heureusement, le vent qui se défoulait là haut, responsable de ces changements de météo à répétition, était beaucoup moins fort plus bas, au niveau du sol, ce qui était plutôt de nature à arranger Nirina.

Elle était à pied, comme toujours lorsqu'elle sortait seule. D'abord parce que vu que, la plupart du temps, quand elle sortait, c'était pour aller observer des prédateurs, des animaux sauvages, avoir un cheval avec soit n'était pas l'idéal car son odeur se déposerait sur elle et se serait un coup à la faire passer pour une proie, ce qui n'était pas franchement une bonne chose auprès d'animaux tels des loups!

Mais il y avait une autre raison pour laquelle elle ne se déplaçait jamais sur le dos un cheval, et il fallait bien l'avouer, c'était la principale raison qui l'empêchait de se déplacer ainsi. C'était tout simplement qu'elle ne savait pas monter, ayant une phobie plus ou moins prononcée des chevaux. Mais cela lui allait très bien, Nirina adorait marcher seule dans la nature, et elle appréciait l'effort qu'elle devait fournir pour marcher.

Cependant, pour une fois, elle n'était pas seule. Elle sortait souvent de la Citadelle pour aller explorer la nature environnante. Au début, c'était très difficile, elle était trop jeune pour qu'on la laisse partir seule, mais aujourd'hui, elle était une adulte - même si par plusieurs côtés on ne dirait pas - et les autres Frontaliers la considéraient désormais comme responsable de ses actes, même si pas mal la pensaient toujours inconsciente d'aller observer des loups de si près.

Sauf qu'aujourd'hui, elle n'était pas sortie pour observer des loups, ou en tout cas ce n'était pas la raison principale qui l'avait faite sortir. Elle serait heureuse d'en rencontrer sur sa route - sauf si leur but était de la manger toute crue - mais elle était surtout sortie tout simplement parce qu'elle n'en pouvait plus de rester enfermée dans la Citadelle.

En effet depuis que la guerre avait commencé, elle pouvait de moins en moins sortir en minimisant les risques - car malgré son besoin de grands espaces, Nirina n'était pas suicidaire et n'avait aucune envie de se retrouver seule face à un bataillon de Raïs, accompagnés ou pas d'un Géant - et surtout, il avait fait ces derniers jours un temps de chien la dissuadant de sortir, cela aurait été beaucoup trop dangereux.

Mais aujourd'hui, les conditions étaient idéales. Il ne pleuvait pas, c'était tout ce qui comptait, aucune attaque imminente n'était prévue, c'était donc le moment idéal pour se dégourdir les jambes... Et dégourdir les ailes de sa compère.

En effet, ce n'était pas un humain qui accompagnait Nirina mais un animal. Aleka, un des rapaces dont elle s'occupait avec sa mère Saha. Mais Aleka avait un statut tout particulier aux yeux de Nirina : c'était le seul animal qui avait été recueillit si jeune et élevé et éduqué par Nirina de A à Z. Nirina l'avait trouvée pendant une de ces escapades autour de la Citadelle, près d'un champ de bataille récent. Sa mère avait sans doute été victime d'une flèche perdue, et Aleka était le seul oisillon toujours en vie quand Nirina avait trouvé leur nid. Elle avait donc ramené l'animal à la Citadelle et elle avait prit soin de s'en occuper elle même, parfois avec l'aide de sa mère.

L'emprunte de Nirina se voit d'ailleurs chez Aleka : de tous leurs rapaces, c'est le seul qui sache chasser, car Nirina a tenu a lui apprendre. Elle adore les rapaces, mais pour elle ce sont des animaux sauvages, et même si les rapaces de sa mère semblent être heureux, elle voulait qu'Aleka ai le choix. Après tout, elle était sensée naître et vivre sauvage.

Cependant, Aleka ne chasse qu'à l'instinct, et n'ayant reçu aucune autre éducation à part celle que Nirina a su lui donner, elle n'a pas assez d'expérience pour se débrouiller seule dans la nature face aux autres animaux. Elle a donc choisit de rester avec Nirina, malgré tout cette dernière s'est vite rendue compte qu'Aleka appréciait de sortir de temps en temps et de chasser elle même. Alors aujourd'hui, elles sortaient pour ça : pour que non seulement Nirina, mais aussi Aleka puissent se défouler un peu.

Nirina avançait d'un bon pas, Aleka sur l'épaule. Comme c'était avant tout une sortie, elle n'avait pas prit sa tenue de fauconnière habituelle, celle qu'elle utilisait pour les spectacles et souvent pour entraîner les rapaces. Non, aujourd'hui, elle se contentait de vêtements simples, ceux, abîmés et par endroits déchirés, qu'elle avait l'habitude de porter dans ce type d'escapades. En revanche, elle avait noué sous ou sur ses vêtements des morceaux de cuir destinés à empêcher les serres d'Aleka de lui charcuter la peau, principalement au niveau des avants bras et au niveau des épaules vu que ce n'était quasiment que là qu'Aleka se posait quand elle était sur Nirina. Côté coiffure, en ce moment, elle avait des cheveux peu longs mais ornés de tresses et de plumes, ce qui aidait à peine à la rendre plus féminine qu'à l'accoutumée mais avait au moins le mérite de changer de quand elle se contentait d'une coupe courte à la garçonne.

Mais Nirina n'était pas folle, elle ne sortait pas simplement avec des fringues et un rapace, elle était aussi armée. Elle savait très bien qu'elle pouvait toujours tomber sur des animaux mal intentionnés ou encore quelques Raïs, et même si elle se débrouillait incroyablement bien en combat à mains nues, contre de tels adversaires, c'était une défense un peu maigre si bien que Nirina avait aussi avec elle son sabre et le poignard qu'elle utilisait pour s'entraîner au lancer. Elle avait également un type d'arc qui pouvait se monter et se démonter dans son sac car après tout, si Aleka allait chasser un peu, pourquoi ne pouvait-elle pas en profiter aussi? En effet, Nirina n'avait pas envie de partir sur la piste des loups alors qu'Aleka était avec elle, cela ne lui paraissait pas être une bonne idée.

Enfin, le duo pour le moins original pénétra sous le couvert des arbres. Nirina sentit un frisson d'aise la parcourir alors qu'elle passait à côté des premiers troncs, encore épars pour le moment mais bien là. Elle adorait la montagne rude des Marches du Nord, néanmoins elle n'était pas vraiment à l'aise à découvert, sans cachette ni endroit où se percher en cas de danger, visible de loin par des ennemis du type Raïs alors que, à pied, elle était bien moins rapide qu'eux. Et même sans cela, elle était beaucoup plus habituée à la forêt qu'à n'importe quel autre type de paysage. En effet, des forêts, on en trouvait partout en Gwendalavir, et pas seulement dans les Marches du Nord.

Aleka s'envola rapidement alors que la densité en arbres augmentait. Nirina la regarda s'éloigner en souriant, nullement inquiète. Elle savait qu'elle serait capable de se débrouiller seule pendant les quelques heures qu'allaient durer sa chasse, et surtout, elle savait qu'elle finirait par revenir, même si sa mère en avait douté quand elle avait commencé à faire cela.

Bien sûr, ce rituel avait mit un certain temps à s'instaurer. Même avec un animal sauvage apprivoisé, les choses ne sont pas si simples dans ces cas là et Nirina comprenait aisément que Saha ai douté de la réussite de son entreprise. Néanmoins, le résultat était là et la jeune femme en était bien contente. Aleka était désormais capable de chasser seule, et ce n'était plus la peine pour Nirina de l'accompagner dans ces moment là. Au contraire, elle serait plus une gêne qu'autre chose! Néanmoins, la jeune Frontalière continuait de prendre avec elle des morceaux de viande à donner à Aleka à son retour, même si cette dernière revenait avec une proie. Cela faisait parti de leur rituel, et Nirina sentait que c'était un élément important. Une façon de remercier Aleka de revenir, de lui dire et de lui prouver qu'elle avait bien fait : laisser un humain la nourrir et la loger était bien moins fatiguant que de se débrouiller seule dans cette forêt, même si son instinct lui demandait ses parties de chasse.

Enfin, le bout des ailes d'Aleka finit par disparaître entre les feuilles des arbres. Pour débusquer une proie, il ne fallait pas que la présence de Nirina effraie le gibier. D'ailleurs, le rapace n'allait peut-être pas rester dans la forêt, son espèce était plus adaptée à la chasse dans les espaces dégagés, néanmoins elles avaient toutes deux l'habitudes de se séparer dans la forêt maintenant.

Nirina sourit, émerveillée par la grâce et le silence de son vol et se disant pour la millième fois au moins qu'être oiseau devait être vraiment génial.

A son tour, elle s'éloigna empruntant son propre chemin, au départ sans but. Elle n'avait pas envie de chasser pour le moment et se contenta pendant les premières minutes de se glisser silencieusement dans la forêt en admirant la nature sauvage qui l'entourait.

Soudain, un hurlement s'éleva au loin. Nirina s'arrêta net pour l'écouter, attentive.

C'était un hurlement de loup.

Grâce à un vieux Frontalier, Nirina avait apprit à décoder ces hurlements, et elle était même capable de leur répondre. En effet, les Frontaliers côtoyaient les loups depuis longtemps et ils avaient apprit à les comprendre, et en particulier à comprendre ces messages à distance, qui pouvaient parfois les prévenir d'une attaque Raï.

Heureusement, ici, il n'était nulle question d'une alarme ou d'un appel à la chasse - dans les deux cas, Nirina aurait à s'inquiéter pour sa sécurité - mais d'un cri de solitude et de tristesse. Un loup solitaire cherchait visiblement une meute. Nirina eu un sourire de compassion pour lui. Était-il solitaire depuis longtemps? Ou avait-il été exclu de la sienne récemment? Cela arrivait parfois, lorsque les temps étaient dur ou tout simplement la situation dans une meute difficile, que pour rétablir l'équilibre un membre en soit exclu.

Dans tout les cas, Nirina ne put résister au plaisir de lui répondre. Elle même ne se sentait pas parfaitement bien chez les Frontaliers. Cela l'agaçait de ne pas pouvoir sortir comme elle voulait à cause des guerres, et de ne pas plus pouvoir y participer à cause de son incapacité à monter un cheval, elle en aurait presque envie de retourner faire le tour de Gwendalavir, seule ou avec Saha! Et on ne pouvait pas dire qu'elle connaissait énormément de Frontaliers ni qu'elle avait noué beaucoup de relations avec eux, car entre deux qui se moquaient de sa nullité en équitation et ceux qui râlaient au sujet de sa naissance, plus le code carrément psycho-rigide à ses yeux des Frontaliers, cela ne lui avait pas forcément donné très envie de tisser des liens.

Cependant, son hurlement n'avait pas la tristesse de celui de l'autre loup. Au contraire, il disait qu'elle, justement, avait trouvé sa meute, et se sentait plutôt bien. C'était un encouragement. Presque une invitation.

Nirina ne serait pas contre tenter d'intégrer une meute de loup, mais elle n'était pas contre tenter le processus inverse, même si dans le cas présent cela lui servirait surtout à rencontrer un loup pendant un bref instant, étant donné qu'il lui faudrait bien retourner à la Citadelle. Cependant, elle doutait que l'animal la rejoigne, pas parce que d'après son cri il était assez loin - les loups se déplacent vite et vu le temps qu'elle comptait rester, il aurait sans doute le temps de venir dans le coin - mais aussi parce qu'elle ne l'avait pas non plus inviter franchement. De plus, peut-être qu'il sentait à sa voix qu'elle n'était pas une louve.

Néanmoins, la jeune Frontalière fut tout heureuse d'entendre le même animal lui répondre. Il semblait avoir compris l'invitation sous entendue et demandait avec espoir à la rejoindre. Nirina eu un sourire surpris. C'était rare un loup qui recherchait à ce point une meute! D'ordinaire, même s'ils restent solitaires quelques mois, les loups peuvent aussi très bien se débrouiller seuls.

Mais avant qu'elle n'ai pu répondre, d'autres hurlement s'élevèrent. C'était une meute qui répondait cette fois, invitant très clairement le loup solitaire à les rejoindre. Nirina sourit, heureuse pour le loup solitaire qui, une fois sa réponse enthousiaste donnée, allait sans doute se mettre en route. Cependant, cela allait l'éloignée encore plus de Nirina, car ni lui ni la meute vers laquelle il se dirigeait n'étaient proches d'elles.

Enfin, ce n'était pas forcément plus mal comme ça! Nirina reprit sa route, toute heureuse de se petit échange en "langage loup". Elle avait rarement communiqué ainsi, elle avait souvent entendu des loups hurlés et parfois hurlé elle même mais il était assez rare que d'autres loups lui répondent. Aujourd'hui, c'était arrivé et elle en était heureuse. Peut-être même que c'était grâce à son intervention que la meute avait décidé de prendre le loup solitaire : en effet, ils préféraient sans doute récupérer ce solitaire dans leurs rangs que de le laisser grossir ceux d'une meute ennemie. Et sans doute qu'il leur manquait quelqu'un vu la façon dont ils avaient lancé leur appel. Nirina avait en effet eu l'impression qu'ils avaient été peu nombreux à hurler, signalant non seulement qu'une place était libre, mais aussi que cette place semblait essentielle.

De nouveau, quelques minutes s'écoulèrent, puis Nirina fit une rencontre surprenante : alors qu'elle arrivait dans une sorte de clairière, elle s'arrêta net.

Un loup.

Il y avait un loup.

Incrédule, n'en croyant pas ses yeux, Nirina observa l'animal plus en détails. S'agissait-il de l'animal qui avait hurlé tout à l'heure? Non, aussi rapides que soient les loups, il n'avait pas pu la rejoindre aussi vite, de plus, il avait répondu à l'appel de la meute qui l'invitait. D'accord, mais qui était-il alors? Un autre animal solitaire? Pourquoi n'avait-il pas hurlé lui aussi alors? Enfin, c'est vrai qu'un loup qui entendait un hurlement n'y répondait pas nécessairement, sauf si le hurlement lui était clairement destiné - lorsqu'une meute cherchait un de leurs membres disparus par exemple - mais c'était quand même curieux.

Mais le plus curieux, c'était encore que Nirina le voit. Elle avait déjà rencontré des loups, en général les même car ces animaux se laissaient très difficilement approcher - sauf quand ils avaient faim et qu'ils vous considèrent comme une proie potentielle, mais c'était quand même rares, pour eux les humains étaient d'autres prédateurs et ils évitaient de s'y frotter, c'était plutôt les chevaux qui les accompagnaient qui les intéressaient la plupart du temps - mais elle ne connaissait pas celui là, et c'était étrange qu'il reste plus de quelques secondes comme ça et ne s'en aille pas maintenant, comme les rares que Nirina avait déjà croisé par hasard.

Pourtant, le loup l'avait remarqué, c'était sûr. Ses yeux étaient braqués sur Nirina, qui ne croyait pas à sa chance. Il ne semblait pas agressif ou désireux de la manger, il se contentait de la fixer sans que Nirina sache s'il était curieux ou prudent. Sa posture semblait plus indiquer un intérêt mesuré, et Nirina se décida donc à tenter de l'approcher avec des mouvements lents et précis.

Étrangement, le loup ne s'en alla pas en la voyant faire, ne réagissait d'ailleurs pas beaucoup à son approche, ce qui la surprit. Il n'avait pas l'air d'être spécialement heureux qu'elle s'approche et semblait un peu méfiant, mais pas trop. Un loup serait beaucoup plus farouche que ça, c'était étrange, et Nirina comprit au fur et à mesure qu'elle approchait et qu'elle pouvait mieux le voir : ce n'était pas un loup.

Ou en tout cas pas un vrai loup.

De loin, on pouvait s'y méprendre, mais de près, Nirina repéra vite des différences avec les loups du Nord qu'elle connaissait. Certains traits de l'animal faisaient plus penser au chien, et Nirina devina rapidement qu'il devait s'agir d'un chien-loup, fruit de l'union plutôt rare mais pas exceptionnelle d'un loup et d'un chien.

Original. Original, mais pas inintéressant! Un chien-loup était un animal tout aussi intéressant pour elle qu'un vrai loup, et plus qu'un chien normal. Cependant, chien-loup ou pas, s'il était sauvage, c'était quand même bizarre qu'il se laisse approcher comme ça. Nirina n'était plus qu'à quelques mètres de distance et commençait à se demander quel était le comportement idéal à adopter, sachant que les codes de comportement entre chiens et loups avaient quelques différences non négligeables.

Elle n'eut pas le temps de s'interroger longtemps, car l'animal tourna soudain la tête et en suivant son regard, Nirina comprit très vite : quelqu'un d'autre approchait.

descriptionPromenons nous dans les bois ♪ | Alec Ezilea EmptyRe: Promenons nous dans les bois ♪ | Alec Ezilea

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Un bruissement dans  les arbres à sa droite lui fit tourner la tête. Un grognement presque imperceptible près de son oreille lui confirma son doute et il décocha la flèche qu’il tenait entre ses doigts. L’air siffla avant que la pointe effilée ne disparaisse entre les feuillages des arbres et ne percute sa cible.  Sifflement aigu retentit suivit d’un bruit sourd, celui d’une masse lourde tombant au sol. L’homme expira, ayant retenu son souffle, et ses épaules se détendirent. Le loup gris à côté d’Alec se releva d’un bond et, la queue haute, se précipita dans les buissons pour récupérer la proie.

Alec se redressa et passa son arc en bandoulière sur son épaule avant de le suivre. Cela faisait près de deux heures qu’ils traquaient la piste d’un Siffleur. Ils n’étaient pas rares dans la forêt bordant les Frontières de Glaces, mais c’était la saison où les hordes redescendaient plus au sud en longeant le Pollimage, en vue de l’hiver. Ceux qui restaient étaient souvent isolés, séparés des hordes ou trop vieux pour faire le voyage, mais d’autant plus difficiles à repérer.

Alec s’agenouilla près du Siffleur étendu au sol qu’Écho reniflait avec intérêt. Il sortit un petit couteau à dépecer de sa ceinture puis lui trancha la gorge. Il élargit ensuite l’entaille et sortit la flèche du coup de la bête. Dans la densité des conifères de cette partie de la forêt, il n’avait fait qu’espérer blesser l’animal, rendant la suite de la chasse et de la traque plus facile. Par un coup de chance, il l’avait atteint directement à la gorge, ce qui avait mis fin à sa fuite. Alec en était plus que content, il détestait faire souffrir inutilement ses proies.

Prenant son couteau à revers, maintenant que le Siffleur était mort, il coupa l’un des sabots avant et le lança dans la direction d’Écho qui le regardait avec insistance. Il ne serait jamais venu à l’esprit du loup d’en manger un morceau avant qu’Alec le lui permette. Il avait beau être à moitié chien, Écho avait un comportement beaucoup plus typique d’un loup. Son sens hiérarchique plaçait Alec comme alpha, son chef de meute, et l’alpha se nourrit toujours le premier sur une prise.

Alec entreprit alors de dépecer sommairement le Siffleur de façon à pouvoir le ramener sur sa selle jusqu’à la Citadelle. Lui et sa famille restaient juste un peu au sud du mur de celle-ci, et la prise d’Alec allait renforcer leur garde-manger pour un bon moment. L’ongulé mesurait près d’un mètre au garrot, et près d’un mètre et demi en comptant la crête osseuse sur sa tête. C’était un jeune mâle, probablement perdu, et son panache se vendrait pour une assez bonne somme au marché.

Près d’une vingtaine de minutes s’écoulèrent, le jeune Frontalier toujours absorbé par sa tâche. Il lança à quelques moments des morceaux de viande à Écho, et ce dernier finit par s’étendre quelques mètres plus loin, les yeux clos, mais les oreilles pointées vers lui, signe qu’il était toujours aux aguets.

La météo était plus que chaotique, passant de couvert à découvert en quelques minutes, mais heureusement, les temps froids ne s’étaient pas encore abattus sur les Marches du Nord. Alec ne portait donc pas de vêtement chaud supplémentaire, seulement son armure de cuir souple, ses bottes de chasse, ses gants de cuir pour le tir à l’arc et sa grande chemise en laine élimée à capuchon, passés sous son armure.

Écho, quant à lui, commençait à prendre sa fourrure d’hiver. Sa fourrure blanche et gris claire s’épaississait de jour en jour, le faisant ressembler encore plus aux loups de sa famille, côté maternelle. Ses yeux ambrés, ses larges oreilles droites et ses longues et fines pattes étaient autant des signes d’appartenance à cette race. Le seul trait rappelant son croisement était le fait que son museau était un peu plus large et court que celui des loups de sang pur.

Écho avait beau ne jamais avoir connu la vie en meute d’un loup, ayant été recueilli peu après sa naissance par Alec, il n’en restait pas moins à demi-sauvage. Il n’était pas agressif envers les hommes, ayant été habitué à la présence des Frontaliers de la Citadelle, mais il n’aimait pas les foules où que quelqu’un d’autre qu’Alec le touche ou l’approche de trop près. Écho restait donc la plupart du temps en dehors de la Citadelle, guettant Alec, mais le suivait toujours dans ses missions. Il aurait été impossible de tenter de le retenir de le suivre.

Alec ne l’avait jamais attaché. Il avait toujours été libre de partir, ce qu’il faisait parfois, partant plusieurs heures sur des errances dans la forêt, gardant le secret sur ses activités et destinations, mais il revenait toujours. Alec le considérait comme un ami, un partenaire, non comme un animal de compagnie, et il ne l’avait jamais traité de la sorte. Bien qu’il ait de l’autorité sur lui, Écho restait maitre de sa vie, et il avait décidé de vivre avec Alec.

Le Frontalier ressentait un lien et une affection indescriptible entre lui et Écho. Un lien qu’il chérissait. Le seul autre être humain qui pouvait toucher Écho était la sœur d’Alec, Daerys. La jeune femme étudiait la médecine au sein des Frontaliers tout en suivant son entrainement au sabre. Elle était un vrai rayon de soleil, toujours souriant et d’une grande beauté, et tous l’appréciaient beaucoup, Écho compris.

Alec avait terminé sa tâche. Il lança un long sifflement mélodieux et entreprit de se laver les mains dans une petite marre, quelques mètres en amont.  Bientôt, le son distinct de sabots lancé au trot parvint à ses oreilles et alors qu’il regagnait le site où sa proie l’attendait, un grand étalon blanc surgit d’entre les branches d’un vieux sapin. Le cheval était muni d’une selle et de plusieurs sacoches, mais allait sans cavalier. C’était tout à fait normal puisqu’il s’agissait de la monture d’Alec, Éclipse.

Alec était descendu de selle lorsqu’ils étaient arrivés dans le creux de vallée où s’était réfugié le Siffleur, préférant continuer sa chasse à pied avec Écho. Il n’avait jamais besoin d’attacher Éclipse. Ce dernier vaquerait à ses occupations mystérieuses de cheval, et lorsqu’Alec l’appellerait, il savait qu’il reviendrait vers lui. Il l’avait dressé lui-même ainsi. Le Frontalier caressa l’encolure de l’étalon, passant ses doigts dans la coute crinière de celui-ci où une touffe d’ortie était emmêler.



    « Où est-ce que tu as encore été fourré ton nez, toi? »



Alec remplis les sacoches accrochées à la selle de morceaux de viande préalablement enveloppées dans un vieux tissu brossé, puis passa le reste de la carcasse sur la croupe d’Éclipse. Il l’attacha à l’aide de sangles et de cordes, question qu’elle ne tombe pas en cours de route.

Les activités avaient éveillé Écho. Il alla joyeusement saluer son ami puis gémit d’impatience en direction d’Alec. Le Frontalier ne put s’empêcher de sourire puis monta en selle. Attrapant les rênes d’Éclipse, il lui fit faire demi-tour et il entreprit de retrouver le sentier qui les ramènerait à la Citadelle.

Alec était presque déçu de devoir déjà rentrer. Sa chasse n’avait pas été courte, mais la nuit était encore loin, et la solitude de la forêt lui avait manqué. Il avait été de garde pour prendre la tête de plusieurs expéditions de surveillance de la frontière depuis près de trois semaines. Il n’avait pratiquement pas eu le temps de sortir chasser, où simplement se retrouver seul avec lui-même, Éclipse et Écho compris, bien sûr.

Le Frontalier n’était pas reconnu pour sa sociabilité. À vrai dire, avant, oui, il l’avait été, même qu’on l’appréciait beaucoup pour son humour et son esprit joyeux. Mais depuis trois ans, les choses avaient beaucoup changé. Les cicatrices sur ses bras et son visage, particulièrement celle lui barrant l’œil gauche du sourcil à la joue, rappelaient chaque jour à Alec et à ceux qui l’entouraient les évènements ayant causé ce changement de personnalité, trois ans plus tôt.

Les gens n’en parlaient plus depuis longtemps, le temps faisant bien des choses, mais aussi par respect ou gène. La famille d’Alec avait été déchirée et peu osaient raviver les blessures. Bien qu’Alec ne supporte pas qu’on puisse tranquillement oublier son frère, il était incapable d’en parler lui-même. La culpabilité et la tristesse l’avaient marqué plus profondément que les cicatrices sur sa peau.

Alec traversa un ruisseau, se souvenant l’avoir franchi plus tôt. Le sentier ne devait plus être loin. Écho trottait non loin, disparaissant par moment entre les arbres, mais Alec le savait toujours près.

Soudain, un hurlement solitaire et lointain résonna entre les montagnes. Éclipse renâcla et coucha nerveusement les oreilles. Alec caressa son encolure pour l’apaiser. Écho, lui, avait stoppé net et, tous les muscles de son corps tendus, avait relevé le museau et tendait l’oreille. Alec arqua un sourcil amusé vers lui.



    « Qui c’est, tu le connais? Un ami à toi? »



Écho sembla lui répondre à la négative en montrant les crocs, un grondement grave montant dans sa gorge. Alec rit et fit claquer sa langue pour remettre Éclipse en marche. Le loup ayant poussé le hurlement était solitaire, éloigné et pas en chasse. Alec savait décoder leur langage. Il n’y avait aucun danger.

Quelques instants plus tard, un second hurlement s’éleva. Beaucoup plus près. Éclipse s’énerva de nouveau et Alec fronça les sourcils. Quelque chose clochait avec ce hurlement. Il semblait avoir été poussé par… un humain? Qui pouvait bien tenter d’attirer un Loup du Nord à lui? Avant qu’il n’ait pu se poser plus de questions, Alec remarqua la réaction d’Écho et sentit son cœur rater un battement dans sa poitrine.

L’échine du chien-loup était dressée et il avait relevé la queue. Un grondement agressif et sourd s’éleva de sa gorge et Alec le vit bander ses muscles alors qu’il s’élançait comme une flèche dans la direction du hurlement humain. Il tenta de le rappeler, mais il était déjà trop tard.



    « Écho! »



Alec jura dans sa tête et éperonna Éclipse, tentant de suivre le chien-loup au petit galop au travers les arbres. D’autres hurlements lointains se firent entendre, mais plus rien via la personne ayant poussé le hurlement un peu plus tôt. Alec jura de nouveau entre ses dents, tentant d’accélérer le galop d’Éclipse, espérant ne pas arriver trop tard.

Écho se montrait particulièrement protecteur et territorial lorsqu’ils étaient ensemble en forêt. Il avait perçu le hurlement comme un danger, une invasion. Qu’il ait été humain ou canin, cela ne faisait aucune différence pour lui, qui prenait d’ailleurs Alec pour un autre loup. Alec espérait arriver à temps pour éviter à Écho de sauter à la gorge d’un humain, peu importe qui il pouvait être. Outre le fait qu’il ne voulait qu’aucun mal ne soit fait à cette personne, tuer un homme ainsi vaudrait à coup sûr une sentence à mort pour Écho. Les Frontaliers le toléraient, mais ne lui faisaient pas vraiment confiance.

Il perdit momentanément la trace d’Écho et tourna en rond, le cœur battant la chamade dans sa poitrine. Il la retrouva rapidement et la suivit, arrivant brusquement dans une clairière. La première chose qu’il vit fut Écho, immobile face à une jeune femme, regardant dans sa direction. Il tira sur les rênes d’Éclipse, l’étalon fit un magnifique arrêt glissé, puis Alec sauta au sol. Il avança vers Écho et émit un son grave, presque inhumain, qui fit coucher les oreilles du loup sur sa tête et mettre sa queue entre ses pattes arrière. Écho recula et s’avança tête baissée vers Alec. Il pressa son nez contre sa main, en signe d’excuse.

Une rapide analyse de la situation suffit à Alec pour soupirer de soulagement. Aucun mal n’avait été fait. Il caressa donc la tête d’Écho, lui accordant son pardon, et ce dernier reprit sa bonne humeur et se détendit.

Alec se tourna vers la jeune femme. Petite, elle n’était pas habillée comme une Frontalière, mais portait des vêtements où du cuir avait été ajouté aux épaules et aux bras. Une dresseuse d’oiseau de chasse? Il avait étendu parler d’une femme et sa fille qui visitaient parfois la Citadelle et qui élevaient ces oiseaux. S’agissait-il d’elle?

Sa course avait rejeté son capuchon sur ses épaules, dégageant ses cheveux mi-longs d’un brun roux éclatant sous l’éclaircie de soleil sur la clairière. Il lui sourit, se voulant rassurant, faisant reluire malgré lui les cicatrices d’argent sur son visage. Il encra son regard vert clair dans les yeux de la jeune femme, cherchant à y déceler quel qu’onques signe de traumatisme, et demanda :



    « Vous allez bien? Écho ne vous a pas fait peur j’espère? »

descriptionPromenons nous dans les bois ♪ | Alec Ezilea EmptyRe: Promenons nous dans les bois ♪ | Alec Ezilea

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Non, ce n'était pas juste "quelqu'un". C'était un cheval et son cavalier. En voyant l'aisance du cavalier, ses habits et son équipement, Nirina devina rapidement qu'il s'agissait d'un Frontalier. De toute façon, qui d'autre se baladerait dans un coin si dangereux et si loin de toute vie humaine, à part la Citadelle?

En tout cas, ce Frontalier là était sacrément grand, même par rapport à la moyenne des Frontaliers. Nirina, qui n'était pourtant pas spécialement petite, se sentait vraiment minuscule en comparaison. Chez elle, si quelque chose n'était pas comme il devrait être, c'était plutôt qu'on lui donnait souvent un âge plus jeune que celui qu'elle avait vraiment, ce qui ne lui déplaisait pas même si globalement, elle s'en fichait un peu. Mais sinon, elle avait une taille plutôt normale, quoique la faisant paraître un peu petite quand les gens la prenaient pour un garçon.

Très intéressée, Nirina observa les interactions entre le chien loup et le Frontalier, curieuse du comportement de l'animal, et ne fut pas vraiment étonnée de comprendre qu'il s'agissait de son maître. Il était amusant de voir comment son comportement mêlait tantôt le loup, tantôt le chien. Elle sourit et leva la tête vers le Frontalier, dont le visage était clairement visible, et fut surprise par toutes les cicatrices visibles sur son visage. D'accord, il n'était pas rare de voir d'anciennes blessures sur les Frontaliers, elle même en avait pas mal rien qu'à cause de son intérêt pour les animaux, mais elles n'étaient d'ordinaire pas aussi visibles ou alors pas présentes chez quelqu'un de si jeune. Enfin, Nirina n'y resta pas longtemps et ne réagit d'ailleurs pas vraiment aux cicatrices à part intérieurement, cherchant plutôt à se rappeler si elle ne l'avait pas déjà vu à la Citadelle.

Cependant, la Citadelle était grande, et les Frontaliers nombreux, même en ayant vécu là bas plusieurs années, il était très difficile - voir peut-être impossible - de connaître les visages et les noms de tous le monde. Ce n'était donc pas étonnant que son visage ne dise pas grand chose à Nirina, et le Frontalier ne devait pas plus la reconnaître.

L'inconnu lui sourit et plongea son regard dans le sien, et Nirina répondit à son sourire, plutôt contente et curieuse de cette rencontre. Après tout, le propriétaire d'un chien loup ne pouvait qu'être intéressant à ses yeux!

    « Vous allez bien? Écho ne vous a pas fait peur j’espère? »


Le sourire de Nirina devint amusé. Visiblement, vu sa façon de l'aborder, il ne l'avait pas reconnu comme étant une Frontalière. Cela n'avait rien d'étonnant, elle portait des vêtements que la majorité des gens qualifieraient de en mauvais état, des protections de cuir aux avants bras par dessus ses vêtements et d'autres sous ses vêtements au niveau des épaules, même si elles devaient être légèrement visible au niveau du coup ou encore au travers des déchirures qu'Aleka y avait laissées. C'est clair qu'elle ne faisait pas très Frontalière, sans leur tenue de cuir habituelle qu'elle affectionnait pourtant elle aussi! Elle se demandait même si le Frontalier devinerait qu'elle s'occupait d'oiseaux avec cet accoutrement.

Enfin, il y avait aussi le poignard qu'elle portait à la ceinture, et le carquois avec des flèches qu'elle portait bas dans le dos afin que leur bout ne gênent pas Aleka quand elle était sur son épaule. Après tout, son arc pouvait certes se plier dans le sac où elle gardait aussi un peu de viande pour Aleka, entre autre, mais les flèches, elles, n'étaient pas pliables! Elle avait également son sabre de Frontalière dans le dos et penché dans le sens inverse du carquois, et cette fois la poignée dépassait comme à l'accoutumée, que cela gêne Aleka ou pas, car si elle l'avait, ce n'était pas pour rien, Nirina voulait être capable de dégainer aussi vite que possible si besoin. Elle avait en effet déjà expérimenté à quel point la vitesse à laquelle on dégaine pouvait marquer la différence entre la vie et la mort, et n'avait pas envie de prendre de risques inutiles. Enfin, vu comment le Frontalier se tenait par rapport à elle, ce ne serait pas étonnant que la tête de Nirina cache la poignée du sabre. Mais peu importe.

- Ne vous inquiétez pas, tout va très bien. Je ne vois pas pourquoi Echo m'aurait fait peur, c'est vrai que de loin on dirait un loup mais il se contentait de me regarder de loin, même si cela avait été un vrai loup, cela n'aurait eu rien d'effrayant!

Et Nirina parlait d'expérience. Elle savait faire la différence entre un loup agressif, un loup en chasse et un loup curieux. Or, Echo, un peu plus tôt, se classait dans la catégorie des loups curieux vu sa posture.

Néanmoins, Nirina pencha légèrement la tête de côté, intriguée, en observant le Frontalier et son animal.

- Pourquoi, il a l'habitude de manger les inconnus? Plaisanta-t-elle. On dirait que vous vous attendiez à ce qu'il m'ai attaqué quand vous êtes arrivés. Je suppose que les chiens loups ne doivent pas supporter la présence des humains aussi bien que les chiens. Car Echo est bien un chien loup, non?

Nirina ne pouvait pas cacher son intérêt, qui se sentait clairement dans sa voix. Dire qu'un Frontalier possédant un chien loup vivait à la Citadelle pendant tout ce temps et qu'elle ne l'avait jamais vu! Et c'était ici, loin de la Citadelle, qu'elle le rencontrait. Amusant.

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    - Ne vous inquiétez pas, tout va très bien. Je ne vois pas pourquoi Écho m’aurait fait peur, c’est vrai que de loin on dirait un loup, mais il se contentait de me regarder de loin, même si cela avait été un vrai loup, cela n’aurait eu rien d’effrayant!


Alec sentit son rythme cardiaque se stabiliser. Maintenant qu’il était rassuré, il remarquait certains détails qui lui avaient échappé chez la jeune femme. Bien qu’elle ne porte pas les habits habituels des gens de la Citadelle, la garde d’un sabre Frontalier dépassait derrière son dos. Elle était donc Frontalière elle-même? Ou apprentie? Alec avait de la difficulté à juger son âge. Elle paraissait jeune, mais quelque chose chez elle lui disait qu’elle ne l’était pas autant qu’il le croyait. Alors, 18 ans peut-être?

    - Pourquoi, il a l’habitude de manger les inconnus? plaisanta-t-elle. On dirait que vous vous attendiez à ce qu’il m’ait attaqué quand vous êtes arrivés. Je suppose que les chiens loups ne doivent pas supporter la présence des humains aussi bien que les chiens. Car Écho est bien un chien loup, non?


Le jeune Frontalier compris rapidement que la jeune femme était habituée à la nature sauvage des montagnes, et donc à la présence constante quoi qu’invisible des Loups du Nord. En effet, même si Écho avait été un loup sauvage, il n’aurait pas été automatiquement dangereux. Il les avait côtoyés toute sa vie et, pour en côtoyer un tous les jours depuis trois ans, il n’était pas de ceux qui prenaient les loups pour des bêtes sanguinaires. Néanmoins, il les respectait.

Ces animaux restaient sauvages et affirmés qu’ils n’avaient rien d’effrayant lui parut un peu… naïf? Et certainement plutôt dangereux pour sa sécurité. Bon nombre de gens qui vivaient dans ces montagnes en cohabitant avec les loups, et donc qui les connaissaient bien et n’auraient jamais posé de geste stupide en leur présence, se faisaient parfois attaqué ou tuer par ces animaux. Les loups vous considéraient parfois comme une proie, et d’autres pour des prédateurs. Dans ce dernier cas, soit ils s’arrangeaient pour ne simplement pas croiser votre route, soit ils vous considéraient comme un intrus empiétant sur leur territoire.

C’était justement cette dernière possibilité qui avait saisi Écho un peu plus tôt en entendant la jeune femme hurler tel un loup. Elle semblait s’y connaitre assez, mais certains comportements normaux, tel le penchant très territorial des Loups du Nord, semblaient lui avoir échappé. S’il avait réellement s’agit d’un loup sauvage voulant défendre son territoire, et pas d’Écho qui habitué à la présence humaine avait réfréner son attaque, elle aurait à coup sûr du en découdre.

Il ne lui en tint pas rigueur, pouvant également se méprendre sur ses paroles, et donc ne laissa pas paraitre sa pensée. Elle n’était pas d’ici, bien que s’il ne se trompait pas sur son identité elle avait passé quelques années à la Citadelle en tout. Même les gens des montagnes ne comprenaient pas toujours ces animaux. Une vie entière à les étudier et les côtoyer et ils vous étonnaient encore. Lui aussi apprenait chaque jour aux côtés d’Écho. Mais les respecter voulait aussi dire rester conscient du danger qu’ils représentaient.

Alec répondit plutôt sur un ton léger, trop heureux que le pire ait été évité. Il n’était pas du genre loquace, mais l’un des seuls sujets qui lui déliaient un peu la langue était Écho.

    « En effet, Écho est un chien loup. Il est habitué aux hommes, mais n’est pas… domestiqué. Je ne suis pas son maitre, il n’en a aucun. Il est un loup en bien des aspects. Et oui, pour être franc, j’avais peur qu’il vous ait attaqué. »


Alec hésita à poursuivre, ne voulant pas offusquer la jeune femme, mais la vision de la retrouver avec les crocs d’Écho planté dans la gorge le poussa à poursuivre. Il lui sourit donc pour que ses paroles paraissent légères et qu’elle ne s’offense pas. Il ne disait pas ses paroles pour la sermonner, au contraire, il ne s’en serait jamais donné le droit. Mais il avait eu si peur qu’il devait au moins lui expliquer pourquoi.

    « Loin de moi l’idée de vous dire quoi faire, mais… Si j’étais vous, j’éviterais de tenter d’imiter un hurlement de loup sans être certaine que le territoire n’est pas occupé par une meute ou un loup solitaire. Même Écho, qui n’occupe pas vraiment la forêt, se montre plutôt territorial. Quand vous avez poussé le hurlement tout à l’heure, il est devenu très agressif. Heureuse qu’il sache faire la différence entre un loup et un humain, hein? »


Il caressa de nouveau le crane d’Écho avec affection en s’adressant à moitié à lui à la fin de sa phrase. Le chien loup leva ses yeux ambrés vers lui, semblant lui poser une question, les oreilles tournées avec attention vers la jeune femme. Cela rappela à Alec qu’il ne s’était pas encore présenté.

    « Pardonnez-moi, je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Alec. Alec Ezilea, archer de la cavalerie Frontalière. »


Il inclina légèrement la tête en signe de respect. Écho choisit ce moment pour avancer vers la jeune femme, ayant surement interprété le mouvement d’Alec pour une permission de s’approcher. Il décrivit un arc de cercle autour d’elle, ne s’approchant pas plus de quelques mètres et lançant constamment des regards inquisiteurs vers Alec. Sa queue était basse et ses oreilles hautes. Il n’était pas agressif, seulement curieux et un peu prudent.

Alec analysa un peu plus la jeune femme. Il ne s’était pas trompé et ne l’avait jamais vue à la Citadelle. Compte tenu de la grandeur de celle-ci et du nombre impressionnant de Frontaliers et autres s’y trouvant en permanence, ce n’était pas étonnant. De toute façon, il était rarement pour de longues périodes à la Citadelle, et le temps qu’il y passait, c’était dans la section de l’archerie ou des écuries.

Aucun cheval ne semblait accompagner la fauconnière, peut-être n’en avait-elle aucun ou ne montait simplement pas. C’était possible, mais tout de même un peu étrange pour un Frontalier ou une voyageuse. S’aventurer si loin dans la forêt sans cheval était également peu commun.

Maintenant qu’il y regardait de plus près, et avec un rythme cardiaque ne ressemblant plus à un tambour de ménestrel déjanté, il s’étonna d’avoir su reconnaitre sur le coup qu’il s’agissait d’une jeune femme et non d’un garçon. Elle avait des traits plutôt androgynes et ses vêtements ne laissaient pas paraitre de possibles formes féminines. Les vêtements eux-mêmes étaient sans genre.

Les yeux d’Alec s’attardèrent sur le cuir couvrant ses bras et il posa la question qui confirmerait ou non ses doutes quant à l’identité de cette jeune femme. D’un signe de tête, il lui indiqua ceux-ci et demanda avec intérêt :

    « Vous élevez des oiseaux de proie? »

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Il avait quand même l’œil ce Frontalier, d'après son comportement, Nirina était presque sûr qu'il l'avait reconnue en tant que fille. Bien sûr, tous le monde ne la confondait pas avec un garçon, mais c'était quand même assez souvent le cas, que les gens de la Citadelle la reconnaissent comme une Frontalière ou pas. Certains d'entre eux se souvenaient qu'elle était Frontalière même avec ses habits de fauconnière à cause du petit scandale qui avait suivit son arrivée ici pour la 1ère fois d'ailleurs, ce dont elle se passait bien, aussi était-elle plutôt contente que son interlocuteur n'ai pas encore abordé le sujet, voir même n'y ai pas du tout pensé pour le moment.

Le Frontalier lui répondit sur un ton léger et Nirina commençait de plus en plus à le trouver sympathique. Par comme d'autres Frontaliers qui lui faisaient systématiquement des remontrances quand elle partait seule et à pied.

    « En effet, Écho est un chien loup. Il est habitué aux hommes, mais n’est pas… domestiqué. Je ne suis pas son maitre, il n’en a aucun. Il est un loup en bien des aspects. Et oui, pour être franc, j’avais peur qu’il vous ait attaqué. »


Nirina hocha la tête, comprenant son attitude, même si cela l'étonnait un peu. Pourquoi Echo aurait-il voulu l'attaquer au juste? Elle s'apprêtait à poser la question mais remarqua alors qu'il hésitait à continuer, aussi décida-t-elle de remettre sa question à plus tard sans se rendre compte qu'il était sur le point d'y répondre.

    « Loin de moi l’idée de vous dire quoi faire, mais… Si j’étais vous, j’éviterais de tenter d’imiter un hurlement de loup sans être certaine que le territoire n’est pas occupé par une meute ou un loup solitaire. Même Écho, qui n’occupe pas vraiment la forêt, se montre plutôt territorial. Quand vous avez poussé le hurlement tout à l’heure, il est devenu très agressif. Heureuse qu’il sache faire la différence entre un loup et un humain, hein? »


Ben tiens, ça faisait longtemps qu'on ne lui avait pas donné de conseils du style! Néanmoins, pour une fois, Nirina ne le prit absolument pas mal, d'abord grâce au sourire que le Frontalier lui adressait pour tempérer ses paroles, ensuite et surtout parce qu'elle était toute ouïe concernant des réflexions sur ce sujet précis et en plus, elle devait bien avouer qu'il avait raison, elle avait oublié le fait que si une meute avait occupé ce territoire, elle n'aurait pas été très contente d'entendre un tel hurlement! Cependant, Nirina songeait que si cela avait été le cas, alors ils auraient répondus eux aussi.

    - Vous avez raison, admis Nirina en hochant la tête, je n'y avais pas pensé. Je sais où se situent la plupart des territoires de loups des environs mais les frontières peuvent changer, et surtout je n'y ai pas pensé une seule seconde avant de hurler. C'est que l'opportunité me paraissait trop belle, c'est très rare que les loups me répondent quand je hurle! Je suppose que c'est parce qu'au début, ils ne me comprenaient tout simplement pas.


Nirina aborda un petit sourire gêné. Elle regarda Echo quelques secondes en ce disant qu'elle avait peut-être bien eu de la chance de tomber sur un animal si intelligent! Il était vraiment bien éduqué pour un chien loup, puisqu'il semblait demander la permission au Frontalier de s'approcher d'elle.

    « Pardonnez-moi, je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Alec. Alec Ezilea, archer de la cavalerie Frontalière. »


Il hocha la tête et la jeune femme fit de même. Elle observa quelques secondes Echo s'approcher et lui tourner prudemment autour, curieux mais aussi inquiet qu'Alec n'approuve pas visiblement, vu les coups d’œils réguliers qu'il lui lançait, puis elle se tourna à nouveau vers le Frontalier pour lui répondre.

    - Je ne me suis pas présentée non plus donc vous n'avez pas vraiment besoin de vous excuser. Moi, c'est Nirina Sil'Kallian, enchantée!


Depuis le temps, Nirina avait finit par prendre l'automatisme de répondre "Nirina Sil'Kallian" au lieu de "Nirina Nazen" quand elle était à la Citadelle, même quand, comme ici, elle était là en tant que fauconnière et pas en tant que Frontalière. Mais ça ne la gênait pas vraiment, elle se fichait un peu de porter le nom de son père ou de sa mère, même si elle était sans doute plus proche de cette dernière à bien y regarder.

En tout cas, l'annonce qu'Alec était un archer de la cavalerie frontalière ne l'étonnait pas vraiment, vu l'arc qu'il avait avec lui et son aisance sur le dos d'un cheval. Certes, nombre de Frontaliers savaient tirer à l'arc sur le dos d'un cheval, et quasiment tous devaient savoir tirer à l'arc tout court, néanmoins comme c'était avec un arc et pas juste avec son sabre qu'il était arrivé, cela n'étonnait pas Nirina. Et cela expliquait qu'elle ne l'ai jamais croisé, elle était Frontalière mais n'appartenait à aucun groupe de l'armée Frontalière à cause de sa fichue incapacité de monter à cheval, donc ils avaient moins de chances de se croiser.

Tiens, en y pensant, elle ne lui avait pas dit son "occupation", mais en même temps elle n'en avait pas le réflexe vu quelle ne savait pas trop quoi y répondre. Frontalière? Fauconnière? Amateur de prédateurs? La vérité était que ces trois choses constituaient ses occupations mais une seule, la fauconnerie, constituait réellement un métier actuellement.

Enfin, avant qu'elle n'ai pu remédier à cela, elle se rendit compte que le regard d'Alec se promenait sur les protections de cuir quelle avait aux bras, celles de ses épaules étant invisible sous ses vêtements, et elle sourit, curieuse de savoir s'il devinerait sa "profession" ou pas. Ce n'était pas évident à deviner simplement en voyant les protections, mais les marques laissées par les serres dessus et au niveau de ses épaules pouvaient aussi lui servir de piste. A cette distance cependant, il ne pouvait sans doute pas voir les quelques cicatrices sur son cou et son visage ou ses mains, les autres, les plus importantes, étant recouvertes par ses vêtements.

    « Vous élevez des oiseaux de proie? »


Le regard de Nirina s'alluma et elle hocha la tête, vaguement impressionnée.

    - Effectivement! Vous avez deviné juste avec mes protections?


Elle se rendit compte juste après que sa question pouvait sous entendre qu'il l'avait peut-être entendu à la Citadelle, et s'il avait aussi entendu parler de tout le foin qu'ils avaient fait à son arriver, ou encore à cause de sa nullité en équitation (ou les deux), elle avait peur d'entendre les remarques habituelles. Néanmoins, dans le cas d'Alec, elle ne craignait pas vraiment quelque chose comme ça, il avait l'air sympathique et même s'il lui avait fait une remarque tout à l'heure, elle était parfaitement justifiée, si bien qu'elle ne montra rien sur son visage de ces quelques réflexions intérieures.

Avant qu'elle ne puisse préciser qu'elle suivait également l'entraînement Frontalier - est-ce qu'elle était toujours officiellement en formation tiens? Nirina ne le savait plus trop, elle avait surtout l'impression que ses profs la gardaient à l'entraînement parce qu'ils ne savaient pas quoi faire d'autre avec elle - ou continuer sur la fauconnerie, un cri l'avertit du retour d'Aleka. Surprise mais contente, Nirina tourna la tête pour voir arriver l'animal, volant silencieusement et ayant un morceau de queue de rongeur coincé dans le bec. Après un bref coup d'oeil à Echo pour vérifier qu'il n'allait pas lui sauter dessus, elle tendit le bras pour qu'Aleka puisse s'y poser et récolta le bout de queue en la félicitant.

    - Tu as réussi à attraper une proie en si peu de temps? Eh bien ma fille, tu fais des progrès!


Elle rangea le morceau de queue, qui était le cadeau traditionnel qu'Aleka prenait l'habitude de ramener quand elle avait réussit à attraper quelque chose, et tendit à la place une friandise de sa fabrication qu'elle donnait toujours au rapace quand sa chasse avait été fructueuse, pour la féliciter. Nirina avait conscience que c'était peut-être un peu stupide de l'encourager à chasser vu que, comme Echo, elle avait le choix entre la liberté et Nirina mais avait choisit de rester avec elle, cependant elle était certaine que ces sorties occasionnelles lui faisaient du bien. Les autres rapaces avaient droits à leurs sorties aussi, mais Saha ne les laissait jamais partir comme ça dans la forêt pour chasser. Et il fallait bien avouer qu'en dehors de la chasse, il manquait sans doute à Aleka quelques apprentissages pour pouvoir vivre seule, néanmoins Nirina était sûr que si elle avait vraiment voulu retourner à l'état sauvage, cela n'aurait pas posé problème et qu'elle les aurait rapidement apprit seule. Surtout qu'elle était jeune quand Nirina avait commencé à lui apprendre à chasser et compagnie, afin qu'elle ne soit pas trop en retard par rapport à un animal de son âge, qu'elle s'habitue à ses sorties et ainsi qu'elle ai vraiment le choix.

Sa friandise avalée, Aleka passa sur l'épaule de Nirina pour dévisager Alec et Echo, l'air assez indifférente à la présence du Frontalier vu qu'elle avait l'habitude d'être à la proximité d'humains pendant les spectacles, d'autant qu'il était encore à bonne distance, en revanche elle paraissait plus prudente quant à la présence d'Echo. Nirina profita de son retour pour la présenter à Alec, toute contente :

    - Puisqu'on parlait d'élever des oiseaux, voici Aleka. C'est jusqu'à ce jour la seule que j'ai élevée et éduquer de A à Z, depuis qu'elle est petite!


Inutile d'ajouter que c'était aussi à elle que Nirina était la plus attachée, c'était sans doute évident et elle ne ressentait pas le besoin de le souligner.

descriptionPromenons nous dans les bois ♪ | Alec Ezilea EmptyRe: Promenons nous dans les bois ♪ | Alec Ezilea

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Le jeune Frontalier était heureux que Nirina ne se soit pas offusqué de sa recommandation. Il n’avait pas dit ces mots pour être prétentieux ou autoritaire, mais bien pour l’informer de quelque chose qu’elle devait ignorer, pour sa simple protection. En d’autres termes, pas pour l’empêcher de recommencer, seulement d’être prudente. La réponse qu’elle lui donna l’informa qu’elle s’intéressait beaucoup aux loups, et probablement à d’autres animaux sauvages.

La conversation se poursuivit et Alec fut content de remarquer que le fait qu’Écho observe la jeune femme ne l’effrayait pas, au contraire. Il était également soulagé qu’Écho ne lui montre que de la curiosité retenue. Il arrivait parfois au chien loup de prendre en grippe quelqu’un, sans qu’Alec ne sache vraiment pourquoi, et grogne dès que cette personne était en vue.

    - Effectivement! Vous avez deviné juste avec mes protections?


Alec allait répondre, mais fut lui aussi coupé par l’arrivée du rapace. L’oiseau plana majestueusement jusqu’à sa maitresse et se posa sur son bras tendu.

    - Tu as réussi à attraper une proie en si peu de temps? Eh bien, ma fille, tu fais des progrès!


Il les observa interagir avec intérêt. Il n’était pas vraiment porté vers les oiseaux, non pas qu’il ne les trouvait pas magnifiques et intéressants, mais il ne les comprenait pas aussi bien que certains. Il avait vu quelques fois des Frontaliers avec leurs oiseaux, servant à communiquer des informations rapides à la Citadelle. Il admirait leur façon de communiquer avec ces animaux, mais cela lui avait paru comme un langage complètement étranger. Le langage des loups et d’Écho lui était, au contraire, venu naturellement.

Le langage des chevaux aussi était dans ses cordes, mais il ne pouvait dire s’il lui était venu naturellement ou simplement puisqu’il avait été en contact avec eux avant même de savoir marcher ou parler. Sa mère avait plaisanté autrefois qu’il était prédestiné à être cavalier, ayant su monter avant de savoir marcher. Son père l’avait mis sur la selle de son cheval, un magnifique étalon noir qui faisait l’envie de plusieurs, dès qu’il sut se tenir droit tout seul, et il n’en était jamais vraiment redescendu. Son père…

Alec n’était plus triste pour la perte de son père. Son deuil avait été fait des années plus tôt. Daviel était mort 20 ans plus tôt, alors qu’Alec n’avait que quatre ans. Les souvenirs qu’il avait de son père étaient flous et parsemés. L’une de ces mémoires les plus claires de son père était celle où il lui enseignait à monter. C’était un beau souvenir, joyeux, simple. Mais Alec ne pouvait plus penser à son père sans penser à la détresse de sa mère. Il savait qu’il lui manquait tous les jours et Alec avait tenté de son mieux de combler la place laissée vide par la disparition de Daviel. À bien des égards, il considérait avoir échoué. Avant de pouvoir penser à son frère, Alec fut distrait par l’attitude d’Écho, ce qui était une bonne chose. Penser à Yaän maintenant n’était pas une bonne idée.

Écho avait été plus qu’intéressé par l’arrivée de l’oiseau de Nirina. Il s’était figé et ses oreilles étaient droites et pointées dans sa direction. Sa queue bâtait l’air inconsciemment derrière lui, mais c’était son regard qui alarma Alec. Il avait le même regard que lorsqu’il s’apprêtait à sauter sur une petite proie ou lorsqu’il voulait jouer.

Alec étouffa une grimace et lança un regard en coin à l’oiseau. Ce dernier ne semblait pas apprécier la présence du chien loup, le lorgnant avec méfiance. Avant qu’il ne prenne une idée folle à Écho, Alec se tourna imperceptiblement vers lui et l’appela.

    « Écho. »


L’attention de ce dernier fut immédiatement détournée de l’oiseau et le chien loup tourna, vif et alerte, son regard ambré vers Alec. Le frontalier, malgré les années, était toujours aussi impressionné de voir à quel point Écho était réceptif au moindre de ses mouvements et paroles. Il le prenait vraiment pour un autre loup et Alec avait dû apprendre à bien communiquer avec lui via ces plus petits gestes. Le Frontalier n’était pas seulement un autre loup aux yeux d’Écho, mais aussi son Alpha. Si Alec n’était pas son « maitre », au sens où les gens l’entendaient pour un chien, il était vrai qu’il avait autorité sur lui, même si Alec préférait considérer Écho comme son égal, son partenaire et ami. Mais les loups, plus que les chiens, ont un système hiérarchique si puissant qu’il ne pouvait faire autrement.

Sur un mouvement d’Alec donc, Écho se dirigea vers lui d’un pas léger. Il le regarda attentivement, s’attendant à recevoir une instruction ou partir chasser, mais comme Alec n’avait voulu que simplement détourner son attention de l’oiseau, Écho souffla, un peu irrité, et se coucha aux pieds du Frontalier. Il posa sa tête sur sa botte et sembla soupirer de nouveau. Alec ne put s’empêcher de sourire, amusé, puis retourna son attention vers Nirina.

    - Puisqu’on parlait d’élever des oiseaux, voici Aleka. C’est jusqu’à ce jour la seule que j’ai élevée et éduquer de A à Z, depuis qu’elle est petite!

    « Elle est magnifique. De quelle race s’agit-il? Je ne crois pas que nous ayons de tels rapaces dans les montagnes du nord. »


Alec sourit, son histoire lui rappelant la sienne et celle d’Écho.

    « C’est une belle coïncidence, j’ai moi-même élevé Écho depuis qu’il est petit. Je crois que c’est pour cela qu’il reste avec moi, même s’il est libre de partir. Je l’ai trouvé alors qu’il n’avait que quelques jours, dans la forêt, près du corps de sa mère. C’était juste après que… »


Alec sursauta et suspendit sa phrase en s’immobilisant, son regard se perdant dans le vague, assombri. Il avait été sur le point de parler de son frère. De Yaän. Pourquoi? Jamais il ne parlait de lui, sinon lorsque Daerys, sa sœur, lui forçait la main. Comment ce faisait-il qu’il s’était apprêté à aborder le sujet, le sujet de la mort de Yaän de surcroit, devant une parfaite inconnue? C’était peut-être le fait qu’il parlait d’Écho, l’une des seules choses lui apportant bonheur et sourire désormais. Ou encore l’atmosphère de la forêt, où il se sentait plus chez lui que n’importe où ailleurs. Quoi qu’il en soit, il s’en voulut.

Le jeune Frontalier se ressaisit aussi vite que possible, se dessinant un sourire qui devait néanmoins sonner faux, et se racla la gorge. Il esquissa un signe vers Éclipse, son cheval, qui s’était éloigné un peu pour se délecter de l’herbe de la clairière, et changea rapidement de sujet.

    « Le soir ne tardera pas à tomber. Nous devrions peut-être reprendre le chemin de la Citadelle, si vous voulez. Et je peux vous laisser Éclipse. Je vois que vous n’avez pas de monture et la route a dû être longue et épuisante jusqu’ici. »


Il s’avança de quelques pas en direction du cheval blanc et claqua la langue. L’étalon redressa la tête, la bouche pleine de longues herbes sauvages. Il souffla des naseaux paresseusement, s’ébroua et trotta lentement vers Alec qui saisit les rênes laissées pendant sur l’encolure d’Éclipse.

En se retournant vers Nirina, il lança :

    « Ho, au fait, je n’ai pas pu répondre à votre question plus tôt. J’ai entendu parler de deux Fauconnières étant parfois de passage à la Citadelle, les protections ne m’ont que donné la puce à l’oreille. »

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HRP :



Il fallait bien avouer que le code de communication des oiseaux pouvait facilement paraître plus compliqué, voir inexistant, pour des non initiés car ils possédaient moins de signes évidents pour communiquer, contrairement aux chats par exemple qui par la position de la queue et des oreilles et la forme de leur pupille donnaient déjà une multitude d'informations. Aussi, savoir les comprendre demandait souvent plus d'effort, mais pour Nirina, la communication avec les oiseaux était venue toute seule, ayant grandit avec eux et en voyant sa mère faire, elle n'avait eu aucun mal à comprendre comment l'imiter. Comprendre les chiens et les chats avait déjà été plus compliqué pour elle, mais pas vraiment difficile, c'était venu assez rapidement à force de traîner avec eux et de les observer, par contre en ce qui concernait les chevaux, ses capacités étaient très limitées! Sa mère avait beau en utiliser pour les voyages, Nirina n'était pas à l'aise en leur présence, elle ne les comprenait pas et n'appréciait pas qu'ils soient trop près, encore moins d'être dessus! Elle tolérait la présence du cheval d'Alec car il avait pour l'instant l'air calme et qu'il était encore à bonne distance, ce n'était que lorsqu'elle était à moins de deux ou trois mètres qu'elle commençait réellement à être réticente.

Du coin de l’œil, Nirina remarqua qu'Echo semblait de plus en plus sur le point de sauter sur Aleka, ce qui l'étonna. Pour qu'il ai ce comportement, il devait avoir faim, sinon elle ne voyait pas pourquoi il ressentirait le besoin d'attaquer un animal. En effet, habituellement, les loups et les chiens ne cherchaient plus à chasser une fois repus, mais il fallait bien avouer qu'il y avait quelques exceptions. Les loups pouvaient avoir le réflexe de chasser quand même pour les autres membres de la meute ou pour préparer des temps durs, mais chiens et loups pouvaient aussi chasser de petits animaux pour s'entraîner, cependant ce n'était pas systématique et ils pouvaient aussi très bien passer à côté d'animaux petits ou gros sans faire mine de les attraper. Enfin, il fallait bien avouer que ce genre de "trêve" s'observait surtout avec les gros animaux et qu'un rapace comme Aleka, d'assez petite envergure surtout si on la comparait à Echo, faisait plus facilement office de proie.

Néanmoins, Nirina, en jetant un coup d'oeil vers Alec, s'aperçut qu'il l'avait remarqué aussi, elle le laissa donc gérer Echo et elle retourna à Aleka, tout en jetant des coups d'oeil de leur côté par curiosité, intéressée par leurs interactions.

    « Elle est magnifique. De quelle race s’agit-il? Je ne crois pas que nous ayons de tels rapaces dans les montagnes du nord. »


Nirina eu un sourire amusé en répondant.

    - Pourtant, elle est justement d'ici! C'est en revenant à la Citadelle, quelques années plus tôt, que je l'ai trouvée par hasard pendant une de mes sorties. Leur nid était près d'un champ de bataille récent, je pense que la mère a du être tuée par une flèche perdue ou quelque chose comme ça.


La jeune fauconnière était toujours heureuse d'entendre des compliments sur la beauté de ses oiseaux, tout comme de voir les gens poser des questions à leur sujet. Les rapaces avaient parfois mauvaise réputation dans certaines région, un peu comme les loups dans d'autres, et Nirina était toujours contente de pouvoir en apprendre plus aux gens sur ces animaux assez secrets et méconnus. De plus, elle se sentait toujours fière quand on vantait la beauté de ces animaux, car même si Aleka aurait été tout aussi belle si elle avait grandit dans la nature, c'était Nirina qui l'avait élevée. Elle ne considérait pas le rapace comme sa propriété, mais ça lui faisait quelque chose quand même. Comme si Aleka était de sa famille, ou une amie très proche.

    « C’est une belle coïncidence, j’ai moi-même élevé Écho depuis qu’il est petit. Je crois que c’est pour cela qu’il reste avec moi, même s’il est libre de partir. Je l’ai trouvé alors qu’il n’avait que quelques jours, dans la forêt, près du corps de sa mère. C’était juste après que… »


Nirina hocha la tête, un peu étonnée elle aussi que l'histoire d'Aleka et celle d'Echo aient tant de points communs! Et dire qu'Echo était sur le point de sauter sur Aleka quelques instants plus tôt! On dit "qui se ressemble s'assemble", mais une ressemblance d'histoire n'était pas assez, visiblement! Nirina songea qu'elle n'avait pas précisé qu'elle avait fait en sorte qu'Aleka soit également libre de partir, néanmoins elle oublia complètement ce détail lorsqu'elle vit le brusque changement d'expression du Frontalier.

Visiblement, la discussion venait de toucher un point sensible. Un point qu'il ne s'était pas aperçu avoir approché de si près jusqu'à être sur le point d'en parler. Nirina resta coite au vu de sa réaction et, le voyant se reprendre et changer de sujet, décida de ne pas insister pour chercher à savoir ce qu'il allait dire. Après tout, ce n'était pas ses affaires.

Le sourire était faux, ce qui poussa Nirina à penser qu'il avait du se remémorer quelque chose de vraiment terrible pour ce mettre dans cet état là. Qu'est-ce que c'était? Était-ce lié aux cicatrices assez impressionnantes qu'il avait sur le visage? Même si Nirina s'était promit intérieurement de ne pas lui poser de questions, elle ne pouvait s'empêcher de s'en poser à elle même mentalement tandis qu'elle cachait sa curiosité sous un masque de surprise et d'incompréhension. Elle oublia complètement cela lorsqu'Alec désigna son cheval, qui broutait un peu plus loin.

    « Le soir ne tardera pas à tomber. Nous devrions peut-être reprendre le chemin de la Citadelle, si vous voulez. Et je peux vous laisser Éclipse. Je vois que vous n’avez pas de monture et la route a dû être longue et épuisante jusqu’ici. »


Nirina se raidit instinctivement, heureusement Alec ne put le voir car c'est à ce moment là qu'il se tourna pour appeler son cheval blanc à lui. Nirina se força à se détendre et à ne pas montrer d'anxiété, mais c'était dur d'adopter une attitude normale alors que l'animal s'approchait. Elle avait heureusement assez d'expérience en la matière entre les nombreuses fois où sa mère, aidée par d'autres Frontaliers, avaient tenté de la forcer à apprendre l'équitation, et les fois où elle se retrouvait proche de chevaux par le hasard des choses - dans les rues d'une ville par exemple - si bien qu'elle réussit à se reprendre avant qu'Alec ne se tourne à nouveau vers elle.

    « Ho, au fait, je n’ai pas pu répondre à votre question plus tôt. J’ai entendu parler de deux Fauconnières étant parfois de passage à la Citadelle, les protections ne m’ont que donné la puce à l’oreille. »


Nirina hocha la tête, heureuse d'apprendre qu'il faisait parti des rares Frontaliers à ne pas avoir eu vent de tout ce bazar autour de "la fille cachée de Loryen" ou encore de "la Frontalière qui ne savait pas monter alors qu'elle travaillait avec des oiseaux de proie", et toutes leurs variantes. En tout cas, s'il avait entendu parler d'elle et de Saha, elle comprenait mieux pourquoi il avait deviné si vite rien qu'en voyant les protections. Quant à sa proposition de prendre Eclipse pour rentrer, eh bien, la question ne se posait même pas. Nirina avisa rapidement l'heure qu'il devait être d'après la position du soleil - il s'agissait en effet d'un moment où le soleil était visible, même si les nuages étaient en train de le recouvrir - ce qui confirma qu'en effet, il serait temps de rentrer si elle ne voulait pas finir le voyage de nuit, surtout qu'elle était à pied.

    - D'accord pour rentrer, c'est vrai que ça me paraît être le bon moment, par contre je vais rentrer à pied, merci. Je préfère marcher et j'en ai assez l'habitude pour ne pas être épuisée par des trajets aussi courts.


Nirina avait été un peu plus agressive qu'elle ne l'aurait voulu, et elle se ressaisit en glissant une de ses tresses derrière son oreille, gênée. Elle ressentit aussitôt le besoin de s'expliquer.

    - Désolée, c'est gentil de proposer mais j'en ai un peu marre d'entendre les gens me faire des réflexion parce que je ne voyage pas comme tous le monde et parce que je suis une fille.


Parce que oui, voyager à pied suscitait souvent des réflexions même de la part de Frontaliers - même si chez eux, c'était plus parce que c'était à leur yeux plus dangereux qu'à cheval, ce en quoi ils n'avaient pas tord - et Nirina avait remarqué que les gens, de rares Frontaliers inclus, avaient tendance à en rajouter une couche quand ils savaient qu'elle était une fille, elle avait en général droit à un simple "ça doit être plus fatiguant, c'est bien la jeunesse!" ou un truc du style quand on la prenait pour un garçon. Qui plus est, Alec, aussi gentil qu'il soit, montrait clairement par son comportement qu'il avait compris dès le début qu'elle était une fille, et autant chez certaines personnes elle mettait du temps à savoir s'ils avaient correctement deviné son sexe, autant avec d'autres personnes, comme Alec, elle devinait la réponse assez rapidement, et même si chez lui la distinction de comportement homme-femme n'était pas méchante, elle n'avait jamais vraiment apprécié cette différence de traitement, soit on prenait les filles pour des petites choses fragiles, soit pour des objets, c'était exaspérant. De ce point de vue là, la Citadelle était moins touchée que le reste de Gwendalavir mais Nirina continuait d'y rencontrer des gens qui continuaient de traiter différemment filles et garçons et cela l'énervait.

Enfin, cela avait au moins pu la distraire du sujet assez épineux de sa phobie des chevaux. Mais c'était clair qu'il valait mieux qu'Alec monte son propre cheval, pas juste pour éviter qu'il remarque l'incompétence et le malaise de Nirina à leur sujet mais surtout parce que le nombre de fois où elle s'était retrouvée sur le dos d'un cheval se comptaient sur les doigts d'une main, allez deux si on est gentil – et optimiste – , elle serait tellement tendue et bonne à rien une fois là haut que se serait moins stressait et mieux pour elle si elle marchait. Donc autant qu'Alec en profite. Par contre, elle se sentait capable de marcher à côté de lui et d'Eclipse – enfin pas trop près non plus – et lui proposa donc cela, espérant plus ou moins se faire pardonner son léger emportement de tout à l'heure ainsi.

    - Enfin on peut rentrer ensemble quand même si vous voulez.


Surtout que bon, même si elle était plutôt du genre solitaire, ça ne pouvait pas lui faire de mal de rencontrer des gens et de passer du temps avec eux de temps en temps, surtout qu'Alec n'était pas méchant et était même, aux yeux de Nirina plutôt intéressant, sachant que ses connaissances sur les loups et ses interactions avec Echo y étaient pour pas mal dans cette appréciation, mais pas que.

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    - D'accord pour rentrer, c'est vrai que ça me paraît être le bon moment, par contre je vais rentrer à pied, merci. Je préfère marcher et j'en ai assez l'habitude pour ne pas être épuisée par des trajets aussi courts.


Le ton agressif de Nirina surprit Alec. Il se retourna et allait s’excuser, ne sachant pas vraiment laquelle de ses paroles avait offusqué la jeune fauconnière, mais elle le devança.

    - Désolée, c'est gentil de proposer mais j'en ai un peu marre d'entendre les gens me faire des réflexions parce que je ne voyage pas comme tout le monde et parce que je suis une fille.


Alec l’observa un instant puis finit par sourire. Il lui aurait proposé sa monture qu’elle ait été un homme, une enfant, une personne âgé ou un capitaine Frontalier. Le fait qu’elle ait été une fille ne changeait rien à sa proposition ou à ses intentions. Son sens de l’honneur avait simplement prit le dessus, il ne pouvant accepter de rentrer lui-même sur le dos de sa monture alors que quelqu’un d’autre devait endurer le trajet à pied. Elle avait fait le trajet jusqu’ici à pied, contrairement à lui, et il avait supposé qu’elle pouvait peut-être être fatiguée. Rien de plus, rien de moins.

Le frontalier ne s’offusqua pas. Il était d’ailleurs plus qu’habituer au fort caractère de frontalière. Sa mère, Élia, ainsi que sa sœur, Daerys, n’hésitait pas à remettre à sa place n’importe quel homme qui osait prononcer une parole de travers au sujet de son sexe. Il balaya donc la question de la main.

    « Ce n’est rien. Je ne voulais rien insinuer, j’aurais fait de même pour n’importe qui. Vous voyagez comme bon vous semble, cela ne me regarde pas! Et, je ne vois pas ce qu’être une fille pourrait vous empêcher de faire. »


Il sourit, un point espiègle en pensant à sa sœur et sa mère.

    « Ma mère est capitaine de cavalerie Frontalière. Et croyez-moi, elle est plus dangereuse que tous les hommes Frontaliers que je connaisse! »


Ce n’était pas des blagues. Le caractère bouillant d’Élia était légendaire, tout autant que ses flèches étaient redoutables. Alec connaissait néanmoins les problèmes qu’une femme pouvait avoir à se forger une place dans un monde à prédominance masculine. Il n’était pas de ceux qui croyaient les femmes moins capables ou fortes que les hommes, mais il était bien conscient que la pensée était plutôt dominante. Si elle l’était moins chez les Frontaliers, dont plusieurs des figures mythique étaient des femmes, dont Siam Til’Illan, ils n’étaient pas à l’abri de ces préjugés.

Quant à Daerys, si elle avait un tempérament plus doux que sa mère, elle n’était pas en reste. Près d’une tête plus petite que tous les autres Frontaliers, elle ne cillait jamais devant qui que ce soit, même lorsqu’elle était petite. Alec repensa, amusé, à une petite Daerys de 5 ans, les poings sur les hanches et son petit menton pointé en l’air, faisant la morale à un groupe de trois Frontaliers aguerrit. Il ne se souvenait plus vraiment la raison de leur sermon, peut-être les avait-elle entendu prononcer un gros mot, mais il ne put retenir un sourire en se souvenant la tête penaude des trois hommes d’âge mur.

Tout cela pour dire qu’Alec avait grandi auprès de femmes fortes, et pour lui, la question de la différenciation entre homme et femme n’effleurait son esprit que lorsqu’on lui remettait sous e nez les préjugés que certains pouvaient avoir.

    - Enfin on peut rentrer ensemble quand même si vous voulez.


La frontalier acquiesça et attrapa les rennes d’Éclipse qui était arrivé près de lui. Il caressa l’encolure de l’étalon blanc, balayant rapidement son état, mais heureusement, la course qu’il lui avait imposé plus tôt ne semblait pas l’avoir traumatisé un brin. En fait, Éclipse mâchait toujours sa poignée d’herbe d’un air nonchalant, ses yeux sombres étant calmes et détendu.

Alec était également du genre solitaire. Il n’avait pas tendance à rechercher la compagnie mais n’était pas complètement antisocial. Il restait courtois et souriait aux autres, même si souvent le cœur n’y était pas. Concrètement, seul sa sœur, Éclipse et Écho pouvaient le rendre vraiment joyeux désormais.

S’il était si détendu maintenant, c’était probablement à cause de la situation. Ils étaient seuls, pas en groupe, et il était avec Éclipse et Écho, dans la forêt. Également, il appréciait le caractère de Nirina. En plus de lui rappeler un peu sa sœur, elle n’était pas indiscrète. Elle avait quelque chose qui lui faisait se sentir à l’aise en sa présence. C’était peut-être dû à leur intérêt commun pour leurs animaux. Quoi qu’il en soit, la perspective de faire le voyage du retour avec elle ne pouvait que lui faire du bien. Il était trop souvent seul, Daerys le lui répétait constamment.

Alec se dirigea vers l’arrière de la selle et s’occupa de fixer une des sangles qui retenait la viande de Siffleur, enveloppé dans une toile de cuir brut, qui s’était détaché dans la course. Il passa ensuite les rênes par-dessus la tête du cheval, les gardant dans sa main, et s’avança vers Nirina.

    « Je vais marcher aussi. Cela fera un répit pour Éclipse, avec ce Siffleur sur le dos, je crois qu’il en aura assez. Mmm? »


Éclipse venait de mettre son nez dans les cheveux d’Alec et avec sa lèvre supérieure grattait son coup avec insistance. Alec sourit et le repoussa de la main, caressant ses naseaux au velours gris.

Alec siffla en direction d’Écho et le chien loup sauta sur ses pattes, plus que content que l’action reprenne. Il était évident qu’il s’ennuyait et avait envie de reprendre la route. Il sauta en avant, les devançant, et disparut entre les arbres pour réapparaitre quelques instants plus tard, regardant dans leur direction l’air de leur demander ce qu’ils faisaient encore là.

    « Nous pouvons prendre la route vers le versant de la chaîne du Poll. Ce n’est pas la route la plus rapide à pied, mais se frayer un chemin dans la forêt ici pourrait poser problème à Éclipse. »


Ce n’est que lorsqu’il releva les yeux vers Nirina pour avoir son approbation qu’il remarqua que la jeune femme était tendue. Il ne fit pas le rapprochement avec la présence d’Éclipse. Il n’avait pas entendu les racontars à propos d’elle, sinon qu’elle et sa mère élevaient des oiseaux de proies et étaient parfois de passage à la Citadelle. Il n’avait pas fait le rapprochement entre elle et le scandale qu’un frontalier, plusieurs années plus tôt, avait eu un enfant hors mariage. Alec n’était pas proche des unités Frontalière qui n’était pas de la cavalerie ou de l’archerie, n’ayant pas à les côtoyer souvent. Il n’avait donc pas non plus entendu parler de la phobie des cheveux de la jeune femme.

Il eut peur d’avoir encore mis les pieds dans les plats, disant quelque chose ayant pu la mettre mal à l’aise. Peut-être ne s’était-il pas assez bien expliquer, plus tôt, en parlant de sa mère, et qu’elle le prenait encore pour un Frontalier misogyne?

    « Hum… Est-ce que j’ai encore dis quelque chose qui vous a offusqué? »

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Enfin, Nirina n'était pas juste quelqu'un qui supportait en général assez mal les comportements sexistes et machos, lorsqu'elle était tendue elle pouvait même être très (ici, trop) susceptible sur le sujet, et dans le cas présent, la présence et proximité d'un cheval expliquaient assez facilement cette susceptibilité.

Du coup de l’œil, Nirina remarqua qu'avant qu'elle ne l'interrompe, Alec avait parut sur le point de s'excuser. Décidément, il était étonnant, peu de Frontaliers auraient réagit ainsi. Mais Nirina avait la sensation qu'Alec était un peu comme elle : à part, solitaire. Mais plus sociable, ou en tout cas plus apte à vivre en société, vu son caractère et son comportement, qu'elle!

    « Ce n’est rien. Je ne voulais rien insinuer, j’aurais fait de même pour n’importe qui. Vous voyagez comme bon vous semble, cela ne me regarde pas! Et, je ne vois pas ce qu’être une fille pourrait vous empêcher de faire. »


Nirina hocha la tête et sourit timidement, un peu honteuse. Voilà une des principales raisons pour lesquelles elle n'était pas faite pour vivre en société : son caractère ne s'y accordait simplement pas. Elle avait l'habitude de voir appliqué le code des Frontaliers, et elle était bien obligée de s'y tenir aussi de temps en temps, mais il ne lui correspondait pas et la plupart du temps, elle le voyait appliqué de façon plus rigide que ça, ce qui avait contribué à sa mauvaise image du code. L'amabilité d'Alec, qu'il montrait peut-être vraiment à tous ceux qui croisaient sa route, était un comportement auquel Nirina n'avait pas l'habitude, ne l'ayant pas rencontré souvent, et elle le prenait souvent pour du sexisme vu que ce type de comportement ce retrouvait souvent chez certaines personnes mais envers des femmes uniquement.

    « Ma mère est capitaine de cavalerie Frontalière. Et croyez-moi, elle est plus dangereuse que tous les hommes Frontaliers que je connaisse! »


Nirina hocha la tête à nouveau et se gratta la tête pour s'éviter de se répandre à nouveau en excuses. Elle se sentait stupides maintenant... Aleka la ramena à la réalité en ouvrant les ailes pour rétablir son équilibre, le mouvement un peu brusque de Nirina l'ayant gênée et surprise.

Le temps qu'Aleka rétablisse son équilibre et que Nirina l'aide à bien s'installer pour le voyage à venir, Alec s'approchait avec les reines d'Eclipse dans la main.

    « Je vais marcher aussi. Cela fera un répit pour Éclipse, avec ce Siffleur sur le dos, je crois qu’il en aura assez. Mmm? »


Le cheval venait de mettre son nez dans les cheveux du Frontalier, ce qui fit aussitôt se tendre Nirina mais heureusement, Alec était concentré sur l'animal, il ne parut pas le remarquer. Néanmoins, si c'était à Nirina et pas à Alec qu'Eclipse avait fait ce coup là, alors la réaction de la jeune fauconnière aurait été bien différente...

Préférant ne pas en parler, elle se força à se détendre et observa avec un sourire Echo s'élancer pour ouvrir la marche, s'arrêtant pour les attendre un peu plus loin, l'air de dire "Alors, vous avancez ou quoi?" Son éloignement avait aussi comme avantage de détendre Aleka qui, même si le chien loup n'avait plus manifester l'envie de lui sauter dessus, était restée plutôt tendue quand il était tout près.

    « Nous pouvons prendre la route vers le versant de la chaîne du Poll. Ce n’est pas la route la plus rapide à pied, mais se frayer un chemin dans la forêt ici pourrait poser problème à Éclipse. »


Nirina hocha la tête à ses paroles. Elle aurait préféré passer par la forêt, c'était le milieu dans lequel elle se sentait le plus à l'aise, et si cette forêt se trouvait dans un paysage montagneux, comme ici, c'était parfait, mais tant pis. La voir de loin lui suffirait!

La jeune femme était prête à partir mais voyant qu'Alec n'avançait pas, elle se tourna vers lui et le vit l'observer avec gêne. Surprise, elle se demanda ce qu'il se passait - elle avait quelque chose sur le visage? - jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle ne c'était pas totalement décrispée depuis tout à l'heure. Oups... Avant qu'elle ne puisse se détendre, elle entendit Alec demander :

    « Hum… Est-ce que j’ai encore dis quelque chose qui vous a offusqué? »


Peu enthousiaste à l'idée qu'il comprenne la cause de son malaise, Nirina fit non de la tête et encouragea Alec à se mettre en route, marchant cependant à un ou deux mètres de distance d'Alec pour le confort d'Aleka et surtout pour son confort à elle!

    - Pas du tout, ne vous inquiétez pas. Allez, allons-y, on va arriver de nuit sinon! J'aurais préféré qu'on passe par la forêt, mais c'est vrai qu'elle est assez touffue par endroits et vu qu'il y a déjà des nuages, si en plus le soleil décline on va vite ne plus rien y voir!


Nirina adopta rapidement le bon pas qu'elle prenait en marchant, quand elle était seule. Pendant les premières minutes de marche, Aleka resta sur son épaule, étant habituée à rester sur l'épaule de Nirina pendant de tels voyages, elle avait la technique pour ne pas être déstabiliser par chaque pas d'autant que Nirina avait un bon rythme mais régulier et pas trop brusque. Cependant, le rapace finit sans doute par prendre exemple sur Echo qui menait la marche car elle finit par prendre son envol pour rejoindre Echo dans le ciel dans le rôle d'ouvrir la marche et, comme le chien loup, elle fut très vite largement en avance sur les deux Frontaliers à pied. Nirina sourit en la voyant faire. Il n'était pas rare qu'Aleka accompagne Nirina en voyant plutôt que de rester sur son épaule, néanmoins la plupart du temps elle ne le faisait pas, et Nirina aimait toujours la voir voler - surtout que les oiseaux c'est bien mignon, c'est léger et tout, mais s'en trimbaler un pendant des kilomètres à pied, c'est quand même pas rien et Nirina n'était pas mécontente qu'Aleka les accompagne à sa façon!

Tiens, et en voyant Aleka voler, ça lui faisait penser...

    - Au fait, moi aussi j'ai oublié de répondre à une de vos question. Aleka est ce qu'on appelle communément un faucon de glace, car ils font habituellement leur nid dans de la glace, mais pas toujours. Je pense que la présence des Raïs et surtout des Géants doivent les gêner pour qu'une femelle ai été jusqu'à faire sous nid dans une forêt de si basse altitude. Enfin par rapport à leur habitat habituel, c'est bas, mais ils vivent sur une aire assez large, ils sont capables de s'adapter à plusieurs habitats!


La voix de Nirina était devenue un brin passionnée, très enthousiaste, et elle s'arrêta soudain, conscience que quand elle partait dans de tels développements, elle avait souvent tendance à ne plus prendre compte de la réaction de son interlocuteur. Elle se tourna donc vers Alec, vaguement inquiète.

    - Désolée, je m'emporte souvent quand je parle d'animaux que j'apprécie, surtout tout ce qui concerne Aleka! Je ne suis pas trop ennuyeuse au moins?


Pendant son explication, Nirina avait gardé les yeux tournés tantôt vers Aleka, qu'on pouvait toujours voir voler bas pour distinguer les motifs sur ses ailes, tantôt vers divers éléments du paysage quand elle parlait de son habitat, si bien qu'elle ne s'était pas rendue compte qu'elle s'était rapprochée d'Alec et donc aussi de son cheval. Elle sursauta de peur et de surprise en se rendant compte qu'elle était à un peu moins d'un mètre de l'animal et, comme Alec était à ce moment là tourné vers elle, sans doute pour lui répondre, elle ne pouvait pas espérer qu'il n'ai rien vu.

Alec risquait encore de penser qu'il avait fait quelque chose de travers, ou même il allait enfin comprendre pourquoi elle réagissait ainsi. En s'éloignant un peu, Nirina se gratta la tête et en vint rapidement qu'elle n'avait pas d'autre choix que de dire la vérité pour expliquer son comportement, ou bien Alec risquait de mal comprendre. Qui plus est, eh bien... Elle évitait de parler de sa phobie des chevaux quand elle pouvait, pas parce qu'elle n'assumait pas mais parce qu'elle n'avait pas envie d'entendre de réflexions désagréables, cependant elle ne pensait pas qu'Alec réagirait ainsi, si bien qu'elle finit par se décider.

    - Je suis désolée, je n'ai rien contre vous et vous n'avez rien dit de mal, c'est juste que... je ne suis pas très à l'aise près des chevaux. Je suis un peu phobique.


Nirina se gratta à nouveau l'arrière de la tête pour se donner une contenance. Un peu phobique oui, c'était le moins qu'on puisse dire! Il n'y avait que le cheval de sa mère dont elle supportait à peu près la présence et qui pouvait s'approcher un peu d'elle, mais c'est tout! Enfin elle pouvait s'en approcher plus ou moins près et ne s'enfuyait pas en hurlant en les voyant, c'était quand même ça. La jeune fille jeta un coup d'oeil hésitant à Alec, guettant sa réaction en doutant qu'elle soit mauvaise mais sans être trop sûr d'elle quand même.

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[Désolé du délai, j'ai eu une journée de fou...]

    - Pas du tout, ne vous inquiétez pas. Allez, allons-y, on va arriver de nuit sinon! J’aurais préféré qu’on passe par la forêt, mais c’est vrai qu’elle est assez touffue par endroits et vu qu’il y a déjà des nuages, si en plus le soleil décline, on va vite ne plus rien y voir!


Alec lui emboîta le pas, Éclipse marchant à ses côtés d’un pas tranquille. Il n’était pas aussi social et amical avec tout le monde. En fait, la majorité du temps, on le qualifiait de distant. Plus encore que de l’amabilité, il avait craint de l’avoir insulté par principe. Le code d’honneur des Frontaliers était inscrit dans ses veines. Insulter quelqu’un qui vous était amical n’était certainement pas une façon honorable d’agir, bien que la plupart des Frontaliers voient les choses autrement.

Alec avait appris le code avec sa mère, une femme d’exception, forte et incroyablement respectable et respectée. Elle lui avait enseigné bien des choses, bien des valeurs qui étaient marquées d’or dans son cœur et son âme. Par exemple, toujours aider les autres et montrer le même respect à un itinérant qu’a un Empereur. Aucune distinction ne devait être faite à ce niveau. Un être humain méritait son respect et son aide, peu importe son titre social.

Autre exemple, ses capacités guerrières ne servaient qu’à une chose, protéger les plus faibles et défendre sa famille et son peuple. Jamais il ne devait lever la main ou l’épée par colère ou vantardise. S’il le faisait, il se trahissait lui-même à un point tel que personne n’avait besoin de le réprimander. Il le faisait très bien tout seul.

Ils atteignirent rapidement le sentier qui longeait d’un côté la forêt, et de l’autre, à gauche, la pente escarpée du versant de la montagne. Elle s’élevait tel un mur de pierre grise, noire et bleutée vers les nuages. Le soleil étant bas et en pente descendante, le sentier était déjà plongé dans la pénombre, mais les hauteurs des montagnes étaient toujours baignées d’une lumière dorée presque irréelle. Dans le ciel partiellement dégagé, certaines étoiles avaient déjà commencé à pointer le bout de leur nez. Alec tenta machinalement de retrouver l’étoile du Nord lorsque Nirina reprit parole.

    - Au fait, moi aussi j'ai oublié de répondre à une de vos questions. Aleka est ce qu'on appelle communément un faucon de glace, car ils font habituellement leur nid dans de la glace, mais pas toujours. Je pense que la présence des Raïs et surtout des Géants doivent les gêner pour qu'une femelle ai été jusqu'à faire sous nid dans une forêt de si basse altitude. Enfin par rapport à leur habitat habituel, c'est bas, mais ils vivent sur une aire assez large, ils sont capables de s'adapter à plusieurs habitats!


Le ton enthousiaste et emballé qu’elle avait pris en parlant de son oiseau fit sourire Alec. Non parce qu’il se moquait d’elle, mais parce qu’elle lui rappela d’autant plus sa jeune sœur, Daerys. La Frontalière, qui étudiait la médecine, pouvait l’entretenir pendant plus d’une heure sur ce qu’elle avait appris des soins ou de l’anatomie, sur le même ton enthousiaste que Nirina à l’instant. Et pour être franc, il se reconnut un peu aussi, de lorsqu’il parlait d’Écho.

La jeune femme s’arrêta soudain net et sembla gêner. Alec arqua un sourcil espiègle vers elle alors qu’elle s’excusait.

    - Désolé, je m’emporte souvent quand je parle d’animaux que j’apprécie, surtout tout ce qui concerne Aleka! Je ne suis pas trop ennuyeuse au moins?


Il sourit derechef et secoua la tête.

    « Pas du tout. Le sujet est vraiment intéressant. Plusieurs Frontaliers ont des oiseaux pour communiquer entre les champs de bataille et la Citadelle. Dans ma position à la cavalerie archère, et étant aussi éclaireur, j’ai déjà pensé en dresser un, mais je m’y connais autant en oiseau de proie qu’en broderie! »


Ce n’était pas faux. D’autant plus, Alec adorait les animaux. Il s’entendait bien plus souvent mieux avec eux qu’avec les humains, et ce depuis toujours. Jeune, il passait ses journées à l’écurie ou en compagnie du chien de la famille, un vieux chien de berger prénommer Sam. Il semblait avoir hérité ce trait de son père. S’il ne s’en souvenait pas personnellement, on lui avait raconté que Daviel Ezilea n’avait pas son pareil avec les animaux, particulièrement les chevaux. Daviel, de son vivant, avait toujours aidé les dresseurs de la Citadelle.

Alec n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit que la jeune femme, qui en marchant c’était rapprocher de lui, eu un mouvement brusque de recule, comme plus tôt dans la clairière. Le jeune Frontalier fronça les sourcils et ralentis le pas. Il la vit hésiter, rougir légèrement et embarrassée, se passer une main dans les cheveux derrière la tête.

Est-ce qu’il la révulsait à ce point? D’accord, il faisait assez peur à certains avec ses cicatrices, mais il n’avait jamais vraiment eu ce genre de réaction auparavant. Les Frontaliers de la Citadelle étaient peut-être plus habitués aux cicatrices qu’elle. Sans trop savoir pourquoi, cette pensée lui noua le ventre et une bouffée de honte monta en lui. Normalement, il était assez insensible aux commentaires sur ses cicatrices ou même sur les évènements ayant mené à ceux-ci. Pourquoi la perspective que cette jeune femme qu’il ne connaissait à peine, disons même pas du tout, soit révulsée par son apparence le mettait dans cet état?

Il étouffa une grimace, détournant son visage. Heureusement, la partie la plus marquée de celui-ci était son profil gauche, qui était du côté opposé à Nirina. Son regard c’était légèrement assombri, et ses cheveux toujours libres lui cachèrent davantage le visage.

    - Je suis désolée, je n'ai rien contre vous et vous n'avez rien dit de mal, c'est juste que... je ne suis pas très à l'aise près des chevaux. Je suis un peu phobique.


Alec sursauta légèrement et se retourna aussitôt vers Nirina, la dévisageant malgré lui. Il la fixa un instant avant de bien assimiler ses paroles et se rendre compte qu’il la regardait intensément sans bouger depuis trop longtemps. Il se secoua et un sourire vint remplacer son air hébété.

    « Oh! Ce n’est que ça? Vous auriez dû le dire plus tôt, avons su, je ne le tiendrais pas d’aussi près depuis tout à l’heure! »


Alec s’arrêta et se tourna vers Éclipse. Il passa rapidement les rênes par-dessus l’encolure du cheval et s’assura que les sangles des sacoches étaient bien fermement attachées et ajustées. Il donna ensuite une petite tape amicale sur la croupe de l’étalon, accompagnant son geste d’un claquement de langue, et l’étalon s’ébroua, heureux de pouvoir voyager à son rythme, et s’éloigna au trot devant eux sur le sentier. Il ne s’éloigna pas comme Écho, qui n’était toujours pas réapparu au bout du sentier, mais garda bonne distance, s’intéressant aux touffes d’herbes sauvages sur le bord de la route.

    « Éclipse pourrait rentrer à la Citadelle sans moi si je lui demandais! Normalement je ne le laisse pas aller trop loin seul, mais puisqu’Écho est là, on sera avertis s’il y a le moindre prédateur dans le coin. »


Trop content et sonné de savoir qu’elle n’avait pas eu un mouvement de recul à cause de son visage et ses cicatrices, il ne s’était pas occupé du fait que plus que la présence du cheval en lui-même, simplement avouer sa peur avait couté à Nirina. C’est en regardant Éclipse s’éloigner qu’il revit la situation en accélérer dans sa tête et le constata. Il se sentit alors idiot de ne pas l’avoir remarqué avant.

Même sans l’effet de surprise, il n’aurait probablement pas pensé que la honte ou la peur des moqueries pouvait être à l’origine de sa réticence à lui avouer sa crainte des chevaux. C’était assez inhabituel, en effet, étant donné que le cheval était le moyen de transport principal dans tout Gwendalavir, mais il ne lui serait jamais venu à l’esprit de se moquer d’elle à cause de cela.

    « Vous n’avez pas à vous sentir embarrassé, vous savez? Une phobie c’est… irrationnel. Tenez, moi par exemple. Je ne suis jamais monté sur un bateau de ma vie, mais la simple idée de me retrouver sur l’un d’eau me donne le mal de mer! »


Il chercha son regard, cherchant à savoir s’il avait réussi à détendre l’atmosphère un peu. Alec surprenait souvent par son regard. Franc et sincère, il regardait presque toujours droit dans les yeux de ceux à qui il s’adressait, comme beaucoup de Frontaliers d’ailleurs. La plupart des gens hors de la Citadelle n’étaient pas habitués à ce genre de regard, et Alec ne semblait pas vraiment comprendre certains des malaises qu’il créait en faisant cela.

Ils marchèrent encore un moment, puis Alec reprit plus sérieusement :

    « Vous avez toujours eu cette crainte des chevaux? Ou c’est venu à cause d’un accident? »


Une phobie et un traumatisme étaient deux choses complètement différentes, même si parfois l’un menait à l’autre. Jeune, sa sœur avait été traumatisée lorsque son poney, piqué par une abeille, était parti dans une course folle. Alec l’avait aidé pendant plusieurs semaines et mois par la suite pour lui redonner confiance. Bien qu’elle n’ait jamais vraiment aimé monter à cheval, Daerys le faisait maintenant sans problèmes. Il avait donc déjà traité différentes approches pour réhabiliter quelqu’un à monter à cheval.

Monter était essentiel lorsqu’on était Frontalier, et il pouvait aisément s’imaginer les problèmes que la phobie de la jeune femme pouvait lui causer. Une idée commença à germer dans sa tête. Machinalement et un peu inconsciemment, il commença à élaborer différents plans d’approche pour apprendre à Nirina à monter et à surmonter sa peur des chevaux.

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